architecture/Tokyo

20.000 pas dans Tōkyō

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Autour du Palais Impérial Tokyo
Autour du Palais Impérial Tokyo
Tokyu Plaza Harajuku
Ginza Sony Park
Ginza Sony Park
Ginza Sony Park
Ginza Sony Park
Tokyo station traveler's factory
Tokyo station la nuit

Une nouvelle fois pour affaires à Tōkyō. L’un des rares avantages de mon changement de poste est qu’il m’amène à voyager plus souvent. Je me lève avant que le réveil ne sonne et quitte la maison en avance, j’arrive ainsi par un heureux concours de circonstances à la gare de Tōkyō une heure plus tôt que prévu. De là je suis supposé prendre le métro mais me perds dans la gare et me retrouve devant la sortie Marunouchi. Une rapide recherche sur mon smartphone du meilleur itinéraire jusqu’au lieu de rendez-vous près de la gare de Kōjimachi (麹町) m’apprend qu’il faut vingt minutes en métro et cinquante minutes à pieds, je me dis que si c’est pour me perdre à nouveau dans les dédales de la gare autant y aller en marchant. Selon l’application cela me fait arriver cinq minutes en retard mais il ne fait aucun doute qu’en marchant d’un bon pas j’arrive à l’heure. Il n’y a pas une minute à perdre, je me dirige donc d’un pas décidé en direction du palais impérial. La ‘balade’ autour du palais est très agréable par ce beau temps printanier et je me demande pourquoi je n’ai jamais eu l’idée de m’y rendre auparavant. Si j’ai souvent entendu que les cinq kilomètres que font le tour du palais étaient très populaire en tant que parcours auprès des adeptes de course à pieds, je suis très étonné par la proportion d’étrangers, non asiatiques notamment, qui s’adonnent parmi ceux-ci à leur footing matinal. Je les comprends tout à fait, l’un de mes premiers réflexes quand je me suis élancé pour ce parcours improvisé a été d’enclencher ma montre GPS pour garder une trace de cette balade. J’arrive au rendez-vous avec cinq minutes d’avance sur les autres avant tout le monde avec quelques gouttes de sueurs perlant sur mon front certes, mais maintenant complètement réveillé.

La suite de notre agenda nous mène à Omotesandō puis Harajuku. Je prends rapidement quelques photos par-ci par-là d’immeubles vus de nombreuses fois dans les pages du blog made in Tokyo, en expliquant à mes collègues que je suis amateur d’architecture, mais également que je tiens un blog et qu’il me faut donc de quoi alimenter mes pages. Comme souvent l’intérêt que ceux-ci porteront à mon blog n’est guère plus que poli, mais c’est comme ça. Notre tournée se termine enfin vers 16h autour de Ginza. J’en profite d’être dans le coin pour aller jeter un oeil au Ginza Sony Park, qui n’était pas encore ouvert au public quand j’y étais venu la dernière fois. L’endroit est très animé, au premier étage une chaîne de télévision est en pleine interview, quelques étages plus haut je remarque une file d’attente alignée en face d’un poster du groupe Hitsujibungaku (羊文学). Je pense tout d’abord qu’il s’agit d’un concert et jubile à l’éventuelle idée de pouvoir y assister, mais malheureusement il s’agissait d’une exposition à laquelle on ne peut participer que sur réservation. Je me repose un peu à la terrasse située au dernier étage en réfléchissant à quoi faire ensuite, marche encore jusqu’à la gigantesque librairie Maruzen Marunouchi. J’y entre à chaque fois avec la ferme intention d’y acheter quelque bouquin en langue originale de Paul Auster, pratiquement toutes les oeuvres y étant regroupées, mais suis à chaque fois rebuté par les prix exorbitants, et j’en sors une nouvelle fois bredouille. Après avoir longuement erré parmi les dédales de la gare de Tōkyō je trouve enfin le Traveler’s Factory Shop Tokyo, le flagship store de la marque de carnets de note Traveler’s Company dont j’utilise les carnets depuis maintenant plus de dix ans pour rédiger mon journal. L’endroit grouille de monde, l’engouement des clients pour la marque et tout ce qui est en rapport avec l’écriture fait plaisir à voir.

