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vie quotidienne

Press ‘Play’ to reminisce

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Sans smartphone, j’ai durant trois interminables semaines été privé de musique lors de mes déplacements. Lors des quelques premiers jours j’ai pensé que ce serait l’occasion de réfléchir un peu, d’organiser mes idées et mes journées de travail en prévisualisant celles-ci mais je me suis vite rendu compte que d’une part le temps que la machine se mette en route que je suis déjà arrivé à la gare, mais surtout à confirmer ce que je redoutais, c’est à dire que je suis incapable de structurer mes idées sans les coucher sur papier, en les encadrant et les reliant à grand renforts de flèches.

Pour combler ce silence que je ne saurai entendre davantage j’ai tout d’abord pensé acheter un lecteur mp3 basique, mais ce serait avouer mon addiction. J’ai donc farfouillé dans mes affaires et en ai ressorti mon vieux dictaphone, auquel je pense ne pas avoir touché depuis quatre ou cinq ans et dont je n’ai qu’un vague souvenir du contenu. Pendant plusieurs jours j’écoute ainsi de nombreuses heures d’enregistrements divers : La voix de mon fils aîné, encore celle d’un enfant, avant que sa voix ait muée et qu’elle ressemble à la mienne au point qu’il arrive de nous confondre, imitant les directives d’un contrôleur de trafic aérien. Des enregistrements de conférences et de groupes d’études autour du tourisme (l’agréable et lointaine époque où j’aimais presque mon travail). L’enregistrement audio du passage du groupe Clammbon au Fuji Rock en 2019, que je me souviens avoir tenté de faire passer au format mp3 en raccordant l’appareil à l’ordinateur. Je m’étais trompé dans la configuration et le concert avait découpé en une soixantaine de morceaux, une nouvelle piste débutant à chaque blanc de plus d’une seconde. Suit le séjour de deux jours à Tōkyō en février 2019, que j’avais pratiquement intégralement enregistré, du vol JL200 de Nagoya à Tōkyō (dont j’avais fait un petit montage publié ici) jusqu’à l’embarquement de Haneda le lendemain. Quelle curieuse sensation d’entendre les sons d’une ville différente de celle où l’on se déplace, et mon étonnement quand, même cinq ans plus tard, je sais exactement à quel moment, à quel endroit j’ai entendu un son en particulier : conversation entre deux filles à la sortie de l’avion à Haneda, gosse en pleurs qui se fait gronder en chinois pas ses parents dans la station de métro à Ginza, le capharnaüm du Tower Records de Shibuya. Je suis capable de siffloter l’air de la musique d’accueil qui émanait de la télé préalablement allumée quand je suis entré dans la chambre (alors que je suis incapable de me remémorer ni le lieu ni le nom de l’hôtel) et me suis immédiatement souvenu, avant de l’entendre, que 7 Rings d’Ariana Grande passait sur MTV quand j’ai changé de chaîne. J’ai très mauvaise mémoire en général, à part pour tout ce qui est en rapport au son. C’est comme si l’espace de ma mémoire mis à disposition de tout ce qui est relatif à l’ouïe et aux sons était disproportionné par rapport au reste.

architecture/Nagoya

あきらめる勇気 – NZU(4)

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NZU Nagoya Zokei University details
NZU Nagoya Zokei University details
NZU Nagoya Zokei University details
NZU Nagoya Zokei University details

Bref passage à Nagoya Zokei University (NZU), pour le plaisir des yeux. J’aime l’architecture mais j’en parle extrêmement mal. Des formes, des motifs, des courbes peuvent m’être agréable sans que je ne sache concrètement expliquer pourquoi. Afin de devenir capable de mettre des mots sur ces sensations je m’étais il y a quelques années inscrit à un cours sur l’architecture sur la plateforme d’apprentissage en ligne edX, mais j’ai abandonné à mi-chemin. Je suis intéressé, mais pas passionné semble-t-il. L’inscription sur cette plateforme fondée par le MIT et l’université d’Harvard ne m’aura cependant pas été complètement inutile puisque de fil en aiguille elle m’aura permis d’acquérir les bases de la programmation en langage Python grâce aux cours du CS50 de HarvardX. Au lieu de peiner à trouver les mots justes, peut-être devrais-je de temps en temps juste me laisser aller et abandonner, en ne publiant que des photos.

