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architecture/Nagoya

Void phobia – Hoshigaoka, Nagoya

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Hoshigaoka magasin de vêtements
Hoshigaoka bâtiment
arrière-boutique Japon
reflets miroir
Porsche en vitrine magasin
bâtiments Hoshigaoka
appartements x terminal de bus Hoshigaoka

Le quartier de Hoshigaoka se signale également par son luxe. La chaine de grands magasins Mitsukoshi se trouve juste à la sortie du métro et un nouveau complexe de boutiques et de restaurants, appelé Hoshigaoka Terrace, y a été ouvert en 2003. De l’avenue principale jusqu’aux arrière-boutique, tout est méticuleusement propre et rangé au point que c’en est presque ennuyant. C’est également ici que je tombe par hasard sur un magasin vendant des Porsche d’occasion puis le fameux concessionnaire Lexus réputé pour être celui vendant le plus grand nombre de véhicules de la marque de tout le pays, grâce notamment à un service clients que l’on dit exceptionnel. La petite histoire selon laquelle le garde à l’entrée du magasin, habillé comme un portier d’hôtel, fait en forme de respect et de remerciement une courbette à chaque fois qu’une Lexus passe devant est maintenant célèbre à force d’avoir été repris dans les médias et de nombreux livres. Apparement l’endroit aurait servi de modèle pour une scène apparaissant dans le livre de Haruki MurakamiL’Incolore Tsukuru Tazaki’, qui se déroule en partie à Nagoya, mais je ne parviens pas à me souvenir de cette scène en particulier. A force de lire ses livres depuis vingt ans en français et en japonais toutes ses histoires se chamboulent.

La dernière photo pourra sembler banale mais j’ai eu comme une révélation en passant devant cet immeuble. Si la gare de Fujigaoka sert de terminus pour une partie des bus municipaux de Nagoya, on pourra s’étonner que le rez-de-chaussée d’un logement social serve d’entrepôt de bus. Ce modèle d’optimisation de l’espace m’a immédiatement fait penser à l’exemple nommé ‘bus housing’ dans le bouquin Made in Tokyo (2001, Kajima Institute Publishing) qui répertorie les étonnantes cohabitations architecturales dans la capitale. ‘There is a ‘void phobia’ in Tokyo, which instils a reaction of ‘what a waste!’ when we see unused space. Everywhere, the desire to find and fill gaps can be seen.‘ J’imagine l’odeur des gaz d’échappement et surtout le vacarme que font les bus aux départs et aux arrivées. Un rêve, un cauchemar plutôt !

musiques/Nagoya

‘Donne-moi du rêve’ – Hoshigaoka, Nagoya

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statue
quartier de Hoshigaoka
Aichi Prefectural Aichi High School of Technology and Engineering
Higashiyama Sky Tower
rue dans le quartier de Hoshigaoka
Une rue dans le quartier de Hoshigaoka
quelques plantes devant une maison

L’origine du nom du quartier ‘Hoshigaoka(星が丘), quartier situé dans le quartier de Chikusa au nord-est de Nagoya, remonterait à 1955. Lorsqu’il entama la construction d’un complexe d’habitation (団地), la Japan Housing Corporation‘, (devenue depuis l’Urban Renaissance Agency (UR) UR都市機構), organisme fondé afin de résoudre la pénurie d’habitations dans l’après-guerre, lui aurait attribué ce nom parce qu’il s’agissait de l’endroit le plus élevé parmi les complexes résidentiels de la ville de Nagoya. Hoshigaoka aurait pour signification ‘la colline la plus proche des étoiles, où brillent de magnifiques étoiles’ 「星にもっとも近く、輝く星の美しい丘」. Si le slogan peut aujourd’hui paraître exagéré ou démodé il ne faut pas oublier que le pays est alors en pleine reconstruction, les gens veulent du rêve !

