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Luxembourg/Luxembourg

‘J’avais tant de choses à dire …’ (2) – Marcher

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Paysage dans la brume Dijon
Paysage dans la brume Dijon
Paysage dans la brume Dijon
Paysage dans la brume Dijon

La brume épaisse, le paysage apparaissant au fur et à mesure que j’avance me fait penser à celle que l’on pourrait trouver dans un jeu de rôle. Curiosité des tiroirs de la mémoire – ou bien aidé par la fatigue peut-être, l’ambiance me fait me remémorer le fantastique début du jeu Ishtar 2 sur Amiga 500 alors que je n’y ai pas joué depuis au moins trente ans. Après avoir pianoté comme je le faisais alors dans le jeu mon itinéraire à travers la brume j’arrive à un croisement. Je n’hésite pas, je connais chaque chemin par coeur pour y avoir couru et fait du vélo pendant des heures durant mon enfance, les monstres et autres êtres extraordinaires qui s’y cachaient alors sont enfouis dans ces même poussiéreux tiroirs que j’ouvre au hasard au fur et à mesure que j’avance.

Le silence, total, est sublime, comme si j’étais seul au monde et que la brume absorbait tout son. Je prononce quelques mots, comme pour vérifier. Je m’entends bel et bien, mais bientôt les mots disparaissent et Cozen, l’envoûtant, vaporeux, interminable titre de Kyle Bobby Dunn se met à résonner dans ma tête pour remplir cet oppressant espace devenu trop silencieux. La nuit commence tout doucement à tomber. J’en suis attristé car cela signifie que cette agréable promenade touche à sa fin. Nous quitterons déjà ce lieu paisible le lendemain matin, le jour se lèvera trop tard pour que j’aie le temps à la fois de fouiller mes cartons et de me balader une nouvelle fois. Qui sait quand je pourrai revenir … ? C’est comme avec un sentiment de devoir accompli que je regagne la maison. Profiter de chaque instant.

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‘J’avais tant de choses à dire …’ (1) – Aller

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Je quitte la maison vers 10 heures après m’être assuré dix fois de ne rien avoir oublié. Je suis largement en avance mais je ne sais de toute façon pas quoi faire de mon temps à la maison. Une fois à l’aéroport je mange un dernier copieux repas typiquement japonais. Si l’enregistrement des bagages se fait sans trop de complications au vu de ma situation, j’ai à faire face à un imprévu à l’inspection de l’immigration qui me prend 45 minutes, l’occasion une fois de plus de me féliciter d’avoir pris mes précautions. Voyage sans encombres jusqu’à Hong Kong en regardant l’animé Tokyo Godfathers (2003) de Satoshi Kon (今 敏). Je me rappelle avoir rencontré le réalisateur, décédé en 2010, à Paris en 2002 ou en 2006, dans le cadre de la projection de Perfect Blue, son premier film. Un dessin dédicacé de Mima, l’héroïne du film, doit même traîner dans les cartons à la maison, encore une chose précieuse qu’il me faudra ramener un jour. Cinq heures d’escale, soit assez de temps pour me balader dans le gigantesque aéroport et espionner les boutiques de marque rivales. Départ pour Paris après minuit, je somnole vaguement deux heures à peine assis. Trop éloigné de la fenêtre il m’est impossible de contempler l’apaisant néant d’une nuit noire sans lune, je regarde les films ‘Kneecapet ‘Upstream(逆行人生) pour faire passer les interminables douze heures restantes. Premier vol sur un A350. Très silencieux mais plus étroit que je ne le pensais, les genoux pratiquement enfoncés dans le dos du siège de devant.

Arrivée à Paris au petit matin. RER, temps gris et graffitis. J’achève deux heures à la Gare de Lyon en prenant mon premier repas : charcuterie et café serré, tel un vrai touriste. Suivent deux heures de TGV à travers la campagne. Petites routes, petits villages, petites églises et vastes champs. Pas une montagne ! Incident – Comme dans un film, me dis-je – lors du contrôle des billets des deux passagères assises trois sièges devant moi : – Vous n’avez pas moins de 27 ans vous …’ Je réfléchis, pour me maintenir éveillé, à la manière dont comme dans son roman ‘La modification‘, Michel Butor aurait décrit la scène dans ses moindres détails sur une quinzaine de pages. Dijon enfin. Encore un café, puis 30 minutes de trajet en voiture pour finalement arriver à destination. Cela fait maintenant plus de 36 heures que je suis debout mais il n’est pas question de dormir, encore moins de faire la sieste, je ne me réveillerai qu’au milieu de la nuit, soit trop tard, soit trop tôt, c’est selon. Il fait si froid qu’il est difficile de dire si c’est du givre ou de la neige qui recouvre les arbres, le temps est pire que tout ce que à quoi je m’attendais, mais au moins ne pleut-il pas. Ce climat me manque … le temps d’une semaine, j’en conviens.

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隣の芝 (7) ‘You can write it in a letter, ’cause I really need to know’ – Dijon, France

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On entre dans la seconde moitié du séjour, bascule en France, près de Dijon, pour rendre visite à la famille. Outre la joie des retrouvailles, c’est également le moment de remettre le nez dans les cartons, puisque c’est ici que depuis quelques années la majeure partie des mes affaires sont entreposées. A chacune de mes irrégulières venues je passe quelques heures, seul, dans mes bandes dessinées, bouquins et écrits divers. Je n’en ramène à chaque fois qu’une petite partie au Japon. Je pourrais envoyer tout ce foutoir en une fois dans un gros colis par bateau mais cela m’enlèverait le plaisir que me procure ce plongeon dans mon adolescence. Si je me suis cette fois-ci longuement attardé sur la pile de lettres, j’ai eu un petit pincement en coeur en relisant celles de deux personnes qui m’étaient alors très chères mais avec qui j’ai aujourd’hui perdu contact. L’une, avec qui je partageais les goûts musicaux, intercalait régulièrement entre ses phrases, agrémentées de succincts commentaires, les titres des chansons qu’elle écoutait en rédigeant sa lettre. L’autre m’écrivait en lettres dorées sur un épais papier noir cartonné, de véritables oeuvres d’art en sorte. Une fois la lecture terminée, j’en suis venu à la conclusion que certaines choses se seraient probablement passées autrement si j’avais mieux su lire entre les lignes, et si j’avais dans mes réponses choisi mes mots différemment. En me baladant dans la campagne autour de la maison je me demande bien ce que ces personnes sont devenues et quelle serait leur réaction si je les contactais par courrier après toutes ces années. Encore faut-il que je retrouve leurs traces … peut-être lisent-elles ce blog ?