architecture/Nagoya

‘crushed frozen heart pretending to be a poker face’ – Common Nexus, Nagoya

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Nagoya University Common Nexus ComoNe
Nagoya University Common Nexus ComoNe
Nagoya University Common Nexus ComoNe
Nagoya University Common Nexus ComoNe
Nagoya University Common Nexus ComoNe
Nagoya University Common Nexus ComoNe

Si je me souviens vaguement que la dernière fois que je me suis baladé à l’université de Nagoya l’allée principale était en travaux, j’ai été fort surpris de voir le résultat dans le dernier numéro du magazine d’architecture Shinkenchiku. Une balade s’impose malgré le temps maussade cette semaine, en espérant qu’il ne pleuve pas – emoji mains qui prient.

Le bâtiment Common Nexus (東海国立大学機構 Common Nexus), surnommé ComoNe, situé sur le campus Higashiyama de l’Université de Nagoya, a été conçu par le cabinet d’architecture de Tetsuo Kobori (小堀哲夫). Il a pour mission de favoriser la co-création, l’échange intergénérationnel et interdisciplinaire en mettant à disposition des espaces ouverts à la communauté universitaire, aux chercheurs, aux artistes, ainsi qu’aux habitants locaux et aux enfants. Vue de face, on a l’impression à première vue que les infrastructures sont situées sous-terre, le plan de verdure incliné que l’on a devant soi formant le toit du bâtiment tout en faisant également office de terrasse. Je suppose que par beau temps on peut s’y balader librement mais aujourd’hui l’accès y est malheureusement interdit, ce qui ne m’empêche pas d’emprunter les différentes passerelles, faisant dépasser ma tête ici et là, à chaque fois d’un nouvel endroit, comme un chien de prairie curieux.

La pluie se met à tomber, je me réfugié à l’intérieur. Grace aux façades en verre l’endroit est particulièrement lumineux malgré le temps au dehors. Il n’y a pas un bruit, au point que je me demande si j’ai vraiment le droit d’être là, mais les employés ne semblent pas vouloir me chasser quand je les croise. Partout, des étudiants seuls ou en groupes, sur leurs tablettes ou leurs ordinateurs sont en train de recréer le monde de demain. L’atmosphère du lieu incite à la réflexion et aux études, et je ne peux m’empêcher de regretter de ne pas avoir poursuivi les miennes un peu plus loin, peut-être jusqu’à la recherche, en sociologie japonaise ou en linguistique. J’ai bien conscience que j’en ai une vision romancée de la profession, celle du type entouré de piles de livres, absorbé dans ses lectures, écrivant sur ce qu’il aime. Il m’arrive de me demander si ce blog n’est pas d’une certaine manière ma façon de vivre cette ‘vocation’ manquée. Mais vu le chaos qui règne dans ces pages, je peine à croire que je serai allé bien loin.

livres

Du monde (et des plantes) au balcon

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J’ai fini par me faire échanger mon smartphone défectueux pour un nouvel appareil (un Motorola g66j, pour référence ultérieure), mettant ainsi fin à trois semaines de ‘sevrage’ forcé. L’addiction était cela dit tout ce qu’il y a de relative puisqu’au bout de trois jours l’absence de smartphone ne me préoccupait plus au point que même le temps d’utilisation de mon ordinateur portable était pratiquement réduit à néant – d’où l’absence de billet sur le blog et de grosses difficultés à remettre la machine en marche. Malgré un mois de septembre extrêmement chargé au travail je suis parvenu à courir plus de 25 kilomètres par semaine et surtout, j’ai lu quatre livres en moins d’un mois, chose que je n’avais plus fait depuis bien longtemps. (Peut-être faut-il remonter aux années 2004-2006 à Paris où, n’ayant aucune connexion internet par manque de moyens, la lecture était mon principal loisir en dehors des cours à l’INALCO et de mon boulot à mi-temps à Kioko.) J’ai lu le très beau recueil de huit nouvelles qu’est ‘Omajinai‘ de Kanako Nishi (おまじない、西加奈子、2021), le troublant ‘After Dark‘ de Haruki Murakami  (アフターダーク, ‘Le Passage de la nuit’ en français, 2004), ‘Itsumo kuru onna no hito‘ de l’inépuisable Yoshio Kataoka (いつも来る女の人, 片岡義男, 2021) ou encore ‘Commentator‘ de Hideo Okuda (コメンテーター、奥田英朗、2023). J’ai songé un moment à en résumer leur contenu et en faire quelque critique, mais cela serait me lancer encore dans une nième nouvelle voie qui ne mènerait nulle part.

