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promenades/Luxembourg

隣の芝(8) – Luxembourg(4) Bour(2)

Posted by mahl on

De retour à Bour. Dernière journée sur ‘le vieux continent’ de ce séjour déjà trop court. J’ai fait la veille un bien agréable repas avec mes amis qui m’ont fait le plaisir de se réunir pour l’occasion. Nous sommes restés jusque tard au restaurant, les propriétaires ont été obligés d’éteindre toutes les lumières autour de nous afin de nous faire comprendre qu’il était tout doucement temps de partir. De la même manière qu’une nuit n’aurait pas suffi à se raconter tout ce qui s’est passé depuis ma dernière venue, si un séjour d’une semaine parait trop court je sais à force que de le rallonger de quelques jours, de deux semaines, d’un mois voire trois ne changerait rien au fait que le temps passe trop rapidement, autant pour moi que pour ceux qui m’attendaient.

Je me réveille de bonne heure et décide de me balader cette fois dans la forêt derrière l’hôtel. Le froid est vigorifiant et agréable. Il ne me faut même pas cinq minutes pour être au pied de la pente du petit sentier de la première photo, que je gravis en haletant. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte à quel point j’avais de la chance, quand j’habitais ici, d’avoir où que j’aille, tout autour de moi, la nature à portée de main. Lorsque j’arrive plus essoufflé que nécessaire en haut du sentier, la vue se dégage sur un petit hameau en contre-bas et la campagne environnante, qui semble s’étendre à l’infini. Pendant les vacances d’été je passais des après-midi entières à courir ou pédaler sans but précis à travers champs et vallées, à l’époque cette liberté me semblait comme acquise, être comme une évidence.

Comme lors de ma première balade, la campagne que j’ai devant les yeux m’apparaît comme très différente de celle du Japon. Les champs remplacés par les rizières, l’absence de montages, le temps brumeux … Il fallait bien à un moment ou un autre de mon séjour, comme à chaque fois, que je regrette d’être parti à l’autre bout de la planète. C’est le moment que je crains au point presque de m’empêcher de rentrer plus souvent au pays, comme si je n’arrivais toujours pas à me convaincre d’avoir fait les bons choix. Et plus le séjour est long et plus le doute s’installe, plus je suis instable. Le fait que je sois venu seul cette fois-ci ne me rend que plus vulnérable encore.

‘隣の芝、青く見えたら出来るだけ睡るのさ’
If the grass seems greener on other side, I’ll close my eyes as tightly as I can.

隣の芝. Tonari no Shiba. Littéralement, ‘l’herbe du voisin, l’herbe à côté‘. Quand on ne se sent pas bien là où on est, fermer les yeux reste encore la meilleure chose à faire, chante Sheena Ringo dans Odaiji ni. Fermer les yeux pour rêver ? Pour nier la vérité ? Fermer les yeux en attendant que les choses passent, en attendant les jours meilleurs ? Ou tout simplement pour se reposer, reprendre des forces et aller de l’avant ? J’ai longtemps été obsédé par cette chanson et ce passage en particulier. J’aime beaucoup la manière dont il renvoie un message positif ou négatif selon l’état émotionnel dans lequel on se trouve quand on l’écoute.

Le paysage est trop beau, le temps trop précieux pour que je ferme les yeux. Je les ouvre au contraire bien grand pour mieux graver dans ma mémoire le moment présent.