architecture/musiques/Nagoya

Monolith & Sakura – Meieki, Nagoya

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J’ai deux heures à tuer aux alentours de la gare de Nagoya. Je fais un rapide tour au Tower Records du Nagoya Kintetsu Passe dans l’intention de m’emparer du nouveau DVD de Sakanaction ‘SAKANAQUARIUM HIKARI ONLINE’, tiré du concert en ligne qui a eu lieu en août 2020, mais j’en suis finalement sorti les mains vides. En effet, alors que je me dirige en sautillant de joie jusqu’au rayon, j’y trouve juste trois boîtiers négligemment disposés. Chacun d’eux a un prix différent mais aucune explication n’est donnée sur leur contenu. Il faut savoir que le Tower Records Parco situé à Sakae est un lieu culte pour les fans du groupe, un stand assez conséquent lui est consacré, regroupant la totalité de leur discographie, de grands panels à l’effigie des membres du groupe, des Polaroïds signés, et le magasin publie même régulièrement son petit magazine fait-main spécialisé, le NF Nagoya (Parco) Fishing Tsushin. Je pense que les fans ne rechignent pas à aller exprès à Sakae pour s’y procurer les nouveautés, ce qui explique la petitesse du stand à la gare de Nagoya.

Ce mois de mars, il a plu pratiquement chaque jour de congé, ce qui m’a empêché d’aller à la chasse aux cerisiers en fleurs, précoces cette année. J’aperçois quelques beaux cerisiers le long de la Sakura-dori en face de la gare et décide d’y voir de plus près. Je suis moi-même étonné qu’il ne me soit jamais venu à l’idée plus tôt de prendre les fleurs en photos au milieu des gratte-ciels alors que ce sont deux thèmes que j’aime beaucoup. Apres le Mode Gakuen Spiral Towers  dont j’ai déjà traité sur ce blog, le Dai Nagoya Building est l’un de mes bâtiments préférés dans les environs. Lui aussi recouvert en intégralité d’imposantes parois de verre, je ne me lasse pas de le contempler sous tous ses angles, mais la vue de la première photo est celle que je préfère et il me semble à chaque fois prendre cette même photo.

Et à chaque fois que je trie les photos prises de ce bâtiment, j’en viens irrémédiablement par association d’idées à écouter Monolith sur l’album ‘It’s Artificial‘ d’Andrew Bayer. Puis, après une première écoute je me rappelle que les titres qui le précèdent (‘Counting The Points’) et le suivent (‘A Drink For Calamity Jane’) sont à écouter à la suite et s’enchainent parfaitement comme s’ils ne formaient qu’un seul magnifique morceau de 25 minutes. Et finalement, cette parfaite triplette m’amène inéluctablement à la doublette ‘Gonk Roughage’ et ‘Distant Father Torch’ qui vient clôturer l’album ‘Growls Garden‘ de Clark. La version japonaise de l’album comporte deux bonus track mais la violence du premier morceau qui vient contraster avec la mystérieuse douceur du second me fait à chaque fois regretter leur présence.

'Tout ce qui a deux ailes me fait planer'/Aichi

‘J’avais tant de choses à dire mais y’a plus rien’ – Tout ce qui a deux ailes me fait planer (18)

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Si l’on trace en direction du sud une ligne parallèle à la piste d’atterrissage de Centrair, on atteint à une centaine de mètres près le phare de Noma. C’est en réalité cette découverte qui m’a poussé à y venir pendant que le vent souffle encore du nord vers le sud. Dans cette configuration les appareils sont en phase d’approche de la piste d’atterrissage et donc assez bas pour pouvoir être pris en photo, contrairement au décollage où ils s’empressent de prendre de l’altitude. N’ayant pas réussi à intégrer les rares avions passant dans le paysage de manière satisfaisante je ne m’attendais pas à un miracle en traitant les photos sur l’ordinateur, et c’est effectivement avec grande peine que je suis parvenu à en extirper cette série de 3×2 photos.