Je me suis souvent fait la réflexion que le fait de lire, de lire vraiment – en savourant chaque mot, en tentant de visualiser dans ma tête à quoi pourrait ressembler une pièce ou un personnage longuement et consciencieusement décrit – me semblait avoir le pouvoir de modifier la manière dont on ressent l’écoulement du temps un fois le livre refermé. Comme si tout, autour de nous, se mettait à ralentir, pour que notre esprit, encore affûté par le contact avec la beauté des mots, puisse saisir et nommer avec justesse ces gestes ou ces détails du quotidien qui, d’ordinaire, nous échappent. Comme une forme d’hypersensibilité, une transe douce, qui nous envahit et nous rend humbles devant la beauté simple et tranquille du monde. Si seulement tout le monde mettait autant d’ardeur à bouquiner qu’à s’éclipser sur le balcon pour vérifier ses notifications …

Aichi/Aichi

‘La vie est un long fleuve tranquille …’ – Handa, Aichi

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Aichiken Handa MIM Mizkan Museum
Aichiken Handa MIM Mizkan Museum
Aichiken Handa MIM Mizkan Museum
Aichiken Handa MIM Mizkan Museum
Aichiken Handa MIM Mizkan Museum
Handa distillerie

C’est la troisième fois en deux ou trois ans que je viens me balader dans la ville de Handa, petite ville de 116.000 habitants située au milieu de la péninsule de Handa, mais cette fois encore le ciel est gris. Je pars de la gare centrale puis remonte le long du canal artificiel jusqu’aux abords du MIM Mizkan Museum, musée dédié à la marque Mizkan, célèbre entreprise japonaise agroalimentaire spécialisée dans la production de sauce et de vinaigre dont le siège se trouve à Handa. Le canal, terminé en 1704, servait autrefois à transporter les marchandises, notamment le sake produit au sein des nombreuses distilleries alentours. Les entrepôts en bois noirâtre qui longent celui-ci ont en partie été fabriqués à partir de tonneaux usagés. Si j’imagine que certains murs ont été repeints depuis, j’aime beaucoup la manière dont le blanc du logo contraste avec le noir du bois. Les toitures aux formes simples, les tuiles grisâtres utilisant la même palette de couleurs que le berges du canal, les haies parfaitement taillées, quelques rares arbres qui apportent quelques touches de couleurs afin d’attirer l’attention. C’est visuellement parfait.

vie quotidienne/Aichi/Fukui/Mie/Tokyo

Envie d’ennui ?

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C’est la rentrée. Le mois d’août a été, cette année encore, on ne peut plus chargé. Les enfants grandissent, prennent de plus en plus de place. La maison déborde d’objets leur appartenant. On se marche dessus, on se bouscule. A force d’avoir à refréner l’envie croissante de péter les plombs d’avoir les enfants à la maison pendant les deux éternités que représentent ce pourtant si court mois de vacances, les jours de congés sont presque plus éreintants que ceux passés au travail. En parallèle leur univers s’expand de jour en jour. Nouvelles écoles, nouvelles activités, nouveaux ami(e)s, ils sont de moins en moins à la maison et jamais jusqu’ici n’avons nous trouvé autant de difficultés à accorder nos quatre emplois du temps pour organiser nos sorties ensemble.