Vu le temps couvert ce n’est pas aujourd’hui que l’on verra les étoiles. Tout en marchant le long de la bruyante artère principale qui traverse le quartier j’écoute depuis tout à l’heure 2 Tired‘, le dernier single du Dj et producteur canadien dj_2button, sorti récemment. Une fois habitué à cette dérangeante voix distordue pitchée et strechée, la régularité du rythme de base tout au long de ce morceau de plus de sept minutes résonne en moi comme une force incontrôlable qui me force à marcher au pas, dans mon élan je dois presque me faire violence pour m’arrêter et prendre mes photos. Le quartier est vallonné et couvert d’une verdure abondante où que l’on soit. Le zoo de Higashiyama est tout proche, la pointe de la tour d’observation Higashiyama Sky Tower apparait de temps en temps derrière d’énormes rangées de buissons et d’arbres. Même le lycée technique Aichi Prefectural Aichi High School of Technology and Engineering, ouvert en 2016, associe de manière très naturelle béton et végétal. Je me fais la remarque que les ruelles et leurs escaliers en pente raide ont quelque chose de typiquement japonais. Je m’y engouffre et coupe le son pour trouver le calme des quartiers résidentiels.

architecture/Nagoya

‘Come from out of the darkness’ – Nakaotai, Nagoya

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Gannoji-Temple, Branch Temple of Zenkoji-Temple
Gannoji-Temple, Branch Temple of Zenkoji-Temple
Gannoji-Temple, Branch Temple of Zenkoji-Temple
Gannoji-Temple, Branch Temple of Zenkoji-Temple
Gannoji-Temple, Branch Temple of Zenkoji-Temple
Gannoji-Temple, Branch Temple of Zenkoji-Temple

Le temple Zenkō-ji Betsu-in Gannō-ji (善光寺別院願王寺), succursale (別院) du temple Zenkōji de Nagano, fut fondé il y a environ 1,200 ans, en l’an 829, sur les rives sud du fleuve Shōnai, au nord-ouest de l’actuelle ville de Nagoya. Selon la tradition du temple, cette année-là une épidémie dévastatrice frappa la région, provoquant la mort de nombreuses personnes. Il est dit qu’un éminent moine se rendit sur le site où se trouve aujourd’hui le temple, y installa une statue du Bouddha Yakushi (le Bouddha de la médecine) et y pratiqua un rituel secret destiné à éliminer les épidémies, apportant ainsi ses soins aux malades. Ce lieu devint ainsi un centre de prières pour la guérison et la protection contre les épidémies.

Le temple doit son nom actuel à la venue, en 1909, d’un moine nommé Fukurai, qui fit venir la statue du Bouddha Zenkōji depuis le célèbre temple Zenkoji, dans la région de Shinshū (Nagano). Avec le temps, le bâtiment se détériora sous l’effet des intempéries mais en 1974 fut crée, grâce aux dons des fidèles, un nouveau pavillon, en forme de pentagone et entièrement vitré, conservant néanmoins les matériaux d’origine. La structure, audacieuse surtout pour l’époque, valut l’attribution d’un prix de la part de l’Architectural Institute of Japan (AIJ) (日本建築学会) à son auteur Yasutaka Yamasaki (山崎泰孝). Si cela faisait un petit moment que je voulais m’y rendre, c’est le fait d’avoir vu surgir dans l’appli Photos des photographies de notre séjour en famille autour du Mont Ontake et à Nagano, au Temple Zenkoji justement, en juin 2011, qui m’a rappelé à l’ordre. 

Vu de l’extérieur c’est comme si l’on avait construit un temple autour du temple, mais une fois à l’intérieur, le fait d’avoir grimpé les quelques marches jusqu’au pavillon, de m’être déchaussé puis d’y être entré par une petite porte coulissante me donne plutôt l’impression d’être rentré chez moi, sensation accentuée par le fait que j’ai le bâtiment pour moi seul et la présence, à gauche de l’autel principal, d’une table longue en bois entourée d’une dizaine de chaises et d’une étagère faisant office de bibliothèque. Sauf mon respect, il ne manquerait plus qu’une cafetière et quelques gâteaux pour que j’y passe toute la journée à bouquiner, écrire ou rédiger mon blog. Cette sensation, pour un lieu sacré, m’est nouvelle et agréable, je me demande si ce n’est pas dû au fait que les temples Zenkōji ne soient affiliés à aucune des treize écoles principales du bouddhisme japonais et accepte tout le monde sans distinction.

