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keeping running/vie quotidienne

‘Mieux qu’hier, moins bien que demain’

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L’été dernier n’avait déjà pas été franchement mémorable, mais heureusement il y avait eu les Jeux Olympiques pour s’évader un peu. Cette année, un membre de la famille ayant attrapé le Covid j’ai été bloqué à la maison pour dix jours, par précaution. Dix longs jours de ‘congés’ en pleine période o-bon, les ‘grandes vacances japonaises’ lors desquelles les japonais vident les grandes villes pour retourner dans les campagnes voir leur famille ou partent en voyage, ce qui donne lieu à d’importants mouvements de départ. Cette année le flux de voyageurs se devait d’être d’autant plus important que pour la première fois depuis trois ans il n’y avait aucune restriction sanitaire. Même les vols internationaux reprenant peu à peu, à l’aéroport nous nous étions préparés au pire. Tout tatamisé que je suis, j’avais par précaution même abandonné l’idée de rentrer au pays durant cette période afin de ne pas causer du tort à mes collègues. J’aurai aussi bien fait d’y aller tout de même puisque en fin de compte le résultat est le même. Les billets d’avions valant le triple des tarifs habituels, je peux toujours me réconforter en me disant que j’ai fait des économies …

Ce fut également l’occasion de constater – une nouvelle fois – à quel point plus on a de temps et plus on l’utilise mal. J’avais l’intention d’en profiter pour me cultiver un peu, apprendre quelque chose voire même travailler un peu, mais en fin de compte en dix jours tout ce que j’ai fait c’est lire deux bouquins, regarder deux films, divers concerts et documentaires sur Youtube ou encore jouer aux échecs en ligne. Il faut dire pour ma défense que j’ai passé ces dix jours cloîtré dans la seule pièce de la maison qui ne soit pas climatisée – fenêtres grandes ouvertes et un bruyant ventilateur braqué sur moi – perpétuellement en train de lutter avec la canicule m’empêchant de me concentrer sur quoique ce soit pendant plus de trente minutes. En dehors d’une rapide sortie pour aller faire les courses je ne faisais rien de mes journées et je ne trouvais pas le sommeil, m’endormais à des heures impossibles. Mon rythme a ainsi été complètement chamboulé et la reprise du travail vraiment pénible.

J’ai vite fui les tracas du quotidien en regardant dés que j’en avais le temps, les retransmissions en direct sur Youtube des épreuves de l’UTMB. Après un duel serré avec le français Mathieu Blanchard, l’ultra-terrestre Killian Jornet pulvérise le record de l’épreuve reine en passant pour la première fois sous les 20 heures de course et égalise le nombre de victoires avec Francois d’Haene, vainqueur l’année dernière, ce qui pourrait annoncer une alléchante affiche pour l’édition de l’année prochaine. J’ai eu quelques soucis de santé cette année, mais voir Stan Turcu, un coureur roumain de 73 ans franchir la ligne d’arrivée après 45 heures de course m’a fait l’effet d’un électro-choc. Je n’ai pas vraiment d’excuse ! Le jour suivant je suis sorti marcher pendant une heure et me suis immédiatement mis à la recherche de courses ayant lieu au printemps prochain.

architecture/balades au Japon/Nagoya/musiques/daydreamin'

OOSU – Our House (in a middle of the street) – Osu, Naka-ku, Nagoya

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大須の5階建ての住宅 Maison à Osu
大須の5階建ての住宅 Maison à Osu
大須の5階建ての住宅 Maison à Osu
大須の5階建ての住宅 Maison à Osu

Ce n’est pas le célèbre titre du groupe britannique Madness sorti en 1982 que j’écoute en marchant au hasard dans le quartier d’Osu après avoir pris les photos du billet précédent, mais la House de la DJ et productrice péruvienne basée à Berlin, Sofia Kourtesis, découverte via Bandcamp grâce au titre ‘Estación Esperanza‘, son dernier titre, qui sample ‘Me Gustas Tu‘ de Manu Chao sorti en 2001. Comme elle officie principalement comme DJ elle n’a malheureusement que trois EP à son actif, mais tous sont d’excellente facture. L’EP éponyme que j’écoute à ce moment a un son un brin plus complexe et hirsute, moins dansant que les deux autres. Avant d’en entamer l’écoute je me suis aperçu que le deuxième titre de l’album s’intitulait Trains & Airports, il n’en faut pas plus pour que je piétine d’impatience. Je me demandais si le fait d’avoir le savoir au préalable allait changer ma façon d’appréhender le morceau (je me pose des questions bien difficiles pour une simple chanson) mais l’intention est spoilé dés le début du morceau avec une annonce qui retentit : ‘Welcome to New Tokyo International Airport‘. Ce n’est certainement pas l’intention de l’annonce mais celle-ci me sort un moment de mes rêveries. En effet, cette appellation qui désigne aujourd’hui l’Aéroport International de Narita n’est plus utilisée depuis que celui-ci a changé de nom en 2004 (après vérification). Je me demande bien d’où sort ce sample. Bref.