Cet été aura été marqué par les débuts de l’aîné, sous une chaleur accablante, aux compétitions régionales d’athlétisme sur 800 et 1.500 mètres et un agréable week-end en bord de mer dans la région de Wakasa dans la prefecture de Fukui. Nous serons aussi retournés, après un copieux repas yakiniku (méthode japonaise de cuisson des viandes et des légumes sur une plaque chauffante) à la tour d’observation Umiterasu 14 située dans le port de Yokkaichi et traversé en train de long en large la prefecture d’Aichi afin d’accomplir le ‘Pokemon Mega Stamp Rally‘, genre de chasse au trésor qui consiste à visiter vingt gares situées sur le parcours de la compagnie de chemins de fer Meitetsu pour y trouver des tampons encreurs. Compléter le carnet permet de remporter des stickers auto-collants et un petit porte-clef médaillon doré Pikachu -revendu déjà sur des sites de marché en ligne pour 20 Euros. A noter que nous n’aurons pas été gâtes par la météo, il aura plu où que nous allions. Le mois se sera terminé sur un aller-retour express à la capitale pour le travail – la foule, le bruit … Shibuya fin août est la définition du chaos – et la semaine consacrée à la course de trail UTMB, course qui ne cesse de n’émerveiller.

Pendant tout l’été j’ai complètement laissé le blog de côté, je n’ai d’ailleurs même pas pris la peine de sortir mon appareil photo ni mes carnets pour amasser du matériau pour la rédaction d’un article. Même une fois le mois de septembre entamé, je suis assez surpris par la difficulté rencontrée pour me remettre à écrire, un peu comme un gosse qui n’a pas envie de retourner à l’école. Il faut dire que depuis trois semaines je suis en quelque sorte coupé du monde digital, mon smartphone étant devenu pratiquement inutilisable. J’ai réinitialisé mon appareil et j’en ai profité pour ne pas y réinstaller Instagram et autres applications chronophages. J’ai passé le temps ainsi devenu disponible à lire, dans le train, pendant la pause de midi ou dès que j’ai une dizaine de minutes devant moi. N’ayant ‘plus rien à faire’ les soirs de congés je me suis mis à me coucher de bonne heure, me levant tôt le matin pour aller courir avant que la canicule rende la chose impossible. Pour prendre ma dose il me suffirait bien sûr d’utiliser mon ordinateur mais celui-ci n’est pas toujours à portée de main et son emploi implique une certaine contrainte qui suffit à me faire abandonner cette idée.

Il y a quelques jours mon smartphone a rendu l’âme et je me suis trouvé contraint de l’envoyer en réparation. ‘Sans musique, la vie serait une erreur’ disait Nietzsche, et si je peux apparemment me passer des réseaux sociaux, des vidéos et de tout ce qui m’aura jusqu’ici semblé contre-productif, marcher cinquante minutes tard le soir au retour du travail sans musique, émission radio ou podcast pour m’occuper m’aura été un véritable calvaire au point qu’à mi-chemin j’ai failli me mettre à courir afin d’abréger mes souffrances. Ce n’est pas souvent que je me retrouve seul avec mes pensées, en fait je fais toujours en sorte que cela arrive le moins possible. Je troquerais bien mon smartphone, une fois réparé, pour un lecteur mp3 même bas-de-gamme.

 ‘Hima to Taikutsu no Tetsugaku‘ (暇と退屈の哲学, 2011), littéralement ‘Philosophie du loisir et de l’ennui’ est un ouvrage du philosophe japonais contemporain Kōichirō Kokubun (國分功一郎) qui explore la manière dont l’être humain fait face au temps libre (暇, hima) et au sentiment d’ennui (退屈, taikutsu) en s’inspirant de pensées occidentales et les met en dialogue avec des problématiques contemporaines, en particulier dans la société moderne où l’ennui est souvent perçu comme un mal à éviter. Je m’en étais emparé il y’a environ deux ans de cela mais m’étais arrêté quelque part au premier tiers des 400 pages de l’ouvrage, la lecture en étant trop longue et fastidieuse. Me sentant dernièrement particulièrement concerné par le problème j’en ai retenté la lecture depuis le début – puisque j’en ai le temps, et le sujet est loin d’être … ennuyeux (désolé). Quand mes collègues se plaignent du sentiment d’avoir perdu leur journée de congé lorsqu’ils la passent devant la télé, de mon côté je culpabilise d’être incapable de rester à ne rien faire plus d’une heure ou deux. Dans les deux cas la fonction me semble être la même, elle ne correspond qu’à un besoin de se changer les idées, il est juste étonnant que quoique l’on fasse on n’en soit jamais satisfait. Ce blog n’est qu’un kibarashi (気晴らし), une diversion, un moyen de tromper l’ennui. Moins je m’ennuierai, moins j’y reviendrai.

