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balades au Japon

Rien ne change à part les saisons (3) – Kyōto(bis)

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Kiyomizu-dera
Kyoto touriste en yukata
Kiyomizu femmes en kimonos
Kiyomizudera écoliers
Kiyomizudera

Tout en me baladant parmi les bâtiments cités dans les billets précédents je tente de me fondre dans la foule afin de prendre en photo les gens autour de moi. Affairés qu’ils sont à prendre leurs propres photos, à discuter entre eux ou à être comme figés sur place par la beauté du lieu personne ne fait attention à moi, mais cela ne m’empêche pas d’être réticent à pointer mon appareil vers eux. Comme le fait le brillant photographe Bruno Quinquet dans sa série de photographies salaryman project, il suffirait que le visage du sujet ne soit pas reconnaissable pour que je ne me sente pas coupable de faire quelque chose de mal, mais je n’ai ni les idées ni la spontanéité nécessaire et me contente (mais c’est déjà beaucoup pour moi) de prendre les sujets qui m’intéressent de dos ou de loin.

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‘Rien ne change à part les saisons’ (2) – Kyōto

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Kyoto, deuxième jour. Nous avions tellement de choses à nous raconter que nous nous sommes couchés tard la veille mais je n’ai presque pas eu à me forcer pour parvenir à me lever, enfiler mes chaussures de course, et en pyjama presque, courir 10km dans les rues de Kyoto, le ventre vide mais des étoiles plein la tête, émerveillé, me répétant sans cesse ‘c’est dingue, je cours au milieu de monuments sacrés’.

Nous passons la matinée aux alentours du Kiyomizudera (清水寺). Je me projette mentalement un millier d’années en arrière, aidé en cela par le fait que de nombreux touristes soient revêtus de kimonos et de yukatas disponibles en location. J’imagine à l’époque la béatitude des pèlerins venant parfois du bout du pays à la vue de ces grandioses bâtisses. Y’avait-il alors déjà autant de monde ? Pouvait-on distinguer divers dialectes dans le brouhaha incessant ? La notion de silence et de bruit occupe mes pensées partout où je vais, je me dis qu’il me faudra la prochaine fois laisser mon appareil photo à la maison et venir avec un dictaphone afin de mieux voir avec les oreilles. Bref. L’endroit, mais aussi les gens sont sublimes.

Fin d’après-midi à Fushimi Inari-taisha (伏見稲荷大社). Je suis moi-même surpris de ne jamais y être venu auparavant et suis heureux de partager mes premières impressions, moi qui jalousais mes amis de découvrir le Japon pour la première fois. Bien qu’il soit difficile de profiter de la spiritualité du site, le sentier qui passe à travers les milliers de portiques vermillons est esthétiquement sublime tandis que le soleil déjà bas forme des ombres sur les torii.

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‘Rien ne change à part les saisons’ (1) – Nara

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Kasuga-taisha 春日大社
Kasuga-taisha 春日大社
belfry at Tōdai-ji
Nara Nandaimon 南大門
Kon-dō (Daibutsuden) 金堂 (大仏殿)
Kon-dō (Daibutsuden) 金堂 (大仏殿)

Un ami de longue date et sa femme effectuent leur premier – et probablement pas leur dernier – voyage au Japon, un beau parcours de plus de deux semaines les menant dans les plus beaux coins du pays. Pour les touristes, il n’y a pas grand chose à faire ni à voir à Nagoya, surtout après avoir déjà fait le tour de l’immense et déjà bien dépaysante Tokyo. Il y a bien des balades extraordinaires à faire à quelques heures de route dans les préfectures alentours, mais cela demande beaucoup trop de temps en déplacements, ce qui n’est pas l’idéal lorsque l’on n’a qu’une ou deux journées à disposition. Osaka, Kyōto, Nara … Au vu de la densité de ces trois lieux historiquement parlant, le fait d’être situés dans un mouchoir de poche est une aubaine pour les touristes, et je comprends maintenant mieux pourquoi depuis une dizaine d’années ceux-ci entrent au Japon par Nagoya pour repartir d’Osaka.