Je n’ose cependant pas m’asseoir et poursuis ma visite. Une photo en noir et blanc montre le temple avant sa rénovation et un grand tableau très coloré dépeint la vie quotidienne autour du temple autrefois. A quelques pas de là, un escalier descend au sous-sol, ou plus exactement, juste en dessous de l’autel. Le couloir, une longue ligne droite, n’est pas éclairé. J’avance à tâtons en me penchant sur le mur sur ma droite. Au bout d’une dizaine de mètres celui-ci part en angle droit sur la droite. Je fais trois pas et regarde derrière moi. Je suis dans l’obscurité la plus complète, pas un rayon de lumière ne traverse le couloir. Je ne me souviens pas avoir été dans le noir aussi complet depuis bien longtemps, même la nuit d’une manière ou d’une autre il y a toujours une source de lumière, aussi faible soit-elle, quelque part. Seul, toujours, le silence est lui aussi total et oppressant. Cette sensation est des plus dérangeante, mais c’est sans doute le prix à payer si l’on veut, comme le dit la légende, sortir rené de cette expérience que l’on appelle le o-kaidan-meguri (お戒壇巡り). Si je me souviens à l’époque avoir effectué le même rituel au Zenkōji de Nagano avec mon beau-père, ma femme s’occupant pendant ce temps du petit qui n’avait alors que deux ans, il devait y avoir beaucoup de monde ce jour-là car le silence m’avait moins marqué que cette fois-ci. René, je ne sais pas, mais entre-temps le temps s’est éclairci et le soleil m’éblouit. Une belle balade dans les alentours s’annonce.

Aichi/Aichi

Habu nice day – Habu Dam, Toyota, Aichi

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Le barrage de Habu (羽布ダム) est un barrage d’irrigation de 62.5 mètres de haut construit en 1962 qui borde le lac artificiel Mikawa (三河湖), situé dans la ville de Toyota. Les alentours du lac ont récemment été réaménagés, on peut parcourir à vélo ou en voiture les 16km autour du lac, s’adonner à la pêche à l’étang de pêche sur pilotis ou bien encore louer un petit bateau pour une heure. Bien que nous ne soyons même pas en altitude il fait autour de cinq degrés de moins qu’en ville. Nous ne sommes qu’à une heure de voiture de chez nous mais j’ai l’impression d’être bien plus loin, quelque part dans la campagne de la préfecture de Nagano.

architecture/Nagoya

4-3-2 – Minami-ku, Nagoya

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Courte balade en partant de la gare de Jingūmae (神宮前駅) toute proche du célèbre sanctuaire d’Atsuta, au sud de Nagoya. J’ai aujourd’hui pour objectif un gigantesque complexe d’appartements de type manshon (マ ン シ ョ ン) situé un kilomètre au sud de la gare. J’aurai très bien pu descendre à la gare de Toyoda Honmachi qui en est plus proche, mais j’ai envie de voir grossir peu à peu le bâtiment au fur et à mesure que je m’en approche. De la gare je marche comme d’habitude complètement au hasard. Cela doit faire quelques années que je ne suis pas venu dans les parages mais je me souviens très précisément de plusieurs photos prises à tel ou tel endroit. Finalement je suis comme inconsciemment guidé par mes souvenirs, je me surprends à vouloir prendre le même trajet que lors de ma balade précédente afin de voir en quelle mesure le paysage a changé, sans me rendre compte que cela n’empêche de faire de nouvelles découvertes en passant par des rues encore inexplorées. Pourquoi ressens-je fréquemment le besoin de revenir en des lieux qui me sont connus ? Pourquoi tiens-je autant à vouloir immortaliser le changement autour de moi, est-ce à force de tout noter dans mes carnets et sur mon blog que m’est venue cette obsession, ou bien est-ce l’inverse, me sens-je obligé de tout noter afin de ressentir ce changement ? Et pourquoi cela me semble-t-il si important ?

