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architecture/musiques/Nagoya

‘It’s not Hong Kong. Not Tokyo. If you want to go I’ll take you back one day’ – Nagoya, Aichi

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buildings nagoya
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buildings nagoya
buildings nagoya

Je me balade entre les quartiers d’Ōsu et Sakae. J’ai dans les oreilles 再生 – Saisei, le dernier album de la figure emblématique du hip hop japonais DJ Krush, sorti en février dernier et que j’écoute pour la quatrième ou cinquième fois cette semaine. Si cela doit faire plus d’une dizaine d’années que je n’avais pas écouté de nouveau morceau de DJ Krush, son saisissant ‘Candle Chant (A Tribute)‘ (sur l’album 漸 -Zen-, 2001) figure depuis au moins aussi longtemps dans l’iPod réservé à la voiture. La chanson a d’ailleurs très peu de succès quand elle apparait au hasard d’une balade en famille. L’instrumentation y est minimaliste et le flow de BOSS the MC du groupe Tha Blue Herb y est il faut l’avouer monotone, et les paroles qui relatent le décès d’un proche suite à son combat contre sa maladie, sont dures.

Je ne sais pas si je suis le seul à le ressentir ainsi, mais Saisei est à peine plus joyeux. Il pue la rue et le béton, avec un zeste de cyberpunk. Les deux premiers morceaux, et bien d’autres par la suite m’ont immédiatement fait penser à Chaos Theory (2005) d’Amon Tobin, et le fait d’être au milieu d’immeubles comme entassés les uns sur les autres me remémorent les scènes et la musique de l’une des plus belles vidéos de tout Youtube, produite par Timelab, dans laquelle un drone vole dans une Hong Kong qui brille de tous ses feux en rasant ses immeubles. Après quelques titres purement instrumentaux sont intercalés par trois fois, comme pour nous ramener à la réalité, des morceaux sur lesquels un rappeur vient poser son flow. Autant les deux premiers morceaux du genre sont quelconques que le troisième, 破魔矢 -Hamaya- feat. Jinmenusagi, de par sa qualité, n’a rien à envier au reste de l’album. Le flow rapide et rythmé de Jinmenusagi, parfaitement calé sur le beat, envoûtant, m’a fait penser à un moine récitant un mantra et je n’ai été qu’à moitié étonné de constater que le clip vidéo montrait effectivement DJ Krush aux platines dans un temple, son acolyte, comme en transe, récitant ses couplets. Par curiosité j’ai écouté son album DONG JING REN (東京人, 2023) mais les productions y sont trop fades pour que ce jeune rappeur au débit pour le moins extraordinaire ne me saoule au bout de quelques morceaux. J’ai pensé que cela ne mettait que plus en valeur encore le talent de DJ Krush, qui a su tirer profit de son potentiel.

architecture/Nagoya

‘It was all yellow …’ – Meieki, Nagoya

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travaux
Nagoya station
Nagoya station gratte-ciel
Nagoya gratte-ciel
Sasashima vélos en vitrine
Nagoya Cinema Skholé
Nagoya hôtel et immeuble
Nagoya immeuble au toit en forme de pyramide
Nagoya Hôtel Chisun Inn

Je ne rentrerai pas dans les détails mais mon changement de poste le mois dernier me donne un excellent prétexte pour me rendre à Nagoya et faire de l’espionnage dans tout ce que l’endroit compte comme grands magasins. Apres donc avoir sillonné de nombreux rayons j’improvise une balade en faisant l’aller-retour entre la gare de Nagoya et le quartier de Sasashima. Le ciel est d’un gris uniforme qui finalement va bien aux gratte-ciels, comme on annonçait de la pluie j’avais avant de quitter la maison pensé en profiter pour aller au cinéma. Si je n’avais alors trouvé aucun film à mon goût, le Cinema Skholé (シネマスコーレ) devant lequel je me trouve maintenant figurait bien dans la liste des salles vue quelques heures plus tôt et je m’amuse du fait d’y avoir été comme attiré malgré moi. Comme l’annonce la page d’accueil, ce cinéma a été ouvert en février 1983 par Koji Wakamatsu (若松孝二), un réalisateur important des années 1960, dont j’avoue ne jamais avoir entendu parler. Il doit certainement avoir l’un ou l’autre bon film dans la liste de films indépendants proposés et je me dis vaguement qu’il pourrait être intéressant d’aller au cinema ne serait-ce qu’une fois par mois, mais j’ai déjà trop de choses à faire de mes jours de congés et de projets inachevés pour encore y ajouter un loisir de plus.