Nagoya/Nagoya

Cité de verre (2) – Meieki

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Je me suis éloigné de quelques centaines de mètres de la gare de Nagoya pour avoir une vue complètement dégagée sur les gigantesques constructions de verre que sont la JR Gate Tower (220m de haut) et la JP Tower Nagoya (196m). Le vent est violent, les nuages filant à toute vitesse se reflètent dans les surfaces de verre des deux immeubles. Vu d’en bas sous cet angle on pourrait croire qu’ils sont comme emprisonnés dans leur prison de verre et se meuvent à l’intérieur des bureaux au gré des courants d’air provoqués par la ventilation. J’imagine les travailleurs effectuant leurs tâches journalières, handicapés par une brume ou plus ou moins épaisse, et leur soulagement quand la météo annonce pour le lendemain un superbe ciel bleu sans nuages.

livres/musiques/Nagoya

今日は何か変だな(freezing cold) – Komaki & Sakae

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Il a fait très froid la semaine dernière, il a même neigé pendant la nuit. Comme souvent, la neige a disparu dans l’après-midi, laissant le temps aux enfants de s’y amuser pendant la matinée. Je dois ce jour-là me rendre de bon matin à Komaki (小牧), ville industrielle au nord de Nagoya. Peut-être parce que les montagnes sont toutes proches, le froid y est encore plus vif qu’autour de chez nous. Je pensais profiter d’être dans le coin pour faire un tour à l’aéroport de Nagoya, mais l’environnement hostile m’a bien vite découragé, c’est donc au centre de Nagoya que je cherche refuge. Alors qu’à son ouverture les gens faisaient la queue pour y entrer, je trouve immédiatement un siège de libre au Blue Bottle Coffee au premier étage du Chunichi Building, où je me réchauffe en dégustant un double expresso au goût très prononcé qui me rappelle celui bu dans les cafés lors de mon séjour en Europe le mois dernier. J’attends ainsi patiemment l’ouverture de la libraire henn books (ヘンブックス), situé à quelques blocs de là. Les publications de cette librairie ont commencé à apparaître sur mon fil Instagram il y a deux mois et l’algorithme m’a eu à l’usure. Il n’en est fait aucune mention nulle part mais je ne peux m’empêcher de penser que le ヘン (henn) provient de d’idéogramme 変 qui se lit signifie hen et signifie changement, étrange, fait qui attise grandement ma curiosité.

L’entrée de l’immeuble est tellement discrète que je passe une première fois devant sans la remarquer. Un étroit corridor, au bout une cage d’escalier que l’on se sent obligé de gravir sans faire le moindre bruit tant l’endroit semble infréquenté. La librairie porte bien son nom sous bien des aspects. La forme de la pièce me fait penser à un hexagone dont chaque côté serait d’une taille différente. Le magasin est autonome, il n’y a pas de personnel et la caisse n’accepte que les moyens de paiements électroniques. Un petit écran répète en boucle une histoire de meurtre irrésolu sur un fond de musique mystérieuse. Les étagères remplissent jusqu’au plafond le pan de chaque mur et on y trouve tout ce que la littérature peut compter comme polars et autres romans mystérieux. Une place particulière est attribuée à Ranpō Edogawa (江戸川 乱歩, 1894-1965) qui est en fait la transposition en phonétique japonaise du nom d’Edgar Allan Poe (1809-1849) エドガー・アラン・ポー, Edogā Aran Pō) ainsi qu’à un certain Fuboku Kosakai (小酒井 不木, 1890-1929). Comme souvent lorsque je pars (involontairement) à l’aventure dans de nouveaux domaines tout semble se recouper en un seul point puisque je suis justement en train de lire une nouvelle de l’écrivain et traducteur Seiji Tanizaki (谷崎精二, 1890-1971), qui se trouve être le principal traducteur vers le japonais des romans de Poe.

