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architecture/musiques/Nagoya

Text me when you get inside – Kanayama, Nagoya

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jardin sur le balcon

Je me dis parfois que mes balades ne sont qu’un prétexte pour écouter de la musique. Je me balade autour de la gare de Kanayama en écoutant l’album ‘Text Me When You Get Home‘ du (pour l’instant) méconnu producteur sud-africain Zito Mowa. Au fur et à mesure de l’écoute je me fais la remarque que les samples de voix et de conversations, de monuments hip-hop (quelle surprise d’entendre Ice Cream de Raekwon samplé après toutes ces années) sur des beats de house enrobés de basses moelleuses conviennent parfaitement au milieu urbain. Pour un peu je n’ai même pas l’impression de porter un casque. Les voix que j’entends pourraient être celles des gens dans la rue et la musique celle que gueulent les magasins de fringues à la mode devant lesquels je passe. Trop brouillon pour être dansant mais assez catchy pour me faire dodeliner de la tête, rafraîchissant bien que certains titres soient carrément trop longs, à l’image de l’interminable titre qui ouvre l’album ‘Flavio’s Glass Of Scotch‘. Je bute en fin d’album sur le titre Amadamara, meilleur titre de l’album. Je ne me lasse pas de la ligne de basse funk bien grasse en deuxième partie de morceau.

Je me balade au hasard mais ne peux m’empêcher de faire un léger détour pour voir dans quel état sont ‘mes’ plantes. Je dois avoir une mauvaise mémoire visuelle, je suis à chaque fois que je passe devant incapable de dire si quelque chose à changé ou pas. Aujourd’hui elles me semblent juste accablées par la chaleur. Suite au commentaire de fgautron sur ce même billet je me suis mis depuis quelques mois à faire attention aux pots de fleurs et autres coins de verdure que l’on trouve un peu partout. Certains semblent arrangés, d’autres complètement laissés au dépourvu, comme le balcon de la première photo où les plantes semblent devoir peu à peu déborder du balcon.

Les fleurs et les arbres qui entourent le MIRAIE LEXT HOUSE NAGOYA (ミライエ レクストハウス ナゴヤ) , restaurant et lieu de réception de mariage dessiné par le bureau d’architecture Kengo Kuma & Associates, sont quant à eux méticuleusement taillées. J’en fais le tour de l’extérieur et suis très intrigué par le balcon imbriqué dans la forme pyramidale du bâtiment. Tout est évidemment fait pour que l’on ne puisse rien voir de l’intérieur, qui au vu des photos ressemble à un luxurieux lobby d’hôtel. J’imagine vaguement m’y immiscer en prétendant vouloir organiser une cérémonie de mariage et demander une visite des lieux, mais ne suis pas vraiment habillé pour l’occasion. Voilà une excellente excuse pour nous offrir un ‘Afternoon Tea‘ en tête-à-tête quand nous en aurons l’occasion.

architecture/balades au Japon/Nagoya

Daijōkyo Sōhonzan – Atsuta-ku, Nagoya

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JIngumae voie ferrée
Daijokyo Sohonzan
Daijokyo Sohonzan
Daijokyo Sohonzan
Daijokyo Sohonzan White Elephant Statiue
Daijokyo Sohonzan

De la harpe jouée par Inoue au sein du groupe んoon dont je parle dans le billet précédent on passe à celle de Nala Sinephro, jeune musicienne jazz expérimentale caribéenne et belge actuellement basée à Londres. Tandis que je me balade autour autour de Jingumae, j’écoute son album Space 1.8, sorti en septembre 2021 sur WARP Records. Je me rends compte en écrivant ces lignes que je suis entré sans trop m’en rendre compte dans une phase d’écoute de jazz. En l’espace d’un peu plus d’un mois j’ai écouté un best-off de Nina Simone, ‘Charles Mingus Presents Charles Mingus‘ de Charles Mingus, l’organiste John Patton (‘Soul Connection‘) et surtout le superbe ‘Hymne au Soleil‘ de Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, avec l’aérien titre ‘Oiseau‘, que j’ai écouté en boucle plusieurs fois par jour une semaine durant. Tout à fait réceptif donc à ce genre de musique, je suis toutefois étonné de voir apparaître ce type d’artiste sur WARP. 30 années et plus d’existence et le label parvient encore et toujours à m’étonner.

