balades au Japon/Aichi

Le château d’Inuyama, trésor national (Aichi pref.)

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Je reprends mes esprits et me dirige vers le château d’Inuyama. Construit sous sa forme actuelle en 1537 par Oda Nobuyasu, l’oncle du seigneur de la guerre Oda Nobunaga, en son temps celui-ci surveillait la frontière entre les provinces d’Owari (aujourd’hui Aichi) et de Mino (Gifu) et fut au cœur des luttes acharnées des guerres civiles. (Plus de détails en français sur le site officiel du château.)

Les alentours du château me semblent avoir beaucoup changé depuis la dernière fois que j’y suis venu, sans que je ne puisse vraiment dire avec certitude de quelle manière. Je ne me souviens pas y avoir vu le tunnel de torii de la troisième photo, ou peut-être sommes nous tout simplement passés à côté en septembre 2009, lorsque des amis étaient alors de passage au Japon et que nous avions passé l’après-midi autour du château pour finir en beauté le soir en participant à une séance de pêche au cormoran sur le fleuve à la lueur des torches. Je n’ai toujours pas été vérifier si cette pratique se fait autre part dans le monde ni même au Japon, s’ils en ont l’occasion je conseille vivement à mes lecteurs d’intégrer cette expérience inoubliable dans leur visite à Inuyama.

En tout cas la vue à partir du dernier étage du château est toujours aussi impressionnante. S’il y avait moins de monde je m’assiérais volontiers en tailleur au milieu de la pièce pour me mettre dans la peau de quelque shōgun du clan Naruse, maître des lieux au XVIIème siècle. Comme pour prendre mes désirs pour des réalités j’ai immédiatement en tête l’image d’un lieu silencieux, mais quelque bataille fait rage au loin, la rue marchande est toute proche et le brouhaha de la jōkamachi, la ‘ville sous le château’ est sans doute plus intense que je ne le pense …

On peut faire le tour de la pièce via une petite passerelle en bois légèrement inclinée et lissée par les pas des visiteurs au point d’en être glissante. Si les arbres autour du château sont moins colorés que je ne le pensais, deux d’entre-eux, aux feuilles d’un rouge et d’un jaune vif tentent de se faire remarquer. Alors que je plisse les yeux et remarque les tours de la gare de Nagoya tout au loin un avion passe dans le champs. D’ici, quelque soit la direction où l’on regarde il y a toujours quelque chose à contempler. Je pourrais y passer des heures …

balades au Japon/Aichi

‘Sail to me, sail to me …’ – Inuyama, Aichi pref.

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Ces derniers mois je suis plusieurs fois allé aux alentours de la petite ville touristique d’Inuyama, située au nord de Nagoya, afin de me balader dans le basses montagnes que sont le Mont Tsugao (継鹿尾山) et le Mont Hatobuki (鳩吹山). Aujourd’hui j’ai décidé de prendre mon temps et de visiter son beau château auquel je n’ai pas mis les pieds depuis trop longtemps.

Une fois descendu à la gare je me dirige vers le Pont d’Inuyama, qui traverse le fleuve Kiso (木曽川) délimitant les préfectures de Gifu et d’Aichi, afin de prendre une vue d’ensemble de château d’Inuyama dominant la vallée et ses arbres colorés qui l’entourent. J’aperçois au loin deux bateaux remontant doucement le fleuve. Il s’agit manifestement des pirogues utilisées pour la chasse aux cormorans u-kai (鵜飼), je suis surpris puisque la saison est déjà terminée depuis longtemps. Je les suis du regard en me demandant où ils se dirigent, à hauteur du château ils se tournent soudainement vers la rive.

