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architecture/Shizuoka

Mont Fuji, jour 1 – Fujinomiya, Shizuoka pref.

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Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Fujisan Hongū Sengen-taisha
Wakutamaike 湧玉池
Fujinomiya manhole

L’idée effleure vraisemblablement l’esprit de tout individu vivant quelques temps au Japon. Après tout, le Mont Fuji est omniprésent. Dans les médias, sur les timbres, les cartes postales, les comptes Instagram et même sur les billets de banque. Le Mont Fuji est joueur, apparaissant et se cachant derrière d’épais nuages selon son bon vouloir, et avoir la chance de l’apercevoir, ne serait-ce que partiellement, laisse dans l’imaginaire collectif présager de bonnes choses pour l’avenir. Comme je le fais moi-même, j’entends fréquemment le récit de voyageurs choisissant leur place dans le train ou dans l’avion en fonction de la position de la montagne sacrée sur le trajet. Le Mont Fuji obsède et m’a obsédé, et monter jusqu’à son sommet faisait depuis longtemps partie de ma liste de choses à faire. J’ai enfin eu le plaisir de pouvoir cocher cette case le mois dernier dans le cadre d’un séjour de deux jours avec des collègues dans la préfecture de Shizuoka. Ce fut tellement intense émotionnellement que j’ai mis trois semaines à m’en remettre …

Nous quittons (le 23 juillet) en voiture Nagoya autour de neuf heures du matin et arrivons à Fujinomiya, ville située au pied du versant sud-ouest du Mont Fuji, peu avant midi. Après avoir ingurgité vite-fait une plâtrée de nouilles yakisoba, la spécialité locale, nous faisons une virée au Fujisan Hongū Sengen Taisha (富士山本宮浅間大社), sanctuaire shintо̄ édifié afin de protéger les habitants des nombreuses éruptions du Mont Fuji, et dont les origines sont étroitement liées à l’activité volcanique de la montagne sacrée dont l’eau, issue de la fonte des neiges, ruisselle encore aujourd’hui jusqu’à son enceinte et dans la ville. Je parviens ensuite à convaincre la troupe de faire le tour du Centre du patrimoine mondial du Mont Fuji (静岡県富士山世界遺産センター), l’emblématique musée conçu par Shigeru Ban ouvert en décembre 2017 suite à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2013. Je me réjouissais de prendre de jolies photos du bâtiment en forme de Mont Fuji inversé se reflétant dans le bassin situé devant celui-ci avec la vraie montagne sacrée en arrière plan, mais au loin celle-ci s’est cachée derrière un épais rideau de nuages et le ciel est d’un gris maussade qui, la chaleur n’aidant pas, ne m’inspire pas du tout. À l’intérieur du bâtiment, un parcours en spirale de 193 mètres de long s’étend du premier étage jusqu’au cinquième, simulant l’ascension du Mont Fuji, le tout agrémenté de panneaux explicatifs et d’animations diverses. Au dernier étage, de larges fenêtres permettent par beau temps d’observer le Mont Fuji dans toute sa splendeur, mais nous avons beau attendre, il ne se montrera pas. Espérons que nous aurons plus de chance le lendemain !

architecture/Nagoya

Transformations

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IG Arena
IG Arena
IG Arena
IG Arena
錦三丁目25番街区計画
錦三丁目25番街区計画

En face du NZU, à l’entrée du Meijō Park, l’IG Arena, la nouvelle arène sportive qui remplacera l’Aichi Prefectural Gymnasium (愛知県体育館), qui date de 1964 et accueillera une partie des épreuves de judo et de lutte durant les XXè Jeux Asiatiques qui se tiendront à Nagoya en septembre 2026, est en pleine construction. Son ouverture est prévue pour le 13 juillet 2025 à l’occasion du Nagoya Grand Sumō Tournament (Natsubasho, 夏場所), quatrième des six principaux tournois de sumō de l’année, qui se tenait jusqu’à présent chaquee année dans le Prefectural Gymnasium.

