Dans la tête de YI – Lalaport NAGOYA Minato AQULS, Minato-ku, Nagoya

Posted by mahl on

Je suis très rapidement déconcentré quoique je fasse à la maison, et cela vaut également pour la rédaction des billets de ce blog. Je m’assois à ma table haute, commence à rédiger quelque chose et au bout d’une demi-heure je suis déjà distrait. Le froid ou dernièrement la chaleur, mon regard qui se porte un instant sur un livre ou un magazine sur l’étagère, le voisinage qui bavarde longuement sur le pas de la porte ou encore une recherche ou la vérification d’une expression sur internet qui m’éloigne parfois bien loin de mon sujet … Tout prétexte est bon pour me faire passer à autre chose, c’en est parfois à un point où il m’arrive de me demander si au fond de moi j’aime vraiment ce que je suis en train de faire. Je fuis donc la plupart du temps la maison pour squatter ce que les environs comptent comme bibliothèques et cafés et ne m’explique pas le fait que je ne sois pas alors distrait par les gens autour de moi.

Mes pas me mènent à la librairie Tsutaya de Lalaport NAGOYA Minato AQULS, où il est permis de feuilleter livres et magazines en buvant son cafe. Alors que je traîne entre les rayons je crois entendre depuis tout à l’heure, à la suite, trois chansons du groupe サカナクション (Sakanaction). Si certaines chansons ont une certaine notoriété et passent parfois à la radio, certains des titres diffusés dans la librairie sont clairement des titres mineurs. Je remonte à la source sonore de ce remue-ménage et tombe sur une mini-exposition qui se tient dans la cadre de la sortie du livre du chanteur du groupe, Ichirō Yamaguchi (山口一郎).

J’avais bien sûr entendu parler du livre intitulé ことば – 僕自身の訓練のためのノート. Il s’agit d’une sélection, par thèmes, du journal personnel que Yamaguchi a rédigé entre les années 2001 et 2006. Yamaguchi a formé avec l’actuel guitariste du groupe, Motoharu Iwatera (岩寺基晴), le groupe de rock ダッチマン (Dutchman) en 1998. Je ne suis jamais parvenu à mettre les mains sur la musique interprétée à cette période, mais il est dit que les deux titres 三日月サンセット et 白波トップウォーター que l’on peut trouver sur le premier album de Sakanaction ‘Go to the future‘ (2007), ainsi que サンプル sur le deuxième album NIGHTFISHING (2008), étaient à l’époque déjà pratiquement achevés. En 2004 le groupe se sépare, Yamaguchi se retrouve seul puis est rejoint à nouveau par Iwatera l’année suivante. Le duo prend le nom Sakanaction malgré le manque d’enthousiasme d’Iwatera, et de fil en aiguille le groupe prend sa forme actuelle avec ses cinq membres.

Dans ses interviews et nombreuses discussions sur Youtube et Instagram Yamaguchi parle fréquemment de ces années comme étant difficiles du point émotionnel, et du fait qu’il écrivait à la fois pour remettre de l’ordre dans ses idées mais aussi comme un exutoire. Excité par le hasard de la découverte j’ai failli m’emparer du livre sans réfléchir, mais en y jetant un oeil je me suis rendu compte qu’il n’était pas fait pour moi. J’aime énormément la musique du groupe et apprécie beaucoup le personnage qu’est Yamaguchi mais ne pense pas être assez core fan pour vouloir m’immiscer à ce point dans son intimité, même si cela pourrait aider à comprendre encore davantage le contexte dans lequel ont pu être écrites et la manière dont ses expériences sont retranscrites dans les paroles ou même dans l’instrumentation des chansons. J’en lit quelques pages et comme je m’y attendais je n’y comprends pas grand chose. Les mots, les phrases sont cohérentes et stylistiquement soigné mais je ne parviens pas à les interpréter, à saisir leur signification, je ne vois que très vaguement où il veut en venir, sans explication du contexte c’est un peu comme si je lisais les mémoires d’un individu lambda. Une douche froide pour moi alors que justement je pensais mettre partiellement en ligne mes carnets.