A chaque fois que je passais devant en train je me disais qu’il fallait un jour que je fasse le tour du Daijōkyo Sōhonzan (大乗教総本山). S’élevant ‘majestueusement’ en plein quartier résidentiel le long de la voie ferrée entre la gare de Jingumae et Kanayama, son audacieuse architecture pour pareil lieu lui donne un air mystérieux qui repousse autant qu’il attire.

Garé non loin, je me balade tout d’abord dans le quartier résidentiel alentour et prends quelques photos qui feront l’objet d’une autre série ultérieurement. Où que l’on soit la gigantesque pagode dépasse des maisons et me sert de repère pour m’orienter. Le calme des premières chansons de l’album convient tout à fait au lieu, je suis dans ma bulle. Apres avoir suffisamment toisé la bête je décide de m’approcher tout doucement.

Comme souvent je m’y suis rendu sur un coup de tête, sans avoir fait la moindre recherche au préalable. Peut-être n’avais-je pas envie d’avoir d’à priori, mais je me doutais bien que l’endroit avait un caractère religieux disons, à part. Le Daijōkyo Sōhonzan est le siège de la secte Daijōkyo, répertoriée par le Ministère de l’Education comme étant une secte bouddhique de la branche Nichiren-Shu fondée en 1914 sous le nom Bukkyo-kanka-kyusaikai par le révérend Tatsuko Sugiyama. Le bâtiment principal, qui n’apparait pas sur les photos, a été construit en 1953 puis rénové en 1968. Le but principal de ma visite, le ‘Peace Pagoda‘ a lui été construit en 1976 et fait 55 mètres de haut. La statue d’éléphant blanc, plutôt mal entretenue, commémore les 60 ans de la création de la secte.

Alors que je rôde librement entre les divers bâtiments sans n’avoir croisé personne, l’album entre dans sa deuxième partie, plus cérébrale et mystique. La dernière chanson, Space 8, un titre de 17 minutes rythmé par un arpège de trois notes de saxophone autour duquel viennent se coupler de longues nappes de synthé, sons cristallins et accompagnements divers, sonne comme un appel à la méditation. La musique colle tellement bien au lieu que je me demande à un moment si elle ne provient du bâtiment. ‘Un escalier de fer … un couloir étroit et obscur … au fond de ce couloir une porte entre-ouverte, d’où nous parviennent les accords d’une musique, qui en ce lieu nous paraît irréelle’.

architecture/balades au Japon/Nagoya/vie quotidienne

‘Pour cent briques, t’as plus rien’ @ Nagoya, Nishi-ku

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Machine devant la gare de Nagoya
une curieuse maison bleue en forme de château
toyota commemorative museum of industry and technology building
toyota commemorative museum of industry and technology
Noritake Garden
Noritake Garden

Je me suis souvenu après avoir publie le billet précédent m’être déjà baladé dans les environs du Noritake Garden en février dernier. J’étais alors parti de la gare de Nagoya en direction du nord et j’avais longé la Meiekidōri jusqu’à la gare la plus proche, Sakō. D’imposantes machines de construction au mécanismes complexes effectuaient alors leur besogne, grondant, vibrant, crachant de la fumée et parfois des étincelles. J’avais été plus loin intrigué par cette curieuse construction bleue aux allures de château. J’apprends en faisant des recherches qu’elle abrite les locaux d’une compagnie spécialisée dans les réseaux informatiques. Je ne sais pas si je serai en mesure de travailler dans un bureau qu’un train frôle toutes les 30 secondes. Ce pays a une notion de l’utilisation de l’espace et surtout une résilience au bruit qui ne cesse de m’étonner.