Il semblerait que j’assiste à une sorte d’entrainement : La manoeuvre consiste à faire l’aller-retour entre deux petits îlots constitués de sacs de sable entassés, arrêter la pirogue à proximité pour descendre du bateau puis remonter à l’intérieur. Je m’approche et prends des photos, le tout se fait dans le silence le plus total. Je salue les occupants lorsqu’ils sont assez proches pour m’entendre, l’un des hommes assis au centre de la pirogue, sans doute le superviseur des opérations me fait vaguement signe. Dans le viseur de ma caméra le regard concentré et déterminé de la seule femme du groupe, maniant sa rame avec habileté, est des plus fascinants. Je me demande s’il ne s’agit pas de Kotomi Inayama, la première femme u-shi (maître-cormorant), que j’avais eu le plaisir de rencontrer brièvement il y plusieurs années dans le cadre du travail, mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude parce que l’image d’une personne toujours souriante qu’elle donne dans les médias contraste vraiment beaucoup avec celle d’aujourd’hui. Un coup de téléphone à l’organisation qui gère tout ce qui concerne l’u-kai m’aurait sans doute permis d’en avoir le coeur net, mais à quoi bon ? Pourquoi étais-je venu déjà … ?

balades au Japon/Gifu

‘Le hasard est bien plus qu’une simple probabilité’ – Ena, Gifu pref.

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Pour cette première balade hors d’Aichi depuis des mois, nous pensions au départ nous rendre à Nakatsugawa dans la préfecture de Gifu afin d’y acheter quelques kuri-kinton, ces fameux gâteaux à base de châtaignes que l’on ne peut acheter qu’en automne. Peut-être parce que cela fait deux ans que je n’ai pas emprunté l’autoroute Chūō je m’emmêle les pinceaux dans les voies d’autoroutes et rate la sortie. La prochaine se trouve une vingtaine de kilomètres plus loin, l’après-midi est déjà bien entamée et nous n’aurons pas le temps le refaire le chemin dans l’autre sens. Suite à ma gaffe, comme souvent, plus personne ne dit mot. Soupir(s). ‘Piano Joint‘, l’un des plus beaux morceaux de Michael Kiwanuka passe à ce moment-là.

Finalement je quitte l’autoroute à la prochaine sortie, Ena, et comme souvent le hasard fera très bien les choses. J’avais déjà entendu parler de ce lieu touristique auparavant mais nous n’avions jamais eu l’occasion de nous y arrêter. Si la région est principalement connue pour son Mont Ena (恵那山) qui fait partie des ‘100 montagnes célèbres du Japon‘, nous découvrirons avec un ravissement certain les gorges d’Ena et son lac artificiel résultant de la construction d’un barrage.

Nous avons pratiquement l’endroit pour nous. Vu l’heure avancée la plupart des touristes ont déjà quitté les lieux, les magasins se préparent à fermer et le dernier bateau de plaisance vient de quitter le petit port. Tandis que nous le contemplons partir au loin le soleil commence à se coucher et éclaire de merveilleuse façon les bois de l’autre côté de la rive. Il est toujours difficile de rendre en photo de manière satisfaisante ces beaux rayons lumineux qui traversent le ciel en biais. Je me dis toujours qu’il serait préférable de profiter de cet instant magique au lieu de vouloir le mettre en boîte, mais rien n’y fait. Nous faisons à pied une agréable promenade autour de la petite île en traversant son ‘Sazanami Parc‘. Il semble impossible de ne pas remarquer l’imposante statue de la divinité Benzaiten (弁財天), l’une des sept divinités du Bonheur, qui trône au bout de l’île. Son ciment vert est à mon goût trop tape-à-l’oeil pour faire ressentir quoique ce soit, mais elle a le mérite d’attirer tout les passants vers elle.

L’endroit semble être également réputé pour ses fleurs de cerisiers au printemps. Il faudra y revenir pour faire un tour en bateau, ou pourquoi pas faire quelques manèges au parc d’attractions Enakyo Wonderland, la vue sur les gorges doit être superbe à partir de sa grand-roue.

musiques/promenades/daydreamin'/Nagoya

‘I’m 36 degrees’ – Kanayama, Nagoya.

