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balades au Japon/Nagoya/vie quotidienne

Taisei Maru – Nagoya Port, Aichi

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Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru

Les jours de congé, après avoir terminé ma séance de natation il est généralement autour de onze heures et je n’ai que quelques heures grand avant le retour des enfants de l’école, ce qui m’empêche de me balader trop loin puisqu’il faut également prendre en compte les embouteillages. Je pourrais rentrer à la maison mais il y fait trop froid pour entreprendre quoique ce soit. La salle à manger, seule salle chauffée, s’est peu à peu transformée en bureau de télétravail, le téléphone sonne fréquemment et je m’y crois au travail, l’idée d’avoir à écouter de la musique avec des écouteurs alors qu’il y’a quelqu’un d’autre dans la salle m’enchante guère. Je me gare donc au LaLaport Nagoya Minato AQULS tout proche et y prends mon déjeuner. Quand le temps est mauvais je passe le reste du temps au spacieux Starbucks situé au milieu de la librairie Tsutaya. Pour le prix d’un café il y est autorisé de lire revues et livres sans avoir à les payer, ce qui est idéal pour feuilleter divers magazines spécialisés que je n’achèterai jamais par manque de place à la maison.

Aujourd’hui il fait cependant suffisamment beau pour que je change un peu mes habitudes en improvisant une balade au port de Nagoya. A mon arrivée je remarque un imposant bateau à quai. J’en suis plutôt étonné car bateaux de croisière et de cargaison sont généralement amarrés au Kinjo Pier (Kinjofuto) situé un peu plus au sud, à l’entrée de la ville par voie maritime. Je m’approche, apparemment le ‘Taisei Maru‘ vient tout juste d’arriver. Un homme de grande taille qui me semble toutefois un peu jeune pour être le capitaine du navire inspecte celui-ci en donnant des ordres à une dizaine d’hommes. La passerelle est baissée, quelques caisses et un vélo (!) sont déposés sur le quai. Le temps que je réfléchisse à la meilleure façon de demander pour monter à bord que tout ce petit monde disparait. Pour le délire je m’imagine un instant m’y faufiler comme dans les films d’action. Qu’il serait ‘amusant’ qu’alors que je sois à bord le bateau lâche les amarres et m’emporte avec lui vers je ne sais quelle destination inconnue – où la police m’attendrait de pied ferme.

Après quelques recherches j’apprends que le Taisei Maru (91.28 mètres de longueur) est l’un des cinq bateaux d’entraînement de la JMETS (Japan agency of Maritime Education and Training for Seafarers), organisme indépendant qui s’occupe de la formation des futurs marins japonais. C’est au même organisme qu’appartenait le Nippon Maru, l’élégant quatre-mâts retiré de la flotte en 1984, maintenant en cale-sèche dans le quartier de Minato Mirai 21 dans le port de Yokohama et réaménagé en musée. Comme Flightradar24 pour les avions, il semble exister plusieurs applications permettant de suivre les trajets de n’importe quel bateau dans le monde. Si je suis assez assidu et que j’ai de la chance, peut-être y aura-t-il une suite à cette série …

architecture/balades au Japon/Aichi

Mizkan Museum & Handa Canal – Handa, Aichi pref.

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Handa canal Mizkan Museum
Handa canal
Handa canal
Handa sake brewery
Handa plantes chat

Alors que quand je quitte la maison le ciel est dégagé, il se couvre et devient même menaçant après dix minutes de route. Comme lors de ma précédente visite au Red Brick Building, la ville de Handa semble ne pas vouloir se dévoiler sous ses meilleurs atouts. Malgré le temps nuageux c’est aujourd’hui autour du Mizkan Museum (MIM) que je me balade. Handa est le siège de l’entreprise Mizkan, gigantesque entreprise japonaise agroalimentaire spécialisée dans la production de sauce et de vinaigre, domaines autour desquels le MIM propose diverses installations interactives.