Autour de la gare des hôtels ouverts récemment côtoient des appartements rudimentaires sans balcon dont on peut voir à travers les vitres le linge sécher. Les bâtiments ont des formes particulières, le toit de forme pyramidale de l’école spécialisée CTA (専門学校セントラルトリミングアカデミー 2号館), sans doute original et moderne à l’époque de son ouverture en 1998, a plutôt mal vieilli. Je suis également intrigué par un bâtiment d’une dizaine d’étages, à la façade jaune, de forme cylindrique, qui me fait penser à un épis de maïs, l’hôtel Chisun Inn Nagoya (チサン イン 名古屋). En 1973 le groupe immobilier Chisun (地産グループ) inaugure son premier hôtel, le Nagoya Chisun Hotel (名古屋チサンホテル). Si à son ouverture la façade est de couleur blanche, celle-ci est repeinte en jaune lorsque le groupe Solare s’empare de la gestion de l’hôtel en 2004 et en change également le nom. Pour la petite histoire, l’hôtel a été conçu par l’architecte Hideo Yanagi (柳英夫) en se basant sur les plans de l’impressionnant complexe hôtelier Pacific Parc Chigasaki (パシフィックホテル茅ヶ崎) et son architecture si particulière, malheureusement détruit en 1999 mais assez célèbre dans la mémoire collective des japonais pour figurer au centre de la chanson Hotel Pacific du groupe de rock-pop Southern All Stars en, sortie en juillet 2000. Je me demande bien à quoi ressemble l’intérieur du Chisun Inn …

Nagoya/Nagoya

Mutation et mise en mute – Sakae, Nagoya

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La nouvelle m’est tombée dessus alors que je n’y croyais plus … Après 13 années de bons et loyaux services ont m’a fait changer de poste au début du mois. Mes petites habitudes en sont bouleversées et je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas couler sous la déferlante de nouvelles choses à apprendre et à maitriser, sans compter la transmission de savoir à la personne qui me remplace. Il m’aura fallu deux semaines pour enfin sortir la tête de sous l’eau et pleinement profiter pour la première fois d’un jour de congés. Pour célébrer la chose je me fais plaisir et m’empare au Maruzen de Sakae des deux stylo plume LAMY Safari édition limitée 2024 pink cliff & violet blackberry. Ma collection débutée en 2012 s’agrandit peu à peu chaque année au point que je ne sais plus à quelle année correspond quelle couleur mais c’est un plaisir de varier les couleurs des stylos selon les humeurs, d’autant que j’écris régulièrement dans mes carnets ces derniers temps.

Je marche ensuite au hasard en écoutant le récent album de Mount Kimbie, The Sunset Violent. Je jubile, dés les premières notes du premier titre le groupe semble avoir renoué avec le son qui m’a fait découvrir le groupe et que j’appréciais tant, même le chanteur King Krule et sa voix si particulière est à nouveau de la partie ! Autant dans les deux albums Cold Spring Fault Less Youth (2013) et Love What Survives (2017) le groupe avait un son qui leur était propre, autant le très brouillon MK3.5 Die Cuts City Planning (2022) dans lequel chacun des membres du duo avait travaillé dans son coin en raison du covid m’avait laissé perplexe. Je retrouve dans Sunset Violent cet agréable mélange de batteries new age et de guitares saturées, de voix déformées et de nappes de synthétiseurs qui apparaissent et disparaissent, donnant de la contenance à chaque morceau.