Au détour d’une rue j’aperçois un curieux bâtiment qui se démarque des vieilles bâtisses alentours. De profil il peut donner l’impression qu’on aurait empilé sur cinq niveaux des blocs de béton de tailles variables sans se soucier de la symétrie en agrémentant le tout de quelques vitres placées au hasard, mais pareille architecture prend tout sens une fois qu’on y pénètre, et je me demande donc bien à quoi peut bien ressembler l’intérieur. Des recherches ultérieures m’apprendront qu’il s’agit d’une maison intitulée sobrement OOSU, construite en 2020 et conçue par un jeune architecte basé à Gifu, Keitaro Muto. Celui-ci montre sur son blog quelques photos prises à l’intérieur, sans mobilier. Alors que j’aurai cru l’endroit sombre et froid, j’aime beaucoup la façon dont la lumière entre et se faufile dans chaque pièce en créant des formes sur les murs. La lumière et les formes doivent être très différentes selon le temps et l’heure du jour, on ne doit jamais s’y ennuyer. Elégamment éclairée, la demeure prend encore une toute autre dimension une fois la nuit tombée, comme en témoignent ces photos sur le site de l’entreprise en charge de la construction. La terrasse sur le toit fait rêver, il me faudrait faire connaissance avec le propriétaire pour qu’il m’invite à une garden-party.

écriture/vie du blog/daydreamin'/Nagoya

‘滑らずに済むような気がする’ – Osu, Naka-ku, Nagoya

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Nagoya Osu
Nagoya Osu devanture de magasin
Nagoya Osu devanture de maison
Nagoya Osu devanture de maison
Nagoya Osu devanture de magasin
Nagoya Osu devanture de magasin
aire de jeu Mont Fuji

Balade à partir du quartier d’Ōsu. Comme point de départ je cherche tout d’abord le Parc Namikoshi (浪越公園) que je n’ai pas visité depuis deux ans. Le trois gigantesques arbres qui ne peuvent qu’attirer l’attention vu l’étroitesse du lieu me semblent moins impressionnants et majestueux que lorsque je les ai vus pour la première fois. Sur le coup je me suis dit que c’était dû au fait qu’il n’y avait plus l’effet de surprise de ma découverte, mais en comparant les photos une fois de retour à la maison tel un jeu des sept différences, je me suis aperçu que non seulement leur feuillage était moins dense et touffu, mais que le parc dans son intégralité avait subi diverses modifications ; Outre les arbres taillées, le lampadaire a été repeint, les graffitis effacés et les toilettes publiques couvertes de fines tiges en bois qui les fait se fondre dans le paysage. Comme nous vivons à une époque formidable où tout est archivé, documenté et vérifiable, il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver un article de journal du Chunichi Shimbun qui explique les changements effectués.

Je suis également tombé sur le billet du blog d’un certain Yo-chan qui montre et commente l’article dans sa version papier. Yo-chan est un homme qui va sur ses 80 ans et tient un blog depuis 2009. Il y relate principalement ses balades et découvertes en relation avec l’histoire de la ville. Le contenu est beaucoup trop pointu pour franchement m’intéresser, mais le fait que le blog soit parfois mis à jour deux fois dans la journée me fait penser que tenir un blog est un passe-temps comme un autre et j’espère être encore en mesure d’écrire à cet âge ! Je ne sais pas si c’est une spécificité japonaise, mais je suis toujours épaté par le fait que l’on puisse trouver des sites internet sur des thèmes très spécialisés. En cherchant (sans succès d’ailleurs) des informations à propos de la variété d’arbres plantés dans le parc je finis sur un site internet tenu par un particulier faisant la liste et photographiant des arbres géants (camphriers, cryptomères et autres ginkgos) sur l’archipel, puis de fil en aiguille finis sur celui d’une association (全国巨樹・巨木林の会) très sérieuse qui recense ces arbres, organise des visites groupées à travers tout le pays et possède même son propre magazine.