D’habitude je choisis les photos et l’histoire que je veux raconter vient d’elle-même. Cela fait trois soirées consécutives que je m’installe devant mon clavier et suis bloqué au deuxième paragraphe. Le fait que le bleu du ciel soit différent sur chacune des photos semble en être le fil conducteur, mais je n’arrive pas à developper davantage. C’est une sensation très étrange. ‘J’avais tant de choses à dire mais y’a plus rien‘. 

musiques

’Rien ne change à part les saisons’ @ SHIDAMU, Moriyama-ku, Nagoya

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J’avais complètement oublié que le Nagoya Women’s Marathon avait lieu dimanche, en raison des embouteillages il nous faut presque deux heures pour atteindre le Shidami Kofungun Experience Museum (SHIDAMU), que nous n’atteignons finalement qu’en fin d’après-midi. Cela fait longtemps que je n’ai plus conduit aussi longtemps, je dois véritablement lutter pour garder mon calme quand il faut 30 minutes pour faire 300 mètres. Le dimanche je donne sa chance à la radio. L’après-midi, entre deux coupures de pub ZIP FM y déroule sa ZIP HOT 100. J’ai toujours l’impression que mis à part l’une ou l’autre chanson de saison, tout au long de l’année, quelque part en haut, en milieu ou en bas de classement on y trouve les mêmes noms et les mêmes sons. En troisième place Aimyon et son ‘Sakura ga furu yoru ha‘ nous rappelle que la saison des cerisiers en fleurs approche. Au lieu d’être ému par le texte de la chanson je suis plutôt occupé à retrouver le titre d’un tube qui commence exactement sur les mêmes notes, et suis soulagé quand je me rappelle qu’il s’agit d’Automatic d’Utada Hikaru.

Les kofun sont des vestiges archéologiques, des monuments funéraires (tumuli) japonais datés d’entre le IIIe et le VIIe siècle qui ont donné leur nom à la période Kofun. S’il en existe des kofun dans tout le pays sous des formes et des tailles variées, la région de Nagoya en compte autour de 200, dont un tiers se trouve à Kamishidami (Moriyama-ku), et 7 d’entre eux, classés en tant que patrimoine historique, sont regroupés ici sous le nom de Shidami Kofungun (-gun signifiant ‘regroupement’). En raison de l’heure tardive nous ne visiterons pas le musée qui leur est dédié, mais le vaste parc est libre d’accès et la promenade est bien agréable. ‘A quoi ressemblait le japonais parlé à l’époque de la création des kofun ?’ Les enfants ont toujours l’art de poser des questions auxquelles je ne sais pas répondre …

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‘Noma noma ei’ @ Mihama, Aichi.

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Excursion à Noma, encore un peu plus au sud de la péninsule de Chita que lors de notre escapade précédente, mais toujours en bord de mer. Comme l’endroit est à un peu moins d’une heure de route de la maison et donc facile d’accès, nous venions fréquemment ici l’été pour aller à la mer, mais je ne me souviens pas être venu ici depuis une petite dizaine d’années, et c’est évidemment la première fois que j’y viens en hiver. Le bord de mer est agréable pour se balader en hiver, on a la plage pour soi.

De gigantesques bateaux de cargaison passent au loin sans bruit. Je me balade autour du phare et me perds rapidement dans mes pensées. ‘Vous êtes photographe (vous aussi) ?‘ Un type qui doit avoir quelques années de plus que moi et que j’avais remarqué plus tôt me tire de mes rêveries. Ancien photographe professionnel, il m’explique qu’il photographie les phares dans tout le pays et qu’il est aujourd’hui venu exprès de la préfecture de Kanagawa pour prendre celui-ci en photo ce soir. D’ici là je n’ai rien à faire, alors j’attends ! Nous discutons une dizaine de minutes, l’homme a une manière très adroite de mener la conversation, comme si c’était là sa manière de faire passer le temps en attendant que la nuit tombe. Il ne demande même pas d’où je viens ni depuis quand je suis au Japon. Depuis combien de temps cela ne m’était-il pas arrivé ?