Autant je connais Edogawa pour avoir lu en partie ses oeuvres en français et avoir notamment été marqué par ‘la chaise humaine’, je n’ai jamais entendu parler de Kosakai, bien qu’il semble avoir eu une influence non moins importante dans le domaine du roman policier puis de la science fiction au Japon. Apparemment celui-ci serait né en 1890 à Kanie dans la préfecture d’Aichi et aurait également vécu au Parc Tsuruma, non loin de la librairie. Me voila de nouveau avec nouvelles choses à découvrir …

今日は何か変だな (Kyo ha nani ka hen da na), drôle de journée. Hen, encore une fois … Voilà plus de deux semaines que je ne cesse d’écouter en boucle le titre ‘Movie Light‘ de la chanteuse Satoko Shibata (柴田聡子). Cette chanson a quelque chose d’ensorcelant … de bizarre. Elle est imprégnée à la fois de tristesse et de mélancolie, mais également de douceur, de chaleur et de lumière. En l’écoutant j’ai l’impression de danser un dernier slow avec un être aimé à la terrasse d’un café situé en bord de mer en sachant que nous devrons nous quitter pour toujours le lendemain. J’y aime beaucoup la ligne de basse tout en légèreté, la manière dont la batterie entre puis s’efface, la voix douce, par endroit susurrée presque, au point que la dernière syllabe de certains mots n’est qu’à peine perceptible. Apparue dans mes suggestions sur Last.fm par un froid matin d’hiver en me préparant pour aller au travail, cette chanson m’aura apporté un peu de chaleur et de réconfort pendant ce mois de février difficile. Movie Light est le titre qui ouvre l’album ‘Your favorite things‘ sorti l’année dernière, après une ouverture aussi grandiose et théâtrale la suite de l’album est a mon goût un peu fade, ou alors faut-il tout simplement attendre que la magie s’estompe pour y jeter une oreille attentive.

Luxembourg/Luxembourg

‘J’avais tant de choses à dire …’ (2) – Marcher

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Paysage dans la brume Dijon
Paysage dans la brume Dijon
Paysage dans la brume Dijon
Paysage dans la brume Dijon

La brume épaisse, le paysage apparaissant au fur et à mesure que j’avance me fait penser à celle que l’on pourrait trouver dans un jeu de rôle. Curiosité des tiroirs de la mémoire – ou bien aidé par la fatigue peut-être, l’ambiance me fait me remémorer le fantastique début du jeu Ishtar 2 sur Amiga 500 alors que je n’y ai pas joué depuis au moins trente ans. Après avoir pianoté comme je le faisais alors dans le jeu mon itinéraire à travers la brume j’arrive à un croisement. Je n’hésite pas, je connais chaque chemin par coeur pour y avoir couru et fait du vélo pendant des heures durant mon enfance, les monstres et autres êtres extraordinaires qui s’y cachaient alors sont enfouis dans ces même poussiéreux tiroirs que j’ouvre au hasard au fur et à mesure que j’avance.

Le silence, total, est sublime, comme si j’étais seul au monde et que la brume absorbait tout son. Je prononce quelques mots, comme pour vérifier. Je m’entends bel et bien, mais bientôt les mots disparaissent et Cozen, l’envoûtant, vaporeux, interminable titre de Kyle Bobby Dunn se met à résonner dans ma tête pour remplir cet oppressant espace devenu trop silencieux. La nuit commence tout doucement à tomber. J’en suis attristé car cela signifie que cette agréable promenade touche à sa fin. Nous quitterons déjà ce lieu paisible le lendemain matin, le jour se lèvera trop tard pour que j’aie le temps à la fois de fouiller mes cartons et de me balader une nouvelle fois. Qui sait quand je pourrai revenir … ? C’est comme avec un sentiment de devoir accompli que je regagne la maison. Profiter de chaque instant.

