C’est chaque année la même chose. Une fois ma saison de course à pied terminée, quelque part entre novembre et décembre, j’entre en hibernation. Et chaque année, je me trouve de nouvelles excuses. Cette fois-ci : Les courses auxquelles je pensais participer (à savoir le semi-marathon d’Inuyama, et le Kagamigahara Panorama Trail Run dans sa version courte de 15km) ont été annulées en raison du Covid.
Est-ce que cela m’empêche de m’entraîner malgré tout ? Absolument pas ! Pas de confinement par ici, 95 % de mes entraînements se font en solitaire et comme nous ne sommes pas en métropole, je peux parfois courir une heure durant sans croiser qui que ce soit. Après une pause de trois semaines après le semi de Tokai City j’étais pourtant parvenu à faire ce qui me semblait être le plus dur, c’est à dire tout simplement me remettre à courir en début d’année, mais ces annulations ont tout simplement réduites ma motivation à néant.
Cette année j’ai pour objectif de finir un marathon en dessous de 4h15mn ou encore de courir mon premier trail. L’année dernière je n’avais commencé à m’entraîner sérieusement que début juin et suis donc encore largement dans les temps, mais difficile de savoir si les courses auxquelles je pense participer auront lieu ou pas. Par ailleurs, le marathon d’Ibigawa est d’hors et déjà annulé. Enfin, nous sommes tous en bonne santé, de quoi nous plaignons nous ?
Les aéroports du pays sont vides, et Nagoya ne fait pas exception. Les vols internationaux restants se comptent sur les doigts d’une main et seule la moitié des vols intérieurs sont assurés. Tandis que les compagnies aériennes commencent à licencier leurs employés et que le constructeur aéronautique américain Boeing n’est pas loin de faire faillite, je commence sérieusement à prendre peur. Toutes les infrastructures en rapport avec le tourisme sont à genoux, mais que faire ?
En utilisant les sites d’archivage de sites internet que sont oldweb.today et Wayback Machine je suis parvenu à visionner en partie mon vieux site web de.zéro. J’ai jubilé à la vue de la page d’accueil et de la photo de clavier dont je parlais dans le post précédent. Je travaillais beaucoup sur fond noir et utilisais de manière un peu abusive les iframes et les mouse.on/mouse.off qui font apparaître et disparaître des images au passage de souris sur un texte donné. Il fallait trouver un compromis entre la qualité des images et la taille des fichiers .png puisqu’à l’époque on utilisait encore des modems 56k ( au son si particulier ) et qu’un chargement de page trop long repoussait les visiteurs.
Vu la médiocre qualité graphique de ce blog cela semblera incroyable, mais fin 2001 j’hésitais entre devenir web-designer et partir au Japon. J’avais un site depuis une année ou deux et m’étais décidé de faire le grand saut en m’achetant un nom de domaine. Le de.zéro qui donne son nom au site signifiait ‘repartir de zéro‘, le début d’une nouvelle vie, le site devant faire office de portfolio pour mes futurs employeurs. d&o était une abréviation stylisée pour ‘désordre électronique organisé. J’avais à l’époque un penchant pour les paradoxes, mon apparent manque total d’organisation était soi-disant volontaire. Tout un concept ! Avec le recul, je crois que j’ai bien fait de choisir le Japon. Attendez ! En écrivant ces lignes me vient une question qui me perturbe : Pourquoi n’ai-je pas à l’époque pensé à devenir web-designer au Japon ?
Le site Archivarix m’a permis de télécharger une partie archivée du site et d’y naviguer comme s’il existait en ligne. Malheureusement, la majeure partie des images sont manquantes et tout l’aspect graphique du site et les galleries photos n’apparaissent pas. Yslaire, overage4design, Hillman Curtis, Koblenz, Claire Forlani et Van Tomiko (!?) … les mots-clés cachés dans les pages html me remémorent certaines choses. J’ai surtout eu la bonne surprise de voir réapparaître le contenu de ce blog sous sa forme d’origine. J’avais complètement oublié qu’il était au départ incrémenté dans une fenêtre au sein de la page là où la plupart des bloggers utilisaient une page pleine à part. Malheureusement, l’article le plus ancien a exactement la même date que mon premier post sur ce blog. Le fait que j’y parle d’une ‘solution à mon problème de nouveau design du weblog‘ confirme le fait qu’il existe bel et bien une version antérieure, après laquelle je cours après depuis quelques années. Parmi de nombreuses découvertes, j’ai également retrouvé sur une page ‘qui suis-je ?’ mon ancien numéro de messagerie ICQ 5570569. 0569 ! Le préfixe téléphonique de Tokoname, où je travaille. ‘Les coïncidences n’existent pas, chaque seconde, je vois des signes partout.’
