Choose your weapon ! (2)
Si je suis là aujourd’hui à m’intéresser aux instruments d’écriture et faire régulièrement la tournée des papeteries et éplucher les magazines et livres sur le sujet, c’est probablement la faute à ce stylo.
J’aime écrire depuis l’âge de 10 ans environ, mais n’avais jusqu’à il y a de cela quelques années peu ou aucun intérêt pour les stylos et autres instruments d’écriture. De même, bien que j’aie écrit des centaines de pages au long de mes études, mis à part les stylos à plume Pelikan dont je parlais dans l’article précédent, je suis bien incapable de me souvenir avec quoi je noircissait mes copies.
Si j’avais déjà vaguement entendu parler de la marque auparavant, mon premier contact physique avec Mont Blanc a eu lieu dans le cadre de mon travail. La marque ouvre un rayon dans notre périmètre, ce qui m’amène à vendre de manière maladroite l’un ou l’autre produit à des clients qui en savent souvent bien plus que moi. Mon enthousiasme est réel, les ventes satisfaisantes.
Bien entendu il ne faut pas longtemps avant que je pense à en acheter un à mon tour. Avec ma joyeuse compagnonne nous débattons longuement à propos de cet onéreux achat ( ‘un stylo, aussi cher qu’Il soit, reste un stylo’ )et mes arguments ne sont pas des plus convaincants. Mais peut-on expliquer un coup-de-foudre ?
Il faudra un peu plus de deux ans pour que je fasse main-basse sur le précieux objet : Un vieux Meisterstück Rollerball résine-or bordeaux, qui n’est déjà plus en production à ce moment-là. De manière un peu surnoise, j’en conviens, puisque je me le fais offrir pour mon anniversaire par ma mère lors de notre retour au pays. Est-ce à cause de son statut d’objet de luxe controversé, c’est très cérémonieusement que je m’en sers au début. Gardé précieusement dans son coffret d’origine la semaine, j’écris avec chaque week-end mes lettres dans le silence le plus complet.
Au fur et à mesure de mes lectures à propos de mon nouveau hobby, il semble clair que j’accorde au bon état de mon stylo bien plus d’importance que nécessaire. J’envie l’aisance, la prestance, l’assurance de ces personnes qui sortent leur stylo favori pour noter dans leur calepin une adresse, un nom ou une idée qui leur vient à l’esprit. Il me faut donner une âme à mon bijou en écrivant avec régulièrement, puisque c’est pour cela qu’il a été conçu.
Aujourd’hui je l’utilise quotidiennement et l’emporte partout avec moi. Je change la couleur de l’encre selon mon humeur. Il m’arrive quand je n’ai rien de particulier à faire de prendre une feuille et d’y écrire en vrac tout ce qui peut me passer par la tête. C’est ridicule, mais j’adore cela … Après trois années d’utilisation intensive mon stylo a quelques légères égratignures mais je ne m’en soucie plus.
Parfois, entre deux lignes trop longues, je rêvasse. Je m’imagine céder le précieux objet à Léo quand il aura 18 ou 20 ans. Peut-être lui prendra-t-il l’envie d’écrire. Peut-être pensera-t-il à moi à chaque fois qu’il s’en servira. Il pourrait devenir célèbre et passer à la télé dans une émission consacrée aux livres diffusée tard le soir. L’animateur lui demanderait : ‘Peut-on savoir quel est ce stylo que vous constamment à la poche de votre veste ?’. Et là Léo tirerait fièrement le Mont Blanc de sa poche et expliquerait non sans émotion qu’Il a appartenu à son père etc …
Par contre, pourvu qu’il ne parle pas de ce blog !