Tandis que je nage dans mes réflexions j’arrive à destination mais mes pensées ont comme consumé l’intégralité de mon énergie et je m’aperçois également que j’ai oublié de prendre une vue d’ensemble du bâtiment. Maintenant que je suis là – au pied du mur ai-je envie de dire, autant en prendre en gros plan cette fascinante façade nord qui fait quinze étages de haut, et dont les fenêtres et les poutres de béton qui renferment les cages d’escaliers et les ascenseurs semblent verticalement et horizontalement se répéter à l’infini me captivent. Je me sens obligé de laisser dans le cadre la numérotation des blocs pour montrer qu’il ne s’agit pas d’un copier-collé. Un peu comme Daisuke Tajima et ses fresques gigantesques il me plairait de trafiquer les images de sorte qu’elles se recoupent parfaitement et de les faire imprimer sur du papier de qualité supérieure afin d’en faire un poster qui recouvre l’intégralité d’un mur.

Nagoya/Nagoya

Windows 2025 (1) – Meieki, Nagoya

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hotel windows
windows
windows
windows
windows
windows
windows

35.173771 | 136.88438 | 1402.1057

Attendre, le 14 février à 14h02, à l’endroit indiqué ! Je ne peux m’empêcher de penser que sur la première photo de cette série, la flèche que forme l’ombre sur la façade de cet hotel a dix minutes à quelques minutes à pieds de la gare de Nagoya pointe vers la fenêtre de la chambre qui mène à résoudre la clé de quelque énigme.

J’ai ces derniers temps une fascination pour les façades de bâtiments et surtout leurs fenêtres – qu’elles soient ouvertes ou fermées. J’aime y déceler les petits désordres du quotidien, les rideaux entrouverts, les vêtements qui tentent de s’enfuir ou encore, plus simplement, la lumière des néons. Ces observations me permettent de garder les yeux rivés vers le ciel au lieu de les baisser vers le sol.

Mie/Aichi/Aichi/Mie

Hanami 2025 – Iwakura, Yokkaichi, Tōkai

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iwakura cerisiers en fleurs
iwakura cerisiers en fleurs
iwakura cerisiers en fleurs
iwakura cerisiers en fleurs
Tokkaichi cerisiers en fleurs
Tokkaichi cerisiers en fleurs
Tokkaichi cerisiers en fleurs
Tokai-shi cerisiers en fleurs

Mi-avril déjà … Sans que je m’en rende trop compte, plus d’un quart de l’année est déjà entamé. Sur le plan personnel, entre le travail et tout ce qui tourne autour de la scolarité des enfants – concours d’entrée au collège et au lycée, annonces des résultats, inscriptions, cérémonies de remise des diplômes et cérémonies d’entrée, voilà un mois que je n’ai pas eu le temps de souffler. Si je suis bien conscient que tout ce long et épuisant processus pourrait faire l’objet de plusieurs articles de blog qui serviraient éventuellement aux francophones qui vivent ou vont vivre au Japon avec des enfants ou bien aux curieux qui s’intéressent au sujet, je n’arrive pas à me convaincre à l’idée de faire de ce blog une sorte de guide de la vie quotidienne au Japon, même si je me dis parfois que ce serait plus simple pourtant car les faits sont réels et il n’y a rien à inventer.

La floraison des cerisiers étant légèrement plus tardive que l’année précédente, nous avons pu entre deux cérémonies réussi à aller contempler ceux-ci par deux fois. Les quatre premières photos ont ainsi été prises dans la ville d’Iwakura (岩倉市), petite ville paisible située au nord de l’agglomération de Nagoya. Iwakura est coupée par la rivière Gojō (五条川), au bord de laquelle sont plantés sur une longueur de 7.6km pas moins de 1,300 cerisiers. Je ne me suis jamais amusé à les compter mais c’est aux abords de la gare d’Iwakura que leur concentration est la plus dense. L’endroit est mentionné dans le Sakura Meisho 100 Sen (さくら名所100選), classement référençant les 100 plus beaux lieux du Japon pour admirer les cerisiers en fleurs, et il faut bien avouer que ce soit vus du dessous en marchant le long de la berge qui borde la rivière ou bien à partir des ponts qui traversent celle-ci, on en prend avec un ravissement certain plein les yeux de toutes ces nuances de blanc et de rose dans les cerisiers mais aussi avec ces pétales tombées flottant sur l’eau.