Je parlais des photos en noir et blanc de ce post post comme étant les premières sur ce blog, mais la question semble me titiller depuis bien longtemps. Les photos ci-dessus on été prises à Okazaki lors de mon premier séjour au Japon en tant qu’étudiant, en 2002, dans mon appartement. Alors que je suis toujours en train de corriger mes posts, j’ai été très surpris de constater qu’elles avaient été publiées dans un un précédent article et semblent être d’ailleurs les premières photos prises depuis mon arrivée au Japon, probablement une petite semaine après mon arrivée. J’ai beau réfléchir, je suis incapable de me souvenir si j’avais amené avec moi un appareil photo. Il faut croire que non puisque je n’ai pas réussi à retrouver la moindre photo antérieure à celle de ce post et ne me souviens d’ailleurs pas m’être arrêté où quoi ce soit pour immortaliser mon arrivée.
Les informations sur la photo m’indiquent pourtant qu’elles ont été prises avec un ‘SONY Cybershot‘. En passant sur internet en revue les photos des vieux modèles d’appareils numériques SONY j’ai fini par tomber sur un certain modèle DSC-P30 qui m’est plus que familier. Il s’agit de mon premier appareil numérique. J’avais claqué l’intégralité de l’argent gagné pendant mon job d’été pour me l’acheter. Cet achat coïncidait avec mon intérêt grandissant pour le webdesign. Je me souviens avoir proclamé (auprès de qui, d’ailleurs?) que l’avenir était au digital, que cette camera était un outil indispensable à mon développement personnel, qu’une vocation était née ! Je l’avais acheté au Hi-Fi International du Cactus Belle Etoile, cela me revient maintenant (Quelle surprise au passage de constater que ce magasin existe toujours!) Je me souviens avoir consciencieusement pris une dizaine de photos de mon clavier d’ordinateur de biais, en gros plan, en rendant les contours flous comme sur ces photos-ci, afin de m’en servir comme banner de mon site !
Curieusement, impossible de mettre la moindre date sur ces événements. Je ne comprends pas non plus pourquoi je n’ai pas davantage de photos du début de mon séjour. Je suis persuadé qu’il manque quelques pièces au puzzle, c’est le post de made in tokyo et ses superbes photos du Forum International de Tokyo qui m’ont mis la puce à l’oreille. Je me souviens y être allé et avoir été très impressionné par ce bâtiment et même m’être appliqué à en prendre quelques photos, mais impossible de mettre le grappin dessus.
Si j’aime via le blog faire des aller-retour dans ma mémoire de la sorte, je suis à chaque fois atterré lorsqu’ils y ouvrent une brèche qui se transforme peu à peu en gouffre. Si seulement l’on pouvait tout noter, tout prendre en photo, tout enregistrer.
‘[…] Je le faisais pour moi. Je le mettais en ligne, parce que ça me faisait un endroit où mettre tout ce que j’avais fait‘, dit le producteur Stwo dans l’émission Grünt sur Radio Nova. Cette rubrique sera désormais semestrielle. On y trouvera (j’y retrouverai) pas forcément les morceaux les plus écoutés, mais les plus marquants.