Je fais une brève visite au Fugu Jinja (冨具神社), le sanctuaire en haut de la colline avoisinante. En réalité, le poisson fugu, mieux connu sous le nom de poisson-globe, s’écrit avec des idéogrammes différents mais la prononciation étant la même on retrouve un peu partout autour du sanctuaire des illustrations du poisson rondouillard. J’ai mis un certain temps pour faire le rapprochement car il est mentionné sur Google Maps en tant que Tomigu Jinja. Le sanctuaire n’a rien d’exceptionnel en lui même mais c’est la première fois que je vois l’aéroport sous cet angle.

keeping running

Je cours toujours … (7) – Saison 2021

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Parler de course à pied dans le billet précédent m’a rappelé que cela fait longtemps que je n’ai pas fait de compte-rendu de mes ‘exploits sportifs’. J’avais en février posé congé pour pouvoir aller aux sports d’hiver en famille, mais la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 7 mars prochain a tout chamboulé. C’est d’autant plus dommage qu’il a beaucoup neigé comparé à l’année passée. Je ne désespère de pouvoir y aller ce mois-ci, il faudra juste éviter le premier week-end après la levée des restrictions car tout le monde va se ruer sur les pistes. Avec l’approche du printemps et l’éclosion des fleurs de cerisiers les gens vont se mettre à sortir, la quatrième vague va déferler et l’histoire se répétera encore une nouvelle fois.

A partir de décembre j’ai délaissé les promenades en basses montagnes pour celles en ville. Je n’ai pas trouvé le courage d’aller courir, avec pour seule excuse valable le fait que je n’en ressentais aucune envie. Je pense que c’est une excellente raison, et le coureur d’ultra Killian Jornet l’explique de très belle façon. ‘If you don’t have pleasure when you train, you will never improve!‘ (Si vous ne prenez pas plaisir à vous entraîner, vous ne progresserez jamais !’). A ma cinquième année sérieuse de coureur, je commence à me connaître : Il suffit que je coure quatre ou cinq fois de suite autour de cinq kilomètres à intervalles réguliers pour que la machine se mette en route. J’achète ensuite sans trop réfléchir le magazine spécialisé Courir pour y vérifier les dates d’inscriptions des compétitions, regarde quelques vidéos du sympathique et toujours très humble coureur japonais Gachio ou des rétrospectives des courses de l’UTMB passées. Au bout d’un mois d’entraînement je ne me sens pas bien si je ne fais pas deux ou trois sorties par semaine.

Mes objectifs pour cette saison qui commence ne sont encore pas bien définis. Participer à une épreuve sur un parcours plat afin de passer sous les 4h sur un marathon. Améliorer mon temps au Virtual UTMB 50km auquel j’ai participe l’année dernière. Pourquoi pas même, en prenant mon temps, tenter de le finir d’une traite en parcourant les sentiers du Tokai Nature Trail. Je parlais aussi dans ce billet de remonter en courant la rivière Nikko, mais avec le recul l’intérêt est plutôt moindre. Nous verrons bien, ce ne sont pas les projets qui manquent.

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‘Every street you take’ – Entre Sakae et Meieki

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Si je ne suis d’habitude pas accro à une marque en particulier, je dois avouer que Salomon a depuis deux ou trois ans une certaine influence sur moi. Il doit à cela certainement y avoir un certain rapport inconscient lié au souvenir des nombreuses sorties en ski dans les Alpes françaises en utilisant leurs skis, et je suis sans doute dans une certaine mesure victime du matraquage médiatique de la marque dans les événements sportifs autour du trail et autres ultra-marathons. Cela dit, les videos de la chaine YouTube Salomon TV sont vraiment d’excellente qualité. Sur des formats variés allant de 5 minutes à parfois plus d’une heure, les reportages suivant ses athlètes au milieu de paysages magnifiques dans leurs aventures sont très bien mises en scène et inspirent beaucoup de belles valeurs sans vouloir forcement tirer des larmes du spectateur (à la japonaise, allais-je dire) ni gâcher la chose en mettant trop la marque en avant. Au même titre que les vidéos de Billy Yang, je jubile à chaque nouvelle sortie et les regarde cérémonieusement les jours de congé, le soir au calme, comme s’il s’agissait de grands films.