Si je me balade autour du musée, c’est que celui-ci est fermé au public en raison de la crise sanitaire. Inauguré en 1986 sous le nom de ‘Su no sato’ (酢の里) puis fermé pour rénovation en novembre 2013, le musée a réouvert ses portes deux ans plus tard sous son nom actuel. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de venir avant la rénovation et ne suis donc pas en mesure de faire une comparaison avant-après, mais le style simple et épuré utilisé dans le plan d’urbanisation me plaît beaucoup. Quel que soit le matériau utilisé pour leur construction, tout les bâtiments longeant le canal sont d’un noir uniforme qui donne une identité unique à toute la zone et rend difficile toute référence dans le temps, on ne discerne pas clairement s’ils sont anciens ou récents. Cette identité est largement renforcée par les logos ‘blanc pétants‘ du musée et de l’entreprise Mizkan peints par-ci par-là, bien visibles mais très élégamment insérés dans le paysage. Je ne suis guère étonné en faisant des recherches ultérieurement de me rendre compte que le projet de rénovation a gagné entre-autre un Good Design Award en 2016 dans la catégorie ‘Architecture and facilities for commercial use‘. Je ne peux cependant m’empêcher de sourire en lisant les commentaires des évaluateurs qui justifient leur sélection en expliquant que le plan de rénovation est parvenu à maintenir la juste balance entre la tradition en préservant les bâtiments historiques, et modernité dans le choix des matériaux et du design, le tout en symbiose avec la nature. On ne peut trouver plus passe-partout, c’est le commentaire que l’on trouve à peu près dans chaque concept urbain ou architectural.

Avec la fermeture du musée et la diminution du nombre de touristes qui en résulte, des travaux sont en cours le long du fameux canal. Les grues en plein travail et diverses structures métalliques jonchées au sol gâchent le paysage, certaines parties sont même rendues inaccessibles. Pour la petite balade tranquille ce sera une fois les travaux terminés, vers la fin mars. Je parcours au hasard les rues étroites du quartier, l’endroit est réputé pour ses distilleries de saké, je suis impressionné par les encombrantes cuves probablement laissées au dehors par manque de place. Je traine ainsi une petite heure sans ne croiser personne d’autre que les employés de la Nakano Sake Brewery toute proche. Il n’y a pas un chat, ou plutôt si, à condition d’y prêter attention !

balades au Japon/Nagoya/musiques/promenades/daydreamin'

‘How to drive in snow safely’ – Nagoya, Minato-ku

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Nagoya Minato-ku banc neige
Nagoya Minato-ku club de golf
Nagoya Minato-ku neige
Nagoya Minato-ku canal Nakagawa
Nagoya Minato-ku voiture abandonnée

Ce matin il a neigé jusqu’aux alentours de dix heures, puis peu avant midi le soleil a enfin percé. Il fait un froid glacial à l’intérieur de la maison, je profite de cette éclaircie pour sortir prendre l’air et presque me réchauffer à l’extérieur. Je me balade autour du Lalaport NAGOYA Minato AQULS à Minato-ku. En dehors du centre commercial il n’y a que des quartiers résidentiels et des hangars appartenant à des entreprises de logistique, je pense dans un premier temps marcher jusqu’au canal Nakagawa qui remonte vers le port de Nagoya.

J’ai dans les oreilles l’album éponyme de Sapphire Slows, productrice et DJ résidant à Tokyo. J’ai découvert cette artiste la semaine dernière et je suis depuis en train de passer en revue sa discographie. Par rapport à son premier et très alléchant EP ‘True Breath’ (2011) qui comportait des parties rythmées presque dansantes, cet album est plus conceptuel et moins évident à cerner, mais il se peut que se soit tout simplement le froid qui me donne cette impression. Si la voix de la chanteuse est beaucoup plus présente que sur l’EP, elle semble ne constituer qu’une nappe sonore comme si s’agissait d’un instrument comme un autre. Ce n’est qu’en y prêtant vraiment l’oreille que l’on se rend compte qu’elle chante certaines parties en anglais. J’ai l’impression d’écouter ce qui pourrait être de l’electronic shoegaze, (si c’est un terme qui existe) et à vrai dire c’est quelque chose de nouveau et de surcroit plutôt agréable dans la mesure ou en musique électronique le texte n’apporte la plupart du temps pas grand chose aux chansons et me sort plus facilement de mes rêveries – il n’y a guère que le génial Louis Cole et ses textes auto-dérisoires qui m’amusent beaucoup.