Comme toujours je choisis d’abord les photos que je souhaite montrer avant d’entamer l’écriture de mes billets. Au départ je pensais écrire un billet à propos des devanture et façades de maisons et de magasins mais me suis finalement aventuré dans une toute autre direction. Je crois que je prends autant si ce n’est plus de plaisir à faire des recherches à propos de tout ce qui me traverse l’esprit qu’à écrire, mais au bout d’un moment je me rends compte que le billet n’avance pas, ou bien je me perds en cours de route et il m’arrive de bâcler le billet. Léo me voit fréquemment rédiger mes articles ou trier mes photos. Dans ces moments-là souvent il me charrie en me traitant de Tensai blogger (blogger de génie) mais ne peut s’empêcher de regarder par dessus mon épaule pour regarder mes photos – à défaut, malheureusement, de pouvoir lire les billets. A force il semble y avoir reconnu certains motifs récurrents et me dit souvent de les regrouper par thèmes pour en faire un photobook. Malgré le manque d’objectivité, quel que soit le résultat l’idée est intéressante …

J’avais déjà remarqué que l’on trouvait un peu partout dans Nagoya des terrains de jeux pour enfants comprenant des monticules en forme de Mont Fuji servant de toboggan, comme sur la dernière photo. J’en avais déjà repéré quatre ou cinq dans des endroits complètement différents de la ville et j’avais eu l’idée de les prendre en photo et de les répertorier sur le blog ou sur un site à part, une idée de plus parmi les milliers d’autres que je note dans mes carnets tout en sachant que je ne m’y mettrais jamais. Quelle n’a donc pas été ma surprise en tombant à la librairie sur un bouquin intitulé 名古屋の富士山すべり台 (‘Nagoya no Fuji-san suberidai‘, les toboggans Fuji-san à Nagoya), la bible sur le sujet avec plus de 120 toboggans références sur 158 pages. (un petit florilège en anglais ici)Yoshiyuki Ushida, son auteur, explique que ce livre est l’aboutissement de 20 ans de recherches, il n’est donc pas étonnant qu’il m’ait ‘piqué’ mon idée.

Je me sers souvent de ce blog comme sorte d’outil pédagogique, comme exemple auprès de mes enfants comme quoi il faut toujours continuer ce que l’on entreprend, parce que viendra un moment où cela sera payant (dans le sens de valorisant, évidemment). Il y a régulièrement des périodes difficiles où l’on a envie de tout arrêter, mais il faut persévérer et croire en soi. Qu’il s’agisse de référencer des arbres géants, des plantes devant des maisons, des toboggans, des bâtiments ou des devantures, on continue à son rythme et quand on regarde derrière soi on ne peut qu’être fier du chemin parcouru.

balades au Japon/Nagoya/musiques

AAArimatsUUU – Midori-ku, Nagoya

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maison en bois Arimatsu
Arimatsu
Maison à Arimatsu
Arimatsu origami
maison à Arimatsu
maison à Arimatsu
jardin Arimatsu

Certes moins impressionnante que Tsumago, Magome ou encore Takayama, il est néanmoins toujours agréable de se balader à Arimatsu au milieu des vieilles maisons traditionnelles en bois, vestiges de la route historique Tokaido. Situé au sud-est de Nagoya, le quartier d’Arimatsu est également le berceau du shibori, un style de teinture vieux de plus de 400 ans, dont je parcours lentement l’artère principale. Les teintures bleues et blanches aux lettres du quartier (ありまつ, Arimatsu) sont fièrement arborées aux devantures de chaque maison. Si ces dernières sont déjà très bien conservées à la base, la méticulosité avec laquelle plantes et pots de fleurs sont élégamment disposés a quelque chose de typiquement japonais.

Ces derniers mois j’écoute beaucoup l’artiste japonaise AAAMYYY, que j’ai découvert sur Last.fm grâce à son featuring sur le titre NIGHT RUNNING, produit par Shin Sakiura, un titre propret mais accrocheur sur lequel elle pose sa voix.