Premier jour à Nara. La dernière fois que j’y suis venu c’était pour participer à son marathon en décembre 2016. En début de parcours nous traversions le vaste espace vert public qu’est le parc de Nara et les nombreux daims qui s’y baladaient, comme aujourd’hui, librement, nous regardaient d’un air étonné. La ville n’a pas changé (d’un poil) et après tout c’est bien normal, que sont quelques années pour une ville fondée en 710 ? Nous visitons en prenant tout notre temps le Grand Sanctuaire Kasuga 春日大社 puis le temple Tōdaiji 東大寺 qui renferme le Grand Bouddha Daibutsu. Partout où nous allons les touristes du monde entier sont tellement nombreux que c’est à peine si l’on entend parler japonais. C’est à la fois bizarre et fascinant, comme si le corps était au Japon mais l’esprit ailleurs, ou l’inverse.

Shiga/Shiga

au château de Nagahama – Nahagama, Shiga pref.

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Nahagama Castle
Lake Biwa Nahagama
Lake Biwa Nahagama

Le temps est gris, on a perdu dix degrés en l’espace de deux semaines. Nous voilà malgré tout partis pour une courte virée vers la ville de Nagahama (長浜市), dans la préfecture de Shiga, au bord du lac Biwa, le plus grand lac du Japon, situé non loin de Sekigahara, lieu où s’est tenue la célèbre bataille de Sekigahara en 1600.

Le château de Nagahama a été édifié aux environs de l’an 1577 par le seigneur féodal Toyotomi Hideyoshi. Il ne reste aujourd’hui que quelques ruines des bâtiments d’origine ainsi qu’une reconstruction du château datant de 1983. Ce n’est sans doute pas le château le plus impressionnant qui soit, mais nous sommes dans le coin aujourd’hui pour son aspect historique. En effet, Louis a dernièrement un appétit incroyablement vorace pour tout ce qui concerne l’histoire féodale du Japon, c’est comme s’il retenait instantanément tout ce qu’il lisait sur le sujet. J’ai toujours été incapable de retenir les dates et confonds irrémédiablement les noms de guerriers qui se ressemblent tous, de sorte que je peine à suivre.

Nous faisons le tour du château sans pénétrer à l’intérieur puis traînons sur les rives du lac, tellement immense que l’on n’en voit pas la côte en face. S’il n’y avait pas l’absence de son odeur caractéristique on pourrait se croire en bord de mer, le passage de quelque bateaux de croisière formant régulièrement quelques vagues pour brouiller encore un peu plus les cartes. Léo et Louis se mettent à faire des ricochets sur la surface de l’eau avec des galets et sont aussitôt imités par d’autres enfants. Leurs parents s’y mettent et nous aussi, la chose est inexplicablement contagieuse, comme lorsqu’une personne baille à côté de soi.

écriture/vie du blog/Nagoya

Nagoya Port → Sasashima

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Trois semaines de vacances, en quelque sorte. Les journées défilent et la période de blanc se prolonge … Quand il m’arrive de parler du fait que j’écris mes carnets à mes collègues ou mes amis, ils s’étonnent toujours de la longévité de mon activité. Je leur explique à chaque fois que le secret réside dans le choix du support d’écriture, à savoir un cahier ou un agenda sans inscription de la moindre date. Je ne connais personne qui ait été capable d’écrire longtemps dans un carnet de type ‘une page par jour’, avec la date inscrite en haut de page. Il suffit en effet, et ce quelle que soit la raison, de ne pas y écrire pendant deux ou trois jours pour irrémédiablement ressentir un sentiment de culpabilité, l’écriture est de par sa promesse faite à soi-même plus devenue un devoir qu’un plaisir. Même neufs et vierges, on ne trouve ni mention de date ou de jour dans mes carnets – toujours mon bon vieux Travelers Notebook dont il faudra d’ailleurs montrer quelques photos. J’y inscrit bien sûr la date quand j’y écris quelque chose ou y colle des photos, mais j’y écris quand je le veux, si je le veux, et ce sans que, comme si ça aurait été le cas si j’avais été paresseux pendant trois semaines, vingt-et-unes pages de blanc séparent deux inscriptions. C’est sans doute là ma manière de dompter la peur de la page blanche.