Un bloc de maison plus loin l’ambiance est tout autre. Nous sommes lundi et comme la plupart des endroits, le Musée commémoratif de l’industrie et de la technologie Toyota (トヨタ産業技術記念館) est fermé. On peut cependant tout de même se balader entre les bâtiments. A part moi le site a pour seul visiteur un homme dans la cinquantaine en costume. Dans un premier temps j’ai l’impression qu’il s’agit juste d’un homme d’affaire qui profite d’avoir un peu de temps libre avant son rendez-vous, mais l’insistance avec laquelle il prend ses photos et le désarroi sur son visage me fait penser à la tête de quelqu’un qui se serait déplacé exprès mais aurait oublié quel jour nous sommes. Cela m’arrive aussi fréquemment …

Mêmes briques rouges, autres bâtiments. Le Noritake Garden (ノリタケの森) est un parc construit autour des vestiges de l’ancienne usine de la marque Noritake, célèbre pour ses porcelaines. Il est très agréable de s’y promener, mais c’est une curieuse sensation que de ne pas être capable de se remémorer de ce qui se trouvait à l’endroit où se tient désormais le centre commercial AEON MALL Nagoya Noritake Garden alors que j’y suis venu il y a quelques années. Peut-être est-ce pour cela que j’ai tendance à vouloir tout photographier.

architecture/balades au Japon/Aichi/musiques

Le bruit (et la fureur) – Okazaki, Aichi

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C’est volontairement que je choisis dans la liste proposée un lieu de vaccination différent des fois précédentes pour la troisième dose du vaccin. Il me faut me rendre à Okazaki, mais tant qu’à faire autant en profiter pour passer par la gare de Higashi Okazaki (東岡崎), cela me donnera une excuse pour flâner une nouvelle fois dans le coin où j’ai résidé lors de mon premier séjour au Japon, mais aussi jeter un oeil sur le centre commercial OTO Riverside Terrace. L’hôpital est situé aux abords de la ville voisine Toyota, une fois à la gare il me faut encore faire 30 minutes de trajet en bus. Alors que ce périple me prend au total deux heures en utilisant les transports en commun il me faudrait 30 minutes de chez moi en empruntant l’autoroute, mais cette véritable excursion ne me dérange pas. Je vais pouvoir bouquiner dans le train et au lieu d’avoir à conduire et me concentrer sur la route, pouvoir contempler le paysage en écoutant quelque musique soigneusement choisie au préalable. Peut-être aurais-je été plus réticent à prendre mon temps si depuis quelques jours la chanson Hunnybee, du groupe Unknown Mortal Orchestra, ne tournait pas en boucle sur mon iPad, et le clip, invitation au paysage sur mon PC. Rêvasser, bouquiner, écouter de la musique en voyageant … c’est pourtant si simple !

Je suis plutôt déçu par le site dans son ensemble et content de ne pas être venu exprès, comme je l’avais à un moment envisagé. L’OTO Riverside Terrace tient son nom d’un concept : Se situant au bord de la rivière Oto (乙川), sur l’ensemble du site s’écoule du son (oto , en japonais), en l’occurence du jazz, Okazaki s’étant autoproclamée ‘ville du jazz’ depuis qu’elle accueille le Okazaki Jazz Street Festival chaque année en novembre. Agrémenté de quelques restaurants, le tout est censé baigner dans le raffinement et l’élégance, mais l’hôtel situé derrière impose inutilement son ombre immense sur la majeure partie du bâtiment. Il y fait froid et les terrasses sont vides. Midi approche et je commence à avoir faim. Les terrasses à l’étage, au soleil celles-ci, ne sont accessibles qu’aux clients des cinq ou six restaurants mais je ne trouve pas le courage d’y entrer seul. Mon désespoir atteint son comble quand j’aperçois la pancarte ‘Itarian Restaurant’. Je crois tout d’abord à un mot fabriqué à partir des mots ‘italian’ et ‘vegetarian’, mais apparemment ce n’est pas le cas. Peut-être suis-je tatillon, mais tout ici a-t-il donc été pensé n’importe comment ?