Avant d’entamer sa carrière solo en 2017 AAAMYYY évoluait au sein du groupe alternatif Tempalay, mais je n’ai pas encore eu le temps de m’attarder sur cette période de sa carrière. Je découvre plus en profondeur ses oeuvres à travers son album Annihilation sorti l’année dernière. Elle y utilise de manière très habile ses synthétiseurs, je retrouve d’ailleurs dans le magazine Sound & Recording du 07.2021 un article ou elle clame son amour pour le Sequential Prophet 6, synthé sur lequel je fais une fixation depuis je sais qu’Ami Okazaki, claviériste du groupe Sakanaction, l’utilise abondamment que ce soit pendant le processus de production ou en concert. On retrouve par petites touches son son gras et lourd tout au long de l’album. En dehors de la production très soignée j’aime également sa voix capable de passer d’une octave à une autre tout en restant très douce, sans forcer. La manière dont elle s’en sert comme d’un instrument qui se suffit à lui même est la plus évidente dans l’avant dernier-titre ‘After Life’, dont l’instrumentation est sans doute volontairement minimale afin de mieux mettre en valeur les prouesses de sa voix.

J’ai ensuite écouté son album précédent, BODY, également très bon et qui contient déjà quelques éléments qui l’on va retrouver dans Annihilation. Le fait qu’il comporte moins de nappes musicales lui donne un son moins enrobé plus brut et froid, presque Chiptune (musique 8-bit) par moment. Le deux chansons partiellement en anglais, All By Myself, en collaboration avec le groupe JIL, et le dernier titre, EYES me plaisent énormément. Ces deux chansons ont un certaine profondeur musicalement parlant, mais peut-être y’a-t-il également une sorte d’apport sentimental après avoir vu les vidéos de l’élaboration de ces deux titres à New York.

Si j’aime beaucoup les artistes qui prennent des risques ou explorent de nouvelles voies durant leur carrière, la cote d’AAAMYYY grimpe encore avec son dernier EP, ECHO CHAMBER, qui vient de sortir et sonne différent de ses sorties précédentes. Si l’EP est très intéressant dans son ensemble, pour l’instant je bloque surtout sur l’énergique ‘あの笑み‘ qu’elle interprète avec la chanteuse/talent あの (Ano). J’aime beaucoup ce début de morceau très surprenant avec cet agressif riff de guitare en début de morceau, quelque part entre ‘けもの道’ de Cocco et ‘話して尊いその未来のことを’ de Chara.

architecture/musiques/Nagoya

‘I’m Sensitive, I Feel Everything, I Feel Everybody’ – Meieki, Nagoya

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KITTE Nagoya North
KITTE Nagoya North
KITTE Nagoya North
KITTE Nagoya piano
Nagoya Building Garden
Nagoya Building Nagoya

J’avais dans l’idée de me balader de la gare de Nagoya jusqu’à Sasashima Live mais le soleil tape trop fort, la lumière qui se reflète sur le sol pavé blanc derrière la gare m’éblouit au point que je marche presque les yeux fermés. Je ne porte jamais de lunettes de soleil car étourdi comme je suis je sais que j’en perdrai une paire ou deux par an aux quatre coins de la ville lors de mes promenades. Je reviens sur mes pas et erre sans but mais au frais dans l’immense labyrinthe qu’est la gare de Nagoya. J’ai dans les oreilles le cinquième album de Kendrick Lamar, Mr. Morale & the Big Steppers. A la première écoute j’ai l’impression de lire en diagonale un énorme pavé constitué de 18 chapitres où chaque morceau raconte une histoire bien distincte avec certains personnages récurrents. Je n’ai pas compris grand chose, mais me réjouis d’avoir acheté l’album physique pour pouvoir en lire plus tard les paroles à tête reposée. Alors que j’arrive vers la fin de l’album mes pas me mènent vers la sortie nord du KITTE Nagoya. Démarre l’avant dernier titre, Mother I Sober, où sur un accord au piano sans fioritures Kendrick dévoile 7 longues minutes durant ses traumatismes de gosse. Sur le refrain je suis surpris d’entendre la voix frêle de Beth Gibbons, qui donne encore davantage d’intensité au morceau. Je sors mon appareil, la lumière qui m’irritait tout à l’heure est soudainement plus douce et semble vouloir se laisser dompter.