Finalement il en est de même pour ce blog. Il m’est arrivé pendant cette période de creux de me dire qu’il me faudrait donner signe de vie, mais au fond mon manque d’inspiration et d’envie d’écrire ne m’a pas préoccupé plus que cela. Pour une fois même, l’habituel ‘et si j’arrêtais tout ?’ ne m’a même pas effleuré. J’attendais juste que cela revienne, et j’écris ces quelques lignes pour palper ma forme, voir si j’y prends plaisir ou pas.

Les photos ci-dessus ont en réalité été prises l’année dernière à la même date à quelques jours près. Le retard s’explique par le temps agréable et propice aux promenades qu’il fait à partir de la mi-octobre pendant lequel je me baladais sans cesse et prenais énormément de photos que je n’ai pas réussi à caser dans un article avant que la chasse au kōyō ne débute. J’ai de la sorte de nombreuses photos qui attendent de ressurgir des tréfonds de ma photothèque. Je me dis toujours qu’il me faut attendre d’être dans le même mois ou au moins la même saison pour les utiliser. Non pas pour essayer de les intégrer discrètement dans le fil d’articles sans que personne ne s’en rende compte, mais parce que la lumière éblouissante d’un soleil d’été n’a rien à faire entre deux séries de photos prises dans la lumière douce d’automne.

Il s’agit donc d’une série prise lors d’une promenade, à pied, d’un peu plus de 12 kilomètres visant à remonter le canal de Nakagawa à partir du port de Nagoya jusqu’au quartier de Sasashima situé juste en dessous de la gare de Nagoya. Une fois que l’on s’éloigne du port et de son aquarium, le canal n’est bordé de pratiquement tout son long que d’usines, d’entrepôts et de centres logistiques de tailles diverses et variées, de dortoirs, de petits restaurants où se retrouvent probablement chaque midi les habitués. Pour être tout à fait franc l’intérêt est plutôt moindre, je n’ai d’ailleurs aucun souvenir de ce que j’ai écouté comme musique lors de cette promenade. Je réfléchis à prendre en photos les travailleurs dans leurs vêtements de travail et autres salopettes de couleurs diverses, avec leur casque sur la tête, mais ne parviens pas à me faire violence – c’est qu’ils ont l’air costauds en plus. Je marche d’un bloc à l’autre, arrêté pratiquement à chaque croisement par un feu rouge toujours trop long. Tout se ressemble et se répète tellement que j’en viens à regretter un peu de m’être lancé dans cette entreprise. Bien qu’encore éloignée, je suis soulagé quand je commence à apercevoir au loin la tour de le chaine de télévision Chūkyō, plantée dans le décor tel un drapeau signalant l’arrivée du parcours.

Tout à fait paradoxalement, les coins de verdure, parcs et squares se font plus fréquents au fur et à mesure que je me rapproche du centre de Nagoya, et même l’architecture des entrepôts, jusqu’ici banales baraques faites de tôle, semble désormais avoir été pensée pour susciter l’attention de ceux qui se baladent le long du canal. J’arrive enfin, au bout d’un peu plus de quatre heures de marche, à bon port, si j’ose dire. Je m’assois quelque instants dans le parc devant centre commercial Global Gate et le campus de l’Aichi University, que j’avais visité une année auparavant. C’est d’ailleurs, il me semble, la découverte du canal qui m’avait donné l’idée de cette balade. Pour une fois, j’accomplis l’un de mes projets !

architecture/Nagoya

Kurokawa IC – Kita-ku, Nagoya

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Kurokawa IC 黒川IC
Kurokawa IC 黒川IC
Kurokawa IC 黒川 IC
NEX PLAZA