Je rôde autour de la gare mais ne trouve que des izakaya ouverts le soir, pas même le moindre fast-food ! Au bout de quinze minutes de marche hasardeuse je tombe sur un restaurant appelé Oka (丘). Comme j’en parlais dans un billet précédent, je n’entre d’habitude jamais dans ce genre d’établissements ‘mystérieux’, mais le temps me manque et je n’ai pas trop le choix. Je ne le saurai que plus tard via les commentaires sur internet mais ce petit kissaten a un certaine renommée dans la région pour sa décoration colorée et chaotique. J’ai à la fois l’impression d’être dans un vaisseau spatial futuriste et de retour à l’ère Showa. La gérante, une dame dans la soixantaine, est très aimable et m’offre même un petit morceau de gâteau. Au lieu de perdre mon temps au Riverside, j’aurai mieux fait de prendre mon temps dans cette faille spatio-temporelle …

J’ai trop peur de rater mon arrêt de bus pour me risquer à écouter de la musique. Le chauffeur, de sa voix nasillarde, annonce à l’avance la moindre manoeuvre de son véhicule, le paysage n’a rien de vraiment dépaysant mais il est agréable de juste se laisser bercer par les mouvements du bus. Apres avoir été re-re-vacciné j’écoute lors du trajet retour Friends That Break Your Heart de James Blake. Je n’ai qu’un très vague souvenir de l’album précédent, Assume Form (2019), mais j’avais bien aimé l’EP Before (2020), un peu plus rythmé et frais, presque dansant. Je m’attendais dans ce nouvel album à quelque chose dans la même veine, mais au final, quoique l’album passe très bien dans son ensemble, aucun titre en particulier n’a attiré mon attention. Peut-être n’étais-je pas tout simplement pas d’humeur, mais en y réfléchissant bien, je ne vois pas ce qui pourrait convenir au calvaire des effets secondaires qui s’annoncent le lendemain.

architecture/balades au Japon/Aichi

Mizkan Museum & Handa Canal – Handa, Aichi pref.

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Handa canal Mizkan Museum
Handa canal
Handa canal
Handa sake brewery
Handa plantes chat

Alors que quand je quitte la maison le ciel est dégagé, il se couvre et devient même menaçant après dix minutes de route. Comme lors de ma précédente visite au Red Brick Building, la ville de Handa semble ne pas vouloir se dévoiler sous ses meilleurs atouts. Malgré le temps nuageux c’est aujourd’hui autour du Mizkan Museum (MIM) que je me balade. Handa est le siège de l’entreprise Mizkan, gigantesque entreprise japonaise agroalimentaire spécialisée dans la production de sauce et de vinaigre, domaines autour desquels le MIM propose diverses installations interactives.

Si je me balade autour du musée, c’est que celui-ci est fermé au public en raison de la crise sanitaire. Inauguré en 1986 sous le nom de ‘Su no sato’ (酢の里) puis fermé pour rénovation en novembre 2013, le musée a réouvert ses portes deux ans plus tard sous son nom actuel. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de venir avant la rénovation et ne suis donc pas en mesure de faire une comparaison avant-après, mais le style simple et épuré utilisé dans le plan d’urbanisation me plaît beaucoup. Quel que soit le matériau utilisé pour leur construction, tout les bâtiments longeant le canal sont d’un noir uniforme qui donne une identité unique à toute la zone et rend difficile toute référence dans le temps, on ne discerne pas clairement s’ils sont anciens ou récents. Cette identité est largement renforcée par les logos ‘blanc pétants‘ du musée et de l’entreprise Mizkan peints par-ci par-là, bien visibles mais très élégamment insérés dans le paysage. Je ne suis guère étonné en faisant des recherches ultérieurement de me rendre compte que le projet de rénovation a gagné entre-autre un Good Design Award en 2016 dans la catégorie ‘Architecture and facilities for commercial use‘. Je ne peux cependant m’empêcher de sourire en lisant les commentaires des évaluateurs qui justifient leur sélection en expliquant que le plan de rénovation est parvenu à maintenir la juste balance entre la tradition en préservant les bâtiments historiques, et modernité dans le choix des matériaux et du design, le tout en symbiose avec la nature. On ne peut trouver plus passe-partout, c’est le commentaire que l’on trouve à peu près dans chaque concept urbain ou architectural.

