Furu-hon, vieux livres @ Nagoya, Naka-ku

Posted by mahl on

Mon premier contact avec les livres anciens remonte à quelques années. Je sors de l’ambassade du Luxembourg située à Ichigaya et décide comme souvent de me balader au hasard dans les rues de Tokyo. Au fur et à mesure que je marche je suis intrigué par le nombre croissant d’enseignes ‘shoten‘, c’est à dire librairie. Je venais de découvrir le quartier de Jimbocho, réputé pour ses librairies de livres d’occasion. J’étais entré dans deux-trois établissements et avais trouvé la première traduction en japonais de ‘la cantatrice chauve’ d’Ionesco. J’étais à l’époque encore taraudé par la question ‘l’humour peut-il être traduit ?’, et à la lecture de quelque pages j’étais convaincu que je tenais dans mes mains une bonne preuve que cela n’avait rien d’évident …

L’association des bouquinistes (traduction très approximative) regroupe les bouquinistes de Nagoya et de sa région et compte 93 librairies. La vague de froid passée le temps est splendide, j’organise vite-fait une promenade partant du Parc Tsurumai vers Osu. Depuis quelques mois je suis intéressé par l’histoire de l’aviation au Japon. Si le développement de l’aéronautique dans la période d’après-guerre est particulièrement intéressant, le fait que le pionnier de l’aviation japonaise, Chūhachi Ninomiya, ait élaboré dés 1891 et donc bien avant frères Wright son ‘modele d’avion de type oiseau‘ a été une révélation. J’ai emprunté le peu d’ouvrages que contiennent les bibliothèques alentours sur ces sujets mais leur contenu très dense fait que la lecture prend du temps. Peut-être les retrouverais-je regroupés chez les bouquinistes ?

Je commence mes investigations par Yamahoshi-shoten, tout près de la gare de Tsurumai. Quel bonheur de n’être entouré que de livres ! Les étagères dégoulinent d’ouvrages, il y en a tellement que certains sont stockes à même le sol. Si les sujets traités sont vastes il ne semble pas y avoir de classement cohérent, c’est à peine s’ils sont regroupés par thèmes. Le seul personnel présent est très affairé et fait comme si je n’étais pas là. L’homme, à peine plus âgé que moi, est bien plus jeune que ceux que l’on penserait trouver dans ce genre d’endroit mais il se déplace en marmonnant et je l’entends râler quand il fait avec grand bruit tomber une pile de livres. Je l’interromps pour lui demander s’il a en stock quelque chose qui pourrait m’intéresser, mais comme je m’y attendais et comme ce sera le cas pour la plupart des établissement suivants, la plupart les ouvrages ne traitent que de l’aviation japonaise en période de guerre. Il n’y en a que pour le fameux Zero-sen !

On entre dans Iijima shoten comme dans un moulin. Le vieil homme assis derrière son bureau m’a bien vu mais m’ignore complètement, l’endroit est tellement silencieux que je n’ose même pas le saluer. Même désordre, mais principalement des ouvrages littéraires qui me sont complètement inconnus. ‘Ah ! C’est monté à 24 %’ s’exclame l’homme soudainement. Sa femme lui répond au loin, je n’ai aucune idée d’où elle se trouve. Plus que sur les ouvrages alignés en vrac dans les étagères, mon intérêt se porte bientôt sur leur conversation à propos des chiffres de la bourse qui me donne un élément de réponse à une question que je me suis posé dés ma sortie de la première librairie : ‘Comment cette affaire peut-être elle rentable ?’

Parmi les trois librairies visitées autour du carrefour Kamimaezu tout près d’Osu, Kaiseido-shoten est la librairie la plus grand public. On ne m’a pas laissé prendre de photos à l’intérieur mais on y trouve de vieilles revues et des livres de sport, de musique et hobbies divers. J’ai fini par y trouver quelques ouvrages interessants mais comme je me rends à Osu assez régulièrement je me suis contenté d’un bouquin de 200 pages à propos de l’histoire du Koken-ki (Long range mono plane), cet avion fabriqué dans les années 1930 et détenteur du record du monde de distance parcourue (11.651km en circuit fermé) en 1938.