Il a cessé de pleuvoir, je sors de ma cachette et marche en direction du nord sans véritable but jusqu’à ce que je me souvienne que je voulais depuis longtemps faire une virée à l’Interchange (échangeur routier) de Kurokawa (黒川 IC), l’entrée et la sortie d’autoroute du réseau d’autoroutes de Nagoya, qui a de particulier le fait qu’en raison d’un manque évident d’espace elle est constituée de deux boucles en colimaçon. Mon appareil n’est pas adapté à l’immensité de la structure, et de jour les photos ne rendent pas grand chose. Peu inspiré et sur le point de prendre le chemin du retour, je tombe par hasard à proximité sur le musée NEX PLAZA (ネックス・プラザ) dédié à l’autoroute de Nagoya (Nagoya EXpressway). On y trouve diverses installations autour de l’histoire de la construction de l’autoroute, des tâches effectuées quotidiennement pour l’entretenir et une jolie maquette de l’IC Kurokawa, qui vue ainsi de haut me fait penser à l’un de ces circuits de la marque Tomica.

Nagano/Nagano

Tateshina, again .. (Kirigamine & Kurumayama, Nagano pref.)

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Tateshina 蓼科 Nagato Farm 長門ファーム
Tateshina 蓼科 chevaux
Tateshina Shirakaba-ko coureurs
Vue sur Lac Shirakaba du haut du Kurumayama-san
Sommet du Kurumayama-san
Tateshina
Tateshina
Tateshina
Tateshina
Tateshina

Si parmi les gens qui aiment voyager il y a ceux qui partent à chaque fois vers une nouvelle destination afin de découvrir de nouveaux lieux ou paysages et ceux qui reviennent régulièrement aux endroits qui leur plaisent, pour ce qui est de nos balades en famille je pense que nous faisons clairement partie de la seconde catégorie. Nous voici donc, juste avant les vacances o-bon, une nouvelle fois pour le week-end dans le bourg de Tateshina (蓼科), plus exactement dans les environs du Lac Shirakaba (白樺湖), devenu au fil des années une sorte de lieu de retraite nous permettant de fuir la canicule en été ou de profiter des sports d’hiver.

Arrivés au lac en début d’après-midi, nous faisons un tour à la ferme Nagato Farm (長門牧場) pour y manger une délicieuse et crémeuse glace, puis allons côtoyer les chevaux dans le champ qui borde un parc sur le même plateau. Un parcours de cross country y a été aménagé, j’aurai volontiers couru un peu mais le travail m’attend ! En effet, nous allons passer la nuit dans un bungalow fourni avec tout le matériel nécessaire pour faire un BBQ, il faut aller acheter les ingrédients au Tsuruya (chaîne de supermarché local) le plus proche, couper les légumes et préparer le feu. Il y a près de dix degrés de différence avec Nagoya, en soirée il fait à peine 25 degrés, nous sommes même obligés de sortir les couvertures pour dormir.

Réveil aux aurores et balade de bonne heure aux abords du lac. Il n’est même pas sept heures du matin que l’on peut apercevoir des nombreux groupes de cinq ou six personnes courant à toute allure autour du lac. Ta-ta-ta-ta, leur foulée est légère et régulière, c’est à peine s’ils touchent le sol. Il s’agit d’étudiants qui s’entrainent pour les courses de relais ekiden, je reconnais l’uniforme de Tokai University (東海大学) mais je ne suis pas assez au fait pour être en mesure de reconnaître qui que ce soit. Après le petit déjeuner je fais le tour du lac une fois seul en courant, puis à vélo avec les enfants.