Avec la fermeture du musée et la diminution du nombre de touristes qui en résulte, des travaux sont en cours le long du fameux canal. Les grues en plein travail et diverses structures métalliques jonchées au sol gâchent le paysage, certaines parties sont même rendues inaccessibles. Pour la petite balade tranquille ce sera une fois les travaux terminés, vers la fin mars. Je parcours au hasard les rues étroites du quartier, l’endroit est réputé pour ses distilleries de saké, je suis impressionné par les encombrantes cuves probablement laissées au dehors par manque de place. Je traine ainsi une petite heure sans ne croiser personne d’autre que les employés de la Nakano Sake Brewery toute proche. Il n’y a pas un chat, ou plutôt si, à condition d’y prêter attention !

architecture/Nagoya

Mata kôyô 2021 (suite et fin)

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Comme l’année dernière j’avais pensé aller à Korankei pour aller à la chasse au koyo, mais un imprévu fait que je dois me rendre à Nagoya, dans les environs de Meidai, l’université de Nagoya. J’en profite pour me rendre au temple Kôshô-ji, dans le quartier de Yagoto. Pendant le trajet j’écoute Material (2001), le cinquième album de l’artiste Aco, que je n’avais pas écouté depuis quelques années, et pour de la j-pop, celui-ci a très bien vieilli, même si j’étais persuadé qu’il comportait un remix de Ken Ishii ou DJ Honda que j’ai été surpris de ne pas retrouver sur cet album. Après ses premiers albums très r&b mainstream sans grande personnalité, Material et l’album suivant Irony (2003) marquent un tournant très intéressant dans sa carrière. J’ai toujours aimé ces artistes capables de se renouveler et de prendre des risques. Apres le court album de 6 titres Mask (2006), je suivais vaguement à une époque son compte Instagram dans l’attente d’un prochain album mais en fin de compte elle n’y montrait que des photos de sa vie quotidienne sans grand intérêt. Il semblerait qu’elle ait entre-temps sorti cinq albums dont un live, mais vu les difficultés à trouver des informations à propos de ceux-ci j’ai bien peur de ne pas être passé à côté de grand chose.

Le temple est si vaste que je me perds presque dans le parc qui l’entoure. Ce n’est que plus tard que je me rends compte que j’ai tenté d’y entrer par l’arrière. De nombreux visiteurs sont très appliqués avec leurs appareils photos. J’aide deux couples qui tentent avec grand mal de se prendre en selfie avec les feuilles rouges vif, mais manquent de recul pour cela. La conversation s’engage avec l’un des hommes qui me montre les photos qu’il vient de prendre. Le fait que j’accepte des discuter montre à quel point l’endroit me rend zen. Non pas que je n’aime pas discuter, mais les conversations avec des inconnus ne sortent que très rarement des sentiers battus et sont la plupart du temps sans intérêt. Je suis amusé de constater que certains visiteurs portent des vêtements de couleur rouge ou rose, je me demande si c’est afin de s’ajuster aux feuilles des arbres. Je contemple longuement une dernière fois la grande statue qui semble garder le temple. Depuis tout à l’heure j’ai comme l’impression quelle regarde du coin de l’oeil les visiteurs qui lisent le panneau d’information situé à ses côtés. Quand je la prends en gros plan elle me fixe cependant droit dans les yeux.

Je n’insiste pas et quitte les lieux pour rejoindre Meidai à pieds. Le trajet prend 30 minutes et il fait un temps superbe, je suis presque en sueur. J’écoute cette fois l’album Fervency (2009) de Kyle Bobby Dunn, encore un album que je n’avais pas écouté depuis mon dernier billet à son sujet. L’idée m’est venu de l’écouter à la suite de l’émission Bandcamp Weekly spéciale décernée à la musique ambiant. Il me faut mettre le son à fond pour effacer les sons de la ville, l’absence totale de BPM fait que j’ai du mal à ajuster mes pas à la musique. Perdu dans mes pensées (et l’appareil photo rangé) j’arrive néanmoins rapidement à destination.

Au retour je ne peux m’empêcher de refaire une crochet au Toyoda Memorial Hall. Je ne m’y attarde pas trop, d’une part parce que je n’ai pas trop le temps, et d’autre parce de grands panneaux demandent aimablement aux personnes étrangères à l’établissement de ne pas roder autour. Des gardes ne sont pas bien loin, je n’ai aucune intention de faire le hors-la-loi, si on me pose de question je ferai semblant de ne pas avoir compris les avertissements ou répondrais, en expliquant ma ‘démarche artistique‘, que je suis venu de loin exprès pour prendre quelques modestes photos.