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Je me balade autour de la gare de Kanayama en cette belle journée de mi-novembre. S’il est désormais impératif de sortir son manteau le matin, à midi il fait assez chaud pour encore pouvoir être en T-shirt, à condition d’éviter de marcher à l’ombre des bâtiments alentours. J’ai dans les oreilles le dernier album de Nightmares on Wax, Shout Out ! To Freedom‘. Aucun morceau en particulier ne s’en dégage à part le 4ème titre ‘Wikid Satellites‘ que je me souviens avoir entendu dans Bandcamp Weekly. Suffisamment stimulant pour ne pas être ennuyeux sans pour autant être intrusif et me sortir de mes pensées. Je ressens une sorte de bien-être à me laisser bercer par ces boucles sur lesquelles se posent basses grasses, cuivres et autres prestations vocales, quelque part entre les derniers albums de Flying Lotus aux connotations jazz plus prononcées et les titres up-tempo chantés de Teebs. Avec l’arrivée du catalogue du label Warp sur Bandcamp j’ai eu le plaisir d’écouter les premiers albums de NoW et je m’étais dit que l’on pourrait les mélanger à des morceaux plus récents sans ressentir la moindre sensation désagréable.

Je marche au hasard, m’engouffrant dans une rue quand quelque chose y attire mon oeil. En vitrine du Tokai Polytechnic College Kanayama je contemple l’oeuvre de string art de la première photo. Sur une grille de clous fixés sur une planche est enroulé un (?) morceau de ficelle agencé de manière à former ce qui me semble être le Pont de Brooklyn à New York, ce qui est amusant puisque je n’y ai jamais mis les pieds. Peut-être est-ce à force de l’apercevoir dans les vlogs de Casey Neistat quand il se rend à l’aéroport en taxi, ou bien encore sur les posters encadrés dans les magasins de déco que j’en ai fini par en retenir les formes.

L’automne s’installe, les feuilles prennent des couleurs, je vais bientôt pouvoir publier sur le blog des billets à propos du koyo, si le temps me permet de me balader. Je traverse en levant la tête un petit parc. Au milieu des feuilles jaunies, pris en contre-plongée les immeubles alentours me semblent comme pris par les flemmes. Autour de la gare les rues sont vallonnées, je ne peux m’empêcher de prendre une photo à-la-ka.nai de cette porte de derrière et son trottoir en biais. Je suis amusé de constater que la plupart des plantes, et surtout l’espèce de petit palmier dans son pot blanc pousse perpendiculairement au trottoir et non tout droit vers le ciel. Comme si mon oeil n’allait par la suite plus que se focaliser sur tout ce qui pousse ou est construit en inclinaison, je remarque cet arbre qui part de travers et cette entrée d’autoroute qui barre la vue des passants au feu rouge.

Je regarde une nouvelle fois mes photos et constate qu’elles auraient pu être prises à peu près dans n’importe quelle ville du monde, comme si j’étais incapable de cerner les particularités de ce beau pays. Il semble être vivement temps de quitter la ville et me changer les idées.

écriture/vie du blog

‘Pourquoi j’écris, autant me demander pourquoi je respire …’ (6)

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Si me documenter à propos du Handa Red Brick House en feuilletant quelques beaux livres recensant les principaux bâtiments de briques rouges au Japon a été très enrichissant, j’ai dans un premier temps moi-même été étonné par la difficulté éprouvée à rédiger le texte du billet précédent alors que le choix des photos s’était pourtant fait naturellement. Bien que de manière générale je sois depuis quelques mois dans une période sans – et ce dans bien des domaines, je n’ai pas l’impression de pouvoir tout simplement rejeter la faute sur un simple manque d’inspiration.

En vérité c’est au mois de juin que je me suis rendu à Handa. Le temps passant j’ai fini par oublier ce que j’avais ressenti lors de ma visite et c’est sans doute là le début de la fin, une prise de conscience, un mal nécessaire pour mieux poursuivre ce blog dont je suis le principal lecteur. Si dans quelques années je veux retrouver des informations à propos d’endroits visités de par le passé, il me suffira d’en consulter les sites officiels sur le web. Je me suis rendu dompte que j’aime lier un endroit à un son, une chanson, un bâtiment, une plante ou un animal. A une personne, une conversation, un événement ou même un phénomène climatique. L’endroit en lui-même passe presque au second plan, il ne sert que de décor à tout ce qui se passe dans ma tête alors que j’y suis. Me relire, ce n’est pas retourner sur le lieu, mais dans le même état d’esprit.