architecture/Gifu

ki ni naru (木になる) – Gifu-shi

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Inuyama construction en bois
Inuyama construction en bois
Inuyama construction en bois
Inuyama Japon boite aux lettres en bois
Inuyama construction en bois
Inuyama construction en bois
Inuyama construction en bois

Ma petite balade dans la ville de Gifu m’a fortement apaisé. Après une épanouissante sortie je suis toujours serein et bienveillant, ‘en harmonie avec moi-même‘ comme on dit. Comme après avoir écouté un bon disque ou terminé un bon livre dont j’aurai dégusté chaque mot, le temps semble s’écouler plus lentement. Dans le train du retour je me sens intouchable, le stress provoqué par le bruit, la chaleur, et autres petites incivilités autour de moi ne m’atteint plus. Ce n’est qu’en triant les photos prises ce jour-là que j’en viens à me demander d’où ce bien-être peut bien venir. Dans un premier temps je pensais que c’était à mettre sur le compte du calme ambiant pour une ville de plus de 400.000 personnes ou encore à la proximité de la nature, avec la rivière Nagara (長良川) et le majestueux Mont Kinka (金華山) visibles où que l’on soit dans la ville, mais le nombre important de bâtiments en bois disséminées un peu partout y est vraisemblablement pour beaucoup. Lors de mes promenades je suis plutôt habitué au béton et aux gratte-ciels, j’étais d’ailleurs dans un premier temps venu dans le coin pour voir le Convention Center de Tadao Ando, maître en la matière. Je suis très étonné du nombre de variations de couleurs que peut offrir le bois, et ce que le bâtiment soit apparemment neuf ou ancien. J’y ferai plus attention lors de mes prochaines promenades.

architecture/Gifu

‘Ki ni shinai’ (気にしない) – Gifu-shi

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Nagaragawa Convention Center
Gifu bâtiment en bois
bateau de bois pêche au cormoran ukai
bateau de bois pêche au cormoran ukai
maison de Masahiko Sugiyama pêcheur ukai cormoran
cormoran Japon
bateau en bois pêche au cormoran ukai

Il m’a fallu près d’une heure et demie pour enfin atteindre le Nagaragawa Convention Center, situé au nord de la ville de Gifu, au bord de la rivière Nagara (長良川). Le bâtiment, dont la caractéristique principale est sa salle de conférence principale en forme d’œuf, a été dessiné par Tadao Ando (安藤忠雄) et sa construction s’est terminée en 1995. Je me faisais une joie de me balader aux alentours d’un des rares bâtiment de l’architecte dans la région, aussi quelle n’a pas été ma déception quand j’ai aperçu ces grues et ces échafaudages ! Il semblerait que le plafond du bâtiment fasse l’objet de travaux de rénovation jusqu’en mars 2026. Quand j’y repense maintenant que j’écris ce billet, je ne me souviens pas avoir vu ces travaux mentionnés sur le site avant de m’y rendre alors que c’est maintenant inscrit en grosses lettres rouges bien visibles. Peut-être bien ne suis-je pas le seul à m’être fait avoir … Quoiqu’il en soit, sur le coup je suis extrêmement déçu et peste contre mon manque d’organisation et le temps perdu. ‘Ki ni shinai‘ (ce n’est pas grave)… Je décide de marcher le long de la rivière pour me calmer et réfléchir à quoi faire …

Après dix minutes de marche j’aperçois au loin quatre ou cinq barques faisant des aller-retours d’un bord à l’autre de la rivière. Il s’agit des embarcations en bois non motorisées utilisées pour assister à l’ukai (鵜飼), la pêche au cormoran, un style de pêche pratiquée depuis plus de 1,300 ans et dont la région est particulièrement fière. Il semblerait que je sois en train d’assister à une séance d’entraînement à la manœuvre des barques. Celles-ci doivent faire un poids considérable car une trentaines de personnes peuvent monter à bord. Si en apparence le cours d’eau semble relativement calme, au centre de la rivière de forts remous rendent la traversée difficile. Les bateaux se lancent les uns après les autres avec deux hommes à leur bord, un à l’avant, l’autre à l’arrière. Sur la barge un homme d’une soixante d’années, costaud, à la voix qui porte, hurle des ordres et des directives. Il s’en prend parfois verbalement assez violemment à un homme dans la quarantaine, qui autant qu’il se démène à l’arrière, peine à maintenir le bateau dans un angle qui lui permette de passer le courant.