Les parties d’ombres et de lumière se démarquent de façon très nette sur le sol du bâtiment, les surfaces au sol éclairées se reflétant sur les parties blanches du mur. Baigné par les rayons de soleil, un jeune homme s’entraîne à la danse. Ses mouvements sont à la fois vifs et gracieux, l’ample pantalon qu’il porte fait un bruit de froissement à chacun de ses mouvements. Ce magnifique bâtiment semble inspirer tout ceux qui prennent le temps de le contempler.

architecture

Handa Red Brick Building – Handa, Aichi pref.

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Le Handa Red Brick Building (Handa Aka Renga) est situé dans la ville de Handa, à 40 kilomètres au sud de Nagoya. Au premier coup d’oeil on pourrait croire que le bâtiment est abandonné : Une partie des portes et des fenêtres sont condamnées par des briques et la façade est par endroit criblée d’impacts. Cependant, le bâtiment est fréquemment mentionné dans les ouvrages et sites internet traitant d’architecture contemporaine dans la préfecture d’Aichi, d’où ma venue en cette matinée grisâtre qui lui donne un petit air lugubre de manoir hanté.

Sous l’ère Meiji (1868-1912) l’architecture au Japon est influencée par les nombreux occidentaux qui entrent dans l’archipel et de nombreux bâtiments sont fabriqués en briques rouges à cette époque. Parmi ceux-ci, le Red Brick Building, dont les premiers plans d’architecture sont établis en Allemagne par la Germania Maschinenfabrik, puis c’est l’architecte Yorinaka Tsumaki (surtout connu aujourd’hui pour avoir conçu le Pont Nihonbashi à Tokyo en 1911), qui en fait une brasserie en 1898.

Avec l’aide de brasseurs allemands on y fabrique la bière Kabuto, qui remportera une médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris deux ans plus tard, en 1900. Elle fera partie des quatre grandes marques de bières au Japon : Dai Nippon, Kirin, Teikoku et la bière Kabuto – le Kabuto, effigie de la marque, faisant référence au casque porté par les samouraïs. La brasserie tournera à plein régime jusqu’à sa fermeture en 1921, puis sera ensuite utilisée comme fabrique de fécule de maïs, puis comme hangar. En 1944 le constructeur d’avions Nakajima Aircraft s’implante à Handa et le Red Brick Building est utilisé comme entrepôt, ce qui en fait une cible potentielle pour les forces alliées. La façade du bâtiment est criblée de balles par les P-51 Mustang américains lors d’un raid aérien en 1945.

Les locaux sont restaurés en 2005, on y trouve désormais un beau musée retraçant l’histoire de la brasserie avec de nombreux objets exposés, des vidéos et des photographies d’époque. Le hall à pan de bois abrite un restaurant et un magasin de souvenirs où l’on peut déguster la bière Kabuto, aujourd’hui encore fabriquée par une brasserie locale.

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Cité de verre – Nagoya, Meieki

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Les photos ci-dessus ont été prises il y a de cela quelques semaines autour de la gare de Nagoya. J’avais ce jour-là pour destination la gallerie marchande Endoji située à l’ouest du château de Nagoya. C’est une partie de la ville dans laquelle je ne me balade pratiquement jamais et j’emprunte volontairement des rues qui me sont inconnues, les gratte-ciels m’apparaissent ainsi sous des angles nouveaux. A quelques centaines de mètres de la gare un large carrefour offre un peu recul et permet de prendre un portrait de famille des principaux protagonistes. Si le le milieu urbain est souvent caractérisé par le béton je me rends compte en traitant les photos que c’est plutôt le verre qui y semble omniprésent. Cité de verre … Le terme me vient à l’esprit comme s’il m’était terriblement familier mais il me faut quelques minutes pour me souvenir pourquoi – comme ces mots en anglais ou en allemand que j’ai sur le bout des lèvres mais que je ne parviens pas à trouver et qui me font penser que je suis ici trop depuis trop longtemps.