Je souris bêtement en relisant ces quelques lignes. J’écrivais la même chose, tournée un peu différemment, il y a un peu plus d’un an dans ce billet. Je parlais également il y a 6 mois de faire du blog un blog de tourisme à propos de la préfecture d’Aichi et de ses environs, mais comme l’a démontré le billet précédent, tout bien considéré il est clair que j’en serai incapable, ou du moins que cela n’aurait pour moi aucun intérêt. Je radote, me contredit et tourne en rond, mais cela n’a aucune importance.

architecture

Handa Red Brick Building – Handa, Aichi pref.

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Le Handa Red Brick Building (Handa Aka Renga) est situé dans la ville de Handa, à 40 kilomètres au sud de Nagoya. Au premier coup d’oeil on pourrait croire que le bâtiment est abandonné : Une partie des portes et des fenêtres sont condamnées par des briques et la façade est par endroit criblée d’impacts. Cependant, le bâtiment est fréquemment mentionné dans les ouvrages et sites internet traitant d’architecture contemporaine dans la préfecture d’Aichi, d’où ma venue en cette matinée grisâtre qui lui donne un petit air lugubre de manoir hanté.

Sous l’ère Meiji (1868-1912) l’architecture au Japon est influencée par les nombreux occidentaux qui entrent dans l’archipel et de nombreux bâtiments sont fabriqués en briques rouges à cette époque. Parmi ceux-ci, le Red Brick Building, dont les premiers plans d’architecture sont établis en Allemagne par la Germania Maschinenfabrik, puis c’est l’architecte Yorinaka Tsumaki (surtout connu aujourd’hui pour avoir conçu le Pont Nihonbashi à Tokyo en 1911), qui en fait une brasserie en 1898.

Avec l’aide de brasseurs allemands on y fabrique la bière Kabuto, qui remportera une médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris deux ans plus tard, en 1900. Elle fera partie des quatre grandes marques de bières au Japon : Dai Nippon, Kirin, Teikoku et la bière Kabuto – le Kabuto, effigie de la marque, faisant référence au casque porté par les samouraïs. La brasserie tournera à plein régime jusqu’à sa fermeture en 1921, puis sera ensuite utilisée comme fabrique de fécule de maïs, puis comme hangar. En 1944 le constructeur d’avions Nakajima Aircraft s’implante à Handa et le Red Brick Building est utilisé comme entrepôt, ce qui en fait une cible potentielle pour les forces alliées. La façade du bâtiment est criblée de balles par les P-51 Mustang américains lors d’un raid aérien en 1945.

Les locaux sont restaurés en 2005, on y trouve désormais un beau musée retraçant l’histoire de la brasserie avec de nombreux objets exposés, des vidéos et des photographies d’époque. Le hall à pan de bois abrite un restaurant et un magasin de souvenirs où l’on peut déguster la bière Kabuto, aujourd’hui encore fabriquée par une brasserie locale.

architecture/promenades/daydreamin'

Cité de verre – Nagoya, Meieki

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Les photos ci-dessus ont été prises il y a de cela quelques semaines autour de la gare de Nagoya. J’avais ce jour-là pour destination la gallerie marchande Endoji située à l’ouest du château de Nagoya. C’est une partie de la ville dans laquelle je ne me balade pratiquement jamais et j’emprunte volontairement des rues qui me sont inconnues, les gratte-ciels m’apparaissent ainsi sous des angles nouveaux. A quelques centaines de mètres de la gare un large carrefour offre un peu recul et permet de prendre un portrait de famille des principaux protagonistes. Si le le milieu urbain est souvent caractérisé par le béton je me rends compte en traitant les photos que c’est plutôt le verre qui y semble omniprésent. Cité de verre … Le terme me vient à l’esprit comme s’il m’était terriblement familier mais il me faut quelques minutes pour me souvenir pourquoi – comme ces mots en anglais ou en allemand que j’ai sur le bout des lèvres mais que je ne parviens pas à trouver et qui me font penser que je suis ici trop depuis trop longtemps.