De l’Oasis 21 je marche en direction du Chunichi Building (中日ビル), siège du journal Chunichi Shimbun, tout nouvellement rénové et qui va ouvrir ses portes le 20 avril. Si les pigeons perchés sur leurs branches sont aux premières loges, je pense attendre quelques temps pour éviter la cohue qui suit ce genre d’ouvertures. J’irai sans doute faire un tour au magasins Hoka ou Mont Bell, ainsi qu’à l’intrigante café-librairie Bunkitsu (文喫) et au magasin de vinyles Face Records (フェイスレコード). Je n’ai toujours pas de lecteur de vinyles mais j’aime beaucoup passer en revue les pochettes de disque en écoutant l’excellente sélection musicale de ce genre d’endroits. Je continue ma promenade en direction de la gare de Nagoya. Orages soudains et rafales de vent, des branches de parapluie dispersées au sol témoignent de la météo instable de ces derniers jours. Les devantures aux couleurs criardes des restaurants en vogue contrastent avec la sobriété des petits établissements à l’ancienne que l’on trouve dans les ruelles étroites entre deux hauts immeubles. Arrivé à hauteur du Misonoza 御園座, salle de théâtre où sont jouées aussi bien des pièces de kabuki que de théâtre moderne, mon oeil est attiré par la superbe affiche du Voyage de Chihiro 千と千尋の神隠し. Ne serait-ce que pour la musique, j’aurai volontiers été voir cette pièce si j’avais su qu’elle y étais jouée, même s’il est dommage que pendant les représentations à Nagoya ce ne soient pas les actrices Mone Kamishiraishi (上白石萌音) et Kanna Hashimoto (橋本環奈) qui interprètent le rôle de Chihiro. Je suppose qu’elles se réservent pour leurs dates au London Collisseum d’avril à août. Je me demande tout de même ce que peut donner l’adaptation du célèbre dessin animé sur scène étant donné le monument dont il s’agit. Cela me donne envie de le regarder une nouvelle fois.

promenades/Nagoya

‘What was I made for … ?’ – (Sakae, Nagoya)

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sakura nagoya
sakura nagoya
sakura nagoya
sakura nagoya
sakura nagoya

Le temps, pour un mois de mars, est exécrable, et le climat me semble complètement détraqué. Quand il ne pleut pas, il souffle un vent d’une violence inouïe. La température grimpe et baisse de dix degrés du jour au lendemain, il y a quelques jours il a même neigé quelques flocons. Dans ces conditions, tant bien même les fleurs de cerisiers sont elles écloses qu’il est impossible d’en profiter pleinement. Au moindre rayon de soleil j’en profite donc pour me ruer dehors et voir où en est la progression, et me balade pour ce faire cette fois-ci autour du quartier de Sakae. Selon la variété d’arbre l’éclosion est plus ou moins avancée et la palette de couleurs des fleurs varie du rose pastel au rose vif, mais il ne s’agit que d’arbres dispersés par-ci par-là, les beaux jours où les gouttes de pluie seront remplacées par les pétales voltigeant dans le vent semble encore bien lointaine.

