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balades au Japon/Aichi/musiques

Mihama Orange Line – Mihama-cho, Aichi pref.

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Kowa bord de mer
Kowa bord de mer
Kowa bord de mer
Orange Line
Kowa Orange Line sanctuaire
Orange Line voiture abandonnée
Kawaguchi eki Kappa
Kowaguchi Coffee Shop

Cela faisait pourtant plusieurs mois que je voulais parcourir les 11.1 km de la Mihama Orange Line, une route de randonnée un peu méconnue qui traverse horizontalement la péninsule de Chita, j’avais donc eu tout le temps de me préparer et rassembler des informations sur l’itinéraire à emprunter. Quand je me balade seul j’emporte souvent de quoi manger sur place, je n’ai donc même pas à chercher d’endroit où me restaurer. Sur internet je ne trouve que deux cartes, elles manquent quelque peu de précision, mais dans les rapports de randonnée que je trouve sur Yamap on s’accorde à dire que l’itinéraire est indiqué de manière relativement claire. La péninsule de Chita, ce n’est pas non plus l’Amazonie, je devrais pouvoir m’y retrouver …

C’est toujours un plaisir lors des déplacements en train de contempler les paysages que nous parcourons la plupart du temps en voiture. Les maisons et buildings apparaissent sous des angles différents, la voie ferrée étant généralement placée en hauteur je découvre ce qu’il y a derrière ces buttes. Tandis que le très neutre et agréable album Fragments de Bonobo prend fin, je choisis le vaporeux Cozen (Sofake) de Kyle Bobby Dunn pour finir le trajet comme sur un nuage.

Gare de Kōwa, terminus. Je me demande un moment si je n’ai pas le temps de faire l’aller-retour sur l’île d’Himakajima, comme la plupart des voyageurs qui se dépêchent de prendre la navette qui part vers le port à la descente du train. J’ai promis aux enfants de les y amener faire de la pêche, ils me feraient la tête s’ils apprenaient que j’y suis allé sans eux.

Il me faut un quart d’heure de marche pour me rendre compte que je me suis trompé quelque part. J’ai suivi la route nationale puis me suis engouffré dans un petit chemin raide qui se faufile dans la montagne comme l’indique la carte, mais aucune trace d’écriteau. Je retourne vers la gare de Kōwa et longe cette fois la mer à la recherche de la statue de Kappa-chan, mais j’ai beau marcher celle-ci n’apparait pas. En vérifiant consciencieusement ma carte je m’aperçois qu’il fallait en fait descendre du train non pas à Kōwa (河和), mais à l’arrêt précédent, Kōwa-guchi (河和口). J’ai beau râler, je suis à mi-chemin entre les deux gares et il me faut maintenant marcher jusqu’au point de départ de l’Orange Line que j’attends finalement avec plus d’une heure de retard sur l’horaire prévu. Quelque peu atterré par mon idiotie j’hésite à rentrer sur-le-champ, puis me ravise afin de ne pas gâcher cette belle journée.

Je suis une nouvelle fois un chemin étroit et pentu et suis rassuré à chaque fois que je croise un panneau d’indication mentionnant la distance qu’il reste à parcourir. S’il parait qu’en automne le feuillage jaune-orange des arbres vaut le détour, en vérité le paysage n’a rien de bien particulier, mais marcher au calme me fait vite oublier les aventures de la matinée et je me félicite de m’être un peu bousculé pour continuer. Hormis une vieille voiture rouillée abandonnée qui n’a rien à faire là, tout les éléments typiques de la campagne japonaise sont rassemblés. Champs de riz à perte de vue et petit sanctuaire paisible, des vaches me suivent des yeux quand je passe devant une ferme. Il ne manquerait plus qu’un ou deux enfants chassant des insectes avec un filet pour se croire dans un film d’animation Ghibli … J’ai dû me perdre un peu trop dans mes pensées, voilà un petit moment que je n’ai pas vu d’écriteau. Je reviens sur mes pas jusqu’à un croisement qui me semble suspect, mais n’y trouve aucune indication. Ou bien faut-il continuer un peu plus loin ? Puisqu’on est dans l’incompréhensible, presque dans le mystérieux, j’interroge à tout hasard les vaches devant lesquelles je passe pour la troisième fois, mais pas de miracle, elles ne me répondent pas. Je marche encore une dizaine de minutes et finis par déboucher sur un passage à niveau. De l’autre côté … la route nationale empruntée plus tôt dans la journée.

