La course au mouton sauvage

Posted by mahl on

Même si dans l’ensemble le livre m’a quelque peu déçu, ‘la course au mouton sauvage’ contient quelque passages forts rigolos. Il a bouffé du Devos, Murakami ?

Minou minou minou, dit le chauffeur au chat, en se gardant bien d’y porter la main. Comment s’appelle-t-il ?
– Il n’a pas de nom.
– Comment faites-vous alors pour l’appeler ?
– On ne l’appelle pas, dis-je. Il est là, c’est tout.
– Mais il ne reste pas tout le temps immobile. Il bouge sous l’effet d’une volonté. Ça ne vous semble pas bizarre qu’un être qui agit de par sa volonté n’ait pas de nom ?
– Les sardines aussi bougent selon leur volonté, et pourtant on ne leur donne pas de nom.
– Oui mais il n’y a aucun échange affectif entre une sardine et un être humain. D’ailleurs une sardine ne comprendrait pas son nom. Cela dit, rien ne vous empêche de lui en donner un.
– Si je vous comprends bien, pour qu’un animal puisse prétendre à un nom il faudrait qu’il se meuve de sa propre volonté, qu’il soit capable d’échanges affectifs et, qui plus est, qu’il soit doté du sens de l’ouïe. N’est-ce pas ?
– C’est cela, oui, dit le chauffeur qui opina à plusieurs reprises, l’air convaincu. Dites, ça vous dérangerait si je luis donnais un nom ?
– Absolument pas. Comment l’appelleriez-vous ?
– Que diriez-vous de ‘Sardine’ ? Puisqu’au fond vous l’avez traité comme une sardine jusqu’à présent.
– C’est pas mal, dis-je
– N’est-ce pas ? fit-il fièrement.
– Qu’en dis-tu ? demandais-je à ma girlfriend.
– Pas mal du tout, dit-elle. On croirait assister à la création du monde.
– Et la Sardine fut ! dis-je.
– Viens, Sardine, dit le chauffeur en prenant le chat dans ses bras.