Le billet précédent est la suite de ‘No music, no life‘ publié en 2010. J’en avais commencé l’écriture en 2013 puis l’ai laissé en brouillon depuis. Bien que la musique soit son sujet principal, c’est sans doute son contexte qui explique pourquoi j’ai mis aussi longtemps à en venir à bout. Entre incertitudes par rapport au bien-fondé de mes études et difficultés sentimentales, il s’agit d’une époque dont je n’aime pas trop me rappeler.
La discussion avec fgautron, à propos d’Autechre dans les commentaires du même billet m’a rappelé a quel point Confield m’avait marqué à l’époque, et je me suis souvenu du billet inachevé. Alors que le lendemain je me balade autour du complexe sportif Nippon Gaishi Hall, mon oeil est attiré par un étrange cercle rouge. J’y vois bien évidemment le cercle de la pochette de SIGN. Autechre en 2001, encore Autechre en 2021. La boucle étant bouclée, j’y ai vu un signe qu’il était temps de tourner la page pour de bon.
Depuis l’année 2000, je ne pense pas qu’il y ait une année qui ait autant marqué les esprits à l’échelle mondiale que cette année 2020. En vérité, passer l’année 2021 au Japon me fait un peu peur. Alors que le bout du tunnel semble encore bien loin, les inévitables mais nécessaires commémorations autour des événements cataclysmiques de l’année 2011 vont nous enfoncer un peu plus encore dans la morosité générale.
Il y a eu des points positifs pourtant : Je n’ai jamais été autant à la maison que cette année, cela m’a permis de passer beaucoup de temps en famille. J’ai au fil des mois et des saisons redécouvert cette belle préfecture qu’est Aichi et appris que les voyages les plus longs ne sont pas les plus beaux, qu’un simple parc à 10 minutes en voiture fait l’affaire tant que les enfants peuvent s’y époumoner à souhait.
J’ai également passé beaucoup de temps seul, à réfléchir, méditer ou rêvasser, notamment en marchant de longues heures en basse montagne. J’ai réappris à prendre mon temps, à écouter le silence, au lieu d’être constamment avec des écouteurs sur les oreilles ou la radio en bruit de fond. Ce qui ne m’aura pas empêché de faire de nombreuses découvertes musicales.
J’ai pu consacrer beaucoup de temps à ce blog. Celui-ci m’aura obligé à sortir, m’a permis de garder un oeil (sans prétention aucune) artistique et créatif et de m’appliquer à prendre mes photos, à chercher un thème, bref créer quelque chose au lieu d’attendre, passif, que l’année passe. J’ai publié 55 articles en un an, c’est un record depuis la création de ce blog. Par conséquent (?) le nombre de vues a lui aussi pratiquement doublé par rapport à l’année dernière. Merci à vous !
Les photos ci-dessus ont été prises un beau matin d’hiver aux alentours de la gare de Nagoya (Meieki). Quand le soleil est encore bas, les parois vitrées du bâtiment en spirale Mode Gakuen Spiral Towers reflètent la lumière du soleil autour de lui dans toutes les directions, des formes diverses viennent s’incruster l’espace d’une heure sur les façades des immeubles alentours. J’ignore si cela fait partie du concept, mais j’interprète la chose ainsi : C’est son extravagante architecture qui lui permet d’illuminer littéralement tout le quartier. J’essaierai de faire de même, à mon échelle, en 2021.
Les difficultés que j’éprouve à écrire quoique ce soit qui puisse avoir un intérêt quelconque a quelque chose d’effrayant. J’avoue ressentir de la gêne à dire pareille chose mais il faut dire ce qui est : Le plus difficile depuis mon retour est sans doute le retour à la banalité, à la vie ‘à la luxembourgeoise’, à cette vie honteusement facile. Au Japon j’ai connu quelques moments pénibles, il m’est arrivé de prendre peur, de paniquer pour de bon à ne pas savoir comment j’allais faire, financièrement parlant. Que je m’en sois finalement sorti n’est pas tant la question, c’est surtout le fait de ne rien devoir à personne qui donne son importance à cette aventure. C’est probablement cela ce que l’on appelle l’indépendance …
Etude du japonais, inscriptions en fac, recherche d’appartement, participation active aux forums traitant de cinéma et de musique japonaise, encodage de dvd et cd pour ces forums, un projet de traduction en français de feuilletons japonais, projet de création d’un site français sur le groupe Clammbon, le weblog, l’écriture de chroniques, projet de communauté de blogs francophones relatifs au japon, mise en ligne de photos, préparation du voyage à Osaka, Kobe, Nara … Ça projette, ça projette, les jours défilent et rien n’avance …
L’autre jour, j’ai eu droit à des regards consternés lorsque j’ai osé dire que je n’avais pas encore vu Matrix Revolutions. Sur le coup je n’ai pas pris note, mais en y repensant la chose a fini par me tarauder : Ne doit-on pas s’inquiéter lorsque des milliers de personnes s’empressent dans une salle de ciné non pas parce qu’elles souhaitent forcément voir ce film, mais parce que l’on estime qu’il faut absolument l’avoir vu ?