Au centre de Sakae cette fois, le plan de rénovation du quartier Nishiki 3 chōme (錦3丁目), qui tourne principalement autour de la construction du bâtiment de 211 mètres (41 étages) The Landmark Nagoya, avance également bon train. On trouvera aux six étages inférieurs la chaîne de grands magasins Parco, au dessus de celui-ci les salles de cinéma Tōhō Cinemas, plus ou moins vingt étages de bureaux puis, aux dix étages supérieurs, l’hôtel de luxe Conrad Hotel & Resorts. Son ouverture est prévue pour mars 2026, on ne peut être qu’ébahi par la rapidité avec laquelle le paysage urbain change partout dans la ville.

architecture/Nagoya

NZU 3 (B&W) – Kita-ku, Nagoya

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Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU

J’ai beau attendre, pas le moindre rayon de soleil ne semble pouvoir percer l’épaisse couche de nuages qui recouvre l’intégralité du ciel alors que je me balade autour du bâtiment principal de la Nagoya Zōkei University (NZU, 名古屋造形大学). L’envie m’est venue d’y revenir (1, 2) après avoir appris quelques jours plus tôt que son auteur, l’architecte japonais Riken Yamamoto, a remporté en février dernier le prix Pritzker, la plus prestigieuse récompense du secteur. Privé des reflets et autres jeux de lumière il me faut ainsi chercher un nouveau thème. En m’approchant, appareil en main, tout près des parois trouées – dont on se demande au premier abord comment elles peuvent tenir le bâtiment debout, je me rends compte qu’entre le gris du sol goudronné et le blanc immaculé du bâtiment, s’il n’y avait pas quelques arbres sveltes dispersés sur le campus et le reflet bleuté des vitres on croirait se mouvoir dans un monde intégralement en noir et blanc. Me voici donc bientôt parti une heure durant à la recherche de motifs répétés et autres symétries au contraste assez net pour être intéressant en noir et blanc. Je pense avoir réussi en cela qu’au moment de traiter les photos sur l’ordinateur, sur certaines photos le changement entre photo couleur et noir et blanc était presque imperceptible. Je suis cela dit particulièrement satisfait de la dernière photo de cette série. Avec le ciel gris en arrière-plan et les larges portions de noir, ce pan du bâtiment, gigantesque en contre-plongée, semble comme me menacer, me toiser du regard, sous un ciel de fin de siècle.

architecture/Nagoya

‘Un bâtiment peut en cacher un autre’ – Meieki, Nagoya

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gratte-ciel gare de Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya
HAL Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya

Autour de la gare de Nagoya pendant que Louis est en cours de soutien scolaire. Je n’arriverai probablement jamais à me faire à l’idée qu’un enfant ait à aller en cours un dimanche après-midi, mais comme dit l’autre shikata nai ‘ (‘C’est comme ça !’), et mon opposition, aussi véhémente soit-elle, semble ne rien pouvoir changer. Bref… Pour ma part cela me fait juste une occasion supplémentaire (quand je suis en congé) de me rendre à Nagoya et de m’y balader deux heures durant. Comme je n’y viens d’habitude jamais le week-end je suis fortement étonné par la marée humaine qui entre et sort de la gare et des grands magasins alentours en comparaison des jours en semaine. Les mouvements de foules m’intéressent depuis la lecture de l’étonnant livre du professeur à l’Université de Tōkyō, Katsuhiro Nishinari (西成 活裕) intitulé Jūtaigaku (渋滞学, Congestion studies) qui expliquait le processus qui mène à la création des embouteillages et autres files d’attentes, ce qui m’a ensuite amené à découvrir l’instructive chaîne Youtube Fouloscopie qui est pour moi une référence sur le sujet. Où vont et d’où viennent tous ces gens, et pourquoi ? Par quel mystérieux phénomène parviennent-ils à se croiser sans pratiquement jamais se heurter l’un contre l’autre ? Pour être tout à fait franc, la foule m’épuise, et ce depuis toujours, mais je ne m’en suis rendu compte qu’une fois au Japon. Je suis incapable de faire la queue plus de dix minutes pour quoique ce soit et je rentre de chaque voyage à Tōkyō ou Kyōto complètement lessivé – tourisme de masse ou pas. En comparaison Nagoya est une ville assez tranquille dans la mesure où il n’y a pas grand chose à y faire, mais du coup tout le monde semble se regrouper aux même endroits. Cela fait 15 ans que mes jours de congés tombent pour la plupart en semaine, m’imaginer devoir faire face à cette foule chaque week-end m’affole.