Je traverse le canal, remonte vers le port puis longe la Kokudō Ichi-gō pour repasser de l’autre versant, puis revient vers mon point de départ, formant un carré d’un kilomètre de côté. Tout au long de ma promenade il reste par-ci par-là d’étroites parcelles de neige que le soleil n’atteindra probablement pas avant que la nuit tombe. Au coin d’une rue je suis très intrigué par cette voiture recouverte de neige apparement abandonnée au beau milieu d’un terrain assez grand pour y construire une maison. Il me parait impossible de garer une voiture de sport avec des herbes si hautes alentours, mais leur hauteur porte à croire qu’elle est là depuis un bon bout de temps. A moins qu’elle soit tombée ce matin avec la neige ? Nagoya me propose un nouvel endroit où revenir dans quelques temps …

architecture/Nagoya

Mata kôyô 2021 (suite et fin)

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Comme l’année dernière j’avais pensé aller à Korankei pour aller à la chasse au koyo, mais un imprévu fait que je dois me rendre à Nagoya, dans les environs de Meidai, l’université de Nagoya. J’en profite pour me rendre au temple Kôshô-ji, dans le quartier de Yagoto. Pendant le trajet j’écoute Material (2001), le cinquième album de l’artiste Aco, que je n’avais pas écouté depuis quelques années, et pour de la j-pop, celui-ci a très bien vieilli, même si j’étais persuadé qu’il comportait un remix de Ken Ishii ou DJ Honda que j’ai été surpris de ne pas retrouver sur cet album. Après ses premiers albums très r&b mainstream sans grande personnalité, Material et l’album suivant Irony (2003) marquent un tournant très intéressant dans sa carrière. J’ai toujours aimé ces artistes capables de se renouveler et de prendre des risques. Apres le court album de 6 titres Mask (2006), je suivais vaguement à une époque son compte Instagram dans l’attente d’un prochain album mais en fin de compte elle n’y montrait que des photos de sa vie quotidienne sans grand intérêt. Il semblerait qu’elle ait entre-temps sorti cinq albums dont un live, mais vu les difficultés à trouver des informations à propos de ceux-ci j’ai bien peur de ne pas être passé à côté de grand chose.

Le temple est si vaste que je me perds presque dans le parc qui l’entoure. Ce n’est que plus tard que je me rends compte que j’ai tenté d’y entrer par l’arrière. De nombreux visiteurs sont très appliqués avec leurs appareils photos. J’aide deux couples qui tentent avec grand mal de se prendre en selfie avec les feuilles rouges vif, mais manquent de recul pour cela. La conversation s’engage avec l’un des hommes qui me montre les photos qu’il vient de prendre. Le fait que j’accepte des discuter montre à quel point l’endroit me rend zen. Non pas que je n’aime pas discuter, mais les conversations avec des inconnus ne sortent que très rarement des sentiers battus et sont la plupart du temps sans intérêt. Je suis amusé de constater que certains visiteurs portent des vêtements de couleur rouge ou rose, je me demande si c’est afin de s’ajuster aux feuilles des arbres. Je contemple longuement une dernière fois la grande statue qui semble garder le temple. Depuis tout à l’heure j’ai comme l’impression quelle regarde du coin de l’oeil les visiteurs qui lisent le panneau d’information situé à ses côtés. Quand je la prends en gros plan elle me fixe cependant droit dans les yeux.

Je n’insiste pas et quitte les lieux pour rejoindre Meidai à pieds. Le trajet prend 30 minutes et il fait un temps superbe, je suis presque en sueur. J’écoute cette fois l’album Fervency (2009) de Kyle Bobby Dunn, encore un album que je n’avais pas écouté depuis mon dernier billet à son sujet. L’idée m’est venu de l’écouter à la suite de l’émission Bandcamp Weekly spéciale décernée à la musique ambiant. Il me faut mettre le son à fond pour effacer les sons de la ville, l’absence totale de BPM fait que j’ai du mal à ajuster mes pas à la musique. Perdu dans mes pensées (et l’appareil photo rangé) j’arrive néanmoins rapidement à destination.