Dans le même ordre d’idée, qui n’a pas entendu autour de lui quelqu’un dire à propos de celui-ci : ‘Je sais qu’il est pas terrible, mais j’ai vu les deux premiers, ce serait idiot de ne pas voir le troisième’ ? Pourquoi donc serait-ce idiot ? Et est-ce faire preuve de moins de bêtise que d’acheter chacun des dvd de la trilogie séparément à 30euros l’unité et se rendre compte qu’un mois après avoir acheté le troisième, un coffret comportant les trois dvd sort au prix de 60 euros ? N’est-ce pas se faire bouffer par le marketing que de l’acheter tout de même, sous prétexte que le packaging est bien foutu et qu’il contient des soi-disant bonus exclusifs qui sont en fait sans intérêt ?
Je souhaite que l’on me laisse la liberté de voir un film parce que j’en ai envie et non pas que mon comportement soit dicté par des phénomènes de masses et dix personnes autour d’un bureau qui discutent marketing …
‘J’ai eu des nouvelles de Kyoto, par la française qui habitait juste en face de chez moi [ … ] Apparemment les français qui sont là-bas depuis début octobre viennent tous la voir car ils sont perdus, et n’ont apparemment pas été préparés. Certains sont même partis sans réfléchir, sans se rendre compte qu’ils allaient être à plus de 10.000 km de la France loin de « papa-maman ». Plusieurs veulent déjà rentrer chez eux. […] Bon sang, le Japon, ce n’est pas l’Angleterre ou l’Italie! La culture y est très différente, la langue aussi, et on ne peut pas revenir en France chaque mois pour retrouver les gens qui nous manquent! Il faut assumer ses actes!’
Post extrait du blog d’Ataraxia, juste au moment où je tentais justement de raisonner un Nième imbécile d’à peine 16 ans qui me dit vouloir à tout prix faire sa vie au Japon alors qu’il n’y a jamais mis les pieds auparavant. Lorsque je leur conseille d’au moins passer leur bac ou d’y faire un séjour ne serait-ce qu’en touriste avant d’entreprendre quoique ce soit, certains m’écoutent attentivement : Après tout je suis là-bas et eux non et j’ai quelques années de plus et un diplôme en cas de secours. D’autres préfèrent s’imaginer que je souhaite casser leur rêve, jaloux que je suis de ne pas avoir pu venir alors que j’avais leur âge.
Au fait, à quoi j’aspirais quand j’avais 16 ans ? Il me semble qu’à cette époque ça parlait d’obtenir une rendez-vous avec une fille … ouais … Je râle, mais finalement mes projets d’autrefois étaient à peine moins insensés que les leurs maintenant !
Si vous êtes gérant d’un salon de coiffure et que vous souhaitez ne pas trop être dérangé par les clients, la solution est d’y passer du Marilyn Manson à fond. De même, si comme moi vous ne tenez pas nécessairement à raconter votre vie au personnel, et encore moins les écouter déblatérer la leur, le concept est également très efficace. Par contre, au vu du résultat obtenu, j’aurai aussi bien fait de me couper les cheveux tout seul.
Possèdant de maigres connaissances en matière de littérature, la première chose sur laquelle je vais me baser pour faire un choix parmi l’énorme quantité de livres exposés dans les librairies, ne sera pas le nom de l’auteur, de savoir qu’il a gagné le Goncourt ou quelque autre prix littéraire, mais la couverture, ou plus exactement le format des livres. C’est bête, mais en procédant de la sorte, pratiquement les trois quarts de la littérature allemande me sont rendus inaccessibles ! Du coup, les malheureux écrivains publiés par les maisons d’édition Rohwolt, Kiwi ou Rororo passent ainsi directement à la trappe ! Ha, loin de moi l’idée de mettre en doute leur talent. Seulement, traîner avec moi un soi-disant livre de poche de 10 kilos pour 250 pages dont la couverture est certes jolie, mais cartonnée, rigide, et donc intransportable, le tout pour un prix guère intéressant n’a pour moi aucun intérêt.
J’essayais d’imaginer le nombre de choses, musicalement parlant, auxquelles j’aurai enfin accès une fois sur place. Je tentais d’imaginer ma tête lorsque je verrai dans les bacs cette multitude de cd pour lesquels j’ai entendu et re-entendu les pubs sur Avextrax, d’attendre avec impatience la sortie des cours pour me procurer le nouveau single d’Hajime Chitose ou d’Ego Wrappin, le nouvel album de Do As Infinity, ou finalement pouvoir écouter Asa Festoon, dont l’album n’est distribué qu’au Japon.
De plus en plus fatigué, de plus en plus impatient.
Si je devais résumer mon état actuel, voilà les deux mots qui conviendraient le mieux. Fatigué physiquement et moralement peut-être aussi, mais je crois que j’aime bel et bien me poser des questions là où il n’y a pas lieu de s’en poser : / Quant à l’impatience, je crois que je n’ai jamais été aussi content d’avoir autant de travail !!!
Hum veuillez excuser la platitude des posts de ces derniers jours ! Je suis dans une petite période sans. Il semblerait que ma tête soit déjà ailleurs, quelque part loin d’ici.