Après avoir pris mon déjeuner au restaurant du Nagara River Cormorant Fishing Museum situé l’étage, je me balade au hasard d’étroites ruelles mêlant petites auberges, hôtels et résidences. Bientôt mon attention est attirée par des cris rauques et gutturaux auxquels viennent s’ajouter au fur et à mesure que je m’approche de leur source une très forte odeur de poisson. Mes pas me mènent ainsi à la résidence de Masahiko Sugiyama (杉山雅彦), un ushō (鵜匠) célèbre. Un ushō est un ‘maître pêcheur au cormoran‘, pêcheur chevronné de la pêche ukai. Pendant la pêche ukai celui-ci se tient à la proue de sa barque et dirige jusqu’à dix ou douze oiseaux à la fois. Pratiqué de nuit, la lueur des flammes suspendues à l’avant des barques attire les poissons vers la surface. Dès qu’un cormoran capture un poisson en plongeant dans la rivière, le maître le ramène à lui grâce à la corde et le fait régurgiter le poisson, un nœud autour du cou empêchant l’oiseau d’avaler les plus gros poissons. Le titre de maître pêcheur au cormoran est héréditaire et appartient à six familles de la ville de Gifu et à trois de la ville de Seki. Ces neuf ushō, dont Sugiyama fait partie, possèdent un statut de fonctionnaire civil rattaché à la Maison Impériale et ont pour responsabilité de pêcher des poisson d’eau douce ayu destinés à la consommation de la famille impériale. Dans la cour de la maison sont soigneusement disposés, comme dans un musée, les ustensiles nécessaires à la pêche, tels les copeaux de bois pour le feu à l’avant de la barque ou bien la paille pour confectionner les habits des pêcheurs. Difficile de savoir si j’ai la permission d’être dans cette cour, en tout cas je me sens comme observé. Derrière les barreaux de sa cabane, un cormoran me fixe du regard. Je reste un moment à observer l’oiseau derrière les barreaux. Ces oiseaux vivent en étroite relation avec leur dresseur, qui les nourrit, les soigne et les entraîne chaque jour. Le lien entre l’homme et l’animal est fondamental dans la pratique de l’ukai, qui me semble reposer sur une connaissance fine du comportement des cormorans et sur une confiance réciproque. Cette scène discrète, à l’écart du spectacle touristique, m’a offert un rare aperçu du quotidien d’un métier ancestral encore vivant. Je me félicite de ne pas avoir baissé les bras et d’avoir suivi mon instinct.

vie du blog

En travaux (perpétuels) – Yappa! (1)

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Les visiteurs les plus attentifs auront peut-être remarqué l’apparition d’une nouvelle rubrique dans le menu en haut de page. Yappa! est la version abrégée de l’adverbe yappari, qui signifie ‘comme je l’imaginais’ ou ‘comme il fallait s’y attendre’. Yappa photos … y’a pas photo … ou plutôt si … enfin bref. Ce n’est certainement pas le titre le plus fantastique qui soit mais l’utilisation d’expressions japonaises dans le genre me rappelle le bon vieux temps où il y avait encore sur la toile tellement de blogs qu’un titre accrocheur ou original pouvait faire toute la différence. C’est ainsi que très tôt déjà des titres comme ‘itadakimasu‘ et surtout, le très beau ‘ah, itten, torimashita ne !‘ – aujourd’hui tous abandonnés, avaient réussi à attirer ma curiosité et de par leur contenu à faire de moi un lecteur fidèle de blogs en général.

Cela faisait un certain temps déjà que je souhaitais regrouper mes photos par thèmes quelque part, sans souffrir de la rame narrative qu’implique la rédaction d’un billet. J’y ai fréquemment mentionné, comme des mémos m’étant adressés, l’une ou l’autre idée de série en disant ‘il serait amusant de …’, mais n’ai jamais pris la peine de franchir le premier pas. Sur Yappa! il est temps de m’amuser un peu ! Je me lance donc dans une ébauche d’embryon de début de série(s) que je vais étoffer et arranger au fur et à mesure pour n’en parler ici que lors d’améliorations ou de changements importants. Ce sera également (surtout) l’occasion de me mettre sérieusement à apprendre à retoucher mes photos.