Au retour à la maison je me rends compte que malgré le monde qu’il y avait, aucune personne n’apparaît sur les photos prises ce jour-là. Finalement j’ai passé deux heures les yeux rivés au ciel, comme pour tenter d’effacer les gens de ma vue, faire comme s’ils n’existaient pas. Peut-être était-ce ma manière de me défendre contre le chaos engendré par la foule, une sorte d’échappatoire mental, comme lorsque je me parle à moi-même quand je suis mal en point sur un parcours de course à pied trop long, mais qu’il faut tout de même aller au bout. Par deux ou trois fois, après m’avoir croisé, l’un ou l’autre groupe de passants s’est retourné pour voir ce que je prenais en photo. Avec les écouteurs sur les oreilles (j’étais tellement absorbé dans mes pensées que je ne me souviens même pas de ce que j’écoutais…) je ne pouvais entendre ce qu’ils se disaient à ce moment là, mais tous continuèrent leur route, l’air dubitatif. J’étais surtout fasciné par la mystérieuse porte bleue de la dernière photo, située en haut d’un immeuble d’une quinzaine d’étages. Comment y accède-t-on ? Où mène t’elle ? S’il existe des sorties de secours, existe-t-il également des entrées de secours ? …

architecture/Aichi

Toyota City Museum – Toyota, Aichi

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toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館

Après m’être en quelque sorte échauffé auprès du Toyota Municipal Museum of Art, je me dirige juste à côté, vers le Toyota City Museum, qui a ouvert ses portes le 26 avril dernier. Ce dernier est situé en haut d’une butte afin de servir de refuge en cas de catastrophe naturelle, quand on s’y rend en voiture un chemin y serpente en pente douce jusqu’à l’entrée principale, mais celle-ci se trouve du côté opposé au Museum of Art, c’est donc cette fois via le jardin situé à l’étage que je m’approche cérémonieusement du bâtiment. J’aime beaucoup la manière très minimaliste et ordonnée, méticuleuse, mathématique dont sont plantés les arbres aux branches assez fines pour qu’elles ne gâchant pas la vue du musée. Je n’ai par après guère été étonné d’apprendre que comme le musée voisin, c’était Peter Walker qui en avait dessiné les plans.

Le musée en lui-même, construit sur deux étages, mêle harmonieusement bois, verre et béton, une grande forme circulaire sur son toit donnant un accent aux formes simples et élégantes du bâtiment. Le cercle semble avoir une signification importante, il apparait à de nombreuses reprises aussi bien à l’extérieur, sous la forme d’arbres plantés en rond dans le jardin au rez-de-chaussée ou d’un trou dans le porche à l’entrée qui vient former un cercle sur les dalles au sol, qu’à l’intérieur, au travers de formes octogonales obtenues par la disposition des poutres en bois au plafond du hall principal, ou bien encore la rampe d’accès en spirale qui monte à l’étage. Afin d’avoir un total effet de surprise en découvrant le musée pour la première fois je n’ai fait aucune recherche sur celui-ci avant d’y venir. Au fur et à mesure de ma visite je me dis qu’étant donné le soin apporté au moindre détail et l’utilisation optimale de l’espace et de la lumière il me semble de plus en plus évident qu’il ne peut être que l’oeuvre d’un architecte important, mais mon manque de connaissances dans le milieu ne me permet pas de déterminer de qui il pourrait s’agir.