Au retour je ne peux m’empêcher de refaire une crochet au Toyoda Memorial Hall. Je ne m’y attarde pas trop, d’une part parce que je n’ai pas trop le temps, et d’autre parce de grands panneaux demandent aimablement aux personnes étrangères à l’établissement de ne pas roder autour. Des gardes ne sont pas bien loin, je n’ai aucune intention de faire le hors-la-loi, si on me pose de question je ferai semblant de ne pas avoir compris les avertissements ou répondrais, en expliquant ma ‘démarche artistique‘, que je suis venu de loin exprès pour prendre quelques modestes photos.

Les parties d’ombres et de lumière se démarquent de façon très nette sur le sol du bâtiment, les surfaces au sol éclairées se reflétant sur les parties blanches du mur. Baigné par les rayons de soleil, un jeune homme s’entraîne à la danse. Ses mouvements sont à la fois vifs et gracieux, l’ample pantalon qu’il porte fait un bruit de froissement à chacun de ses mouvements. Ce magnifique bâtiment semble inspirer tout ceux qui prennent le temps de le contempler.

balades au Japon/Nagoya

‘Garden on the palm’ – Yōki-sō (Chikusa-ku, Nagoya)

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Ce n’est pas la première fois que je viens ici. J’ai découvert, dans ce quartier déjà très calme abritant le temple Kakuozan Nittaiji, ce havre de paix en me baladant au hasard autour de la gare de Kakuozan l’été dernier, et j’avais alors quitté l’endroit en me disant qu’il serait beau à visiter en automne, et je ne m’étais pas trompé.

Cette villa fut la propriété du premier directeur de la célèbre chaîne de grands magasins Matsuzakaya Department Store, Jirozaemon Ito, dans les années 1910 – 1930. L’immense jardin est aujourd’hui séparé en deux parties, j’en visite aujourd’hui la partie nord. On y donnait autrefois des réceptions, des garden party et même des ‘réunions de contemplation de la Lune‘, où étaient conviés partenaires internationaux et même des membres de la famille impériale. Les bâtiments que l’on peut y trouver ne sont pas sans intérêt, mais le paysage en cette belle journée ensoleillée est trop beau pour s’y attarder.

Le paysage se suffit en lui-même, mais comme à Inuyama et ses bateaux mystérieusement sortis de nulle part, j’ai beaucoup de chance. Un groupe de quatre jeunes femmes en kimono toute guillerettes s’y balade en riant. Un jeune couple de futurs mariés en tenue de cérémonie traditionnelle est en pleine session photo. Tout le monde est suffisamment affairé pour que je puisse tenter de les intégrer au paysage.

balades au Japon/Aichi

Le château d’Inuyama, trésor national (Aichi pref.)

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Je reprends mes esprits et me dirige vers le château d’Inuyama. Construit sous sa forme actuelle en 1537 par Oda Nobuyasu, l’oncle du seigneur de la guerre Oda Nobunaga, en son temps celui-ci surveillait la frontière entre les provinces d’Owari (aujourd’hui Aichi) et de Mino (Gifu) et fut au cœur des luttes acharnées des guerres civiles. (Plus de détails en français sur le site officiel du château.)

Les alentours du château me semblent avoir beaucoup changé depuis la dernière fois que j’y suis venu, sans que je ne puisse vraiment dire avec certitude de quelle manière. Je ne me souviens pas y avoir vu le tunnel de torii de la troisième photo, ou peut-être sommes nous tout simplement passés à côté en septembre 2009, lorsque des amis étaient alors de passage au Japon et que nous avions passé l’après-midi autour du château pour finir en beauté le soir en participant à une séance de pêche au cormoran sur le fleuve à la lueur des torches. Je n’ai toujours pas été vérifier si cette pratique se fait autre part dans le monde ni même au Japon, s’ils en ont l’occasion je conseille vivement à mes lecteurs d’intégrer cette expérience inoubliable dans leur visite à Inuyama.