Cité de verre. Ce roman écrit par l’écrivain américain Paul Auster, première oeuvre de la Trilogie new-yorkaise, fait partie de la dizaine d’ouvrages soigneusement choisis emportés avec moi lors de mon emménagement définitif en 2006. Je peine à me souvenir avec exactitude quand je l’ai acheté, mais son prix est indiqué au dos en francs français, cela doit donc bien faire vingt ans au moins. Je l’ai lu en français de nombreuses fois, et sa version japonaise publiée dans le magazine Coyote d’octobre 2007, avec une très belle interview du traducteur attitré entre-temps devenu ami d’Auster, Motoyuki Shibata, est un précieux trésor à mes yeux. Je ne m’étais jusqu’à aujourd’hui jamais posé la question de savoir quel lien il pouvait y avoir entre le titre et le contenu du roman, ce qui me fait une excellente excuse pour le relire une nouvelle fois. Tel un album où l’on découvre encore de nouveaux sons dont on ne s’était pas aperçu jusqu’alors, je redécouvre l’oeuvre en en dégustant chaque mot, chaque phrase.

Il y a surtout dés la deuxième page ce beau passage auquel je n’avais jamais prêté particulièrement attention, mais qui résume de belle manière ce que je ressens lors de mes promenades. Celle d’aujourd’hui, d’hier, et probablement celle de demain :’New York était un espace inépuisable, un labyrinthe de pas infinis, et, aussi loin qu’il allât et quelle que fût la connaissance qu’il avait de ses quartiers et de ses rues, elle lui donnait toujours la sensation qu’il était perdu. Perdu non seulement dans la cité mais tout autant en lui-même. Chaque fois qu’il sortait marcher il avait l’impression de se quitter lui-même, et, en s’abandonnant au mouvement des rues, en se réduisant à n’être qu’un oeil qui voit, il pouvait échapper à l’obligation de penser, ce qui, plus que toute autre chose, lui apportait une part de paix, un vide intérieur salutaire.’

musiques/sport/vie quotidienne

‘Je n’fais rien, je m’repose …’

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Comme pour nous punir de trop nous être plaints de l’étouffant chaleur du début du mois d’août, nous voilà récompensés par une dizaine de jours de pluie d’affilée au milieu du mois, là où il fait normalement le plus chaud et que se baigner dans l’eau glaciale de quelque rivière en montagne est le plus agréable. Nos vacances tombent à l’eau, si l’on peut dire. Déjà peu enclin à lutter, j’ai volontairement mis mon cerveau en veille, me suis adonné un mois durant à un doux fareniente aux limites du laisser-aller. C’est ensuite ma deuxième dose du vaccin Moderna qui m’a mis sur les rotules pendant deux jours. Un peu de fièvre, mal au coeur, courbatures diverses et un sérieux mal de crâne, le tout accompagné d’une extrême fatigue.

J’ai réussi à me rétablir à temps pour la retransmission en direct sur Youtube du Fuji Rock Festival qui a eu lieu du 20 au 22 août. Si l’année dernière les organisateurs s’étaient ‘contentés’ d’y diffuser les meilleurs passages sur scène d’une cinquantaine d’artistes depuis la création du festival en 1997, cette année Youtube annonçait un direct en bonne et due forme attribuant une chaîne à chacune des trois scènes principales. Alors que de par le passé le festival a accueilli des artistes de renommée internationale tels que The Cure, Bjork, Kenrick Lamar, Aphex Twin, Sigur Rós, Muse ou bien encore les Chemical Brothers (dont l’enregistrement en 2011 donnera le somptueux double album & DVD live Don’t Think ), pour les raisons que l’on connait cette année le line-up était uniquement constitué d’artistes japonais.

En raison du travail je suis un peu passé à côté des performances qui me paraissaient intéressantes. Je suis surtout déçu d’avoir raté celle du groupe AJICO, que je me faisais une joie de revoir sur scène après un blanc de 20 ans. Si après-coup je n’ai pas réussi à dénicher de vidéo convenable de ce concert j’ai tout de même eu la satisfaction de tomber sur ce live de plus de vingt minutes The LIVE-HOUSE by Johnnie Walker diffusé sur la chaîne musicale SpaceShower en juillet dernier.