Les deux photos suivantes ont été prises au Yokkaichi Sport Land (四日市スポーツランド), un agréable petit parc en bordure de Yokkaichi, ville industrielle située dans la préfecture de Mie auquel nous nous sommes souvenus être venus il y quelques années à la même saison. A Mie c’est déjà la rentrée scolaire, nous avons pratiquement le parc pour nous seuls et pouvons pleinement profiter du parcours d’obstacle qui fait le tour de la montagne et des cerisiers en fleurs en pleine éclosion. Pour finir, les deux dernières photos datent du même jour, et ont été capturées au retour de notre balade, à cinq minutes en voiture de chez nous.

architecture/Tokyo

20.000 pas dans Tōkyō

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Autour du Palais Impérial Tokyo
Autour du Palais Impérial Tokyo
Tokyu Plaza Harajuku
Ginza Sony Park
Ginza Sony Park
Ginza Sony Park
Ginza Sony Park
Tokyo station traveler's factory
Tokyo station la nuit

Une nouvelle fois pour affaires à Tōkyō. L’un des rares avantages de mon changement de poste est qu’il m’amène à voyager plus souvent. Je me lève avant que le réveil ne sonne et quitte la maison en avance, j’arrive ainsi par un heureux concours de circonstances à la gare de Tōkyō une heure plus tôt que prévu. De là je suis supposé prendre le métro mais me perds dans la gare et me retrouve devant la sortie Marunouchi. Une rapide recherche sur mon smartphone du meilleur itinéraire jusqu’au lieu de rendez-vous près de la gare de Kōjimachi (麹町) m’apprend qu’il faut vingt minutes en métro et cinquante minutes à pieds, je me dis que si c’est pour me perdre à nouveau dans les dédales de la gare autant y aller en marchant. Selon l’application cela me fait arriver cinq minutes en retard mais il ne fait aucun doute qu’en marchant d’un bon pas j’arrive à l’heure. Il n’y a pas une minute à perdre, je me dirige donc d’un pas décidé en direction du palais impérial. La ‘balade’ autour du palais est très agréable par ce beau temps printanier et je me demande pourquoi je n’ai jamais eu l’idée de m’y rendre auparavant. Si j’ai souvent entendu que les cinq kilomètres que font le tour du palais étaient très populaire en tant que parcours auprès des adeptes de course à pieds, je suis très étonné par la proportion d’étrangers, non asiatiques notamment, qui s’adonnent parmi ceux-ci à leur footing matinal. Je les comprends tout à fait, l’un de mes premiers réflexes quand je me suis élancé pour ce parcours improvisé a été d’enclencher ma montre GPS pour garder une trace de cette balade. J’arrive au rendez-vous avec cinq minutes d’avance sur les autres avant tout le monde avec quelques gouttes de sueurs perlant sur mon front certes, mais maintenant complètement réveillé.

La suite de notre agenda nous mène à Omotesandō puis Harajuku. Je prends rapidement quelques photos par-ci par-là d’immeubles vus de nombreuses fois dans les pages du blog made in Tokyo, en expliquant à mes collègues que je suis amateur d’architecture, mais également que je tiens un blog et qu’il me faut donc de quoi alimenter mes pages. Comme souvent l’intérêt que ceux-ci porteront à mon blog n’est guère plus que poli, mais c’est comme ça. Notre tournée se termine enfin vers 16h autour de Ginza. J’en profite d’être dans le coin pour aller jeter un oeil au Ginza Sony Park, qui n’était pas encore ouvert au public quand j’y étais venu la dernière fois. L’endroit est très animé, au premier étage une chaîne de télévision est en pleine interview, quelques étages plus haut je remarque une file d’attente alignée en face d’un poster du groupe Hitsujibungaku (羊文学). Je pense tout d’abord qu’il s’agit d’un concert et jubile à l’éventuelle idée de pouvoir y assister, mais malheureusement il s’agissait d’une exposition à laquelle on ne peut participer que sur réservation. Je me repose un peu à la terrasse située au dernier étage en réfléchissant à quoi faire ensuite, marche encore jusqu’à la gigantesque librairie Maruzen Marunouchi. J’y entre à chaque fois avec la ferme intention d’y acheter quelque bouquin en langue originale de Paul Auster, pratiquement toutes les oeuvres y étant regroupées, mais suis à chaque fois rebuté par les prix exorbitants, et j’en sors une nouvelle fois bredouille. Après avoir longuement erré parmi les dédales de la gare de Tōkyō je trouve enfin le Traveler’s Factory Shop Tokyo, le flagship store de la marque de carnets de note Traveler’s Company dont j’utilise les carnets depuis maintenant plus de dix ans pour rédiger mon journal. L’endroit grouille de monde, l’engouement des clients pour la marque et tout ce qui est en rapport avec l’écriture fait plaisir à voir.