En tout cas la vue à partir du dernier étage du château est toujours aussi impressionnante. S’il y avait moins de monde je m’assiérais volontiers en tailleur au milieu de la pièce pour me mettre dans la peau de quelque shōgun du clan Naruse, maître des lieux au XVIIème siècle. Comme pour prendre mes désirs pour des réalités j’ai immédiatement en tête l’image d’un lieu silencieux, mais quelque bataille fait rage au loin, la rue marchande est toute proche et le brouhaha de la jōkamachi, la ‘ville sous le château’ est sans doute plus intense que je ne le pense …

On peut faire le tour de la pièce via une petite passerelle en bois légèrement inclinée et lissée par les pas des visiteurs au point d’en être glissante. Si les arbres autour du château sont moins colorés que je ne le pensais, deux d’entre-eux, aux feuilles d’un rouge et d’un jaune vif tentent de se faire remarquer. Alors que je plisse les yeux et remarque les tours de la gare de Nagoya tout au loin un avion passe dans le champs. D’ici, quelque soit la direction où l’on regarde il y a toujours quelque chose à contempler. Je pourrais y passer des heures …

balades au Japon/Aichi

‘Sail to me, sail to me …’ – Inuyama, Aichi pref.

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Ces derniers mois je suis plusieurs fois allé aux alentours de la petite ville touristique d’Inuyama, située au nord de Nagoya, afin de me balader dans le basses montagnes que sont le Mont Tsugao (継鹿尾山) et le Mont Hatobuki (鳩吹山). Aujourd’hui j’ai décidé de prendre mon temps et de visiter son beau château auquel je n’ai pas mis les pieds depuis trop longtemps.

Une fois descendu à la gare je me dirige vers le Pont d’Inuyama, qui traverse le fleuve Kiso (木曽川) délimitant les préfectures de Gifu et d’Aichi, afin de prendre une vue d’ensemble de château d’Inuyama dominant la vallée et ses arbres colorés qui l’entourent. J’aperçois au loin deux bateaux remontant doucement le fleuve. Il s’agit manifestement des pirogues utilisées pour la chasse aux cormorans u-kai (鵜飼), je suis surpris puisque la saison est déjà terminée depuis longtemps. Je les suis du regard en me demandant où ils se dirigent, à hauteur du château ils se tournent soudainement vers la rive.

Il semblerait que j’assiste à une sorte d’entrainement : La manoeuvre consiste à faire l’aller-retour entre deux petits îlots constitués de sacs de sable entassés, arrêter la pirogue à proximité pour descendre du bateau puis remonter à l’intérieur. Je m’approche et prends des photos, le tout se fait dans le silence le plus total. Je salue les occupants lorsqu’ils sont assez proches pour m’entendre, l’un des hommes assis au centre de la pirogue, sans doute le superviseur des opérations me fait vaguement signe. Dans le viseur de ma caméra le regard concentré et déterminé de la seule femme du groupe, maniant sa rame avec habileté, est des plus fascinants. Je me demande s’il ne s’agit pas de Kotomi Inayama, la première femme u-shi (maître-cormorant), que j’avais eu le plaisir de rencontrer brièvement il y plusieurs années dans le cadre du travail, mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude parce que l’image d’une personne toujours souriante qu’elle donne dans les médias contraste vraiment beaucoup avec celle d’aujourd’hui. Un coup de téléphone à l’organisation qui gère tout ce qui concerne l’u-kai m’aurait sans doute permis d’en avoir le coeur net, mais à quoi bon ? Pourquoi étais-je venu déjà … ?

balades au Japon/Gifu

‘Le hasard est bien plus qu’une simple probabilité’ – Ena, Gifu pref.

