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musiques/Nagoya

‘Where I end and you begin’ – Shin-Sakae, Nagoya

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Mes errances hasardes du billet précédent me font quitter le quartier d’Ōsu, où ont été prises les photos de cette série, pour celui de Shin-Sakae (新栄), situé à l’est du quartier de Sakae. Je n’y passe pas souvent car de fait il n’y a pas grand chose à y voir. Il s’agit d’un quartier qui dort le jour et vit la nuit, les rues sont sales et la plupart des immeubles tapissés d’immenses et immondes affiches de hosts (jeunes hommes à l’air accueillant et bienveillant dont le but est de soutirer un maximum d’argent aux clientes) imberbes au sourire Colgate. Alors que je crois avoir perdu mon temps je me souviens que le disquaire Disk Union se trouve dans le coin. Je n’y trouve pas grand chose si ce n’est en parcourant le rayon des vinyles j-pop une version vinyle du premier album de Shiina Ringo, Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). Comme il fait la coquette somme de 60,000 yens (350 Euros) il ne me viendrait pas un instant à l’idée de m’en emparer, mais cela me fait tout de même me rappeler que j’avais parlé dans ces pages de l’ouverture d’un nouveau disquaire au Chūnichi Building, qui ne se trouve qu’à quelques encablures.

Le Face Records Nagoya se trouve au premier étage. Je m’attendais à trouver celui-ci au fond d’une galerie peu fréquentée et suis donc étonné de tomber dessus dés la sortie de l’escalator, en plein centre du hall, dans un espace ouvert sans vitres. La clientèle est très variée, cela fait plaisir d’en voir une bonne partie prendre en main un disque et échanger quelque souvenir, anecdote ou commentaire à son propos. Les bacs sont particulièrement fournis en vieux disques de pop japonaise des années 70 à 90 aux pochettes un peu kitsch mettant souvent en vedette, quand il s’agit d’une chanteuse, l’interprète en gros plan prenant un air rêveur ou insouciant. On pourra toujours se moquer des coiffures improbables de l’époque il n’empêche que certaines chanteuses sont indéniablement charmantes. Cela dit, mon regard est depuis tout à l’heure plutôt attiré par un disque d’un artiste qui m’est inconnu, mais dont la pochette présente le célèbre tableau du peintre américain Edward Hopper, Nighthawks (Rôdeurs de nuit, en français), une oeuvre que j’ai toujours adorée. Pour avoir écouté avec grand plaisir pendant de nombreuses heures les mix de funk, de jazz, de soul ou encore de city pop japonaise des années 70 et 80 sur la chaîne Youtube My Analog Journal, qui que soit ce Yoshitaka Minami (南佳孝) et son Seventh Avenue South, il est peu probable que ce disque soit complètement dénué d’intérêt, même si j’avoue que j’aurais préféré une voix féminine. De toute manière, ce disque servira dans un premier temps d’objet décoratif puisque je n’ai même pas de tourne-disque, à défaut de pouvoir accrocher un tableau de Hopper au mur, le disque trônera sur mon bureau. Je m’empare sans trop réfléchir de la galette pour 800 modestes yens (5 Euros), mais dans quoi ai-je encore fourré les pieds ?

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‘By the way, how much is the fish ?’ – Yanagibashi Central Market, Nagoya

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Yanagibashi Central Market
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Yanagibashi Central Market

Alors qu’il ne se situe qu’à dix minutes à peine de la gare de Nagoya, le marché de gros de poisson 名古屋綜合市場 (Nagoya Sōgō Shijō), encore nommé le Yanagibashi Central Market, semble méconnu du grand public alors qu’il existe depuis plus d’une centaine d’années. Je m’y retrouve un peu par hasard, quoiqu’aguiché peut-être par une forte odeur de poisson. Il est ‘déjà’ presque dix heures et l’heure de fermeture approche pour la plupart des commerces, dévalisés par les deux vagues successives de grossistes puis de particuliers. Si l’heure est au rangement et au nettoyage, stands et restaurants sont déjà pris d’assaut, le poisson frais doit être délicieux mais je n’ai malheureusement pas le temps de m’y attarder cette fois-ci. Les odeurs, le bruit, l’ambiance doit être phénoménale lors de l’ouverture que j’imagine matinale. Je me promets d’y revenir en plein été, quand il y aura malgré l’heure assez de lumière pour prendre, si j’en ai le courage, en photo les marchands de poisson dans le feu de l’action.

Ce n’est pas la chanson du groupe allemand de techno Scooter, qui donne son titre à ce billet, mais le très surprenant et exotique album Diggers Dozen de DJ Muro (Takayoshi Murota) que j’écoute en me baladant. Je ne connais pas grand chose de sa carrière solo, mais DJ Muro est surtout connu pour avoir formé avec entre autres le célèbre DJ Krush le ‘KRUSH POSSE’ vers la fin des années 80. L’album est composé de 12 titres mêlant mélodies japonaises connues (par exemple la danse Sōran Bushi d’Hokkaidō, ou encore la chanson traditionnelle Sakura Sakura), jazz funk et latin jazz, le tout agrémenté d’accompagnements d’instruments traditionnels japonais. DJ Muro n’est pas à l’origine des morceaux, il a été comme l’indique le nom de l’album les piocher dans de vieilles compilations des années 1970. Je suis ces derniers temps très réceptif à ce genre de musique, j’écoute en effet depuis le début de l’année des heures durant en musique de fond les mix de Japanese Funk and Soul ou de Japanese City Pop de la même période sur l’éclectique chaîne YouTube My Analog Journal (sans laquelle il ne me serait jamais venu à l’idée d’écouter du garage rock turc des années ’60 ou du jazz bulgare …) Je suis fasciné par l’habile manière dont le Japon s’est dans l’après-guerre réapproprié la musique occidentale sous toutes ses formes pour en faire quelque chose d’original et cohérent.

Je meurs maintenant d’envie d’acheter une platine vinyle. De manière tout à fait contradictoire au vu de la flagrante différence de style musical, il s’agit surtout d’une excuse pour m’emparer du set en édition limitée des vinyls Confield et Draft 7.30, les deux albums monuments d’Autechre, qui célèbre les 20 ans de leur parution.