promenades/Nagoya

日泰寺に一体、、、 – Chikusa-ku, Nagoya

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Tel ce chien devant l’entrée de ce magasin, je suis à moitié somnolant, nonchalamment affalé sur un inconfortable banc bleu en plastique après avoir fait le tour du temple Nittai-ji (日泰寺) situé dans le quartier populaire de Nagoya qu’est Kakuōzan (覚王山). Nous sommes début février mais sans le moindre brin de vent le temps est très agréable pour la saison. J’y suis venu pour me recueillir un peu, trouver le calme, la tête embrumée par divers doutes et soucis – dont la panne de blog dont j’ai parlé dans le billet précédent. Je reste assis là un long moment, peut-être une demie-heure. Un homme en costume dans la trentaine que j’ai croisé plus tôt se fait réciter un sūtra par un moine à la voix caverneuse dans le hall principal du temple, sa voix semble comme résonner dans tout le quartier. Aimant beaucoup la rythmique de ces prières et leur musicalité alors qu’en dehors du gong retentissant au début et à la fin de prière elle ne sont la plupart du temps accompagnée d’aucun instrument, j’ai de par le passé tenté de retenir le Sūtra du Coeur (般若心経, Hannya shingyo), qui compte parmi l’un des plus populaires, mais comme dans ma démarche il s’agissait plus de faire impression que d’élever mon esprit, j’ai eu vite fait d’abandonner. Il m’arrive cependant de l’écouter avec sa retranscription sur Youtube, je ne peux alors m’empêcher de ressentir comme une frémissement quand retentit à la fin du sūtra mon passage préféré avec ses répétitions si particulières … ‘gya tē gya tē, ha ra gya tē, ha ra sō gya tē. Bo ji. So wa ka, Han nya shin gyō …’ (Il est inutile de s’inquiéter pour moi, je ne suis pas soudainement entré dans une quête mystique à la recherche de moi-même (encore que ?), je suis tout simplement un insatiable curieux !)

En marchant au hasard en direction de la gare de Motoyama (本山) dans l’idée de faire un détour par l’université de Nagoya, mon regard est attiré par une haute tour dont le toit dépasse des arbres alentours. En cherchant un moyen d’y accéder je tombe sur une étroite ruelle au bout de laquelle se trouve un torii rouge en bois menant à un escalier montant en zigzag vers un torii gris inhabituellement désaxé par rapport à celui au pied de l’escalier. Une fois en haut j’atteins le somptueux sanctuaire Shiroyama Hachiman-gū 城山八幡宮. Celui-ci a la particularité de se trouver sur l’emplacement du château de Suemori (末森城), dont la construction, ordonnée par le seigneur de guerre Oda Nobuhide, remonte à 1548. En ruines il n’en reste aujourd’hui qu’une stèle, mais je suis étonné par l’importante taille du sanctuaire, dont rien ne saurait présager la présence en un lieu aussi exigu, en haut de cette petite colline.

Après avoir fait inscrire l’un des nombreux sceau goshuin dans mon carnet je me dirige finalement vers le bâtiment aperçu précédemment, situé juste à quelques pas du sanctuaire. lI s’agit du Shōwa Jukudō (昭和塾堂), un centre d’éducation pour les enfants érigé en 1928 (an 3 de l’ère Showa) comportant entre autre une église, une cantine, une bibliothèque, ainsi que de nombreuses chambres et salles de classe pour une capacité de 600 personnes. Son auteur est Miki Kurokawa (黒川己喜), père de Kishō Kurokawa. Commandé par la préfecture d’Aichi, le bâtiment est bâti dans un but éducatif et a la particularité d’avoir été dessiné de manière à représenter l’idéogramme hito, (人, l’homme) quand celui-ci est vu du ciel. Malheureusement fermé en 2014, en dehors de rares occasions il n’est pas possible d’accéder à l’intérieur.

Avec tout ces détours je n’ai plus le temps de passer au Toyoda Memorial Auditorium à l’université, sur le chemin du retour je rêve secrètement que l’un des deux garçons entre à l’université de Nagoya pour que j’aie l’honneur d’y pénétrer pour l’une ou l’autre cérémonie, mais pour cela il faudrait un miracle. Peut-être qu’en allant prier régulièrement au Nittaiji … ?

Nagoya/Nagoya

Nō kōyō – Kōshō-ji, Shōwa-ku, Nagoya

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Kōshō-ji (興正寺)
Kōshō-ji (興正寺)
Kōshō-ji (興正寺)
Kōshō-ji (興正寺)
Kōshō-ji (興正寺)
Kōshō-ji (興正寺)