Je finis par entrer dans la salle d’exposition. Après avoir longuement fait le tour du jardin puis du hall d’entrée je suis plutôt éreinté, ce qui ne me mets pas dans les meilleurs conditions pour pleinement profiter des installations, d’autant plus que de nombreux écoliers en sortie scolaire, tous avec leurs chapeaux jaunes sur la tête, courent en tous sens en parlant inutilement fort. A l’étage, un espace bibliothèque me permet enfin de m’assoir quelques instants. En parcourant les étagères je constate qu’un espace est dédié à l’architecte Shigeru Ban (坂 茂). On dirait que j’ai la réponse à ma question ! Je feuillette le superbe bouquin Shigeru Ban: Timber in Architecture, regroupant toutes les oeuvres de l’architecte, et note quelques bâtiments et installations qu’il me faudra aller voir, ricanant à l’ironie qui veuille qu’il faille que je sois au Japon pour que naisse en moi l’envie de parcourir l’Europe et le monde à la recherche d’architectures extraordinaires.

architecture/Aichi

L’ étang moderne – Toyota Municipal Museum of Art, Aichi

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Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art

Nouvelle virée au Toyota Municipal Museum of Art, que j’avais déjà visité en janvier dernier. Je me balade dans le jardin autour du musée. Il n’est que dix heures mais pour l’heure le soleil est déjà haut dans le ciel comparé à ma dernière visite. Sa lumière est blanche et violente, elle pique les yeux et brûle la peau. Les zones d’ombres sont peu nombreuses mais agressives, elles découpent distinctement en deux les bâtiments tel un katana bien aiguisé. Dans cet environnement hostile, pas étonnant qu’il n’y ait qu’une poignée de visiteurs … Non, en fait le musée est tout simplement fermé jusqu’à la fin du mois en raison de travaux. A l’étage, une partie des miroirs que je m’amusais tant à photographier la dernière fois est recouverte de bâches grises, j’espère que l’installation restera en place. Je me rends compte que sans l’étang – mis à sec par la même occasion et selon toute apparence méticuleusement nettoyé vu la propreté impeccable de son fond -, l’oeuvre architecturale dans son intégralité perd à la fois son reflet et beaucoup de son charme, m’obligeant à prendre du recul pour combler ce vide. Heureusement, la visite du musée n’était pas le motif principal de ma venue …

architecture/musiques/Nagoya

‘It’s not Hong Kong. Not Tokyo. If you want to go I’ll take you back one day’ – Nagoya, Aichi

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buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya

Je me balade entre les quartiers d’Ōsu et Sakae. J’ai dans les oreilles 再生 – Saisei, le dernier album de la figure emblématique du hip hop japonais DJ Krush, sorti en février dernier et que j’écoute pour la quatrième ou cinquième fois cette semaine. Si cela doit faire plus d’une dizaine d’années que je n’avais pas écouté de nouveau morceau de DJ Krush, son saisissant ‘Candle Chant (A Tribute)‘ (sur l’album 漸 -Zen-, 2001) figure depuis au moins aussi longtemps dans l’iPod réservé à la voiture. La chanson a d’ailleurs très peu de succès quand elle apparait au hasard d’une balade en famille. L’instrumentation y est minimaliste et le flow de BOSS the MC du groupe Tha Blue Herb y est il faut l’avouer monotone, et les paroles qui relatent le décès d’un proche suite à son combat contre sa maladie, sont dures.

Je ne sais pas si je suis le seul à le ressentir ainsi, mais Saisei est à peine plus joyeux. Il pue la rue et le béton, avec un zeste de cyberpunk. Les deux premiers morceaux, et bien d’autres par la suite m’ont immédiatement fait penser à Chaos Theory (2005) d’Amon Tobin, et le fait d’être au milieu d’immeubles comme entassés les uns sur les autres me remémorent les scènes et la musique de l’une des plus belles vidéos de tout Youtube, produite par Timelab, dans laquelle un drone vole dans une Hong Kong qui brille de tous ses feux en rasant ses immeubles. Après quelques titres purement instrumentaux sont intercalés par trois fois, comme pour nous ramener à la réalité, des morceaux sur lesquels un rappeur vient poser son flow. Autant les deux premiers morceaux du genre sont quelconques que le troisième, 破魔矢 -Hamaya- feat. Jinmenusagi, de par sa qualité, n’a rien à envier au reste de l’album. Le flow rapide et rythmé de Jinmenusagi, parfaitement calé sur le beat, envoûtant, m’a fait penser à un moine récitant un mantra et je n’ai été qu’à moitié étonné de constater que le clip vidéo montrait effectivement DJ Krush aux platines dans un temple, son acolyte, comme en transe, récitant ses couplets. Par curiosité j’ai écouté son album DONG JING REN (東京人, 2023) mais les productions y sont trop fades pour que ce jeune rappeur au débit pour le moins extraordinaire ne me saoule au bout de quelques morceaux. J’ai pensé que cela ne mettait que plus en valeur encore le talent de DJ Krush, qui a su tirer profit de son potentiel.