Cité de verre. Ce roman écrit par l’écrivain américain Paul Auster, première oeuvre de la Trilogie new-yorkaise, fait partie de la dizaine d’ouvrages soigneusement choisis emportés avec moi lors de mon emménagement définitif en 2006. Je peine à me souvenir avec exactitude quand je l’ai acheté, mais son prix est indiqué au dos en francs français, cela doit donc bien faire vingt ans au moins. Je l’ai lu en français de nombreuses fois, et sa version japonaise publiée dans le magazine Coyote d’octobre 2007, avec une très belle interview du traducteur attitré entre-temps devenu ami d’Auster, Motoyuki Shibata, est un précieux trésor à mes yeux. Je ne m’étais jusqu’à aujourd’hui jamais posé la question de savoir quel lien il pouvait y avoir entre le titre et le contenu du roman, ce qui me fait une excellente excuse pour le relire une nouvelle fois. Tel un album où l’on découvre encore de nouveaux sons dont on ne s’était pas aperçu jusqu’alors, je redécouvre l’oeuvre en en dégustant chaque mot, chaque phrase.

Il y a surtout dés la deuxième page ce beau passage auquel je n’avais jamais prêté particulièrement attention, mais qui résume de belle manière ce que je ressens lors de mes promenades. Celle d’aujourd’hui, d’hier, et probablement celle de demain :’New York était un espace inépuisable, un labyrinthe de pas infinis, et, aussi loin qu’il allât et quelle que fût la connaissance qu’il avait de ses quartiers et de ses rues, elle lui donnait toujours la sensation qu’il était perdu. Perdu non seulement dans la cité mais tout autant en lui-même. Chaque fois qu’il sortait marcher il avait l’impression de se quitter lui-même, et, en s’abandonnant au mouvement des rues, en se réduisant à n’être qu’un oeil qui voit, il pouvait échapper à l’obligation de penser, ce qui, plus que toute autre chose, lui apportait une part de paix, un vide intérieur salutaire.’

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‘Little journey’ @ Sasashima Live, Nakamura-ku, Nagoya

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C’est un à priori qui fait que je ne m’étais jusqu’à maintenant encore jamais baladé à Sasashima. En effet, l’endroit est desservi par la ligne de chemin de fer semi-privée Aonami Line, qui relie la gare de Nagoya à Kinjo-futo où se trouvent le parc d’attraction Legoland, le SCMAGLEV and Railway Park ou encore le centre d’exposition Port Messe Nagoya. Les quelques années qui suivirent mon arrivée au Japon j’empruntais une fois tous les deux ans cette ligne pour me rendre au Centre d’Immigration afin de renouveler ma carte de séjour. Alors que le trajet ne me prend maintenant que 15 minutes en voiture il me fallait à l’époque près d’une heure et demie en train, la ligne s’est vue attribuer (à tort, j’en conviens) plutôt mauvaise réputation. C’est dans le cadre d’un Nième projet de série de photos que je décide de me balader à Sasashima. Je n’ai que deux petites heures, s’il faut attendre 15 minutes pour attraper un train autant y aller à pied, l’endroit n’est après tout qu’à une station de la gare de Nagoya.

Le secteur aujourd’hui connu sous le nom de Sasashima Live est un espace de 22 hectares utilisé dés 1937 en tant que terminal pour les trains de cargaison, entièrement rasé en 2001 puis progressivement réaménagé dans le cadre d’un projet de planification urbaine. On y trouve désormais entre autres le hall de concert Zepp Nagoya (construit en 2005), le campus l’université d’Aichi (Aichi Daigaku, 2012) ou encore le siège de la chaine de télévision Chukyo TV (2015).

Il me faut un gros quart d’heure à pied pour atteindre la gare, à partir de laquelle on a très aisément accès aux divers infrastructures. Le quartier est ‘encerclé’ telle une muraille par les lignes de chemin de fer Kintetsu, JR et Meitetsu et les voies d’autoroutes, aménagé de manière très compacte sans que l’on se sente pour autant à l’étroit. Mon oeil est attiré par un bâtiment, le complexe commercial Global Gate, où la verdure semble omniprésente. Plus que les nombreux restaurants et magasins c’est l’apparition successives d’arbres et plantes au dehors, à l’intérieur et même sur sa terrasse qui guident mes pas. Le Garage Nagoya, magasin spécialisé en plantes de tout horizons, véritable jungle (ses animaux en moins), et son slogan ‘Living with plants’, me donne envie de faire la même chose à la maison.