Puisque nous sommes partis sur un billet ‘vie du blog‘ … J’ai dépassé les 80% d’espace disponible sur mon serveur. Je n’avais jusqu’à présent pas trop fait attention à la chose mais j’ai dû faire face au problème après avoir rencontré quelques difficultés pour y uploader de nouvelles photos, sans trop comprendre s’il y’a véritablement un rapport. A vrai dire, la chose me laisse songeur et dubitatif. Je ne me sens pas le courage de réduire une à une la taille ou de changer le format de toutes les photos du blog alors que j’ai déjà mis plusieurs années à corriger les articles victime de mojibake lors de la précédente migration, et même s’il existait un moyen d’automatiser la chose la solution ne serait que temporaire. Si entretenir ce blog me coûte de l’argent et passer au forfait supérieur représente un petit investissement, je ne vois pas dans l’immédiat comment il pourrait m’apporter le moindre revenu. Le renouvellement n’est que dans 6 mois mais je suis cela dit parfois frustré par le manque total de liberté dans WordPress (quelle galère pour trouver un thème ‘pleine page’…) au point que changer de crémerie pour un constructeur de page dit wysiwyg pourrait être une solution, même si avoir probablement avoir à lutter une nouvelle fois avec le service clientèle lors du processus de migration ne m’enchante guère. Ne serait-ce pas là une excellente occasion d’en finir et de fermer boutique ? Je plaisante, je me serai posé sérieusement la question si je m’étais trouvé dans une période difficile mais pour le moment la motivation est au rendez-vous, notamment grâce à un petit coup de pouce du destin (sur lequel je reviendrais une fois prochaine) qui m’a convaincu une nouvelle fois des bienfaits de la persévérance.

Nagoya/Nagoya

‘It’s good to see green’ (3) – Atsuta-ku, Nagoya

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Atsuta Jingu camphrier géant
Atsuta Jingu
Atsuta Jingu prêtres shintoïstes
Atsuta Nagoya homme qui se repose
Nagoya Atsuta maison recouverte de plantes
plantes vertes qui dépassent d'un muret

Comme les années précédentes je recherche un peu d’ombre et de fraîcheur dans le grand parc qui entoure le sanctuaire Atsuta Jingū, au sud de Nagoya. Bien que nous soyons en semaine l’endroit est anormalement animé, des groupes de vingt à trente touristes aussi bien japonais qu’étrangers déambulant dans les allées, s’amassent autour de l’autel principal pour prier puis se succèdent pour prendre des photos de groupe, le photographe à chaque fois obligé de reprendre plusieurs fois la photo parce qu’un distrait ne regardait pas l’appareil ou avait les yeux fermés. J’étais venu pour trouver un peu de tranquillité et de sérénité dans un lieu sacré mais le brouhaha provoqué par tout ce monde qui parle en même temps, les bruit de pas dans le gravier et la poussière qu’ils lèvent, le mouvement incessant de la foule m’épuisent plus que nécessaire. Si la chaleur accablante doit y être pour beaucoup dans mon manque d’enthousiasme, le contraste flagrant avec ma promenade au Zenkōji le mois dernier dont j’étais revenu apaisé et empli d’un sentiment d’épanouissement, me laisse songeur.

Paradoxalement, je fuis donc le sanctuaire pour m’engouffrer dans les rues alentours mais j’ai vite fait de regretter ma décision. Le soleil est à son zénith, la lumière est blanche et éblouissante, écrasante et les ombres pratiquement inexistantes comme si je traversais quelque désert aride. Oasis sensorielle, il me semble que la simple vue d’une plante ou du moindre petit espace de verdure fait baisser ma température corporelle de quelques degrés. Je suis à l’affût, capture en photo pots de fleurs, maisons recouvertes de lierre et autres plantes qui se hissent au-dessus des murets. Les années passent mais ce thème m’obsède toujours autant …