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Nagoya/Nagoya

Mutation et mise en mute – Sakae, Nagoya

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La nouvelle m’est tombée dessus alors que je n’y croyais plus … Après 13 années de bons et loyaux services ont m’a fait changer de poste au début du mois. Mes petites habitudes en sont bouleversées et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas couler sous la déferlante de nouvelles choses à apprendre et à maitriser, sans compter la transmission de savoir à la personne qui me remplace. Il m’aura fallu deux semaines pour enfin sortir la tête de sous l’eau et pleinement profiter pour la première fois d’un jour de congés. Pour célébrer la chose je me fais plaisir et m’empare au Maruzen de Sakae des deux stylo plume LAMY Safari édition limitée 2024 pink cliff & violet blackberry. Ma collection débutée en 2012 s’agrandit peu à peu chaque année au point que je ne sais plus à quelle année correspond quelle couleur mais c’est un plaisir de varier les couleurs des stylos selon les humeurs, d’autant que j’écris régulièrement dans mes carnets ces derniers temps.

Je marche ensuite au hasard en écoutant le récent album de Mount Kimbie, The Sunset Violent. Je jubile, dés les premières notes du premier titre le groupe semble avoir renoué avec le son qui m’a fait découvrir le groupe et que j’appréciais tant, même le chanteur King Krule et sa voix si particulière est à nouveau de la partie ! Autant dans les deux albums Cold Spring Fault Less Youth (2013) et Love What Survives (2017) le groupe avait un son qui leur était propre, autant le très brouillon MK3.5 Die Cuts City Planning (2022) dans lequel chacun des membres du duo avait travaillé dans son coin en raison du covid m’avait laissé perplexe. Je retrouve dans Sunset Violent cet agréable mélange de batteries new age et de guitares saturées, de voix déformées et de nappes de synthétiseurs qui apparaissent et disparaissent, donnant de la contenance à chaque morceau.

De l’Oasis 21 je marche en direction du Chunichi Building (中日ビル), siège du journal Chunichi Shimbun, tout nouvellement rénové et qui va ouvrir ses portes le 20 avril. Si les pigeons perchés sur leurs branches sont aux premières loges, je pense attendre quelques temps pour éviter la cohue qui suit ce genre d’ouvertures. J’irai sans doute faire un tour au magasins Hoka ou Mont Bell, ainsi qu’à l’intrigante café-librairie Bunkitsu (文喫) et au magasin de vinyles Face Records (フェイスレコード). Je n’ai toujours pas de lecteur de vinyles mais j’aime beaucoup passer en revue les pochettes de disque en écoutant l’excellente sélection musicale de ce genre d’endroits. Je continue ma promenade en direction de la gare de Nagoya. Orages soudains et rafales de vent, des branches de parapluie dispersées au sol témoignent de la météo instable de ces derniers jours. Les devantures aux couleurs criardes des restaurants en vogue contrastent avec la sobriété des petits établissements à l’ancienne que l’on trouve dans les ruelles étroites entre deux hauts immeubles. Arrivé à hauteur du Misonoza 御園座, salle de théâtre où sont jouées aussi bien des pièces de kabuki que de théâtre moderne, mon oeil est attiré par la superbe affiche du Voyage de Chihiro 千と千尋の神隠し. Ne serait-ce que pour la musique, j’aurai volontiers été voir cette pièce si j’avais su qu’elle y étais jouée, même s’il est dommage que pendant les représentations à Nagoya ce ne soient pas les actrices Mone Kamishiraishi (上白石萌音) et Kanna Hashimoto (橋本環奈) qui interprètent le rôle de Chihiro. Je suppose qu’elles se réservent pour leurs dates au London Collisseum d’avril à août. Je me demande tout de même ce que peut donner l’adaptation du célèbre dessin animé sur scène étant donné le monument dont il s’agit. Cela me donne envie de le regarder une nouvelle fois.

musiques/Nagoya

Soul music & food & towers – Sakae, Nagoya

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Nagoya Tower
Soul music & food restaurant
Sakae antenna
maison japon
docomo tokai antenna
parc skate

Balade à Sakae en longeant Hisaya-Odori, la voie principale. Mon regard est aujourd’hui attiré par la Nagoya Tower et les curieuses antennes sur les toits des deux immeubles de l’opérateur mobile NTT DoCoMo, qui me font penser aux pagodes à cinq étages des temples japonais. Je me demande bien si cette ressemblance est voulue.