Luxembourg/Luxembourg

‘J’avais tant de choses à dire …’ (1) – Aller

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Je quitte la maison vers 10 heures après m’être assuré dix fois de ne rien avoir oublié. Je suis largement en avance mais je ne sais de toute façon pas quoi faire de mon temps à la maison. Une fois à l’aéroport je mange un dernier copieux repas typiquement japonais. Si l’enregistrement des bagages se fait sans trop de complications au vu de ma situation, j’ai à faire face à un imprévu à l’inspection de l’immigration qui me prend 45 minutes, l’occasion une fois de plus de me féliciter d’avoir pris mes précautions. Voyage sans encombres jusqu’à Hong Kong en regardant l’animé Tokyo Godfathers (2003) de Satoshi Kon (今 敏). Je me rappelle avoir rencontré le réalisateur, décédé en 2010, à Paris en 2002 ou en 2006, dans le cadre de la projection de Perfect Blue, son premier film. Un dessin dédicacé de Mima, l’héroïne du film, doit même traîner dans les cartons à la maison, encore une chose précieuse qu’il me faudra ramener un jour. Cinq heures d’escale, soit assez de temps pour me balader dans le gigantesque aéroport et espionner les boutiques de marque rivales. Départ pour Paris après minuit, je somnole vaguement deux heures à peine assis. Trop éloigné de la fenêtre il m’est impossible de contempler l’apaisant néant d’une nuit noire sans lune, je regarde les films ‘Kneecapet ‘Upstream(逆行人生) pour faire passer les interminables douze heures restantes. Premier vol sur un A350. Très silencieux mais plus étroit que je ne le pensais, les genoux pratiquement enfoncés dans le dos du siège de devant.

Arrivée à Paris au petit matin. RER, temps gris et graffitis. J’achève deux heures à la Gare de Lyon en prenant mon premier repas : charcuterie et café serré, tel un vrai touriste. Suivent deux heures de TGV à travers la campagne. Petites routes, petits villages, petites églises et vastes champs. Pas une montagne ! Incident – Comme dans un film, me dis-je – lors du contrôle des billets des deux passagères assises trois sièges devant moi : – Vous n’avez pas moins de 27 ans vous …’ Je réfléchis, pour me maintenir éveillé, à la manière dont comme dans son roman ‘La modification‘, Michel Butor aurait décrit la scène dans ses moindres détails sur une quinzaine de pages. Dijon enfin. Encore un café, puis 30 minutes de trajet en voiture pour finalement arriver à destination. Cela fait maintenant plus de 36 heures que je suis debout mais il n’est pas question de dormir, encore moins de faire la sieste, je ne me réveillerai qu’au milieu de la nuit, soit trop tard, soit trop tôt, c’est selon. Il fait si froid qu’il est difficile de dire si c’est du givre ou de la neige qui recouvre les arbres, le temps est pire que tout ce que à quoi je m’attendais, mais au moins ne pleut-il pas. Ce climat me manque … le temps d’une semaine, j’en conviens.

architecture/Nagoya

‘On fait l’bilan, calmement …’ – Meieki, Nagoya

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HAL Nagoya Spiral Tower
HAL Nagoya Spiral Tower
HAL Nagoya Spiral Tower
HAL Nagoya Spiral Tower
HAL Nagoya Spiral Tower

J’entame cette nouvelle année 2025 avec quelques photos prises entre octobre et décembre du fascinant Mode Gakuen (HAL) Spiral Towers, tout près de la gare de Nagoya. Selon le temps qu’il fait et la position du soleil dans le ciel les panneaux triangulaires reflètent la lumière d’une manière différente. Une fois que l’on se sera éventuellement lassé de cet angle il suffira de se déplacer d’une dizaine de mètres dans n’importe quelle direction pour que le jeu de lumière change à nouveau. C’est un assez bel exemple de ce qu’est la vie en fin de compte. La roue tourne, et quand elle s’arrête sur la mauvaise case, que les choses ne vont pas comme elles le devraient, c’est à nous de nous déplacer afin de changer de perspective, de voir les choses sous un nouvel angle.

Entre mon changement de service au travail en avril et l’enfer de la préparation aux concours d’entrée au collège et au lycée des enfants (qui, quel que soit le résultat, semble enfin devoir prendre fin d’ici une dizaine de jours ) l’année 2024 est passée en un éclair. Malgré une manque flagrant de temps et de liberté par rapport aux années précédentes c’est à se demander comment je suis parvenu malgré tout à publier 39 billets, prendre une multitude de photos (dont une grande partie n’a pas encore publiée), gravir le Mont Fuji en juillet et finir le marathon de Matsusaka en décembre. Avec le recul je me dis que la rédaction du blog, les nombreuses balades appareil à la main et autres recherches sur des sujets divers que celle-ci implique ont été une échappatoire par rapport au tracas du quotidien. Le blog a tellement été une manière de m’évader cette année que même les habituels questionnements à propos de l’intérêt et/ou la nécessité d’en poursuivre la rédaction dont je suis généralement assailli pendant l’été ne m’ont même pas effleurés.

