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musiques/Nagoya

Leave all behind – Kita-ku, Nagoya

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appartement délaissé
appartement délaissé

Juste un bloc derrière le NZU, un bloc constitué de quatre appartements, des logements sociaux proche de ceux que l’on pourrait trouver dans les banlieues de France, est complètement laissé à l’abandon. Lors de ma visite précédente il y en avait cinq, en quelques mois celui le plus au nord a été intégralement détruit puis reconstruit. Tout neuf avec sa façade blanche et marron, ce dernier ressemble à n’importe quel autre appartement du genre. Aucun intérêt.

J’ai quelques jours plus tôt écouté ‘Lives Outgrown‘, premier album solo de Beth Gibbons, principalement connue pour être la voix du groupe britannique Portishead. J’ai beaucoup de difficultés à donner mon avis sur cet album car j’ai l’impression de ne pas l’avoir compris. Ce n’est pas parce que l’album est de Gibbons qu’il doit forcement être bon, mais pour l’apprécier à sa juste valeur il me semble qu’il faille s’attarder dessus, écouter attentivement les paroles, prêter l’oreille à sa voix frêle, à ses chuchotements. En attendant d’être plus réceptif je réécoute d’une traite les trois albums de Portishead, comme pour faire le deuil de sa participation au groupe et mieux pouvoir appréhender Lives Outgrown. Bien que quatorze années séparent Dolls (1994) de Third (2008) on ne peut qu’être épaté par le fait qu’aucun morceau ne soit à franchement parler démodé ou ait mal vieilli. Si certains morceaux sont plus captivants que d’autres c’est uniquement parce qu’il sont sortis en singles et font partie de la mémoire collective, mais l’on pourrait sans peine s’accorder presque 150 minutes (car je viens de me rendre compte en vérifiant la durée des albums que chacun d’eux fait 49 minutes et quelques secondes) de bonheur musical sans être capable de replacer les morceaux dans leur ordre chronologique.

Au moment où j’approche des bâtiments de cette série de photos résonnent les premières notes de Roads, chanson emplie d’une certaine mélancolie qui à ce moment sied parfaitement à cet environnement. J’imagine l’endroit, pas si longtemps que cela encore, animé, les habitants bavardant sans doute des heures durant dans le square à l’ombre des buissons, toutes les conversations commençant certainement par ‘Mais quelle chaleur aujourd’hui !’ Les clients des petits magasins au rez-de-chaussée étaient tous des habitués, les enfants jouaient avec grand bruit dans le jardin jusqu’à ce que leurs mères hurlent, à partir du balcon, de rentrer souper. Les potagers étaient minutieusement entretenus et leurs propriétaires, tout fiers, se faisaient un plaisir de distribuer leurs récoltes aux voisins et aux proches. Les rosiers et les hortensias n’étaient jamais fanées et une douce odeur imprégnait les lieux.

architecture/musiques/Nagoya

‘I’m Sensitive, I Feel Everything, I Feel Everybody’ – Meieki, Nagoya

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KITTE Nagoya North
KITTE Nagoya North
KITTE Nagoya North
KITTE Nagoya piano
Nagoya Building Garden
Nagoya Building Nagoya

J’avais dans l’idée de me balader de la gare de Nagoya jusqu’à Sasashima Live mais le soleil tape trop fort, la lumière qui se reflète sur le sol pavé blanc derrière la gare m’éblouit au point que je marche presque les yeux fermés. Je ne porte jamais de lunettes de soleil car étourdi comme je suis je sais que j’en perdrai une paire ou deux par an aux quatre coins de la ville lors de mes promenades. Je reviens sur mes pas et erre sans but mais au frais dans l’immense labyrinthe qu’est la gare de Nagoya. J’ai dans les oreilles le cinquième album de Kendrick Lamar, Mr. Morale & the Big Steppers. A la première écoute j’ai l’impression de lire en diagonale un énorme pavé constitué de 18 chapitres où chaque morceau raconte une histoire bien distincte avec certains personnages récurrents. Je n’ai pas compris grand chose, mais me réjouis d’avoir acheté l’album physique pour pouvoir en lire plus tard les paroles à tête reposée. Alors que j’arrive vers la fin de l’album mes pas me mènent vers la sortie nord du KITTE Nagoya. Démarre l’avant dernier titre, Mother I Sober, où sur un accord au piano sans fioritures Kendrick dévoile 7 longues minutes durant ses traumatismes de gosse. Sur le refrain je suis surpris d’entendre la voix frêle de Beth Gibbons, qui donne encore davantage d’intensité au morceau. Je sors mon appareil, la lumière qui m’irritait tout à l’heure est soudainement plus douce et semble vouloir se laisser dompter.

Quand après plusieurs écoutes successives je parviens enfin à passer au morceau suivant, Mirror, je suis soulagé qu’il soit plutôt dansant comparé au reste de l’album. Presque un happy end. Epuisé par la marche et le coup de massue qu’a été cette première écoute, je monte au 15ème étage du KITTE Nagoya et reprend mon souffle à la terrasse du Starbucks, plein à craquer alors que la pause-déjeuner est terminée. Je ne me lasserai jamais de contempler le Dai Nagoya Building en face, mais suis également étonné de ne pas encore m’être rendu au Sky Garden situé au 5ème étage.