Ce fut cependant un plaisir de retrouver le groupe de hip hop Tha Blue Herb sur scène le dimanche. Cela fait des années que je me regarde régulièrement leur interprétation du titre ill beatnik‘ sur cette même scène en 2000 et elle me donne à chaque fois la chair de poule. Le rappeur Ill Bostino y est comme habité, possédé, en transe. Un court accord de piano samplé en boucle monte en crescendo alors qu’il interprète son long monologue en interpellant le public, : 先は長い、深い、コトバにならないくらい … La performance du groupe cette année aura été un peu moins envoûtante, mais malgré les vingt années passées la passion est la même.

Pour bien conclure ce mois d’août, le dernier week-end a eu lieu l’Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), l’événement autoproclamé comme étant ‘le sommet mondial du trail’. J’étais miraculeusement en congé du vendredi au dimanche et j’ai eu tout le loisir de suivre la course principale (171km autour du Mont Blanc en parcourant 3 pays sur plus de 10.000 mètres de dénivelé positif) en direct pendant tout le long grâce au live en continu sur Youtube. Les adeptes du trail étant nombreux au Japon (le Japon a son Ultra Trail du Mont Fuji UTMJ en avril) cette année il y avait même une chaîne commentée en japonais, mais là encore on pouvait noter un flagrant manque d’enthousiasme par rapport aux français, aux américains ou aux bruyants espagnols. Pour référence ultérieure, l’édition de cette année a été remportée par le français Francois d’Haene (pour la 4ème fois) et par l’américaine Courtney Dauwalter chez les femmes (deux éditions de suite).

Si les coureurs le plus rapides finissent le parcours en un peu plus de 20 heures de course, la barrière horaire est de 46h30. Les coureurs les plus lents passent deux nuits blanches en pleine montagne, le simple fait de finir cette course est un exploit. Je suis à chaque fois particulièrement ému par les commentaires et les encouragements des speakers sur la ligne d’arrivée qui accueillent un par un les coureurs en les appelant par leur nom, les félicitant chaleureusement pour leur performance et ce quelque soit leur temps d’arrivée et même en plein milieu de la nuit. Surmonter la douleur et les coups durs, se demander pourquoi l’on s’inflige tout cela, cette bataille mentale avec soi-même … Le soulagement d’en avoir fini, les larmes de joie des coureurs me rappellent mes ‘exploits’ lors de mes marathons. A chaque fois que la semaine de l’UTMB prend fin je suis motivé comme jamais. Dés le lendemain, bien qu’épuisé par un flagrant manque de sommeil dû à l’excitation, je suis sorti courir…

sport/vie quotidienne

Tokyo 2020, c’est fini.

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L’année dernière les enfants n’avaient eu droit qu’à deux courtes semaines de vacances suite à la fermeture de l’école en avril et en mai mais cette année les vacances s’étalent sur cinq interminables semaines. Malgré la situation sanitaire globalement préoccupante je pensais tout de même au moins une fois les amener à la mer à Onoura, au sud de la péninsule de Chita, mais des suspicions d’infections auprès des collègues ont rendu impossible la moindre sortie.

Nous ne regardons généralement que très peu la télé, mais bloqués à la maison nous profitons des Jeux Olympiques, sans décalage horaire. La première partie de la cérémonie d’ouverture était d’un ennui total. Trop sobre et sans ligne directrice, je n’ai pas ressenti grand chose. Il était amusant pendant l’entrée des athlètes dans le stade de voir ceux des pays d’Amérique du Sud très enthousiastes par rapport aux autres. La joie des athlètes japonais faisait plaisir à voir, après tant de tumultes ils devaient être rassurés que les JO aient finalement lieu dans leur pays.

La seconde partie aura été plus animée. Cela m’a fait plaisir de voir Naomi Osaka désignée pour allumer la flamme olympique. Plus que le fait d’être métisse, c’est son engagement personnel aux causes qu’elle croit justes, ses fortes convictions que j’aurai aimé voir être mis plus en avant dans les commentaires. C’était un moment certes mémorable, mais en terme d’intensité il ne détrône toujours pas l’allumage de la vasque olympique par l’archer Antonio Rebollo aux JO de Barcelone en 1992. Dans l’ensemble je m’attendais à une cérémonie un peu plus dynamique et innovante, le vol synchronisé des drones restera pour moi le seul moment vraiment époustouflant de cette cérémonie,