Un peu comme chaque année je ne suis pas parvenu à mettre à exécution de manière satisfaisante les nombreux projets que j’ai en tête, mais j’y travaille tout doucement. Ainsi, les lecteurs les plus attentifs auront peut-être remarqué l’apparition du menu ‘Contact/Lettres’ dans l’en-tête du site. Ce n’est encore qu’une ébauche mais je pense à l’avenir donner la possibilité de correspondre par courrier aux lecteurs intéressés par de tels échanges. Avant cela il me faudra dans un premier temps terminer le récit de l’ascension du Mont Fuji, qui m’a valu de nombreuses visites. Il y a une demande évidente pour une documentation précise sur le sujet mais cette manière de blogger façon ‘guide du routard‘ ne m’intéresse pas particulièrement car trop codée, trop carrée. Si jamais c’était à faire ce serait probablement plutôt en format vidéo, mais cette envie me vient sans doute de l’habitude de regarder les aventures de mes trailers favoris sur Youtube. Cela dit l’ascension du Mont Fuji a vraiment été une grande découverte et je me suis en tête, dans la mesure du possible, de le gravir dorénavant chaque année. Un peu dans le même ordre l’idée, en avoir terminé avec la course à pied pour cette saison va enfin me permettre de me focaliser sur le tracé du Tōkai Nature Trail (東海自然歩道) en Aichi, que j’ai l’intention de parcourir dans son intégralité cette année. Là encore je ne suis pas certain de la meilleure manière de documenter le tout mais je commence tout doucement à comprendre qu’au lieu de longuement hésiter pour finalement ne pas franchir le premier pas, il est encore préférable de me lancer quitte à rectifier le tir en route.

En fait cette année j’ai surtout – et ce quel que soit le résultat aux yeux des lecteurs – pris plus de plaisir à photographier qu’à écrire, et à priori la tendance devrait se poursuivre en 2025. Là encore, je m’organise peu à peu, notamment en établissant une liste des bâtiments et lieux que je souhaiterais visiter afin de ne pas perdre trop de temps à me décider où aller quand enfin j’en ai le temps. Je réfléchis également à l’élaboration d’une carte qui montrerait les lieux visités dont j’ai parlé sur le blog. Le tout devrait m’occuper pendant une, deux, cinq ou même dix années, au rythme où vont les choses …

architecture/Nagoya

Pas de kо̄yо̄ cette année … – Yagoto, Nagoya

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Kosho-ji Temple
Kosho-ji Temple
Chukyo University
Chukyo University
Chukyo University

En cette fin d’année je suis rentré complètement bredouille de l’habituelle ‘chasse au kōyō’, les feuilles rouges d’automne. Mon entraînement en progression pour le marathon de Matsusaka à la mi-décembre a fait que pendant ces dernières semaines j’ai passé la plus large partie de mes jours de congés à sillonner les routes de la péninsule de Chita. Courir pour me vider la tête, au retour ingurgiter le double des calories perdues, puis la nuit venue dormir autant que possible pour récupérer des forces. A vrai dire autant sur le point professionnel que personnel il se passe trop de choses pour que je sois assez en paix avec moi-même pour pouvoir apprécier à sa juste valeur un paysage, aussi beau soit-il. Quand enfin je trouve le temps et la motivation pour une sortie au temple Kōshō-ji, dans le quartier de Yagoto (八事) à Nagoya, le temps que j’arrive à destination il faut bien évidemment que le ciel se couvre, rendant fades les dégradés de coloris des arbres. La chance n’est définitivement pas de mon côté puisque comme la dernière fois, la cour intérieure Fumon-en (普門園) est aujourd’hui inaccessible au public, je ne peux donc pas m’approcher plus près du gigantesque et resplendissant gingko jaune qui depuis tout à l’heure attire mon attention.