architecture/Nagoya

‘It was all yellow …’ – Meieki, Nagoya

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travaux
Nagoya station
Nagoya station gratte-ciel
Nagoya gratte-ciel
Sasashima vélos en vitrine
Nagoya Cinema Skholé
Nagoya hôtel et immeuble
Nagoya immeuble au toit en forme de pyramide
Nagoya Hôtel Chisun Inn

Je ne rentrerai pas dans les détails mais mon changement de poste le mois dernier me donne un excellent prétexte pour me rendre à Nagoya et faire de l’espionnage dans tout ce que l’endroit compte comme grands magasins. Apres donc avoir sillonné de nombreux rayons j’improvise une balade en faisant l’aller-retour entre la gare de Nagoya et le quartier de Sasashima. Le ciel est d’un gris uniforme qui finalement va bien aux gratte-ciels, comme on annonçait de la pluie j’avais avant de quitter la maison pensé en profiter pour aller au cinéma. Si je n’avais alors trouvé aucun film à mon goût, le Cinema Skholé (シネマスコーレ) devant lequel je me trouve maintenant figurait bien dans la liste des salles vue quelques heures plus tôt et je m’amuse du fait d’y avoir été comme attiré malgré moi. Comme l’annonce la page d’accueil, ce cinéma a été ouvert en février 1983 par Koji Wakamatsu (若松孝二), un réalisateur important des années 1960, dont j’avoue ne jamais avoir entendu parler. Il doit certainement avoir l’un ou l’autre bon film dans la liste de films indépendants proposés et je me dis vaguement qu’il pourrait être intéressant d’aller au cinema ne serait-ce qu’une fois par mois, mais j’ai déjà trop de choses à faire de mes jours de congés et de projets inachevés pour encore y ajouter un loisir de plus.

Autour de la gare des hôtels ouverts récemment côtoient des appartements rudimentaires sans balcon dont on peut voir à travers les vitres le linge sécher. Les bâtiments ont des formes particulières, le toit de forme pyramidale de l’école spécialisée CTA (専門学校セントラルトリミングアカデミー 2号館), sans doute original et moderne à l’époque de son ouverture en 1998, a plutôt mal vieilli. Je suis également intrigué par un bâtiment d’une dizaine d’étages, à la façade jaune, de forme cylindrique, qui me fait penser à un épis de maïs, l’hôtel Chisun Inn Nagoya (チサン イン 名古屋). En 1973 le groupe immobilier Chisun (地産グループ) inaugure son premier hôtel, le Nagoya Chisun Hotel (名古屋チサンホテル). Si à son ouverture la façade est de couleur blanche, celle-ci est repeinte en jaune lorsque le groupe Solare s’empare de la gestion de l’hôtel en 2004 et en change également le nom. Pour la petite histoire, l’hôtel a été conçu par l’architecte Hideo Yanagi (柳英夫) en se basant sur les plans de l’impressionnant complexe hôtelier Pacific Parc Chigasaki (パシフィックホテル茅ヶ崎) et son architecture si particulière, malheureusement détruit en 1999 mais assez célèbre dans la mémoire collective des japonais pour figurer au centre de la chanson Hotel Pacific du groupe de rock-pop Southern All Stars en, sortie en juillet 2000. Je me demande bien à quoi ressemble l’intérieur du Chisun Inn …

architecture/musiques/Aichi

‘Mirror(s) mirror(s) on the wall(s) …’ – Toyota Municipal Museum of Art, Toyota, Aichi

