Tel fils, tel père.

Posted by mahl on

Un parc par une radieuse après-midi de printemps. Une superbe pelouse verte en pente légère. En son centre, une allée en graviers. Un escalier, deux marches. Un couple, deux enfants qui descendent l’allée. L’un deux prend son élan, d’un bond saute les deux marches. Il atterrit de travers, tombe lamentablement, ruine son pantalon tout neuf. Il se met à pleurer, la mère accourt en hurlant et traite son fils de tous les noms d’oiseaux qui lui viennent à l’esprit. En un instant la journée du gosse est pourrie, la suite de la promenade un calvaire pour toute la famille.

La plupart des gens donneront raisons aux parents. J’ai plutôt envie de secouer les puces aux adultes. Tout d’abord à ceux qui ont décidé de construire un escalier là où il n’y en avait nul besoin. Puis à ceux qui préfèrent se préoccuper de l’état du pantalon que de celui de leurs enfants.

Si le petit est tombé, est-ce par pure maladresse, ou pour cause de manque d’exercice ? A chaque rentrée scolaire le gouvernement japonais nous fait remarquer que les capacités physiques des enfants sont en pleine régression. Quand j’étais petit on jouait au foot jusqu’à la tombée de la nuit. On dévalait des pentes improbables à vélo ou en skateboard. On grimpait mains nues des mûrs de 5 mètres de haut. On rentrait souvent mains et genoux écorchés, mais nous étions content d’aller nous coucher, épuisés par nos aventures. Demandez aujourd’hui à un enfant s’il sait construire une cabane, en guise de réponse il vous demandera en retour où se trouve le bois le plus proche.

De même, ce ne sont pas les cinglés qui foncent en voiture au milieu des aires résidentielles, mais les gosses qui jouent au ballon ou font du tricycle devant leur maison qui sont fautifs quand l’un d’eux se fait presque écraser. Le bitume ayant remplacé la plupart des petits squares autour de chez nous il n’y a plus nulle part où jouer, mais il ne faut pas courir dans la maison, rire aux éclats ou chanter, cela dérange les voisins du dessus, du dessous ou/et d’à côté. Sales gosses !!!

Nous demandons à nos enfants d’être polis avec les gens, et d’être gentils avec leurs petits camarades et leur maîtresse. Il faut cependant nous voir nous, adultes, au supermarché, muets, incapables de dire ‘bonjour’ ou ‘merci’ mais toujours à râler en nous-même parce que la caissière est lente ou que la file d’à côté avance plus vite que la nôtre. Il faut nous entendre dire du mal des collègues et des supérieurs à table. Voir nos têtes à la gare le matin, à croiser pendant des années au même endroit, à la même heure les même personnes sans même échanger la moindre parole.

Ces derniers temps je me demande si c’est nous qui éduquons nos enfants, ou bien l’inverse.

Comments ( 0 )

  1. François G.
    J'entends déjà mon frère me dire que nous ne voyons que ce que nous avons envie de voir. Je me plains souvent de ces chauffards, automobilistes qui roulent à vives allures sans s'occuper du reste du monde que de leur parties génitales en se demandant si ces dernières sont plus grosses que celles de son voisin. Je me plains souvent de ces gens qui pestent et exhibent des obscénités contre son voisin de devant qui peine à vider son caddy sur le tapis roulant, ou cette caissière qui devrait s'occuper de sa caisse plutôt que de nous faire perdre du temps en parlant à sa voisine. Je me plains est pestent moi même contre toutes ces choses. Mon frère me dit toujours que ces gens là me rendent fous parce que je décident de les voir, et de les laisser m'atteindre. Comme ces parents qui balancent des mots incroyablement vulgaire quand il s'agit de gronder son enfant. En France, si c'était des noms d'oiseaux qu'on pouvait entendre, ce serait déja merveilleux. Alors combien je partage ton sentiments de désespoir quand on s’aperçoit que plus rien ne tourne comme avant. Tu ravives tous mes souvenirs de gosses. Ces squares, mon vélo et mes cousins, mes amis, dehors, dehors et dehors. Sans manettes, sans télévision, sans jouets, et seulement notre imagination débordantes, notre soif de découvertes, d'aventure, nos sortie nocturnes ou ces fameuses constructions de cabanes. Je pensais le Japon un peu moins épargné par toutes cette grossièreté occidentale. peut-être l'est-elle un peu tout de même. Je m'imagine mal une mère au japon crier à son enfant "fermes là ou je t'en colle une devant tout le monde si tu continue". Sont-ce les enfants qui nous éduquent ou nous même qui sommes toujours bloqué en enfance ? C'est cette question moi que je ne cesse de ressasser. Merci beaucoup pour ce partage. C'est incroyablement bon de se sentir moins seul.
    • mahl
      Merci pour ton commentaire. Il ne fait aucun doute que nous ayons beaucoup a apprendre des/de nos enfants. Parfois je rentre du boulot ecoeure et degoute par la betise, la mauvaise foi des gens que je suis amene a cotoyer. Tout pourrait etre tellement simple s'ils levaient les yeux au ciel, respiraient un bon coup et contemplaient les etoiles au lieu de m'ennuyer pour des details sans importance. J'essaie d'enseigner a mes enfants qu'il est important de se rejouir de choses simples, 'd'aimer leur mere et leur dictionnaire' puisque j'attache beaucoup d'importance aux mots, et j'en passe. Mais en fin de compte tout cela ne sert a rien si je ne leur montre pas l'exemple. C'est en ce sens que je pense devenir quelqu'un de meilleur chaque jour depuis que je suis pere ... Les enfants, encore faut-il savoir les ecouter, se rendre compte que le meilleur de calmer un mome qui pleure ce n'est pas 'Cesse de chialer !', mais 'Qu'est-ce qui t'arrives ?'. De ce point vue je sens les japonais un peu plus perspicaces que les occidentaux, parfois un peu trop spontanes a mon gout.