Comments ( 8 )

  1. hosutranslate
    Bonne année ! C'est vraiment un très bel article, merci de m'avoir fait découvrir cette association de bouquinistes ! Je vais en chercher près de chez moi ! J'aime beaucoup ces rayonnages même s'ils sont peuplés de papis pas aimables...
    • mahl
      Bonne année à toi aussi ! Content de te retrouver sur ces pages, j'ai pensé à toi en rédigeant ce billet. Oui, malheureusement l'amabilité n'est pas leur truc ... L'association semble organiser des rassemblements de temps en temps, peut-être nous y verrons nous ! Prends bien soin à toi et excellente continuation !
  2. fgautron
    Salut mahl, ça rend très bien en photo l’accumulation des livres sur les deuxième, troisième et avant-dernière photos! Tu me donnes envie d’aller à Jinbocho. J’imagine la catastrophe en cas de tremblement de terre mais je crois quand même apercevoir des sangles sur les étagères du haut sur la deuxième photo. Est ce qu’on t’a spécifiquement verbalement interdit de prendre des photos ou est-ce écrit sur un écriteau? Il m’est arrivé il n’y a pas longtemps de prendre un bâtiment d’un établissement religieux en photo, et alors que je continuais ma marche après avoir pris ma photo, un garde accourût vers moi pour me demander d’effacer la photo que je venais de prendre. C’était la première fois que ce genre de choses m’arrivait...
  3. mahl
    fgautron > Bonjour à toi ! La dernière fois que je suis allé à Tokyo j'avais pris exprès avec moi une valise pour la remplir de vieux livres trouvés à Jinbocho ; ) Les sangles ne sont pas très photogéniques, je me suis appliqué pour les faire apparaitre le moins possible. Je me suis vraiment demandé si les vendeurs savent où chaque livre se trouve ... Pour répondre à ta question, il ne me semble pas avoir vu d'écriteaux interdisant les photos. J'ai demandé la permission dans deux établissements et l'on m'a répondu 'aucun problème', pour ce qui est des autres endroits les propriétaires m'avaient l'air si peu sympathiques que j'ai préféré ne pas leur demander. Si jamais l'on m'avait fait la remarque, j'aurai répondu que je ne savais pas ... Je suis étonné qu'un garde te soit couru après. S'agissait-il du bâtiment de quelque secte ou ce genre de chose ? Je n'ai pour l'instant jamais eu ce genre de problèmes, mais on me regarde parfois bizarrement quand je rôde caméra à la main au milieu d'endroit qui n'ont vraiment rien de touristiques. Lire que dans certains pays le fait de prendre des photos d'avions vaut une peine d'emprisonnement me donne froid dans le dos. Au plaisir de voir tes photos de Jinbocho !
  4. fgautron
    Oui, je me suis fait la même remarque en regardant tes photos de me demander si le libraire maîtrise bien son inventaire et l’emplacement de ses livres. Mais je me suis dis que sous ce bazar apparemment il doit forcément y avoir une organisation sans faille que seul le libraire doit maîtriser. Pour le garde, c’était en effet un garde d’une nouvelle religion pour le moins fantaisiste. Le garde n’avait pas l’air bien méchant mais j’ai pas osé contester, sur le coup.
  5. ‘Every street you take’ – Entre Sakae et Meieki – lasting translation
    […] Je me suis souvenu de ce reportage alors que je marchais de Sakae à la gare de Nagoya, comme je le fais souvent au lieu de prendre le métro. Ces deux points sont relayés par de nombreuses avenues parallèles, en marchant d’un bon pas le trajet peut être parcouru en une demi-heure mais j’aime bien prendre une heure et m’y perdre un peu. J’ai cette fois pris comme point de départ le Nadya Park et à hauteur du Musée des Sciences j’ai pris sur la droite. Sans trop pouvoir expliquer ce qui attiré mon attention j’ai ensuite pris à gauche pour remonter presque dans son intégralité Mitsukura-dori jusqu’aux alentours de la gare de Nagoya. Si je connais le nom de quelques artères principales de la ville je n’avais jamais fait attention au fait que la plupart de ces avenues comportaient un nom elles aussi. Entre deux immeubles l’on peut parfois apercevoir un pan de la rue située derrière, je me suis rendu compte que je marchais parallèlement à la rue où je m’étais baladé deux semaines plus tôt au retour de ma balade à la recherche des furu-hon. […]
  6. L’AEROPHILE – Tout ce qui a deux ailes me fait planer (18) – lasting translation
    […] faire passer le temps je suis, comme j’en parlais dans un billet précédent, très préoccupé par l’histoire de l’aviation, notamment celle au début du XXème […]
  7. Furu-hon, vieux livres @ Nagoya, Naka-ku – Titre du site
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