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Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館

Le Toyota Municipal Museum of Art, qui fait l’objet des deux derniers billets, est l’oeuvre de l’architecte Taniguchi Yoshio (谷口吉生). Si Taniguchi Yoshio est notamment connu comme étant le concepteur du plan de rénovation du Museum of Modern Art (MoMA) de New York, il a également travaillé sur des musées symboliques du Japon, dont celui de la ville de Toyota. Les jardins aux alentours du musée sont quant à eux arrangés par un certain Peter Walker, architecte du paysage a qui l’on doit le célèbre projet Jewel Changi Airport, complexe commercial en verre comportant en son sein la plus haute chute d’eau en intérieur au monde, et ce en plein milieu du septième aéroport mondial en termes de trafic aérien.

L’architecture du bâtiment est une oeuvre d’art à part entière, et je pense avoir passé au moins de temps à l’extérieur qu’à l’intérieur du musée. Il me semble que je pourrais passer la journée à me balader autour à contempler la manière dont les ombres se transforment au fur et à mesure que le soleil monte dans le ciel. A l’étage l’on découvre un plan d’eau et une curieuse installation, The Colors Suspended: 3 Exploded Cabin (3つの破裂した小屋, 2003), de l’artiste, peintre, sculpteur et plasticien français Daniel Buren : Trois cabines dont l’intérieur est respectivement bleu, rouge ou jaune. La façade extérieure est intégralement recouverte de miroirs et de chaque côté se trouve une ouverture d’où l’on peut entrer à l’intérieur. A quelques pas devant chaque porte se trouve une cloison faisant la taille d’une porte. L’une de ses faces est de la même couleur que celle de la cabane, l’autre face est à nouveau constituée d’un miroir. La lumière du soleil, le paysage environnant, le musée et les visiteurs se reflète de toutes parts, s’entrechevêtrent au point que je ne peux pas affirmer avec certitude ne pas apparaître dans le pan d’un ou l’autre miroir. J’essaie de découper les images, d’y insérer des personnes ou de faire coïncider les lignes de bâtiments différents.

J’écris ces quelques lignes en écoutant IRIS: A Space Opera, l’époustouflante performance du groupe Justice. Je possède le premier album du groupe ( † , 2007) mais je ne l’ai pas écoute depuis un bon bout de temps. Au fur et a mesure que les titres défilent parfaitement enchaînés je me rends compte que j’en attribuait un certain nombre à leur compatriote français Jackson And His Computerband (Smash, 2005). C’était alors l’âge d’or de la ‘French House‘, toute la clique du label Ed Banger produisait à foison, je m’y suis perdu en cours de route … J’ai pris énormément de photos de l’installation de Buren, me mettant au centre de chacune des trois cabanes et photographiant chacune des quatre sorties, puis, à l’inverse, capturant chaque cloison à plus ou moins la même distance de celle-ci. En écoutant le concert m’est venu à l’idée de créer une animation ou une video où ces photos s’alterneraient au rythme de la musique. Dieu seul sait si cette Nième idée verra le jour ou non …

architecture/Aichi

Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館

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Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館 Frank Lloyd Wright and the world
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館
Toyota Municipal Museum of Art 豊田市美術館

Deux semaines sans billet, des vacances, en quelque sorte ! Tout d’abord je souhaite, en retard, une excellente année aux fidèles lecteurs ainsi qu’à ceux de passage. Les aléas du calendrier font que j’étais malheureusement du soir pour le Réveillon et n’ai donc pas pu cérémonieusement regarder le Kōhaku en famille. A l’heure où nous basculions dans l’année 2024 j’étais sur mon vélo à faire hurler le dansant album de house ‘Happy Music’ de Supershy (mieux connu sous le nom de Tom Misch) en slalomant entre les personnes se rendant au sanctuaire le plus proche pour faire leurs voeux. Des titres comme Happy Music, Don’t Let Go et surtout le sublime Feel Like Makin’ Love me font pédaler comme un dératé en fanfaronnant comme un ivrogne, un comble alors que je n’ai rien bu.