Après avoir couru en 2017 la TransAmericana, c’est à dire avoir traversé en courant les Etats-Unis de la Caroline du Nord à l’est jusqu’à San Francisco à l’ouest (3,700 miles en 5 mois), le coureur d’ultra Rickey Gates s’est trouvé en 2019 un nouveau défi. Le projet ‘Every Single Street‘, qui consiste à parcourir en courant chaque boulevard, chaque rue, la moindre ruelle de la ville de SanFrancisco, soit 1,100 miles environs.

Je me suis souvenu de ce reportage alors que je marchais de Sakae à la gare de Nagoya, comme je le fais souvent au lieu de prendre le métro. Ces deux points sont relayés par de nombreuses avenues parallèles, en marchant d’un bon pas le trajet peut être parcouru en une demi-heure mais j’aime bien prendre une heure et m’y perdre un peu. J’ai cette fois pris comme point de départ le Nadya Park et à hauteur du Musée des Sciences j’ai pris sur la droite. Sans trop pouvoir expliquer ce qui attiré mon attention j’ai ensuite pris à gauche pour remonter presque dans son intégralité Mitsukura-dori jusqu’aux alentours de la gare de Nagoya. Si je connais le nom de quelques artères principales de la ville je n’avais jamais fait attention au fait que la plupart de ces avenues comportaient un nom elles aussi. Entre deux immeubles l’on peut parfois apercevoir un pan de la rue située derrière, je me suis rendu compte que je marchais parallèlement à la rue où je m’étais baladé deux semaines plus tôt au retour de ma balade à la recherche des furu-hon.

Ne serait-il pas amusant de prendre l’intégralité des rues de Nagoya en photo ? De retour à la maison j’ai photocopié une partie du plan de Nagoya que je traîne toujours avec moi lors de mes balades, et j’y ai inscrit au marqueur le chemin parcouru aujourd’hui. Je m’efforcerai lors de ma prochaine balade de prendre un itinéraire différent …

vie du blog/daydreamin'

‘500 one for all’

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501ème billet depuis la création du blog, même si en réalité il doit y en avoir deux ou trois dizaines de plus si l’on compte ceux disparus lors des migrations de provider. J’ai terminé il y a deux mois de retoucher les billets qui ont fait des mojibake (caractères qui ne s’affichent pas correctement) suite à ces même migrations. Cela m’a pris beaucoup de temps (j’en parlais déjà photos à l’appui ici en juin 2019) parce que sur la lancée je me suis mis à mettre à jour les liens morts et à tenter retrouver les photos qui ne s’affichaient plus, parfois sans succès. Parmi les billets ne comportant que des photos et aucun texte, une dizaine sont ainsi passés à la trappe.

Je pensais faire quelque chose de spécial pour fêter les 500 articles et j’avais à un moment même envisagé de marquer le coup en passant à un compte pro. La prochaine étape semblait être la création de menus en haut de page afin de s’y retrouver un peu plus facilement sur le site. Cela m’obligeait une nouvelle fois à passer en revue tous les billets et de remettre de l’ordre dans les catégories et les étiquettes, de quoi m’occuper pendant les congés forcés ! Je me suis immédiatement attelé à la tâche et au fur et à mesure de ma progression je me suis mis à réfléchir à une sorte de reconversion : Accentuer le côté ‘tourisme’ du blog, me faire remarquer par le Nagoya Convention & Visitors Bureau (NCVB) et devenir l’ambassadeur de Nagoya et de la région Chūbu, comme le fait de fort belle manière Béné pour Fukuoka et l’île de Kyushu.

