Tag Archives

2 Articles

architecture/Nagoya

4-3-2 – Minami-ku, Nagoya

Posted on

Courte balade en partant de la gare de Jingūmae (神宮前駅) toute proche du célèbre sanctuaire d’Atsuta, au sud de Nagoya. J’ai aujourd’hui pour objectif un gigantesque complexe d’appartements de type manshon (マ ン シ ョ ン) situé un kilomètre au sud de la gare. J’aurai très bien pu descendre à la gare de Toyoda Honmachi qui en est plus proche, mais j’ai envie de voir grossir peu à peu le bâtiment au fur et à mesure que je m’en approche. De la gare je marche comme d’habitude complètement au hasard. Cela doit faire quelques années que je ne suis pas venu dans les parages mais je me souviens très précisément de plusieurs photos prises à tel ou tel endroit. Finalement je suis comme inconsciemment guidé par mes souvenirs, je me surprends à vouloir prendre le même trajet que lors de ma balade précédente afin de voir en quelle mesure le paysage a changé, sans me rendre compte que cela n’empêche de faire de nouvelles découvertes en passant par des rues encore inexplorées. Pourquoi ressens-je fréquemment le besoin de revenir en des lieux qui me sont connus ? Pourquoi tiens-je autant à vouloir immortaliser le changement autour de moi, est-ce à force de tout noter dans mes carnets et sur mon blog que m’est venue cette obsession, ou bien est-ce l’inverse, me sens-je obligé de tout noter afin de ressentir ce changement ? Et pourquoi cela me semble-t-il si important ?

Tandis que je nage dans mes réflexions j’arrive à destination mais mes pensées ont comme consumé l’intégralité de mon énergie et je m’aperçois également que j’ai oublié de prendre une vue d’ensemble du bâtiment. Maintenant que je suis là – au pied du mur ai-je envie de dire, autant en prendre en gros plan cette fascinante façade nord qui fait quinze étages de haut, et dont les fenêtres et les poutres de béton qui renferment les cages d’escaliers et les ascenseurs semblent verticalement et horizontalement se répéter à l’infini me captivent. Je me sens obligé de laisser dans le cadre la numérotation des blocs pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un copier-collé. Un peu comme Daisuke Tajima et ses fresques gigantesques il me plairait de trafiquer les images de sorte qu’elles se recoupent parfaitement et de les faire imprimer sur du papier de qualité supérieure afin d’en faire un poster qui recouvre l’intégralité d’un mur.

musiques/Nagoya

‘Twilight, I gave you time to steal my mind …’ – Kasadera Station, Minami-ku, Nagoya

Posted on

Juste à côté du Nippon Gaishi Hall du billet précédent se trouve la gare JR de Kasadera. Je ne la connais que de nom. Cependant, lors de concerts d’artistes réputés il m’arrivait d’indiquer aux fans venus des quatre coins du pays l’itinéraire de l’aéroport jusqu’ici. T-shirts, casquettes et écharpes autour du cou, il suffisait de voir leur accoutrement pour savoir quel artiste jouait ce jour là. Je me souviens notamment d’une fille dans la vingtaine vêtue de la tête aux pieds de vêtements contenant le logo d’arrêtes de poisson du groupe Sakanaction. En cherchant leurs setlists sur internet j’apprends qu’ils y ont donné un concert en octobre 2015. Comme c’est vers cette période que je commençais à entrer plus en profondeur dans leur discographie et que c’est l’année de sortie du double album de remix et bootlegs ‘Natsukashii tsuki ha atarashii tsuki’ que j’avais savouré titre par titre, la date doit correspondre. Quoiqu’il en soit, j’étais à la fois envieux et intrigué puisque c’était la première fois que je voyais des fans du groupe. Je n’ai entre-temps toujours pas eu l’occasion d’aller à l’un de leurs concerts, et avec la crise sanitaire mon voeu n’est malheureusement pas prêt de se réaliser.

Une longue passerelle d’une centaine de mètres passe au dessus de la quinzaine de voies ferrées. La gare n’étant desservie que par la ligne Tôkaidô je suis surpris d’y découvrir un nombre si important de voies. Alors que je me dis qu’un spécialiste en la matière saurait certainement me donner quelques explications, j’aperçois un type, appareil à la main, qui semble guetter à travers le grillage le départ d’un train de marchandise. Je n’aime vraiment pas le terme otaku, péjoratif à mon goût. Au travail on me traite de hikôki mania (maniaque d’aviation), ce qui est déjà moins pire, mais mince, ce type et moi, bien que notre domaine de prédilection soit différent nous sommes juste dans notre bulle, à apprécier ce que nous faisons, et nous n’embêtons personne. Je dis toujours à mes enfants de ne pas utiliser le terme otaku mais spécialiste, et qu’au lieu de les pointer du doigts ils feraient mieux d’en profiter pour leurs poser toutes les questions qui leur passent par la tête, mais je suis bien incapable d’adresser la parole à cet inconnu et quand nos regards se croisent nous nous saluons juste d’un petit hochement de tête.