Quand après plusieurs écoutes successives je parviens enfin à passer au morceau suivant, Mirror, je suis soulagé qu’il soit plutôt dansant comparé au reste de l’album. Presque un happy end. Epuisé par la marche et le coup de massue qu’a été cette première écoute, je monte au 15ème étage du KITTE Nagoya et reprend mon souffle à la terrasse du Starbucks, plein à craquer alors que la pause-déjeuner est terminée. Je ne me lasserai jamais de contempler le Dai Nagoya Building en face, mais suis également étonné de ne pas encore m’être rendu au Sky Garden situé au 5ème étage.

architecture/vie quotidienne/daydreamin'/Aichi

‘I know I don’t get far, And we’re where we always are’ – Hana no Tane, Obu-shi, Aichi

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華の種 Hana no tane Obu PA 大府PA上り
華の種 Hana no tane Obu PA 大府PA上り
華の種 Hana no tane Obu PA 大府PA上り
華の種 Hana no tane Obu PA 大府PA上り
華の種 Hana no tane Obu PA 大府PA上り
華の種 Hana no tane Obu PA 大府PA上り
Obu
Obu

C’est ‘amusant’ comme les soucis arrivent toujours par grappes, se succèdent, s’accumulent, prennent de l’ampleur. L’on en croit un de résolu, deux nouveaux, pires, apparaissent. La chaleur accablante de ses deux dernières semaines n’a fait qu’empirer les choses. On dort peu et mal, tout le monde est grincheux, de mauvais poil. Dans ces moment-là le blog est en veille. Les mots ne sortent pas, l’humeur n’y est pas. A force j’en ai maintenant habitude et je me demande même si ce n’est pas le cas chaque année à la même période. C’est alors qu’habiter à l’autre bout de la planète est le plus difficile : Plaignez-vous un peu trop ou demandez conseils aux proches et aux amis au pays et ils vous diront de revenir, parlez-en autour de vous au Japon et ils vous répondront à l’unisson ‘- Mais alors tu n’as qu’à partir …’. A chaque fois j’hésite et me demande s’ils n’ont pas raison, mais au plus profond de moi je sais que ce n’est pas la réponse ni les mots que je veux entendre, et bien que cela constitue une réponse en soi il faut à chaque fois un certain temps et beaucoup d’énergie pour que je m’en rende compte.

Comme à peu près chaque jour depuis deux ou trois semaines, voilà à quoi je réfléchis, assis cette fois à la terrasse du bâtiment supervisé par l’architecte Kengo Kuma intitulé Hana no Tane (華の種, littéralement ‘graines de fleurs‘), qui a ouvert en mai dernier sur la Parking Area (PA) d’О̄bu sur l’autoroute qui relie l’aéroport international à la ville de Nagoya. L’endroit, qui comprend un restaurant et un café, peut-être utilisé non seulement par les utilisateurs de l’autoroute, mais également par les riverains. J’aime assez l’idée selon laquelle l’ouverture en son centre sert à relier ces deux ‘mondes’, ou c’est du moins ainsi que je l’ai perçu. Le brouhaha incessant du trafic contraste avec le calme autour de ce petit étang paisible.


architecture/balades au Japon/Nagoya

‘Les temps changent …’ – Sakae, Nagoya

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Chunichi Building Nagoya
Chunichi Building Nagoya
Chunichi Building Nagoya
清浄寺
清浄寺
清浄寺

Bien que quatrième ville la plus peuplée du pays avec ses 2.3Mio. d’habitants, la notoriété de Nagoya est moindre comparée à des villes connues dans le monde entier telles que Tokyo, Yokohama ou Osaka, et peu de japonais sont capables de citer plus de deux ou trois endroits à visiter en dehors de son château. J’ai moi-même mis du temps avant de réaliser que Nagoya n’était pas une destination en soi, mais plutôt une porte d’entrée vers d’innombrables lieux touristiques situés dans la région Chubu dont je tente de parler dans ce blog. Il n’empêche que Nagoya va tenter dans les années à venir de se forger une réputation de métropole internationale à travers de nombreux projets et ce dans des domaines variés : L’ouverture du Parc Ghibli en fin d’année, du plus grand campus de startups en Asie Station Ai en 2024, les Asian Games en 2026 ou encore les débuts de la ligne Maglev en 2027, pour n’en citer qu’une infime partie.