Je suis rentré bredouille de ma ‘chasse au kōyō’ cette année. C’est sans doute une semaine trop tard que je me balade au Temple Yagoto Kōshō-ji (八事山興正寺), seuls quelques momijis autour de la pagode à cinq étages ont encore leurs feuilles rouges vif. Le temple se trouve dans le quartier universitaire de Yagoto, tout près de la station de métro Yagoto. J’étais certain d’y être venu l’année dernière mais mes archives m’apprennent que c’était il y a deux ans déjà, le temps passe tellement vite ! Le Kōshō-ji, temple de l’école du Bouddhisme Shingon, a été construit en 1688. Son site s’étale sur deux montagnes, Nishiyama (西山) à l’ouest et Higashiyama (東山)à l’est. Caché dans la montagne, Higashiyama était autrefois un endroit tenu secret, dédié aux études et à l’apprentissage et dont l’accès était interdit aux femmes. C’est par là que j’étais entré dans l’enceinte du temple la fois précédente. A une époque ou il y devait y avoir moins d’habitations et bien davantage de buissons et de forêts que de nos jours, j’imagine sans peine que rien ne laissait suggérer qu’un temple s’y trouvait.

C’est cette fois par l’entrée principale que je m’engage dans l’allée menant au temple. Mis à part quelques habitués, deux ou trois couples et l’un ou l’autre petit groupe de cinq ou six touristes qui passent sans trop s’attarder l’endroit est désert et il y règne un agréable silence. Bien décidé de profiter de la spiritualité du lieu je prends le temps de me déchausser et d’entrer à l’intérieur du hall principal Nishiyama-honden 西山本堂 pour m’assoir en face d’une représentation d’Amida Nyorai. Ces derniers temps j’ai particulièrement l’esprit embrouillé. Je veux tout faire en même temps, n’y parviens pas et me fait des reproches à cause de cela. Faut-il me concentrer sur une seule chose, ou bien tout simplement accepter mon insatiable soif de découverte comme quelque chose de positif et laisser mes envies me guider ? Je pense très sérieusement à travailler sur moi-même afin de parvenir à trouver le temps de souffler un peu et d’être comme on dit pompeusement, ‘en harmonie avec moi-même’. Je pense qu’il s’agit plus d’un manque de concentration qu’une simple incapacité à maîtriser mon emploi du temps. Pour m’aider dans mon périple, Keiko me parle des bienfaits de la calligraphie japonaise ou bien encore du zazen. Au point où on en est, pourquoi ne pas essayer ? Je reviens à moi, sans trop savoir combien de temps je suis resté assis, mais j’ai appris que j’ai tout simplement besoin de temps à autre d’un peu de silence complet afin de me trouver seul avec mes déjà trop bruyantes pensées. Je décide de me balader derrière l’autel principal en empruntant situé sur sa droite un chemin légèrement surélevé qui permet d’avoir une vue d’ensemble de la partie ouest du site. D’ici on ne voit que les toits des différents bâtiments, je rêvasse encore un peu, imaginant les moines se baladant autrefois dans les cours et les passages. Ce coin, si silencieux, semble comme hors du temps, il me faudra y revenir régulièrement, en temps creux, afin de me ressourcer.

architecture/culture/Nagoya

NAKAJI YASUI : PHOTOGRAPHS – Aichi Arts Center, Sakae, Nagoya

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L’Aichi Prefectural Museum of Art (愛知県美術館), situé dans le quartier de Sakae, à Nagoya, accueillait pendant deux mois une galerie des photographies de Nakaji Yasui (1903-1942), apparement l’un des plus importants photographes japonais de la première moitié du XXᵉ siècle. Si je dis apparement, c’est que je n’ai aucune connaissance approfondie de l’histoire de la photographie, et encore moins de celle du Japon en particulier. Cette exposition semblait donc être une excellente manière de mettre le pied à l’étrier, comme on dit.