Cependant, me balader où bon me semble en prenant vaguement quelques photos et raconter ce qui me passe par la tête et avoir à rédiger des articles détaillés et de qualité en respectant des délais sont deux choses qui n’ont rien à voir. J’entends souvent dire que faire d’un loisir son travail peut-être à la fois gratifiant et une grande source de motivation puisqu’on vit de ce que l’on aime faire, mais également un lourd fardeau au point d’en devenir dégoûté …

Ma manie de tout rapporter à la musique a fait remonter à la surface de vieux souvenirs. En l’occurence l’album du rappeur français Soon E MC , ‘Atout… point de vue, sorti en 1993. Avec l’album aujourd’hui culte qu’est ‘Prose Combat‘ (1994) de McSolaar, il doit au même titre que ‘Qu’est-ce qui fait marcher les sages ?‘ (1995) des Sages poètes de la rue, faire partie des premiers albums dont je me sois emparé dans le genre. Ces artistes ont en commun le fait d’être en rapport de près ou de loin au collectif de hip-hop Posse 501, dont le nom m’a donné l’idée du titre de ce billet. Bien que l’écoute de ces albums soit pourtant parfois espacée de plusieurs années, je suis toujours étonné de me rendre compte que j’en connais encore de nombreux passages par coeur.

Je m’égare … Je crois que j’aime trop la liberté qu’offre l’écriture de ce blog pour me soumettre à un format précis, même si un brin de cohésion dans la ligne éditoriale perdrait moins le lecteur. Peut-être ce projet verra-t-il le jour, si c’est le cas ce sera probablement sous un format à part. Bilan au 1001ème billet.

musiques/Nagoya

‘Twilight, I gave you time to steal my mind …’ – Kasadera Station, Minami-ku, Nagoya

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Juste à côté du Nippon Gaishi Hall du billet précédent se trouve la gare JR de Kasadera. Je ne la connais que de nom. Cependant, lors de concerts d’artistes réputés il m’arrivait d’indiquer aux fans venus des quatre coins du pays l’itinéraire de l’aéroport jusqu’ici. T-shirts, casquettes et écharpes autour du cou, il suffisait de voir leur accoutrement pour savoir quel artiste jouait ce jour là. Je me souviens notamment d’une fille dans la vingtaine vêtue de la tête aux pieds de vêtements contenant le logo d’arrêtes de poisson du groupe Sakanaction. En cherchant leurs setlists sur internet j’apprends qu’ils y ont donné un concert en octobre 2015. Comme c’est vers cette période que je commençais à entrer plus en profondeur dans leur discographie et que c’est l’année de sortie du double album de remix et bootlegs ‘Natsukashii tsuki ha atarashii tsuki’ que j’avais savouré titre par titre, la date doit correspondre. Quoiqu’il en soit, j’étais à la fois envieux et intrigué puisque c’était la première fois que je voyais des fans du groupe. Je n’ai entre-temps toujours pas eu l’occasion d’aller à l’un de leurs concerts, et avec la crise sanitaire mon voeu n’est malheureusement pas prêt de se réaliser.

Une longue passerelle d’une centaine de mètres passe au dessus de la quinzaine de voies ferrées. La gare n’étant desservie que par la ligne Tôkaidô je suis surpris d’y découvrir un nombre si important de voies. Alors que je me dis qu’un spécialiste en la matière saurait certainement me donner quelques explications, j’aperçois un type, appareil à la main, qui semble guetter à travers le grillage le départ d’un train de marchandise. Je n’aime vraiment pas le terme otaku, péjoratif à mon goût. Au travail on me traite de hikôki mania (maniaque d’aviation), ce qui est déjà moins pire, mais mince, ce type et moi, bien que notre domaine de prédilection soit différent nous sommes juste dans notre bulle, à apprécier ce que nous faisons, et nous n’embêtons personne. Je dis toujours à mes enfants de ne pas utiliser le terme otaku mais spécialiste, et qu’au lieu de les pointer du doigts ils feraient mieux d’en profiter pour leurs poser toutes les questions qui leur passent par la tête, mais je suis bien incapable d’adresser la parole à cet inconnu et quand nos regards se croisent nous nous saluons juste d’un petit hochement de tête.

musiques/daydreamin'

‘It’s a sign of the Ages’… – Minami-ku, Nagoya

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Le billet précédent est la suite de ‘No music, no life‘ publié en 2010. J’en avais commencé l’écriture en 2013 puis l’ai laissé en brouillon depuis. Bien que la musique soit son sujet principal, c’est sans doute son contexte qui explique pourquoi j’ai mis aussi longtemps à en venir à bout. Entre incertitudes par rapport au bien-fondé de mes études et difficultés sentimentales, il s’agit d’une époque dont je n’aime pas trop me rappeler.