J’ai été comme beaucoup de monde très impressionné par le skateboard, surtout l’épreuve féminine et ses adolescentes qui font des sauts spectaculaires me forçant à détourner les yeux de l’écran, traumatisé par des vidéos de chutes sur Youtube. Pendant la deuxième semaine j’ai principalement suivi les épreuves d’athlétisme, voir le pourtant somptueux stade olympique quasiment désert m’a vraiment fait mal au coeur. Je repense toujours dans ces moments-là à mes dimanche après-midis passés devant Stade 2 en compagnie de Patrick Montel hurlant comme un dégénéré. Les commentateurs japonais sont d’un ennui total, je me suis souvent demandé si c’était volontaire, afin de rester neutre et ne blesser personne.

Avec cette canicule, les épreuves de natation, de nage en eau libre ou encore la voile étaient particulièrement rafraîchissantes. Je ne comprends toujours rien aux règles de la lutte greco-romaine ou du karaté, mais l’aura qui se dégage de la karatéka Kiyo Shimizu m’a donné la chair de poule. Les 12 athlètes luxembourgeois qualifiés pour cette édition sont évidemment rentrés bredouilles, il m’était difficile de prendre mon camp quand une épreuve faisait s’affronter des athlètes japonais et français, comme au foot par exemple. J’ai été déçu que les basketteurs français n’aient pas réussi à s’imposer face à la Team USA en finale alors que la France ait décroché la médaille d’or en handball et en volley. Dans l’ensemble, compte tenu de la situation je pense que ces Jeux ont été une réussite. J’espère être en mesure d’aller à Paris en 2024.

vie du blog/Nagoya

‘Une nouvelle ère, révolutionnaire (?)’ – Meieki, Nagoya

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Les visiteurs réguliers auront sans doute remarqué que j’ai modifié l’interface de mon blog. A l’instar du dicton qui dit ‘Pour changer d’humeur, va chez le coiffeur’, changer de coupe m’a semblé être un moyen de donner un nouvel élan au blog.

Hormis l’aspect graphique, la principale nouveauté est l’apparition du menu en haut de page. C’est encore un peu le fouillis dans les catégories et les étiquettes, je comptais attendre d’y avoir mis de l’ordre avant d’utiliser le nouveau thème mais ai finalement décidé d’effectuer la mise à jour pour voir à quoi cela ressemblait. Il y aura encore probablement de nombreux changements à l’avenir.

Je voulais un design simple au possible, juste de quoi publier les photos et le texte de manière cohérente. Je pense avoir bien cherché mais n’ai trouvé aucun thème gratuit qui permette aux photos de prendre plus de place que le thème que j’utilise actuellement. Malheureusement, même en enlevant la colonne sur la droite la moitié de la largeur de la page reste désespérément vide et je n’ai pas l’intention de la remplir de widgets divers. Il faut apparemment traficoter dans les codes css du thème pour régler les paramètres, mais seul un abonnement payant permet d’y avoir accès ! Soit, sur ma lancée je m’offre ce foutu ‘Plan Personnel’ qui me nargue chaque jour depuis plus de 15 ans pour finalement me rendre compte trois minutes plus tard que la modification du css n’est possible qu’à partir du ‘Plan Premium‘. Plus de dix-mille yens par an juste pour pouvoir afficher mes billets de manière satisfaisante (et encore, je n’en suis pas certain) ! J’ai immédiatement résilié mon plan, il y a vraiment d’autres priorités …

Les photos très colorées ci-dessus ont été prises autour de la gare de Nagoya le mois dernier. J’ai toujours beaucoup de mal à photographier des inconnus, j’ai dû me faire violence pour ne serait-ce que furtivement prendre en photo ces jeunes filles en fleurs. Si cette expression qui fait référence à l’oeuvre de Proust me vient en tête, c’est que ces derniers temps à défaut de pouvoir lire les classiques de la littérature française j’en écoute les adaptations en podcast sur France Culture pendant la pause-déjeuner afin d’éviter d’avoir à subir les débilités à la télévision. L’envie de lire m’assaillit toujours en été, sans doute le souvenir du bonheur ressenti lors de mes lectures au petit Square Louvois, près de l’Opéra à Paris, assis pieds nus dans l’herbe à l’ombre des arbres.