Nous empruntons en voiture la Venus Line et zigzaguons sur les flancs du Mont Kirigamine 霧ヶ峰, montagne qui fait partie des 100 montagnes célèbres du Japon (et donne son nom à une série de climatiseurs dont ‘le flux d’air naturel s’inspire des mouvements d’air naturels de la légère brise qui souffle sur le mont Kirigaminé, lieu de villégiature très prisé au Japon pour se ressourcer’.) Apres avoir déjeuné à la cafétéria de ce qui semble être une station de ski en hiver, nous empruntons le télésiège jusqu’en haut du Mont Kurumayama. La montée se fait en deux étapes et prend 15 minutes. Arrivés au sommet situé à 1925m, nous sommes presque dans les nuages et il y fait même froid. La vue sur le lac Shirakaba en contrebas est superbe. Nous contemplons longuement les montagnes et vallées alentours, redescendons légèrement sur l’autre versant derrière le radar météorologique. On peut distinguer quelques randonneurs par-ci par-là, à l’approche de l’UTMB qui aura lieu deux semaines plus tard je ne peux m’empêcher de me voir y courir ‘en sautant (…) comme un cabri‘. Je propose aux autres de m’attendre en bas pendant que j’entreprends la descente à pieds plutôt qu’en télésiège, mais non seulement ma proposition est refusée, mais j’en prends pour mon grade. Et dire que si cela ne tenait qu’à moi j’aurai même fait la montée à pieds ! Dans ma tête je me projette déjà dans ma future balade et m’achète en douce au magasin de souvenirs une carte des environs que je consulte pendant qu’ils mettent deux éternités à faire le tour du magasin ; en partant de la maison à cinq heures j’arrive ici à huit heures, cela me ferait huit heures de balade …

Nous poursuivons notre balade le long de la Venus Line en nous arrêtant aux nombreux points d’observation, descendons à chaque fois de voiture et nous baladons une dizaine de minutes, de sorte que nous n’avançons guère, mais cela n’a aucune importance. Toute cette verdure, l’absence de bâtiments, l’immensité des pleines qui nous entourent, la fraîcheur … mais pourquoi tenons nous tant à vivre les uns sur les autres alors qu’on est si bien ici ?

architecture/Nagoya

NZU 2 – Kita-ku, Nagoya, Aichi

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NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University roof
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University interior
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University light
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University interior
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University light
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University interior light
NZU 名古屋造形大学 Nagoya Zokei University light

Après avoir déposé Léo à 10h dans un quartier situé au sud-est du château de Nagoya, il me faut y retourner à 15h pour aller l’y récupérer. Le temps est gris et imprévisible mais je n’ai pas envie de perdre mon temps à faire l’aller-retour la maison et décide donc de faire une petite trentaine de minutes de marche jusqu’à l’université Nagoya Zokei Daigaku (NZU), découverte par hasard il y a quelques mois. Une fois sur place je fais une fois le tour du bâtiment et me décide cette fois à discrètement m’engouffrer dans la cour à l’intérieur. En réalité je me suis fait du tracas pour pas grand chose, une pancarte explique en effet que le rez-de-chaussée est accessible au public pendant l’été dans le cadre d’une opération intitulée ‘北区まちなか避暑地‘, durant laquelle le district de Kita-ku propose à ses résidents de fuir la chaleur en prenant refuge dans l’un des 21 campus universitaires, bibliothèques et autres centres commerciaux proches de chez eux.

J’ai pratiquement le bâtiment pour moi tout seul et monte et descend librement tout ce qu’il compte comme escaliers. Les formes simples me font penser à un stage de jeu vidéo. Les rayons de soleil passent à travers les ouvertures carrées dans le toit et frappent la façade, formant en dehors des escaliers les seules lignes qui ne soient pas horizontales ou verticales. Bientôt le ciel s’assombrit et il se met à pleuvoir. J’en profite pour prendre mon temps et m’asseoir, en hauteur, sur l’un des bancs mis à disposition. D’ici je domine la cour tout en restant inaperçu. J’écoute quelques temps la pluie qui tombe, puis à défaut d’avoir autre chose à faire, sors mon carnet pour prendre quelques notes. Comme ce fut le cas lors de ma visite à Atsuta-jingū la semaine précédente, je me dis qu’au lieu de me dépêcher et de courir à droite à gauche je devrais toujours inclure dans mes balades une pause d’une demi-heure pour me poser quelque part et noter sur le vif mon ressenti.

architecture/livres/Nagoya

‘Marche à l’ombre’ – Atsuta-Jingū, Atsuta-ku, Nagoya

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Fin juillet. Il fait atrocement chaud mais je refuse pour autant de rester enfermé. Je trouve ainsi refuge parmi les nombreuses vastes allées ombragées par d’immenses arbres qui me semblent millénaires, au sein du sanctuaire Atsuta-jingū (熱田神宮), situé au sud de Nagoya.