Le musée se trouve à l’intérieur du Aichi Arts Center (愛知芸術文化センター), un bâtiment de 12 étages conçu en 1992 par l’architecte Shigeru Shindō (進藤繁) abritant également la Bibliothèque préfectorale d’Aichi ainsi que le Théâtre des arts de la préfecture d’Aichi (愛知県芸術劇場), dont le hall principal de 2.500 places accueille notamment l’orchestre philharmonique de Nagoya. J’ai malheureusement oublié de prendre une photo du bâtiment de face pour appuyer mon propos mais la majeure partie de sa façade et de son toit sont en verre, partiellement de forme cylindrique. Lorsqu’il fait beau, comme lors de ma visite, la lumière s’infiltre à l’intérieur du bâtiment, se reflète sur les parois carrelées, inondant de lumière l’atrium principal et formant au fur et à mesure que le soleil change de position toutes sortes de fascinants motifs de reflets et d’ombres.

安井仲治 Nakaji Yasui
安井仲治 Nakaji Yasui

Je suis venu voir l’exposition「生誕120年 安井仲治 NAKAJI YASUI : PHOTOGRAPHS」. Nakaji Yasui (安井仲治) est né en 1903 à Osaka. Il s’intéresse à la photographie pendant son adolescence et intègre en 1922 un groupuscule de photographes avant-garde amateurs appelé le Naniwa Photography Club, (浪華写真倶楽部). Les membres du club exposent régulièrement leurs photos dans la région du Kansai depuis sa création en 1904 et Yasui est assez talentueux pour rapidement être en mesure de présenter ses oeuvres dés 1923, devenant au fil des années l’un des membres principaux du groupe. Le Tampei Photography Club (丹平写真倶楽部) est fondé en 1930 sous l’influence de quelques photographes du Naniwa Photography Club. Ce nouveau regroupement centre ses activités autour de l’expérimentation en utilisant des techniques comme le photogramme (image photographique obtenue sans utiliser d’appareil photographique en plaçant des objets sur une surface photosensible et en l’exposant ensuite directement à la lumière) ou le photomontage.

J’ai trouvé le cadrage des photos de Nakaji Yasui vraiment saisissant et moderne pour des photos prises dans les années 30. Par exemple, la deuxième photo (Arrest, 1931) de cette série met en scène l’arrestation d’un homme par un policier lors d’un confrontation avec des manifestants. J’aime beaucoup le fait que l’acte en lui-même nous soit suggéré par cette ombre au sol au lieu de simplement photographier l’homme traîné de force. Réussir à prendre sur-le-vif une pareille photo relève du génie, d’autant-plus si l’on prend en compte le matériel utilisé à l’époque. Les troisièmes (Portside Scene, 1930) et quatrièmes (Gaze, 1931) photos sont des montages de quatre ou cinq photos prises séparément. Outre le fait que je trouve cela fascinant comment leur superposition permet de donner encore davantage de contexte à une seule photo, le photomontage n’a été inventé et popularisé en Europe (en Allemagne notamment) qu’une dizaine d’années plus tôt, je me demande comment lui est venue l’idée de jouer et manipuler ainsi ses photos. Si la dernière photo (Seaside, 1936) est plus classique quoique réussie, j’ai été très surpris d’apprendre qu’il s’agissait du Phare de Noma (野間灯台), situé au sud de la péninsule de Chita et que j’ai récemment photographié ici ou encore ici. Cette exposition aura été pour moi un bon point d’entrée vers le monde de la photographie au Japon et faire des recherches sur internet pour ce blog m’a permis de découvrir des nombreux artistes contemporains ou non.

Nagoya/Nagoya

Au jardin Tokugawaen – Nagoya, Higashi-ku

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Tokugawaen 徳川園
Tokugawaen 徳川園
Tokugawaen 徳川園
Tokugawaen 徳川園 reflets dans l'eau
Tokugawaen 徳川園 koi
Tokugawaen 徳川園 koi
Tokugawaen 徳川園
Tokugawaen 徳川園 couple de maries

De passage à Nagoya j’en profite pour me rendre au jardin japonais Tokugawaen (徳川園) afin d’y admirer le kōyō, mais dés mon entrée j’ai vite fait de me rendre compte qu’il est encore bien trop tôt, quelques feuilles de Momiji épars y commencent à peine à perdre leurs couleurs. J’en suis plutôt étonné car les médias pourtant la veille des ensorcelants dégradés de feuilles oranges, jaunes et rouges dans la vallée d’Asuke. Après avoir fait rapidement le tour du parc, déçu, je pense quitter celui-ci mais parviens à revenir sur mes pas en changeant un peu mon état d’esprit. Et si au lieu d’attendre passivement que l’opportunité de prendre des photos interessantes s’offre à moi j’acceptais la situation comme telle, m’exerçais à travailler mon oeil, m’efforçais à y trouver malgré tout quelque chose à photographier ?

