– Euh … tu peux m’aider ? Je crois qu’il est brésilien.
Mes collègues, surtout ceux du rayon des parfums et cosmétiques sollicitent assez fréquemment mon aide comme interprête lorsque le client ne comprend pas – ou ne veut pas comprendre – pourquoi on lui refuse d’acheter certains produits. Dans les faits il s’agit de restrictions résultant de la lutte anti-terroriste, et sauf cas extrêmes la plupart des clients n’y trouvent rien à redire, mais là n’est pas le but de mon propos.
Pour faire simple, mes collègues distinguent trois familles linguistiques : les langues asiatiques, l’anglais, et … tout ce qui n’est ni asiatique ni anglais. Du coup, une fois sur deux la langue que l’on me demande de traduire n’a absolument rien à voir avec celle dont on m’avait parlé à la base. Ainsi, le brésilien cité plus haut était en fait italien. Passe encore. L’autre jour un soi-disant français était en fait allemand et une fois même, un chinois en fait français. Pourquoi pas. Je comprends l’italien et parle allemand, on s’en sort encore.
Seulement parfois, rien à voir. Un soi-disant hollandais était en fait russe et un allemand mexicain. Je ne parle ni russe ni espagnol, et on a dû s’y mettre à trois pour lui faire comprendre ce que nous devions lui dire.
Vu autrement, ces trois catégories impliquent quelque chose d’affolant : Puisque je parle français, allemand et une langue aussi rare que le luxembourgeois, forcément, il est des personnes qui sont persuadées que je parle également l’italien, le finlandais ou même l’arabe. Mieux, ils oublient même parfois que certains occidentaux parlent parfois parfaitement japonais. Bien qu’occidentaux, dans certains cas le japonais est même la seule langue en commun que j’aie avec certaines personnes. Il m’est ainsi déjà arrivé de converser pendant 15 minutes en japonais avec un canadien.