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musiques/Nagoya

‘Les temps, comme les oeufs, sont durs’ – Kanayama, Nagoya

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Je n’ai pas mis les pieds à Nagoya depuis plus d’un mois et les photos de cette série font partie des dernières photos prises en dehors de celles de l’ascension du Mont Fuji, qui suivront peut-être l’un de ces jours.

Après les avoir photographiées en novembre 2021, en mai 2022 et en mai 2023, je fais un détour pour voir dans quel état son ‘mes’ plantes près de la gare de Kanayama. Les plants en pots sur la droite semblent comme bousculés, oppressés, étouffés par une variété de plante sortie de nulle part, qui, prenant toute la place, les obligent à se pencher en avant, à pousser vers le sol, le dos courbé. De la haie aux contours hirsutes sur la gauche trois tiges grimpent le long du mur. L’une d’elles atteint désormais la fenêtre à l’étage, je ne peux m’empêcher de penser que dans un acte de voyeurisme délibéré elle tend son cou par dessus le rideau pour mieux y voir à l’intérieur.

Si je choisis ces photos après deux semaines sans signe de vie, c’est qu’elles sont assez représentatives de mon état actuel. Je suis bousculé en tout sens par tout ce qui se passe autour de moi, étouffé par la chaleur de ce mois d’août interminable. Amorphe, incapable d’entreprendre quoique ce soit, j’ai regardé dans des positions qui m’ont values de pénibles douleurs aux dos les épreuves des JO de Paris pendant des dizaines d’heures tout et scrollant des milliards de reels et autres vidéos débiles.

Le bilan musical de cet été est à peine plus glorieux. Si je ne devais citer qu’un seul titre, ce serait ナイトグロウ (Night glow) de l’artiste nommé 東京真中 (Tokyomanaka), dont le grain dans la voix et l’articulation particulière a retenue mon attention. Curieuse sensation que de clairement ressentir que cette voix a été trafiquée et n’est pas naturelle mais que cela lui donne malgré tout un certain charme. True Magic, album du producteur autrichien basé a Manchester Salute, est à peu près le seul album a avoir tourné en boucle. Les années passent et rien n’y fait, chaque été je ressens une irrémédiable envie d’écouter de la house music. Rythmes simples et entrainants, basses bien senties, qu’il s’agisse de She knows you de DJ Tonka en 1998 ou donc de ‘True Magic‘, chaque année la magie s’opère et le coeur se fait plus léger. Si rien n’est à jeter en dehors du titre ‘Go!‘, seul bémol en milieu d’album avec la rappeuse japonaise Minami Nakamura qui m’irrite les oreilles, ce sont les deux titres Saving flowers avec Rina Sawayama et surtout One of those nights, qui, tels des phares dans la nuit, me sauvent du naufrage.

Patience ! Septembre est au pas de la porte, les enfants vont retourner à l’école et je vais pouvoir reprendre une activité normale

architecture/Shizuoka

Mont Fuji, jour 1 – Fujinomiya, Shizuoka pref.

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Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Mt Fuji World Heritage Centre
Fujisan Hongū Sengen-taisha
Wakutamaike 湧玉池
Fujinomiya manhole

L’idée effleure vraisemblablement l’esprit de tout individu vivant quelques temps au Japon. Après tout, le Mont Fuji est omniprésent. Dans les médias, sur les timbres, les cartes postales, les comptes Instagram et même sur les billets de banque. Le Mont Fuji est joueur, apparaissant et se cachant derrière d’épais nuages selon son bon vouloir, et avoir la chance de l’apercevoir, ne serait-ce que partiellement, laisse dans l’imaginaire collectif présager de bonnes choses pour l’avenir. Comme je le fais moi-même, j’entends fréquemment le récit de voyageurs choisissant leur place dans le train ou dans l’avion en fonction de la position de la montagne sacrée sur le trajet. Le Mont Fuji obsède et m’a obsédé, et monter jusqu’à son sommet faisait depuis longtemps partie de ma liste de choses à faire. J’ai enfin eu le plaisir de pouvoir cocher cette case le mois dernier dans le cadre d’un séjour de deux jours avec des collègues dans la préfecture de Shizuoka. Ce fut tellement intense émotionnellement que j’ai mis trois semaines à m’en remettre …

Nous quittons (le 23 juillet) en voiture Nagoya autour de neuf heures du matin et arrivons à Fujinomiya, ville située au pied du versant sud-ouest du Mont Fuji, peu avant midi. Après avoir ingurgité vite-fait une plâtrée de nouilles yakisoba, la spécialité locale, nous faisons une virée au Fujisan Hongū Sengen Taisha (富士山本宮浅間大社), sanctuaire shintо̄ édifié afin de protéger les habitants des nombreuses éruptions du Mont Fuji, et dont les origines sont étroitement liées à l’activité volcanique de la montagne sacrée dont l’eau, issue de la fonte des neiges, ruisselle encore aujourd’hui jusqu’à son enceinte et dans la ville. Je parviens ensuite à convaincre la troupe de faire le tour du Centre du patrimoine mondial du Mont Fuji (静岡県富士山世界遺産センター), l’emblématique musée conçu par Shigeru Ban ouvert en décembre 2017 suite à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2013. Je me réjouissais de prendre de jolies photos du bâtiment en forme de Mont Fuji inversé se reflétant dans le bassin situé devant celui-ci avec la vraie montagne sacrée en arrière plan, mais au loin celle-ci s’est cachée derrière un épais rideau de nuages et le ciel est d’un gris maussade qui, la chaleur n’aidant pas, ne m’inspire pas du tout. À l’intérieur du bâtiment, un parcours en spirale de 193 mètres de long s’étend du premier étage jusqu’au cinquième, simulant l’ascension du Mont Fuji, le tout agrémenté de panneaux explicatifs et d’animations diverses. Au dernier étage, de larges fenêtres permettent par beau temps d’observer le Mont Fuji dans toute sa splendeur, mais nous avons beau attendre, il ne se montrera pas. Espérons que nous aurons plus de chance le lendemain !