A l’image du mythique Chunichi Building ci-dessus, construit en 1966 et à la terrasse duquel je participais à mon premier Beer Garden il y a de cela dix ans, comme aux alentours de la gare de Nagoya de nombreux bâtiments sont en cours de rénovation ou de construction dans le quartier de Sakae. Le groupe hôtelier Hilton vient également d’annoncer la construction d’ici 2026 d’un hôtel de sa marque Conrad, le troisième hôtel au Japon après Tokyo et Osaka, juste de l’autre côté de l’avenue où le Chunichi Building se refait une beauté. Je songe à répertorier ces projets et les suivre au fur et à mesure …

Malgré la chaleur je redescends à pieds l’avenue Hisaya-Odori, l’artère principale qui relie Sakae à la gare de Kanayama, jusqu’à hauteur de Yaba-cho. Entre deux immeubles, je m’engouffre dans un étroit coin de verdure que je n’avais jusqu’ici jamais remarqué. Il s’agit du temple Seijo-ji (清浄寺), dont la surface s’étend sur une longueur d’à peu près 100 mètres pour 5 mètres de largeur environ. Seule l’enceinte principale offre un espace assez conséquent pour y placer un banc. Si j’aime les bâtiments nouveaux et stylés, j’espère sincèrement que ces îlots de fraîcheur, dont tout le monde parle en France alors que surgit la vague de canicule, seront préservés à l’avenir.

'Tout ce qui a deux ailes me fait planer'

Pika Pika ! – ‘Tout ce qui a deux ailes …'(21) @ NGO

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Pikachu Jet BC JA73AB
Pikachu Jet BC JA73AB
Pikachu Jet BC JA73AB
Pikachu Jet BC JA73AB
Airplanes at NGO
Airplanes at NGO

L’aéroport a, si l’on peut dire, repris quelques couleurs. A l’occasion de la venue du Pikachu Jet BC de la compagnie aérienne Skymark, j’ai ressorti mon objectif 200mm que je n’avais pas utilisé depuis presque un an. Si j’ai boudé le Sky Deck pendant tout ce temps, c’est que l’on n’y voit depuis plus de deux ans que les petits avions court-courrier des compagnies japonaises. Le nombre de vols internationaux stagne autour de 6 ou 7 vols par jour pour l’instant mais avec l’assouplissement des conditions d’entrée au Japon depuis le début du mois j’ai bon espoir que les compagnies étrangères reprennent leurs vols petit-à-petit.

Mon intérêt pour l’aviation en général est en berne. Je consultais sur internet quotidiennement plusieurs sites spécialisés dans plusieurs langues, mais ne suis pratiquement plus les actualités mis à part les vidéos du spécialiste de la sécurité aérienne et consultant en économie de l’aérien Xavier Tytelman, dont la passion reste encore et toujours très communicative. Je n’ai pas non plus renouvelé mon abonnement au magazine Gekkan Airlines (月刊エアライン), que je lisais pourtant religieusement chaque mois. Depuis un an la rédaction du magazine semble vraiment en manque de sujets et recycle ses vieux articles. En attendant je me suis réfugié dans l’histoire de l’aéronautique et procuré de volumineux livres sur le sujet, mais rien ne semble pouvoir remplacer le frisson et la joie ressentie à la vue des ces énormes engins en mouvement.

Léo ne vient plus piocher dans mes bouquins sur le sujet et nous n’en parlons pratiquement plus à table. Quand je lui demande s’il s’intéresse encore aux avions, il me répond ‘– Plus trop …’ C’est peut-être là le point que je regrette le plus, même si je préfère encore qu’il me réponde franchement plutôt que de me mentir pour ne pas me faire de la peine. Alors que tout le monde le voyait pilote, mécanicien ou contrôleur aérien, dernièrement il a l’air un peu perdu … un peu comme moi d’ailleurs. Quel gâchis, même si être passionné ne suffit évidemment pas à réaliser ses rêves.