Je passe un long moment à faire le tour de l’étang situé au centre du jardin. Parfois je m’assois, je regarde, j’écoute, je prends tout mon temps. Comme souvent un couple de futurs mariés apparaît en tenue de cérémonie, sans doute afin de prendre des photos pour l’album de mariage. La photographe leur hurle des ordres sur un ton assez sec, j’ai l’impression que cette séance photo est un calvaire pour tout le monde. Je crois que je serai incapable de faire son métier, les photos prises en l’espace d’une heure ou deux sont censées éternellement remémorer des moments de bonheur, je pense que je ne me le pardonnerai pas si jamais ce bel épisode de leur vie venait à être gâché par mes photos ratées ou peu convaincantes. Sur ce blog je n’ai rien à prouver à personne, si mon contenu ne plait pas les lecteurs (de toute manière déjà peu nombreux) cesseront de venir. C’est tout ! Alors pourquoi avoir peur ? C’est le coeur un peu plus léger que je m’attarde près de la partie de l’étang où se rassemblent les carpes koï, qui en devient également l’endroit le plus animé du jardin. Un petit escalier permet de s’approcher de la surface de l’eau pour les nourrir sans y tomber, assis sur un banc à quelques pas j’observe les visiteurs, jeunes et vieux, seuls ou en groupe, s’exclamer et rire lorsqu’approchent les goulus poissons.

écriture/vie du blog/Nagoya

Nagoya Port → Sasashima

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Trois semaines de vacances, en quelque sorte. Les journées défilent et la période de blanc se prolonge … Quand il m’arrive de parler du fait que j’écris mes carnets à mes collègues ou mes amis, ils s’étonnent toujours de la longévité de mon activité. Je leur explique à chaque fois que le secret réside dans le choix du support d’écriture, à savoir un cahier ou un agenda sans inscription de la moindre date. Je ne connais personne qui ait été capable d’écrire longtemps dans un carnet de type ‘une page par jour’, avec la date inscrite en haut de page. Il suffit en effet, et ce quelle que soit la raison, de ne pas y écrire pendant deux ou trois jours pour irrémédiablement ressentir un sentiment de culpabilité, l’écriture est de par sa promesse faite à soi-même plus devenue un devoir qu’un plaisir. Même neufs et vierges, on ne trouve ni mention de date ou de jour dans mes carnets – toujours mon bon vieux Travelers Notebook dont il faudra d’ailleurs montrer quelques photos. J’y inscrit bien sûr la date quand j’y écris quelque chose ou y colle des photos, mais j’y écris quand je le veux, si je le veux, et ce sans que, comme si ça aurait été le cas si j’avais été paresseux pendant trois semaines, vingt-et-unes pages de blanc séparent deux inscriptions. C’est sans doute là ma manière de dompter la peur de la page blanche.

Finalement il en est de même pour ce blog. Il m’est arrivé pendant cette période de creux de me dire qu’il me faudrait donner signe de vie, mais au fond mon manque d’inspiration et d’envie d’écrire ne m’a pas préoccupé plus que cela. Pour une fois même, l’habituel ‘et si j’arrêtais tout ?’ ne m’a même pas effleuré. J’attendais juste que cela revienne, et j’écris ces quelques lignes pour palper ma forme, voir si j’y prends plaisir ou pas.