2023 aura été une année plutôt agitée par rapport aux deux années précédentes, j’ai l’impression d’en avoir passé l’intégralité à bloc, la tête dans le guidon, sans vraiment pouvoir expliquer ce que j’y ai fait en particulier. Pour ce qui est du blog, il m’a semblé être parvenu à maintenir un rythme de croisière, ce qui n’a pas toujours été évident car nos sorties en famille ont été pratiquement inexistantes et qu’il a donc fallu davantage que les années précédentes aller chercher les sujets par moi-même. La page à propos du Tōkai Nature Trail est encore vierge, je n’ai toujours par réussi à allier de manière satisfaisante et cohérente le blog, mes carnets et mon compte Instagram, et le fait que je me sois remis à courir de manière régulière n’a rien arrangé. M’étant emmêlé les pinceaux sur WordPress j’ai apparemment perdu (?) une partie des statistiques des années passées mais le nombre de visiteurs a cette année encore été très bas. Si je me basais uniquement sur les chiffres pour évaluer s’il faut continuer ou pas ce blog une année de plus la réponse serait immédiatement négative, mais l’envie de me balader, de découvrir, prendre des photos, rêvasser et d’être créatif est toujours là. Nous verrons bien ou nous mène cette année 2024.

J’ai été en fin d’année au Toyota Municipal Museum of Art (豊田市美術館) pour aller voir une exposition intitulée ‘Frank Lloyd Wright and the World‘, organisée dans le cadre de la célébration du centenaire de la construction de l’Hôtel Imperial de Tōkyō, dont celui a été le principal acteur. L’exposition retraçait le parcours du célèbre architecte américain Frank Lloyd Wright (1867-1959) en mettant le point sur la manière dont son séjour au Japon a influencé ses oeuvres et l’impulsion qu’ont ensuite exercées celles-ci dans l’archipel bien sûr, mais aussi dans le monde entier – et j’invite ceux qu’intéressent à consulter cet article qui en parle trop bien pour que j’aie quoique ce soit d’autre à ajouter. Si l’exposition donnait une vue globale intéressante des rapports de Wright avec le Japon, j’ai surtout été fasciné par les superbes plans et perspectives en grand format de ses principales oeuvres, que l’on peut retrouver dans l’apparemment célèbre ‘Portfolio Wasmuth‘, un recueil en deux volumes de 100 lithographies du travail de l’architecte, publié en Allemagne sous le titre ‘Executed Buildings and Designs by Frank Lloyd Wright‘ en 1910 par l’éditeur berlinois Ernst Wasmuth.

J’aurai aimé être en mesure de dessiner des bâtiments de la sorte. Je m’y suis essayé plusieurs fois, tentant de recopier à l’identique la photo d’un bâtiment, mais sans grand succès. Pour commencer à se dépatouiller il faut évidemment passer par toute la théorie autour des perspectives à un ou plusieurs points de fuites etc, mais comme le solfège pour la musique ou la prononciation pour l’apprentissage du chinois, et j’ai à chaque fois rapidement abandonné. La photographie a de ce point de vue là un côté beaucoup plus intuitif … ll suffit d’appuyer sur le déclencheur pour que son ‘oeuvre’ soit là. Je me rappelle cependant avoir lu quelque part que le fait que la course à pied soit accessible à n’importe qui expliquait la raison de l’engouement général pour cette discipline, mais que cet enthousiasme impliquait aussi un problème pour ses pratiquants. Tout le monde peut courir, mais surtout on a vite fait de courir n’importe comment et il est ensuite difficile de se débarrasser de ses mauvaises habitudes. Si je suis bien conscient qu’il en est de même pour mes photos, le plaisir ressenti à photographier est tout doucement en train de prendre le pas sur celui que prends à écrire, mais je n’ai cependant pour l’instant toujours pas d’idée précise sur la manière d’incorporer cela dans mon blog …