Le sanctuaire Atsuta Jingū (sanctuaire d’Atsuta), est l’un des centres de culte les plus importants du Japon avec ses près de 9 millions de visiteurs par an. Construit sous le règne de l’Empereur Keikō (73-130), ce qui en fait l’un des plus anciens lieux de culte du Japon, il est dédié à la déesse du soleil Amaterasu, la plus sacrée du panthéon shintō. Le sanctuaire aurait été construit pour accueillir notamment le Kusanagi no Tsurugi (草薙の剣), le ‘sabre faucheur d’herbe‘ qui aurait été offert par cette même déesse à ses descendants, la famille impériale du Japon. Le sabre est l’un des trois trésors sacrés du Japon, avec le miroir de bronze Yata-no-Kagami qui repose au sanctuaire d’Ise dans la préfecture de Mie, et le bijou Magatama, conservé quant à lui au Palais Impérial de Tokyo. Ces trois reliques ne sont visibles que par quelques privilégiés, l’empereur et quelques prêtres de très haut rang.

Je me dirige sans trop réfléchir, comme attiré peut-être, vers le sanctuaire principal où je suis me suis rendu une demi-douzaine de fois de par le passé. Nous sommes bien loin de la foule qui s’y rue autour du Nouvel An, à peu près la moitié des visiteurs me semblent être étrangers. Juste après m’être levé les mains au chōzuya, je suis fasciné par un gigantesque camphrier. Il porte autour du tronc, qui fait plus de 7 mètres de diamètre, une banderole de papier plié en forme d’éclair signifiant qu’il y demeure une divinité. Faisant plus de 20 mètres de haut, partiellement recouvert de mousse, avec ses branches se tortillant vers le ciel et ses jeunes pousses faisant irruption des ses propres racines, il a effectivement quelque chose de solennel. Si j’avais bien entendu remarqué cet arbre majestueux auparavant, je lui porte cette fois une attention toute particulière après avoir justement fini de lire le livre de l’écrivain à succès Keigo Higashino (東野 圭吾), クスノキの番人 (The Camphor Keeper), dans lequel un camphrier magique a le pouvoir d’emmagasiner les voeux de ceux qui viennent y prier afin d’être transmis d’une génération à l’autre au sein d’une même famille. L’intrigue a un peu du mal à se mettre en place, avec ses 483 pages le livre est un poil trop long, mais dans l’ensemble je l’ai trouvé agréable à lire et je dois avouer avoir été surpris par le dénouement. Comme le trio d’arbres géants à Osu dont j’ai déjà parlé plusieurs fois dans ces pages, les camphriers ont vraiment quelque chose d’enchanteur et de prodigieux.