Il serait trop dommage d’être venu dans le coin pour rien, je retourne donc vers la gare de Yagoto afin de m’attarder autour des bâtiments de l’université Chukyo University (中京大学). L’université a été créée en 1954 par Seimei Umemura (梅村淸明), athlète ayant participé aux épreuves l’athlétisme pour le Japon aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1932 devenu ensuite professeur et spécialiste en éducation physique. Si elle s’est entre-temps diversifiée dans de nombreuses branches, l’université est encore aujourd’hui célèbre pour ses formations dans le domaine du sport et de nombreux athlètes réputés sont originaires de Chukyo. Les trois dernières photos de cette série montrent les détails du bâtiment principal de l’université, le Bâtiment Central 0 (zéro) (センタービル 0号館), avec ses motifs d’arches voûtées qui sembleraient se répéter à l’infini si elles n’étaient pas par endroits interrompues par des parois de verres. En observant ces répétitions, j’ai tellement été absorbé, comme hypnotisé par celles-ci que j’en ai oublié de prendre une vue d’ensemble du bâtiment.

Si le Central 0 n’a été construit qu’en 1994 pour célébrer les 50 ans de l’université, on peut déjà retrouver ce thème architectural dès le fondement de l’université en 1954 sur les parois du bâtiment principal et du gymnase notamment. Je me demande bien d’où provient cette inspiration, malgré mes recherches sur internet je n’ai pas réussi à déterminer qui est à l’origine des différents bâtiments. Pour me documenter davantage il me faudrait probablement faire un tour à la bibliothèque de l’université située aux quatrièmes et cinquièmes étages du bâtiment principal, accessible aux personnes extérieures à l’établissement sur inscription. Cela me ferait une excellente excuse pour me balader à l’intérieur du bâtiment, mais je ne pense pas avoir le courage d’y prendre des photos. Je me contenterai de rêvasser en regardant à travers ces fameuses arches, de m’imaginer l’espace de quelques instants encore étudiant en attendant que d’éventuels passants dans la rue photographient les arches comme je l’ai fait moi-même.

Les photos ci-dessus sont tirées des archives de l’université

Nagoya/photographie/Nagoya/photographie

Merge to emerge – Meieki, Nagoya

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reflets dans vitre gare de Nagoya
reflets dans vitre gare de Nagoya
reflets dans vitre gare de Nagoya
sol mouillé par la pluie

C’est en m’abritant de la pluie devant une grande baie vitrée à l’arrière de la gare de Nagoya que je me suis souvenu d’un conseil sur internet qui parlait d’utiliser le refléchissement des vitres pour jouer avec les reflets et les superpositions d’images. Ainsi, le flot des voyageurs, touristes et autres passants arrivant, partant ou traversant la gare vient le temps de quelques photos se superposer au bal incessant des taxis. En réalité il se passe trop de choses en même temps dans mon cadre, un détail (le signe lumineux rouge「空」à l’avant du taxi signifiant que celui-ci est libre par exemple) ou un personnage que je pensais sur le coup intéressant semble s’être perdu dans la masse d’informations sans que je ne puisse le retrouver ou le faire réapparaître de manière satisfaisante une fois sur mon écran d’ordinateur.

C’est là que je me suis souvenu des époustouflantes photos de Navid Baraty dans sa série Merging Worlds: City & Nature in Double Exposure qui font communier larges espaces naturels et gratte-ciels de la ville. Baraty est également connu pour ses photos en vue plongeante du haut des immeubles new-yorkais, mais il a egalement capturé quelques clichés très intéressants lors d’un passage à Tо̄kyо̄, mêlant habilement parapluies, passages piétons eu autres formes géométriques. Pour l’instant je m’inspire de ceci-cela, je copie, je mime, je singe, mais je m’amuse beaucoup. Difficile toutefois de placer tout cela dans ce blog de manière cohérente …

architecture/Nagoya

TsurumAi & STATION Ai – Nagoya, Shо̄wa-ku

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Balade autour du Parc Tsuruma (鶴舞公園) pour me dégourdir les jambes en ne pensant à rien. Il est encore trop tôt pour que les arbres arborent leurs plus belles couleurs automnales, le soleil est bas et les surfaces d’ombres sont plus larges que d’habitude, en prenant soin d’éviter toute présence humaine sur les photographies celles-ci en prendraient presque un air inquiétant.

