隣の芝 (7) ‘You can write it in a letter, ’cause I really need to know’ – Dijon, France

On entre dans la seconde moitié du séjour, bascule en France, près de Dijon, pour rendre visite à la famille. Outre la joie des retrouvailles, c’est également le moment de remettre le nez dans les cartons, puisque c’est ici que depuis quelques années la majeure partie des mes affaires sont entreposées. A chacune de mes irrégulières venues je passe quelques heures, seul, dans mes bandes dessinées, bouquins et écrits divers. Je n’en ramène à chaque fois qu’une petite partie au Japon. Je pourrais envoyer tout ce foutoir en une fois dans un gros colis par bateau mais cela m’enlèverait le plaisir que me procure ce plongeon dans mon adolescence. Si je me suis cette fois-ci longuement attardé sur la pile de lettres, j’ai eu un petit pincement en coeur en relisant celles de deux personnes qui m’étaient alors très chères mais avec qui j’ai aujourd’hui perdu contact. L’une, avec qui je partageais les goûts musicaux, intercalait régulièrement entre ses phrases, agrémentées de succincts commentaires, les titres des chansons qu’elle écoutait en rédigeant sa lettre. L’autre m’écrivait en lettres dorées sur un épais papier noir cartonné, de véritables oeuvres d’art en sorte. Une fois la lecture terminée, j’en suis venu à la conclusion que certaines choses se seraient probablement passées autrement si j’avais mieux su lire entre les lignes, et si j’avais dans mes réponses choisi mes mots différemment. En me baladant dans la campagne autour de la maison je me demande bien ce que ces personnes sont devenues et quelle serait leur réaction si je les contactais par courrier après toutes ces années. Encore faut-il que je retrouve leurs traces … peut-être lisent-elles ce blog ?


Comments ( 3 )

  1. Frédéric
    Salut, j’aime beaucoup les deux premières photos avec une légère brume et les deux dernières pour ce petit muret couvert de verdure sur la dernière photo et l’ouverture en forme de U un peu courbé à l’horizon du chemin sur l’avant-dernière photo. J’aime bien cette idée que l’homme soit obligé de se percer un passage dans cette végétation dense. Ta campagne ressemble à la mienne dans l’Ouest de la France, et est très différente des campagnes japonaises (sans que je sache vraiment pourquoi). Je te rejoins tout à fait sur ce moment privilégié de réouvrir nos affaires laissées en France. Je n’ai aussi pas vraiment envie de tout ramener pour exactement la même raison que tu mentionnes. C’est comme une petite cérémonie de se replonger dans son adolescence et il faut le faire seul. Pour moi, c’est souvent un soir assez tard. Le problème est que les choses finissent par disparaître suite aux rangements successifs (je ne retrouve par exemple plus certain de mes précieux magazines musicaux). Je me demandes si les gens qui habitent loin comme nous ont tous cette habitude de se replonger dans leur adolescence lorsqu’ils ou elles rentrent chez leurs parents…
    • mahl
      Salut, merci pour ton commentaire. La campagne en Europe m'est effectivement très différente de celle au Japon. Je crois que ça doit être l'absence de montagne au loin, ou peut-être le temps pourri qui rend tout si brumeux (rires). Je crois me souvenir que tu parlais de tes cartons dans ton blog également. Auras-tu l'occasion de rentrer bientôt ? Cela doit faire un moment ... Il y aura bien un moment ou il n'y aura plus rien à ramener, je me demande bien ce que je vais faire à ce moment-là. Peut-être le chemin dans le sens inverse ? Ta question est intéressante ... je vais y réfléchir !
  2. Frédéric
    Salut! Oui normalement cet été. On n’est pas rentré depuis l’avant-Covid à l’été 2019. Ces trois dernières années semblent être une période à part, comme un bloc temporel distinct. Je ne ramène pas grand chose de France en général, même si j’en ai envie, car on n’a plus beaucoup de place dans l’appartement à Tokyo. Je me dis même que je me force inconsciemment à ne pas ramener de choses pour garder ce plaisir de me replonger dans mes cartons une fois de retour en vacances en France. Je comprends que tu n’étais pas rentré non plus depuis l’avant-covid. Heureusement que les Skype et autres permettent de garder une sorte de proximité. A+