J’ai dans les oreilles le double-single de quatre titres de Mount Kimbie, MK 3.5: In Your Eyes & A Deities Encore | Q & Quartz, constitué de deux titres produits par chacun des membres du duo, Dominic Maker et Kai Campos. Je me réjouissais dés l’annonce subite de cette sortie car leur album original précédent ‘Love what survives‘ (2017) est l’un de mes albums préférés de ces 5 dernières années et celui-ci n’aura jamais quitté mon iPod depuis ma première écoute et sert encore fréquemment de fond sonore à mes balades.

Le premier titre, in Your Eyes, sur lequel les rappeurs Danny Brown et Slowthai posent chacun un couplet, peut être étonnant pour ceux qui n’ont pas suivi des près le parcours de ‘Dom‘ en solo ces dernières années, mais c’est en fait tout à fait dans la lignée de Feel away produit pour Slowthai ou le sublimement psychédélique remix du titre ‘Palaces’ de Flume, notamment avec cette rupture en milieu de morceau qui vient le scinder en deux. C’est un bon titre, mais sans plus, il me faudra encore un peu de temps avant de m’habituer au fait que Mount Kimbie produise du ‘hip hop alternatif’, sans doute parce que j’ai l’impression que les parties rapées ‘gâchent’ en quelque sorte les productions, comme si celles-ci empêchaient d’apprécier les nombreuses nappes musicales pourtant travaillées de chacun des titres.

A deities encore‘ est plus proche de ce que l’on a l’habitude d’entendre et de ce que à quoi je m’attendais chez Mount Kimbie. Le titre me fait penser a du Teebs (un titre comme Black Doves avec la chanteuse Sudan Archives – que l’on a récemment pu voir en live dans l’émission Chambre Noire de Radio Nova). La lenteur de ce titre par rapport au titre précédent me donne l’impression d’une introduction de film ou quelque chose dans le genre, j’y vois bien des gens défiler au ralenti … La construction aurait été plus solide en mettant ce titre en première position, surtout avec cette belle fin flottante et mystérieuse qui semble amener vers ‘autre chose’. 

Avec les deux titres de Kai Campos ‘Q‘ et ‘Quartz‘, on change complètement de style et on entre à mon goût dans le vif du sujet. Kai Campos officie depuis plusieurs années en tant que DJ et on y ressent clairement l’influence électro et techno. ‘Q‘ a dans ses battements de tambours quelque chose de tribal et d’enivrant, des sons s’ajoutent peu à peu, le son prend de l’épaisseur et change continuellement par petites touches pour finir abruptement. ‘Quartz‘ est carrément techno au début avec ses hi-hats bien placés mais plus froid dans ses textures, sans montée et sans exultation, comme si un panne d’électricité avait fait se couper le son et plongée dans le noir la salle que balayaient il y a un instant encore les lasers lumineux verts et violets.

J’aime assez la différence de style dans les deux titres de chacun des protagonistes, même si j’ai tendance à davantage écouter les deux titres de Campos. Je me demande à quoi va ressembler le prochain album, ‘MK 3.5: Die Cuts | City Planning‘ annoncé pour le 4 novembre prochain, et s’ils seront en mesure de mixer ces deux genres de manière compréhensible. En attendant, le duo nous fait le plaisir de revenir une fois par mois sur la radio en ligne NTS.

architecture/musiques

‘[…] so you won’t be lonely’

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jct - 1jct - 2jct - 3jct - 4jct - 5jct - 6

La promenade se poursuit en direction de l’IC la plus proche. IC est un acronyme pour inter-change, à ne pas confondre avec les JCT (junctions) que l’on trouve sur toute carte routière. La principale différence entre les deux est que les JCT n’ont ni entrée ni sortie et ne servent qu’à relier plusieurs autoroutes. Alors que je commençais à conduire au Japon ce carrefour était tout simplement terrifiant. Le trafic dense, les poids-lourds prêts à vous couper en deux, les feux de circulation poussant comme des grappes au moindre pylône, le GPS et ses instructions insuffisantes (-‘Tournez à droite’ -‘… Quelle droite ?’) A pieds, hors de tout danger, perché sur ma passerelle, la vue est tout simplement impressionnante. Selon l’endroit où je prends ma photo les voies d’autoroutes s’entre-coupent de façon complètement différente et semblent partir dans toutes les directions.

J’écoute une valeur sûre, ‘Love what survives‘ de Mount Kimbie, l’album le plus abouti du duo anglais. L’album est répertorié dans la catégorie électro mais pour le genre les percussions sont pour la plupart simplistes et clairement au second plan, c’est plutôt la basse qui prédomine sur la plupart des morceaux. Malgré les dissonances volontaires, les changements de rythmes fréquents au sein d’une même chanson et l’absence de refrain en onze titres, l’album est d’une remarquable fluidité. Je me demande bien d’où leur viennent leurs idées de sons sans n’avoir vraiment fait l’effort d’en savoir vraiment plus en lisant leurs interviews dans les magazines spécialisés ou sur internet.