Voila à quoi je pense en contemplant les avions. En réalité c’est aujourd’hui le BC2, le deuxième Pikachu-Jet de la compagnie, qui devait être affrété, mais en raison de problèmes logistiques il sera remplacé au dernier moment par le BC1. Ce n’est pas la première fois que ce dernier fait escale à Nagoya, mais j’étais jusqu’à maintenant toujours passé à côté et suis donc content d’enfin pouvoir le capturer. Au loin on peut voir un Antonov An-124 Ruslan, conçu par le constructeur aéronautique ukrainien Antonov Design Bureau dans les années 1980. Il s’agit du deuxième plus gros appareil de cargaison au monde après l’Antonov An-225 Mriya détruit pendant les récents conflits en Ukraine. Les photos de la carcasse partiellement détruite du Mriya avaient choqué les fans d’aviation compte tenu du rôle de celui-ci dans les aides humanitaires pendant la crise Covid. Divers articles stipulent qu’un An-225 abandonné en cours de construction est stocké quelque part et qu’il pourrait éventuellement être terminé une fois les conflits terminés, mais les priorités sont toutes autres. Comparé à tout cela mes soucis semblent finalement bien moindres …

balades au Japon/Aichi/musiques

Mihama Orange Line – Mihama-cho, Aichi pref.

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Kowa bord de mer
Kowa bord de mer
Kowa bord de mer
Orange Line
Kowa Orange Line sanctuaire
Orange Line voiture abandonnée
Kawaguchi eki Kappa
Kowaguchi Coffee Shop

Cela faisait pourtant plusieurs mois que je voulais parcourir les 11.1 km de la Mihama Orange Line, une route de randonnée un peu méconnue qui traverse horizontalement la péninsule de Chita, j’avais donc eu tout le temps de me préparer et rassembler des informations sur l’itinéraire à emprunter. Quand je me balade seul j’emporte souvent de quoi manger sur place, je n’ai donc même pas à chercher d’endroit où me restaurer. Sur internet je ne trouve que deux cartes, elles manquent quelque peu de précision, mais dans les rapports de randonnée que je trouve sur Yamap on s’accorde à dire que l’itinéraire est indiqué de manière relativement claire. La péninsule de Chita, ce n’est pas non plus l’Amazonie, je devrais pouvoir m’y retrouver …

C’est toujours un plaisir lors des déplacements en train de contempler les paysages que nous parcourons la plupart du temps en voiture. Les maisons et buildings apparaissent sous des angles différents, la voie ferrée étant généralement placée en hauteur je découvre ce qu’il y a derrière ces buttes. Tandis que le très neutre et agréable album Fragments de Bonobo prend fin, je choisis le vaporeux Cozen (Sofake) de Kyle Bobby Dunn pour finir le trajet comme sur un nuage.

Gare de Kōwa, terminus. Je me demande un moment si je n’ai pas le temps de faire l’aller-retour sur l’île d’Himakajima, comme la plupart des voyageurs qui se dépêchent de prendre la navette qui part vers le port à la descente du train. J’ai promis aux enfants de les y amener faire de la pêche, ils me feraient la tête s’ils apprenaient que j’y suis allé sans eux.

Il me faut un quart d’heure de marche pour me rendre compte que je me suis trompé quelque part. J’ai suivi la route nationale puis me suis engouffré dans un petit chemin raide qui se faufile dans la montagne comme l’indique la carte, mais aucune trace d’écriteau. Je retourne vers la gare de Kōwa et longe cette fois la mer à la recherche de la statue de Kappa-chan, mais j’ai beau marcher celle-ci n’apparait pas. En vérifiant consciencieusement ma carte je m’aperçois qu’il fallait en fait descendre du train non pas à Kōwa (河和), mais à l’arrêt précédent, Kōwa-guchi (河和口). J’ai beau râler, je suis à mi-chemin entre les deux gares et il me faut maintenant marcher jusqu’au point de départ de l’Orange Line que j’attends finalement avec plus d’une heure de retard sur l’horaire prévu. Quelque peu atterré par mon idiotie j’hésite à rentrer sur-le-champ, puis me ravise afin de ne pas gâcher cette belle journée.

Je suis une nouvelle fois un chemin étroit et pentu et suis rassuré à chaque fois que je croise un panneau d’indication mentionnant la distance qu’il reste à parcourir. S’il parait qu’en automne le feuillage jaune-orange des arbres vaut le détour, en vérité le paysage n’a rien de bien particulier, mais marcher au calme me fait vite oublier les aventures de la matinée et je me félicite de m’être un peu bousculé pour continuer. Hormis une vieille voiture rouillée abandonnée qui n’a rien à faire là, tout les éléments typiques de la campagne japonaise sont rassemblés. Champs de riz à perte de vue et petit sanctuaire paisible, des vaches me suivent des yeux quand je passe devant une ferme. Il ne manquerait plus qu’un ou deux enfants chassant des insectes avec un filet pour se croire dans un film d’animation Ghibli … J’ai dû me perdre un peu trop dans mes pensées, voilà un petit moment que je n’ai pas vu d’écriteau. Je reviens sur mes pas jusqu’à un croisement qui me semble suspect, mais n’y trouve aucune indication. Ou bien faut-il continuer un peu plus loin ? Puisqu’on est dans l’incompréhensible, presque dans le mystérieux, j’interroge à tout hasard les vaches devant lesquelles je passe pour la troisième fois, mais pas de miracle, elles ne me répondent pas. Je marche encore une dizaine de minutes et finis par déboucher sur un passage à niveau. De l’autre côté … la route nationale empruntée plus tôt dans la journée.

