L’idée effleure vraisemblablement l’esprit de tout individu vivant quelques temps au Japon. Après tout, le Mont Fuji est omniprésent. Dans les médias, sur les timbres, les cartes postales, les comptes Instagram et même sur les billets de banque. Le Mont Fuji est joueur, apparaissant et se cachant derrière d’épais nuages selon son humeur, et avoir la chance de l’apercevoir, ne serait-ce que partiellement, laisse dans l’imaginaire collectif présager de bonnes choses pour l’avenir. Comme je le fais moi-même, j’entends fréquemment le récit de voyageurs choisissant leur place dans le train ou dans l’avion en fonction de la position de la montagne sacrée sur leur trajet. Le Mont Fuji obsède et m’a obsédé, et monter jusqu’à son sommet faisait depuis longtemps partie de ma liste de choses à faire. J’ai enfin eu le plaisir de pouvoir cocher cette case le mois dernier dans le cadre d’un séjour de deux jours avec des collègues dans la préfecture de Shizuoka. Ce fut tellement intense émotionnellement que j’ai mis trois semaines à m’en remettre …
Nous quittons (le 23 juillet) en voiture Nagoya autour de neuf heures du matin et arrivons à Fujinomiya, ville située au pied du versant sud-ouest du Mont Fuji, peu avant midi. Après avoir ingurgité vite-fait une plâtrée de nouilles yakisoba, la spécialité locale, nous faisons une virée au Fujisan Hongū Sengen Taisha (富士山本宮浅間大社), sanctuaire shintо̄ édifié afin de protéger les habitants des nombreuses éruptions du Mont Fuji, et dont les origines sont étroitement liées à l’activité volcanique de la montagne sacrée dont l’eau, issue de la fonte des neiges, ruisselle encore aujourd’hui jusqu’à son enceinte et dans la ville. Je parviens ensuite à convaincre la troupe de faire le tour du Centre du patrimoine mondial du Mont Fuji (静岡県富士山世界遺産センター), l’emblématique musée conçu par Shigeru Ban ouvert en décembre 2017 suite à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2013. Je me réjouissais de prendre de jolies photos du bâtiment en forme de Mont Fuji inversé se reflétant dans le bassin situé devant celui-ci avec la vraie montagne sacrée en arrière plan, mais au loin celle-ci s’est cachée derrière un épais rideau de nuages et le ciel est d’un gris maussade qui, la chaleur n’aidant pas, ne m’inspire pas du tout. À l’intérieur du bâtiment, un parcours en spirale de 193 mètres de long s’étend du premier étage jusqu’au cinquième, simulant l’ascension du Mont Fuji, le tout agrémenté de panneaux explicatifs et d’animations diverses. Au dernier étage, de larges fenêtres permettent par beau temps d’observer le Mont Fuji dans toute sa splendeur, mais nous avons beau attendre, il ne se montrera pas. Espérons que nous aurons plus de chance le lendemain !