L’objectif précis de ma venue est de voir à quoi ressemble STATION Ai, le centre d’innovation et de soutien aux start-ups, projet directement inspiré du campus de start-up Station F, situé dans le 13eme arrondissement à Paris. STATION Ai a ouvert ses portes en octobre dernier aux abords du parc. Vu de l’extérieur le bâtiment en lui-même n’a rien de particulièrement intéressant et l’étroitesse des ruelles alentours m’empêche d’en prendre une vue d’ensemble. Je me glisse rapidement à l’intérieur, la cafétéria au premier étage étant apparemment accessible au public. Je passe quelques instants au centre du spacieux atrium et de son plan incliné qui monte jusqu’au dernier étage. Je ne m’en aperçois qu’une fois que je rédige ce billet mais au septième étage est ouvert un bar en extérieur apparement accessible au public. La vue sur le parc Tsuruma juste derrière doit être interessante, par un beau jour de soleil il me faudra y revenir avec un bon bouquin.

Tokyo/Tokyo

Shibuya, à quelle heure dors-tu ? – Shibuya, Tо̄kyо̄

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ginza sony
shibuya at night
shibuya
flying lotus
shibuya karts
shibuya at night buildings

Nouvel aller-retour à Tokyo. Comme le mois précédent la journée a été chargée. A Ginza j’ai juste le temps de toiser de haut le Ginza Sony Park sur lequel se reflète la lumière des vitres du grand magasin Tokyu Plaza Ginza où nous nous trouvons. Je suis assez mitigé voir déçu par la façade du Sony Park après sa rénovation, pour un peu on croirait que le bâtiment est encore entouré d’échafaudages, on se demande si l’endroit est ouvert ou non.

Il est déjà 18h quand la dernière réunion se termine, dans le quartier d’Ebisu cette fois. Je jubile quand nous passons par hasard devant la salle de concert Liquid Room. Je n’y suis jamais entré mais connais l’endroit via le groupe Sakanaction, qui a un lien étroit avec cette salle. Une partie des musiciens s’y présente de temps à autre en tant que DJ et le groupe y a fêté ses 20 ans d’activités en juillet dernier. Surtout, celle-ci est mise en scène dans la chanson 「聴きたかったダンスミュージック、リキッドルームに」(Kikitakatta Dance Music, Liquid Room ni‘, que l’on peut retrouver sur la face B du single 新宝島 (Shin Takarajima), sans doute le tube le plus connu du groupe.

Avant de monter dans dans le train pour Nagoya j’ai juste le temps et assez d’énergie pour sur la route du retour faire un rapide saut à Shibuya dans l’idée de jeter un oeil à l’exposition ‘Holiday Memories‘ du photographe espagnol Yosigo. La température est agréable, l’endroit grouille de monde, peut-être même plus qu’en journée. Après 18 années passées au Japon je sais très bien que l’on ne peut faire plus cliché comme visite, mais l’énergie de ce lieu ne peut être ressentie nulle part ailleurs. Comme submergé par le trop plein d’informations et d’émotions j’oublie mon objectif, et finis, par habitude peut-être, au Tower Records où je passe quelque temps au rayon des disques. Tandis que je réfléchis si oui ou non je dois m’emparer du mythique ‘Cosmogramma’ (2010) de Flying Lotus, la balade ‘First Love‘ (1999 !!) d’Utada Hikaru gueule dans tout l’étage à travers les hauts-parleurs et le petit craquement typique du format vinyle lui donne comme un second souffle et me coupe le mien, renforçant ma conviction qu’il me faudra très sérieusement penser à m’acheter une platine vinyle et un bon casque pour redécouvrir mes albums préférés. Entre-temps au dehors, le chaos se poursuit et s’intensifie même, imprévisible. Que voulez-vous, pour l’inakamono (terme souvent péjoratif signifiant ‘gars de la campagne‘) que je suis, Shibuya, carrefour des langues du monde entier, ses Mario Kart irl, ses défilés de voitures de sport, ses freestyle de rappeurs amateurs et ses immeubles qui brillent de mille feux, ça fait beaucoup de bruit et de couleurs d’un coup. Peut-être même est-ce encore plus stimulant que n’importe quelle exposition.