J’y faisais déjà référence dans un billet publié il y a de cela 12 ans (!) mais je lisais à une époque consciencieusement unes par unes toutes les pages du magazine ‘Rockin’On Japan‘ afin d’en savoir plus à propos du processus de création des albums que j’appréciais. Ma compréhension de la langue évoluant j’ai entre-temps appris à ne lire que l’essentiel, et cela m’a surtout permis de me rendre compte que le volume d’informations vraiment intéressant est infime. Je n’ai donc pu m’empêcher de pousser un long soupir en tenant entre les mains le numéro du mois de novembre avec au menu une interview fleuve de 44 pages avec l’artiste LiSa que l’on entend partout depuis qu’elle interprète l’opening de l’anime Kimetsu no Yaiba (Demon Slayer), et bien évidemment en couverture … Bump of Chicken ! Ça n’évolue pas …

Toute les terres situées a l’ouest sont recouvertes d’immenses aires industrielles qui abritent les sièges d’importantes aciéries de la région, ces usines, villes dans la ville, qui ne dorment jamais. Je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemble une usine en Europe, les usines se ressemblent-elles partout dans le monde ? Celles du Japon vues de l’extérieur semblent d’une fascinante propreté, loin de l’image lugubre et sale que l’on pourrait avoir de pareil endroit. Très protégées, il est impossible d’y pénétrer, je me contente donc de prendre quelques photos à partir d’un grillage moins haut que les autres. Sur la dernière photo, avec la verdure à sa base cette usine n’a-t-elle pas des airs de château ?

musiques

‘The bass made my speakers come alive’ – la selection du moi(s) (7)

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Cette décennie (déjà?) encore, le label WARP aura agrémenté mes journées de découvertes musicales. La plus importante sera sans doute celle du groupe Mount Kimbie et son dernier album ‘Love what survives‘, parfait du début à la fin en terme de diversité des ambiances, des paysages sonores et des émotions ressenties. En remontant dans la discographie du groupe j’ai eu des frissons à la première écoute de ‘Made to stray‘ et de sa rythmique si particulière. Le titre a également permis à Léo d’ouvrir en grand une porte d’entrée vers l’électro déjà entrebâillée par mes écoutes lors de nos balades en voiture. Dans le cadre des WXAXRXP Session fêtant les 30 ans du label WARP vient de sortir une série de remix de 4 titres, qu’un remix de ‘Made to stray’ vient finir en apothéose. Un peu plus caverneux et embué que l’original, mais jouissif tout de même.

Chez WARP, il y a (avait?) Flying Lotus. Ce dernier a monté son propre label, Brainfeeder, regorgeant d’artistes d’horizons divers dont la compilation ‘Brainfeeder X’ donne un excellent aperçu. Vu l’excellente qualité de l’intégralité de celle-ci j’avais dans l’idée d’écouter plus en profondeur chacun des artistes, mais suis resté scotché sur place par Teebs, le tout premier sur la liste, dont le dernier album ‘Anicca‘ est sublime. Mystérieux (‘Atoms Songs‘) et aérien (‘Threads‘, ‘Studie’), puis soudain on croit retrouver un FlyLo plus jeune et plus énervé (‘Black Dove‘, ‘Mirror Memory‘).

Ecouter ‘I didn’t know’ me (vous?) transporte. Loin du froid, loin d’ici. C’est magique. A la première écoute j’en avais presque les larmes aux yeux. C’est tout simplement beau, et je ne trouve rien d’autre à dire. Skinshape est un génie, et pour être franc je trouve décevant qu’il ne soit pas un peu plus connu.

Kaytranada déborde d’une créativité qu’il lui permet de couper parfois ses chansons en deux (‘Glowed Up‘) alors que l’album ‘99,9%‘ compte pourtant 15 titres. L’album a provoqué chez moi le même enthousiasme que celui que j’avais eu a la découverte de Flume il y a 6 ans déjà, et d’ailleurs j’ai cru y retrouver des structures identiques. Il y a surtout ces lignes de basses improbables qui parsèment certains morceaux (‘Track Uno‘, ‘Breakdance Lesson N.1‘) et qui me retournent (replacent?) le cerveau au retour des longues journées de travail et sont également à l’origine du titre de ce billet. Il s’agit d’un commentaire laissé sur un site à propos de l’album, j’ai trouvé que la formule résumait fort bien l’affaire.