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vie du blog

Ascenseur émotionnel

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Si le rythme de publication des billets a diminué depuis fin mars ce n’est pas tant dû à la quantité de travail qu’à l’irrégularité de mes jours de congés. Lorsque j’ai deux jours de suite le premier jour j’en profite habituellement pour partir me balader et rédiger le billet pour le blog le lendemain, mais voilà deux mois que mes jours de repos sont dissémines de manière sporadique sur le calendrier. Si la fatigue s’accumule au fur et à mesure que les semaines passent j’ai pu constater une fois de plus à quel point fatigues physiologiques et physiques sont complètement dissociables, puisqu’aussi épuisé mentalement que je sois je trouve à chaque fois l’énergie nécessaire pour aller courir ou marcher en montagne. Une fois le soir venu je suis cependant exténué au point de ne plus pouvoir réfléchir à quoique ce soit, et je tombe immédiatement dans un profond sommeil réparateur. 

C’est également le calme musicalement parlant, mes préférences se portant sur des chansons aux rythmes lents et empreints d’une certaine tristesse mélancolique et aux paroles qui laissent champ libre à toutes sortes d’interprétations. Après avoir ainsi enfin réussi à m’être sorti d’une longue période pendant laquelle j’écoutais en boucle ‘The Eraser‘ de Thom Yorke, je replonge de plus belle en tombant complètement par hasard sur le mélancolique ‘Not in Kansas‘ du groupe The National. La voix grave du chanteur Matt Berninger, du plus bel effet sur ce petit accord de guitare joué en boucle me foudroie, et ces paroles salvatrices soudainement chantées en choeur : ‘If the sadness of life makes you tired, And the failures of man make you sigh, You can look to the time soon arriving, When this noble experiment winds down and calls it a day …’ Cette chanson me déprime et m’emplit d’espoir en même temps sans que je ne puisse habilement expliquer pourquoi. Je me fais la remarque qu’il y a quelques années l’étonnante et théâtrale chanson ‘Age of ADZ‘ de l’auteur-compositeur-interprète américain Sufjan Stevens, m’avait procuré le même effet avec sa superbe deuxième partie de chanson ‘When I die, when I die, I’ll rot. But when I live, when I live. I′ll give it all I’ve got’. Le temps semblait venu de ralentir et de me déconnecter un peu et réfléchir. J’ai ainsi marché pendant de longues heures -sans musique ni appareil. Marcher fait un bien fou, surtout en pleine nature, les idées s’éclaircissent et le coeur devient plus léger. Les choses s’arrangent, nouvelle phase. ‘Lose your cool,‘ de Kali Uchis, très beau morceau tout en douceur en deux parties, pour, comme dirait l’autre, ‘apprendre à aimer’ (la vie). 

Je conçois qu’un billet comme celui-ci n’est pas vraiment ce à quoi les visiteurs s’attendent ni forcément ce qu’ils voudront lire. Vu sous cet angle, même après plus vingt ans d’existence il s’agit encore d’un blog rédigé à l’ancienne, sans véritable structure, où je raconte ce qui me passe par la tête. Je crois bien que cela l’évoluera jamais, c’est probablement ce à quoi je dois sa longévité – mais pas son succès. 

Aichi/Aichi

Habu nice day – Habu Dam, Toyota, Aichi

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Le barrage de Habu (羽布ダム) est un barrage d’irrigation de 62.5 mètres de haut construit en 1962 qui borde le lac artificiel Mikawa (三河湖), situé dans la ville de Toyota. Les alentours du lac ont récemment été réaménagés, on peut parcourir à vélo ou en voiture les 16km autour du lac, s’adonner à la pêche à l’étang de pêche sur pilotis ou bien encore louer un petit bateau pour une heure. Bien que nous ne soyons même pas en altitude il fait autour de cinq degrés de moins qu’en ville. Nous ne sommes qu’à une heure de voiture de chez nous mais j’ai l’impression d’être bien plus loin, quelque part dans la campagne de la préfecture de Nagano.

architecture/Nagoya

4-3-2 – Minami-ku, Nagoya

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Courte balade en partant de la gare de Jingūmae (神宮前駅) toute proche du célèbre sanctuaire d’Atsuta, au sud de Nagoya. J’ai aujourd’hui pour objectif un gigantesque complexe d’appartements de type manshon (マ ン シ ョ ン) situé un kilomètre au sud de la gare. J’aurai très bien pu descendre à la gare de Toyoda Honmachi qui en est plus proche, mais j’ai envie de voir grossir peu à peu le bâtiment au fur et à mesure que je m’en approche. De la gare je marche comme d’habitude complètement au hasard. Cela doit faire quelques années que je ne suis pas venu dans les parages mais je me souviens très précisément de plusieurs photos prises à tel ou tel endroit. Finalement je suis comme inconsciemment guidé par mes souvenirs, je me surprends à vouloir prendre le même trajet que lors de ma balade précédente afin de voir en quelle mesure le paysage a changé, sans me rendre compte que cela n’empêche de faire de nouvelles découvertes en passant par des rues encore inexplorées. Pourquoi ressens-je fréquemment le besoin de revenir en des lieux qui me sont connus ? Pourquoi tiens-je autant à vouloir immortaliser le changement autour de moi, est-ce à force de tout noter dans mes carnets et sur mon blog que m’est venue cette obsession, ou bien est-ce l’inverse, me sens-je obligé de tout noter afin de ressentir ce changement ? Et pourquoi cela me semble-t-il si important ?

Tandis que je nage dans mes réflexions j’arrive à destination mais mes pensées ont comme consumé l’intégralité de mon énergie et je m’aperçois également que j’ai oublié de prendre une vue d’ensemble du bâtiment. Maintenant que je suis là – au pied du mur ai-je envie de dire, autant en prendre en gros plan cette fascinante façade nord qui fait quinze étages de haut, et dont les fenêtres et les poutres de béton qui renferment les cages d’escaliers et les ascenseurs semblent verticalement et horizontalement se répéter à l’infini me captivent. Je me sens obligé de laisser dans le cadre la numérotation des blocs pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un copier-collé. Un peu comme Daisuke Tajima et ses fresques gigantesques il me plairait de trafiquer les images de sorte qu’elles se recoupent parfaitement et de les faire imprimer sur du papier de qualité supérieure afin d’en faire un poster qui recouvre l’intégralité d’un mur.