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Pour cette première balade hors d’Aichi depuis des mois, nous pensions au départ nous rendre à Nakatsugawa dans la préfecture de Gifu afin d’y acheter quelques kuri-kinton, ces fameux gâteaux à base de châtaignes que l’on ne peut acheter qu’en automne. Peut-être parce que cela fait deux ans que je n’ai pas emprunté l’autoroute Chūō je m’emmêle les pinceaux dans les voies d’autoroutes et rate la sortie. La prochaine se trouve une vingtaine de kilomètres plus loin, l’après-midi est déjà bien entamée et nous n’aurons pas le temps le refaire le chemin dans l’autre sens. Suite à ma gaffe, comme souvent, plus personne ne dit mot. Soupir(s). ‘Piano Joint‘, l’un des plus beaux morceaux de Michael Kiwanuka passe à ce moment-là.

Finalement je quitte l’autoroute à la prochaine sortie, Ena, et comme souvent le hasard fera très bien les choses. J’avais déjà entendu parler de ce lieu touristique auparavant mais nous n’avions jamais eu l’occasion de nous y arrêter. Si la région est principalement connue pour son Mont Ena (恵那山) qui fait partie des ‘100 montagnes célèbres du Japon‘, nous découvrirons avec un ravissement certain les gorges d’Ena et son lac artificiel résultant de la construction d’un barrage.

Nous avons pratiquement l’endroit pour nous. Vu l’heure avancée la plupart des touristes ont déjà quitté les lieux, les magasins se préparent à fermer et le dernier bateau de plaisance vient de quitter le petit port. Tandis que nous le contemplons partir au loin le soleil commence à se coucher et éclaire de merveilleuse façon les bois de l’autre côté de la rive. Il est toujours difficile de rendre en photo de manière satisfaisante ces beaux rayons lumineux qui traversent le ciel en biais. Je me dis toujours qu’il serait préférable de profiter de cet instant magique au lieu de vouloir le mettre en boîte, mais rien n’y fait. Nous faisons à pied une agréable promenade autour de la petite île en traversant son ‘Sazanami Parc‘. Il semble impossible de ne pas remarquer l’imposante statue de la divinité Benzaiten (弁財天), l’une des sept divinités du Bonheur, qui trône au bout de l’île. Son ciment vert est à mon goût trop tape-à-l’oeil pour faire ressentir quoique ce soit, mais elle a le mérite d’attirer tout les passants vers elle.

L’endroit semble être également réputé pour ses fleurs de cerisiers au printemps. Il faudra y revenir pour faire un tour en bateau, ou pourquoi pas faire quelques manèges au parc d’attractions Enakyo Wonderland, la vue sur les gorges doit être superbe à partir de sa grand-roue.

musiques/promenades/daydreamin'/Nagoya

‘I’m 36 degrees’ – Kanayama, Nagoya.

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Je me balade autour de la gare de Kanayama en cette belle journée de mi-novembre. S’il est désormais impératif de sortir son manteau le matin, à midi il fait assez chaud pour encore pouvoir être en T-shirt, à condition d’éviter de marcher à l’ombre des bâtiments alentours. J’ai dans les oreilles le dernier album de Nightmares on Wax, Shout Out ! To Freedom‘. Aucun morceau en particulier ne s’en dégage à part le 4ème titre ‘Wikid Satellites‘ que je me souviens avoir entendu dans Bandcamp Weekly. Suffisamment stimulant pour ne pas être ennuyeux sans pour autant être intrusif et me sortir de mes pensées. Je ressens une sorte de bien-être à me laisser bercer par ces boucles sur lesquelles se posent basses grasses, cuivres et autres prestations vocales, quelque part entre les derniers albums de Flying Lotus aux connotations jazz plus prononcées et les titres up-tempo chantés de Teebs. Avec l’arrivée du catalogue du label Warp sur Bandcamp j’ai eu le plaisir d’écouter les premiers albums de NoW et je m’étais dit que l’on pourrait les mélanger à des morceaux plus récents sans ressentir la moindre sensation désagréable.

Je marche au hasard, m’engouffrant dans une rue quand quelque chose y attire mon oeil. En vitrine du Tokai Polytechnic College Kanayama je contemple l’oeuvre de string art de la première photo. Sur une grille de clous fixés sur une planche est enroulé un (?) morceau de ficelle agencé de manière à former ce qui me semble être le Pont de Brooklyn à New York, ce qui est amusant puisque je n’y ai jamais mis les pieds. Peut-être est-ce à force de l’apercevoir dans les vlogs de Casey Neistat quand il se rend à l’aéroport en taxi, ou bien encore sur les posters encadrés dans les magasins de déco que j’en ai fini par en retenir les formes.