J’abandonne ! Puisque quelque chose ou quelqu’un semble vouloir à tour prix m’empêcher de parcourir l’Orange Line aujourd’hui, je reviendrai une autre fois mieux préparé. Exténué, je remonte en bord de mer jusqu’à la gare de Kōwa-guchi. J’y trouve finalement la statue de Kappa-chan, et même à la sortie de la gare un plan relativement détaillé du parcours que je comptais emprunter aujourd’hui. Dans le train du retour je réfléchis à propos de mon manque de préparation, comment y pallier à l’avenir, mais aussi au fait que l’idéogramme kuchi que l’on retrouve dans le nom de la gare signifie ‘bouche’, mais aussi ‘entrée’, ou ‘début de quelque chose’. Je prêterai à l’avenir plus attention aux gares qui le comprennent.

architecture/Nagoya

Mata kôyô 2021 (suite et fin)

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Comme l’année dernière j’avais pensé aller à Korankei pour aller à la chasse au koyo, mais un imprévu fait que je dois me rendre à Nagoya, dans les environs de Meidai, l’université de Nagoya. J’en profite pour me rendre au temple Kôshô-ji, dans le quartier de Yagoto. Pendant le trajet j’écoute Material (2001), le cinquième album de l’artiste Aco, que je n’avais pas écouté depuis quelques années, et pour de la j-pop, celui-ci a très bien vieilli, même si j’étais persuadé qu’il comportait un remix de Ken Ishii ou DJ Honda que j’ai été surpris de ne pas retrouver sur cet album. Après ses premiers albums très r&b mainstream sans grande personnalité, Material et l’album suivant Irony (2003) marquent un tournant très intéressant dans sa carrière. J’ai toujours aimé ces artistes capables de se renouveler et de prendre des risques. Apres le court album de 6 titres Mask (2006), je suivais vaguement à une époque son compte Instagram dans l’attente d’un prochain album mais en fin de compte elle n’y montrait que des photos de sa vie quotidienne sans grand intérêt. Il semblerait qu’elle ait entre-temps sorti cinq albums dont un live, mais vu les difficultés à trouver des informations à propos de ceux-ci j’ai bien peur de ne pas être passé à côté de grand chose.

Le temple est si vaste que je me perds presque dans le parc qui l’entoure. Ce n’est que plus tard que je me rends compte que j’ai tenté d’y entrer par l’arrière. De nombreux visiteurs sont très appliqués avec leurs appareils photos. J’aide deux couples qui tentent avec grand mal de se prendre en selfie avec les feuilles rouges vif, mais manquent de recul pour cela. La conversation s’engage avec l’un des hommes qui me montre les photos qu’il vient de prendre. Le fait que j’accepte des discuter montre à quel point l’endroit me rend zen. Non pas que je n’aime pas discuter, mais les conversations avec des inconnus ne sortent que très rarement des sentiers battus et sont la plupart du temps sans intérêt. Je suis amusé de constater que certains visiteurs portent des vêtements de couleur rouge ou rose, je me demande si c’est afin de s’ajuster aux feuilles des arbres. Je contemple longuement une dernière fois la grande statue qui semble garder le temple. Depuis tout à l’heure j’ai comme l’impression quelle regarde du coin de l’oeil les visiteurs qui lisent le panneau d’information situé à ses côtés. Quand je la prends en gros plan elle me fixe cependant droit dans les yeux.

Je n’insiste pas et quitte les lieux pour rejoindre Meidai à pieds. Le trajet prend 30 minutes et il fait un temps superbe, je suis presque en sueur. J’écoute cette fois l’album Fervency (2009) de Kyle Bobby Dunn, encore un album que je n’avais pas écouté depuis mon dernier billet à son sujet. L’idée m’est venu de l’écouter à la suite de l’émission Bandcamp Weekly spéciale décernée à la musique ambiant. Il me faut mettre le son à fond pour effacer les sons de la ville, l’absence totale de BPM fait que j’ai du mal à ajuster mes pas à la musique. Perdu dans mes pensées (et l’appareil photo rangé) j’arrive néanmoins rapidement à destination.

Au retour je ne peux m’empêcher de refaire une crochet au Toyoda Memorial Hall. Je ne m’y attarde pas trop, d’une part parce que je n’ai pas trop le temps, et d’autre parce de grands panneaux demandent aimablement aux personnes étrangères à l’établissement de ne pas roder autour. Des gardes ne sont pas bien loin, je n’ai aucune intention de faire le hors-la-loi, si on me pose de question je ferai semblant de ne pas avoir compris les avertissements ou répondrais, en expliquant ma ‘démarche artistique‘, que je suis venu de loin exprès pour prendre quelques modestes photos.

Les parties d’ombres et de lumière se démarquent de façon très nette sur le sol du bâtiment, les surfaces au sol éclairées se reflétant sur les parties blanches du mur. Baigné par les rayons de soleil, un jeune homme s’entraîne à la danse. Ses mouvements sont à la fois vifs et gracieux, l’ample pantalon qu’il porte fait un bruit de froissement à chacun de ses mouvements. Ce magnifique bâtiment semble inspirer tout ceux qui prennent le temps de le contempler.