J’abandonne ! Puisque quelque chose ou quelqu’un semble vouloir à tour prix m’empêcher de parcourir l’Orange Line aujourd’hui, je reviendrai une autre fois mieux préparé. Exténué, je remonte en bord de mer jusqu’à la gare de Kōwa-guchi. J’y trouve finalement la statue de Kappa-chan, et même à la sortie de la gare un plan relativement détaillé du parcours que je comptais emprunter aujourd’hui. Dans le train du retour je réfléchis à propos de mon manque de préparation, comment y pallier à l’avenir, mais aussi au fait que l’idéogramme kuchi que l’on retrouve dans le nom de la gare signifie ‘bouche’, mais aussi ‘entrée’, ou ‘début de quelque chose’. Je prêterai à l’avenir plus attention aux gares qui le comprennent.

architecture/musiques/Nagoya

Text me when you get inside – Kanayama, Nagoya

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jardin sur le balcon

Je me dis parfois que mes balades ne sont qu’un prétexte pour écouter de la musique. Je me balade autour de la gare de Kanayama en écoutant l’album ‘Text Me When You Get Home‘ du (pour l’instant) méconnu producteur sud-africain Zito Mowa. Au fur et à mesure de l’écoute je me fais la remarque que les samples de voix et de conversations, de monuments hip-hop (quelle surprise d’entendre Ice Cream de Raekwon samplé après toutes ces années) sur des beats de house enrobés de basses moelleuses conviennent parfaitement au milieu urbain. Pour un peu je n’ai même pas l’impression de porter un casque. Les voix que j’entends pourraient être celles des gens dans la rue et la musique celle que gueulent les magasins de fringues à la mode devant lesquels je passe. Trop brouillon pour être dansant mais assez catchy pour me faire dodeliner de la tête, rafraîchissant bien que certains titres soient carrément trop longs, à l’image de l’interminable titre qui ouvre l’album ‘Flavio’s Glass Of Scotch‘. Je bute en fin d’album sur le titre Amadamara, meilleur titre de l’album. Je ne me lasse pas de la ligne de basse funk bien grasse en deuxième partie de morceau.

Je me balade au hasard mais ne peux m’empêcher de faire un léger détour pour voir dans quel état sont ‘mes’ plantes. Je dois avoir une mauvaise mémoire visuelle, je suis à chaque fois que je passe devant incapable de dire si quelque chose à changé ou pas. Aujourd’hui elles me semblent juste accablées par la chaleur. Suite au commentaire de fgautron sur ce même billet je me suis mis depuis quelques mois à faire attention aux pots de fleurs et autres coins de verdure que l’on trouve un peu partout. Certains semblent arrangés, d’autres complètement laissés au dépourvu, comme le balcon de la première photo où les plantes semblent devoir peu à peu déborder du balcon.

Les fleurs et les arbres qui entourent le MIRAIE LEXT HOUSE NAGOYA (ミライエ レクストハウス ナゴヤ) , restaurant et lieu de réception de mariage dessiné par le bureau d’architecture Kengo Kuma & Associates, sont quant à eux méticuleusement taillées. J’en fais le tour de l’extérieur et suis très intrigué par le balcon imbriqué dans la forme pyramidale du bâtiment. Tout est évidemment fait pour que l’on ne puisse rien voir de l’intérieur, qui au vu des photos ressemble à un luxurieux lobby d’hôtel. J’imagine vaguement m’y immiscer en prétendant vouloir organiser une cérémonie de mariage et demander une visite des lieux, mais ne suis pas vraiment habillé pour l’occasion. Voilà une excellente excuse pour nous offrir un ‘Afternoon Tea‘ en tête-à-tête quand nous en aurons l’occasion.