L’automne s’installe, les feuilles prennent des couleurs, je vais bientôt pouvoir publier sur le blog des billets à propos du koyo, si le temps me permet de me balader. Je traverse en levant la tête un petit parc. Au milieu des feuilles jaunies, pris en contre-plongée les immeubles alentours me semblent comme pris par les flemmes. Autour de la gare les rues sont vallonnées, je ne peux m’empêcher de prendre une photo à-la-ka.nai de cette porte de derrière et son trottoir en biais. Je suis amusé de constater que la plupart des plantes, et surtout l’espèce de petit palmier dans son pot blanc pousse perpendiculairement au trottoir et non tout droit vers le ciel. Comme si mon oeil n’allait par la suite plus que se focaliser sur tout ce qui pousse ou est construit en inclinaison, je remarque cet arbre qui part de travers et cette entrée d’autoroute qui barre la vue des passants au feu rouge.

Je regarde une nouvelle fois mes photos et constate qu’elles auraient pu être prises à peu près dans n’importe quelle ville du monde, comme si j’étais incapable de cerner les particularités de ce beau pays. Il semble être vivement temps de quitter la ville et me changer les idées.

vie du blog/Nagoya

‘Une nouvelle ère, révolutionnaire (?)’ – Meieki, Nagoya

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Les visiteurs réguliers auront sans doute remarqué que j’ai modifié l’interface de mon blog. A l’instar du dicton qui dit ‘Pour changer d’humeur, va chez le coiffeur’, changer de coupe m’a semblé être un moyen de donner un nouvel élan au blog.

Hormis l’aspect graphique, la principale nouveauté est l’apparition du menu en haut de page. C’est encore un peu le fouillis dans les catégories et les étiquettes, je comptais attendre d’y avoir mis de l’ordre avant d’utiliser le nouveau thème mais ai finalement décidé d’effectuer la mise à jour pour voir à quoi cela ressemblait. Il y aura encore probablement de nombreux changements à l’avenir.

Je voulais un design simple au possible, juste de quoi publier les photos et le texte de manière cohérente. Je pense avoir bien cherché mais n’ai trouvé aucun thème gratuit qui permette aux photos de prendre plus de place que le thème que j’utilise actuellement. Malheureusement, même en enlevant la colonne sur la droite la moitié de la largeur de la page reste désespérément vide et je n’ai pas l’intention de la remplir de widgets divers. Il faut apparemment traficoter dans les codes css du thème pour régler les paramètres, mais seul un abonnement payant permet d’y avoir accès ! Soit, sur ma lancée je m’offre ce foutu ‘Plan Personnel’ qui me nargue chaque jour depuis plus de 15 ans pour finalement me rendre compte trois minutes plus tard que la modification du css n’est possible qu’à partir du ‘Plan Premium‘. Plus de dix-mille yens par an juste pour pouvoir afficher mes billets de manière satisfaisante (et encore, je n’en suis pas certain) ! J’ai immédiatement résilié mon plan, il y a vraiment d’autres priorités …

Les photos très colorées ci-dessus ont été prises autour de la gare de Nagoya le mois dernier. J’ai toujours beaucoup de mal à photographier des inconnus, j’ai dû me faire violence pour ne serait-ce que furtivement prendre en photo ces jeunes filles en fleurs. Si cette expression qui fait référence à l’oeuvre de Proust me vient en tête, c’est que ces derniers temps à défaut de pouvoir lire les classiques de la littérature française j’en écoute les adaptations en podcast sur France Culture pendant la pause-déjeuner afin d’éviter d’avoir à subir les débilités à la télévision. L’envie de lire m’assaillit toujours en été, sans doute le souvenir du bonheur ressenti lors de mes lectures au petit Square Louvois, près de l’Opéra à Paris, assis pieds nus dans l’herbe à l’ombre des arbres.