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'Tout ce qui a deux ailes me fait planer'

L’AEROPHILE – Tout ce qui a deux ailes me fait planer (19)

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Ces derniers temps mes billets se font plus rares et sont, je l’avoue, un peu bâclés. Cela explique-t-il la chute libre du nombre de vues depuis la fin du mois de mars ? Je parle sans doute de trop de choses à la fois et les lecteurs et les moteurs de référencement s’y perdent un peu. En y réfléchissant c’est amusant parce que je suis pareil dans la vraie vie, je touche à tout sans ne jamais véritablement maîtriser un sujet en particulier. Dans ce sens, on peut dire que ce blog est un reflet de ma personne.

Une longue année s’est écoulée et le secteur aéronautique est toujours au point mort. A Nagoya, les vols internationaux quotidiens se comptent sur les doigts d’une main, hormis quelques vols cargo la majorité des appareils sont des petits B737 ou des A320 de moins de 200 places qui se ressemblent tous. En tant qu’employé tout comme en tant que visiteur, je m’ennuie ferme.

Pour faire passer le temps je suis, comme j’en parlais dans un billet précédent, très préoccupé par l’histoire de l’aviation, notamment celle au début du XXème siècle. Je pensais dans un premier temps centrer mes recherches sur les balbutiements de l’aviation au Japon, mais je me suis rapidement rendu compte à quel point vouloir voler était un rêve universel et le sujet de nombreux échanges entre les nations : Si en 1909 le français Yves Le Prieur, un militaire attaché à l’ambassade de France à Tokyo, fabrique un planeur avec l’aide du professeur Aikitsu Tanakadate de l’Université Impériale de Tokyo, un an plus tard le baron Yoshitoshi Tokugawa et le lieutenant-colonel Kumazo Hino effectuent au parc Yoyogi à Tokyo le premier vol officiel, puis se rendent en France et en Allemagne pour apprendre à manoeuvrer les premiers appareils. Les aviateurs américains Art Smith ou encore Charles Franklin Niles viendront quant eux au Japon.

Au cours de mes recherches je suis tombé sur le site Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, sur lequel on peut retrouver des milliers de documents. J’ai parmi ceux-ci eu le bonheur de découvrir la revue mensuelle l’Aérophile dont sont tirées les trois captures d’écran ci-dessus. Publiée à partir de 1893, il ne s’agit de rien de moins que de la première revue dans le monde sur le sujet. J’en ai téléchargé les 240 pages de l’année première (1893) et j’en suis aujourd’hui encore tout bouleversé.

‘Nous ne nous bornons pas à nous intéresser au perfectionnement de la navigation aérienne, mais nous nous inquiétons de tout ce qui a trait à la science de l’air, à l’étude de l’océan aérien dont nous n’habitons que les profondeurs, et dont les vagues diaphanes sont trop souvent troublées par tant de nuages et de brouillards.’

Nous sommes à l’époque encore loin des premiers vols d’avions. L’intérêt de l’élite pour l’aéronautique se porte principalement sur les vols en ballon, et dans la revue les oeuvres de Jules Verne sur le sujet sont fréquemment citées (ce qui me donne bien envie d’en relire une nouvelle fois l’intégralité), au point qu’on peine presque à distinguer ce qui tient de la réalité ou de la fiction. Comme en témoigne le court passage ci-dessus, le style d’écriture est raffiné, on croit lire une oeuvre littéraire et elle se lit comme telle. Les textes sont agrémentés de graphiques, de formules de physique complexes, mais aussi de beaux schémas faits-mains permettant de mieux comprendre les observations et découvertes. On ressent bien la passion qui anime les membres, et alors que les nouvelles du secteur aérien sont dernièrement d’un ennui total, ces documents sont très rafraîchissants.