La discussion avec fgautron, à propos d’Autechre dans les commentaires du même billet m’a rappelé a quel point Confield m’avait marqué à l’époque, et je me suis souvenu du billet inachevé. Alors que le lendemain je me balade autour du complexe sportif Nippon Gaishi Hall, mon oeil est attiré par un étrange cercle rouge. J’y vois bien évidemment le cercle de la pochette de SIGN. Autechre en 2001, encore Autechre en 2021. La boucle étant bouclée, j’y ai vu un signe qu’il était temps de tourner la page pour de bon.

livres/musiques/vie quotidienne

‘If you’re going, to San Francisco …’ – No music, no life (mai-juin 2001)

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2001. Interminable et pénible séjour de deux mois dans la jolie ville de la chanson édulcorée par Scott McKenzie. Il me faut une heure en bus pour me rendre à mon lieu de travail, à San Carlos. Pour décor de l’asphalte et du sable. Pour fond sonore des hispaniques qui s’engueulent ou un noir dans la soixantaine qui m’explique que la guerre c’est moche, mais que Dieu existe quand même. Il fait une chaleur insupportable, les gens sont cinglés. Ah, l’Amérique !

Mes pieds me traînent complètement par hasard au Amoeba Music Store. Si je me souviens comme si c’était hier m’être jeté sur Metal Blue America de Ken Ishii, hors de prix en import en Europe, le hasard qui m’a poussé à m’emparer de l’album Confield d’Autechre est un mystère. La pochette ? Le prix ? Ecouter Autechre, que ce soit en 2001, probablement avant, et même aujourd’hui, c’est un peu comme écouter Music for Airports de Brian Eno il y a 20 ans. C’est classein et underground à la fois, avec des gens qui prétendent apprécier Autechre mais se chamaillent à propos de la prononciation du groupe.

Dans le bus j’écoute désormais Confield et ne m’en lasse pas, cet album m’empêche de devenir fou. Afin de ne pas se faire happer par l’environnement alentour, dés les premiers sonorités de ‘Vi Scose Poise’ mon cerveau reboote puis tente tout le long de l’album de se synchroniser aux sons et aux rythmiques évoluants continuellement. N’arrivant pas à suivre et encore moins à analyser ce qui vient le le titiller de la sorte, celui-ci rame et tourne au ralenti pour le restant de la journée. Chaque matin après ma dose je suis un peu groggy mais serain, mes facultés sont suffisantes pour accomplir mes tâches qui sont sans grand intérêt. 

Je suis fauché, je ne connais personne et le quartier n’est pas sûr. Le soir dans ma chambre d’hôtel je n’ai rien d’autre à faire que de lire l’énigmatique et profonde oeuvre de Gao Xingjian, la montagne de l’âme, que m’a offerte ma copine avant mon départ, ou bien écouter l’album Beyond Skin de Nitin Sawhney dont je me suis emparé par erreur, confondant bêtement son auteur avec son compatriote Talvin Singh. L’écoute de ce bel album aux ambiances variées m’emmène une heure durant loin d’où je suis. Et le lendemain tout recommence.

Je reviens de ce séjour avec une certaine amertume et quatre cd’s qui m’auront chacun imprégné à sa manière. Le quatrième est Flatspin de Ken Ishii. Mon titre préféré y est Mirage, petite et unique bouffée d’oxygène au sein de cet album techno sans faute dans la continuité de Sleeping Madness. Quand je l’écoute aujourd’hui, le long son aigu que l’on n’entend distinctement qu’en deuxième partie du morceau me fait penser aux sirènes des voitures de police que j’entendais à San Francisco.