Pour débuter cette série, je choisis un peu la facilité. Sans trop même avoir lu les articles en profondeur, il est clair que le dernier album de FKA Twigs, ‘Magdalene‘ a été très bien accueilli voire adulé par la plupart des critiques et magazines spécialisés, et seul the needle drop sort son épingle du jeu en lui donnant ‘a decent 7‘. Hormis le très moyen et inutile Holy Terrain qui vient me tirer à chaque fois de mes rêveries à mi-parcours, l’album dans son intégralité est cohérent. A ceux qui lui reprochent sa trop courte durée (39 minutes) je leur conseille d’écouter la chanteuse Sevdaliza, que l’on compare à FKA Twigs de par son style. ISON est de très bonne qualité, mais difficile de rester concentré pendant les 66 minutes de l’album.
On entre dans le vif du sujet. Si l’hiver a été moins coriace que prévu, il aura quand fallu du son pour me bousculer. LORN par exemple. Son électro noir et blanc, dégoulinante de basses grasses et de sons triturés, me fait le même effet que Turning Dragon de Clark il y a 10 ans déjà. Électrochoc !
Déjà au sous-sol, descendons encore d’un étage. Dans un de ses livres (‘Kitchen’, si ma mémoire est bonne), l’écrivaine Banana Yoshimoto expliquait que le son régulier du tambour du lave-linge lui permettait de trouver le sommeil. Au moment de sa lecture, j’écoutais l’étourdissant album éponyme de l’allemand Novisad qui me faisait le même effet, et je me souviens m’être demandé ce que Yoshimoto en penserait. Je retrouve dans l’album Decascend 幽.存.明. de Constant Value le même côté hypnotisant et obsédant, le son idéal pour ne plus penser à rien puisque toute réflexion devient impossible. La vidéo ci-dessus est un condensé en 3 minutes des 22 minutes que fait l’album pour trois titres seulement et donne un aspect encore plus malsain et cinglé à la musique. Je me demande bien quel genre de personnes assistent à ses concerts. Contre toute attente, des personnes comme vous et moi, ou même Banana Yoshimoto peut-être ?
Rémy Charrier est l’un des quatre membres du groupe électro Depth Affect, à qui l’on doit l’internationally acclaimed album Hero Crisis. Je me demandais ce qu’il était advenu du groupe après leur séparation en 2012 et suis tombé sur ce profil sur Bandcamp, au sein du label Oreille Gardée, label basé à Mexico City et Lorient. Avec des titres comme Carnage, Ghosts, Coup d’état et Aftermath je m’attendais à la fin du monde ou au moins à une révolution, mais il n’en sera rien. Le son est épuré et mélodieux, on est plutôt proche du paradis. Aftermath clôture merveilleusement l’album. Il me donne l’impression d’être perdu en pleine forêt par une belle nuit étoilée et de rencontrer par hasard Harry Potter en pleine conversation avec un hibou.
Retour au calme. Camelblues est un court morceau du prolifique producteur américain Mndsgn. Parmi ses morceaux on trouve beaucoup d’expérimentations parfois difficiles d’accès, mais je ne me lasse pas de ce petit son low-tempo minimaliste au synthé. Je ne sais pas si c’est pas volontaire, mais il reprend en partie la rythmique du refrain de Find A Way d’A Tribe Called Quest, qui me replonge 20 ans en arrière.
Il me semblait bien avoir déjà posté au sujet de ces voies d’autoroutes sur ce blog. C’était il y a de cela presque dix ans déjà. Si une partie des photos de l’époque sont inévitablement identiques à celles prises dans cette série, je suis tout de même rassuré de constater qu’il y a un brin d’amélioration dans mes prises de vues. Il y a beaucoup trop de cafouillage et de désordre pour prétendre ne serait-ce qu’approcher des photos de Levers qui sont bien plus minimalistes (dans ‘The Modern World 7‘, pas exemple), mais l’exercice aura été très intéressant, il est bien possible que je le réitère de temps à autre.
Cette seconde série commence en vérité là où j’étais supposé la débuter. J’avais en effet prévu de sortir mon appareil aux abords de Nagoya Minami Junction, mais me suis en cours de route senti comme interpellé par quelque chose. Dans le billet précédent j’ai longuement hésité entre la version en noir et blanc postée et une version en couleurs de ces même photos. En leur donnant un ton froid le rendu était pourtant satisfaisant, mais quelque chose m’a poussé à poster, pour la première fois d’ailleurs, en noir et blanc.