Les photos ci-dessus ont en réalité été prises l’année dernière à la même date à quelques jours près. Le retard s’explique par le temps agréable et propice aux promenades qu’il fait à partir de la mi-octobre pendant lequel je me baladais sans cesse et prenais énormément de photos que je n’ai pas réussi à caser dans un article avant que la chasse au kōyō ne débute. J’ai de la sorte de nombreuses photos qui attendent de ressurgir des tréfonds de ma photothèque. Je me dis toujours qu’il me faut attendre d’être dans le même mois ou au moins la même saison pour les utiliser. Non pas pour essayer de les intégrer discrètement dans le fil d’articles sans que personne ne s’en rende compte, mais parce que la lumière éblouissante d’un soleil d’été n’a rien à faire entre deux séries de photos prises dans la lumière douce d’automne.

Il s’agit donc d’une série prise lors d’une promenade, à pied, d’un peu plus de 12 kilomètres visant à remonter le canal de Nakagawa à partir du port de Nagoya jusqu’au quartier de Sasashima situé juste en dessous de la gare de Nagoya. Une fois que l’on s’éloigne du port et de son aquarium, le canal n’est bordé de pratiquement tout son long que d’usines, d’entrepôts et de centres logistiques de tailles diverses et variées, de dortoirs, de petits restaurants où se retrouvent probablement chaque midi les habitués. Pour être tout à fait franc l’intérêt est plutôt moindre, je n’ai d’ailleurs aucun souvenir de ce que j’ai écouté comme musique lors de cette promenade. Je réfléchis à prendre en photos les travailleurs dans leurs vêtements de travail et autres salopettes de couleurs diverses, avec leur casque sur la tête, mais ne parviens pas à me faire violence – c’est qu’ils ont l’air costauds en plus. Je marche d’un bloc à l’autre, arrêté pratiquement à chaque croisement par un feu rouge toujours trop long. Tout se ressemble et se répète tellement que j’en viens à regretter un peu de m’être lancé dans cette entreprise. Bien qu’encore éloignée, je suis soulagé quand je commence à apercevoir au loin la tour de le chaine de télévision Chūkyō, plantée dans le décor tel un drapeau signalant l’arrivée du parcours.

Tout à fait paradoxalement, les coins de verdure, parcs et squares se font plus fréquents au fur et à mesure que je me rapproche du centre de Nagoya, et même l’architecture des entrepôts, jusqu’ici banales baraques faites de tôle, semble désormais avoir été pensée pour susciter l’attention de ceux qui se baladent le long du canal. J’arrive enfin, au bout d’un peu plus de quatre heures de marche, à bon port, si j’ose dire. Je m’assois quelque instants dans le parc devant centre commercial Global Gate et le campus de l’Aichi University, que j’avais visité une année auparavant. C’est d’ailleurs, il me semble, la découverte du canal qui m’avait donné l’idée de cette balade. Pour une fois, j’accomplis l’un de mes projets !

architecture/Nagoya

Kurokawa IC – Kita-ku, Nagoya

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Kurokawa IC 黒川IC
Kurokawa IC 黒川IC
Kurokawa IC 黒川 IC
NEX PLAZA

Il a cessé de pleuvoir, je sors de ma cachette et marche en direction du nord sans véritable but jusqu’à ce que je me souvienne que je voulais depuis longtemps faire une virée à l’Interchange (échangeur routier) de Kurokawa (黒川 IC), l’entrée et la sortie d’autoroute du réseau d’autoroutes de Nagoya, qui a de particulier le fait qu’en raison d’un manque évident d’espace elle est constituée de deux boucles en colimaçon. Mon appareil n’est pas adapté à l’immensité de la structure, et de jour les photos ne rendent pas grand chose. Peu inspiré et sur le point de prendre le chemin du retour, je tombe par hasard à proximité sur le musée NEX PLAZA (ネックス・プラザ) dédié à l’autoroute de Nagoya (Nagoya EXpressway). On y trouve diverses installations autour de l’histoire de la construction de l’autoroute, des tâches effectuées quotidiennement pour l’entretenir et une jolie maquette de l’IC Kurokawa, qui vue ainsi de haut me fait penser à l’un de ces circuits de la marque Tomica.