C’est donc dans cet état d’esprit un peu mystique que j’atteins le sanctuaire principal. Après avoir effectué une prière je traine autour du comptoir où sont vendus les amulettes porte-bonheur o-mamori. Du fond de la cour un jeune prêtre de grande taille tout vêtu de blanc s’avance à grands pas vers l’un des guichets et s’y assoit, et bientôt une file d’attente d’une dizaine de personnes se forme. Il s’agit de la personne qui écrit les ‘go-shuin’, les sceaux donnés aux fidèles et aux visiteurs des sanctuaires shintoïstes ou dans les temples bouddhistes au Japon. Les sceaux sont souvent rassemblés dans des carnets en papier cartonné appelés shuin-chō qui sont vendus dans les sanctuaires et les temples. En réalité cela fait plusieurs années que je pensais m’en procurer un, j’attendais soit un coup de coeur, soit d’avoir l’occasion d’aller au Hikouki-jinja (飛行機神社), le sanctuaire dédié à l’aviation situé à Kyōto pour mettre la main sur le sublime carnet violet élaboré en collaboration avec la compagnie aérienne japonaise ANA. Celui d’Atsuta-jingū, de couleur vert sapin, avec sur la couverture un badge héraldique goshichi-kiri-mon (五七桐紋) et à l’arrière l’inscription Atsuta-Jingū en lettres dorées, est bien sobre, mais à quoi bon attendre ? Sans trop réfléchir je m’approprie mon premier shuin-chō et y fait inscrire mon premier go-shuin. Voilà encore une occasion supplémentaire de voyager a travers le pays …

Toujours sur mon petit nuage je reviens sur mes pas pour faire un tour à la nouvelle aire de repos Kusanagi Hiroba (くさなぎ広場), entièrement réaménagée puis ouverte au public en juillet 2021, et dont j’avais vu quelques photos dans le magazine d’architecture Shin-kenchiku du mois de mai. Je peine à me souvenir à quoi ressemblait l’endroit auparavant mais il me semble que l’entrée qui menait sur l’étang était discrète et que le petit restaurant où l’on pouvait déguster de délicieux plats de nouilles plates kishimen en surplombant l’étang n’avait lui non plus rien de particulier. Cette discrétion avait son charme, comme si connaître son existence donnait à lui seul l’impression d’être un initié, ce qui n’est pas rien étant donné la nature spirituelle du lieu. Economiquement parlant ce système n’est bien entendu pas viable, et les promoteurs ont vu grand pour cette rénovation. L’étang a été entièrement réaménagé, il y flotte un bateau en bois censé représenter la période prospère du quartier d’Atsuta, qui était autrefois l’un des 53 juku (stations) de la route Tōkaidō mais également un port. On y trouve également un musée consacre au sabre Kusanagi que je n’ai pas eu le temps de visiter, un magasin de souvenirs et surtout le fameux restaurant, avec une grande terrasse en plein air, à laquelle je m’assois pendant une bonne heure durant, écrivant quelques lignes dans mon carnet puis contemplant mon premier sceau go-shuin dans son nouveau carnet et réfléchissant déjà aux nombreuses promenades qui s’annoncent.

sport/Aichi

Tōkai Shizen Hodō (TSH) (0)

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Parmi les nombreux projets dont j’ai parlé dans mes billets jusqu’à présent, celui qui me tient le plus à coeur et qui me vient en premier à l’esprit est celui qui consiste à parcourir le Tokai Nature Trail (東海自然歩道, Tōkai Shizen Hodō). Dans son intégralité ce tracé s’étale sur 1,697 kilomètres du Mont Takao (高尾山) à l’ouest de Tōkyō au Mont Minō (箕面山) au nord d’Osaka, mais cela fait deux ou trois ans que je parle, dans un premier temps, d’en couvrir le tronçon de 211 kilomètres qui passe par la préfecture d’Aichi. Au lieu de marcher sans véritable objectif ni plan de route je pense à l’avenir m’organiser davantage, me focaliser sur ce projet afin d’avoir la satisfaction de pouvoir dire ‘je l’ai fait !‘. Comme j’y faisais allusion dans mon précédent billet ce projet aura son propre site, sous une forme assez simpliste dans un premier temps afin de mettre en avant le fond avant la forme. Je pense relater mon avancement à travers des billets sur le blog puis réorganiser le tout sur le site en question, tout en continuant en parallèle à publier ce qui me passe par la tête comme je l’ai fait jusqu’à présent. Je ne sais pas trop encore dans quelle mesure cela influencera mon rythme de publication, cela dépendra de la fréquence de mes sorties et de la méticulosité avec laquelle je rédigerai ces ‘carnets de route’. Il s’agit surtout de me changer un peu les idées et d’avoir un objectif précis.