Je passe devant le ZEPP Nagoya et aperçoit l’écriteau de la dernière photo. Peut-être au fond ne suis-je pas venu ici par hasard aujourd’hui. En effet, c’est le groupe Sakanaction qui y donne concert ce soir dans le cadre de leur tournée ‘NF Offline‘. En raison des mesures sanitaires la capacité de la salle est réduite de moitié et les tickets sont réservés aux membres du fan club, dont je ne fais pas partie, l’inscription étant payante. J’hésite depuis quelques mois à m’y inscrire mais n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il faille être membre pour avoir le droit de participer à la loterie permettant éventuellement d’obtenir le sacro-saint billet, en sachant que j’ai toujours été malchanceux en loteries. Je franchirai peut-être le pas une fois que tout retournera à la normale ou que les concerts online ne seront plus publiés au format physique. J’avais complètement oublié la date du concert, et alors que je suis devant les portes d’entrée encore fermées de la salle, la coïncidence de ma présence ici m’intrigue. Je tourne en rond autour de la salle une dizaine de minutes, mais le miracle n’aura pas lieu. Le chanteur du groupe, Ichirô Yamaguchi, vêtu de noir comme toujours, n’apparaît pas au coin de la rue, il ne m’adresse pas la parole et nous ne prenons pas une photo ensemble. D’ailleurs, que lui dirais-je ?

Je ne me souviens plus trop ce que j’écoutais comme musique au moment de cette balade, peut-être n’écoutais-je rien, cela m’arrive dernièrement quand je découvre un endroit tout à fait nouveau. J’écris ces lignes en écoutant l’album Saskamodie de Mocky. Comme souvent depuis quelques temps, j’ai découvert cet artiste via la sélection Bandcamp Weekly (du 15 juin). Outre ses compositions personnelles Mocky a travaillé avec des artistes de scènes diverses tels Feist, Jamie Lidell, The GZA ou encore Mr. Oizo. J’aime beaucoup ce genre d’artiste jonglant avec les genres, leur musique progresse généralement au fur et à mesure de leurs carrière et c’est un plaisir de grandir avec eux, en quelque sorte. Si je n’ai pas accroche à son premier album ‘In Mesopotamia‘ (2001) avec ses parties hip hop trop chaotiques pour me paraître être sincères, Saskamodie (2009) est un album cohérent et très agréable mélangeant pop, jazz et funk. Ses productions me rappellent celles de Skinshape (que je mentionnais brièvement ici ), les paroles en moins. A la première écoute certains passages pourront sembler ennuyeux. Il pleut fréquemment et les sorties se font rares. Au dehors tout va si vite que s’ennuyer un peu de temps en temps est devenu un luxe. Une fois ce billet publié je vais m’asseoir confortablement dans mon fauteuil favori et un café à la main, (bientôt) entouré de plantes et casque sur les oreilles, je vais déguster littéralement cet album pour la troisième fois d’affilée.

architecture/Nagoya

Nagoya University Toyoda Memorial Hall – Chikusa-ku, Nagoya

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Le Nagoya University Toyoda Memorial Hall, symbole du campus universitaire de la ville de Nagoya, est le premier bâtiment conçu par l’architecte Maki Fumihiko au Japon. J’ai été très surpris de découvrir qu’il a été inauguré en 1960. Son côté massif mais moderne, la façon dont il est parfaitement intégré dans l’environnement autour de lui donne l’impression d’avoir été construit récemment.

Je me suis rendu sur le campus dans l’idée de prendre des photographies en noir et blanc en m’amusant avec l’ombre et la lumière. Le fait d’avoir une idée précise de ce que je veux faire avant de me rendre quelque part est nouveau pour moi, je ressens même une certaine excitation à l’idée de parvenir à concrétiser mes idées.

La troisième photo de cette série est assez proche de ce que j’avais en tête. J’aurai voulu en prendre beaucoup d’autres de la sorte, mais malheureusement une fois arrivé sur place les rayons de soleil ont rapidement été bloqués par le ciel voilé. De toute manière en cette période de crise sanitaire les visiteurs ne sont pas les bienvenus. Des écriteaux que j’ignore me le rappellent sans cesse et les gardes rôdent. Je fais succinctement le tour du propriétaire et me promet de revenir une autre fois, un jour de ciel bleu sans nuages … et sans maladie.