Nagoya/Nagoya

Cité de verre (2) – Meieki

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Je me suis éloigné de quelques centaines de mètres de la gare de Nagoya pour avoir une vue complètement dégagée sur les gigantesques constructions de verre que sont la JR Gate Tower (220m de haut) et la JP Tower Nagoya (196m). Le vent est violent, les nuages filant à toute vitesse se reflètent dans les surfaces de verre des deux immeubles. Vu d’en bas sous cet angle on pourrait croire qu’ils sont comme emprisonnés dans leur prison de verre et se meuvent à l’intérieur des bureaux au gré des courants d’air provoqués par la ventilation. J’imagine les travailleurs effectuant leurs tâches journalières, handicapés par une brume ou plus ou moins épaisse, et leur soulagement quand la météo annonce pour le lendemain un superbe ciel bleu sans nuages.

livres/musiques/Nagoya

今日は何か変だな(freezing cold) – Komaki & Sakae

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Il a fait très froid la semaine dernière, il a même neigé pendant la nuit. Comme souvent, la neige a disparu dans l’après-midi, laissant le temps aux enfants de s’y amuser pendant la matinée. Je dois ce jour-là me rendre de bon matin à Komaki (小牧), ville industrielle au nord de Nagoya. Peut-être parce que les montagnes sont toutes proches, le froid y est encore plus vif qu’autour de chez nous. Je pensais profiter d’être dans le coin pour faire un tour à l’aéroport de Nagoya, mais l’environnement hostile m’a bien vite découragé, c’est donc au centre de Nagoya que je cherche refuge. Alors qu’à son ouverture les gens faisaient la queue pour y entrer, je trouve immédiatement un siège de libre au Blue Bottle Coffee au premier étage du Chunichi Building, où je me réchauffe en dégustant un double expresso au goût très prononcé qui me rappelle celui bu dans les cafés lors de mon séjour en Europe le mois dernier. J’attends ainsi patiemment l’ouverture de la libraire henn books (ヘンブックス), situé à quelques blocs de là. Les publications de cette librairie ont commencé à apparaître sur mon fil Instagram il y a deux mois et l’algorithme m’a eu à l’usure. Il n’en est fait aucune mention nulle part mais je ne peux m’empêcher de penser que le ヘン (henn) provient de d’idéogramme 変 qui se lit signifie hen et signifie changement, étrange, fait qui attise grandement ma curiosité.

L’entrée de l’immeuble est tellement discrète que je passe une première fois devant sans la remarquer. Un étroit corridor, au bout une cage d’escalier que l’on se sent obligé de gravir sans faire le moindre bruit tant l’endroit semble infréquenté. La librairie porte bien son nom sous bien des aspects. La forme de la pièce me fait penser à un hexagone dont chaque côté serait d’une taille différente. Le magasin est autonome, il n’y a pas de personnel et la caisse n’accepte que les moyens de paiements électroniques. Un petit écran répète en boucle une histoire de meurtre irrésolu sur un fond de musique mystérieuse. Les étagères remplissent jusqu’au plafond le pan de chaque mur et on y trouve tout ce que la littérature peut compter comme polars et autres romans mystérieux. Une place particulière est attribuée à Ranpō Edogawa (江戸川 乱歩, 1894-1965) qui est en fait la transposition en phonétique japonaise du nom d’Edgar Allan Poe (1809-1849) エドガー・アラン・ポー, Edogā Aran Pō) ainsi qu’à un certain Fuboku Kosakai (小酒井 不木, 1890-1929). Comme souvent lorsque je pars (involontairement) à l’aventure dans de nouveaux domaines tout semble se recouper en un seul point puisque je suis justement en train de lire une nouvelle de l’écrivain et traducteur Seiji Tanizaki (谷崎精二, 1890-1971), qui se trouve être le principal traducteur vers le japonais des romans de Poe.

Autant je connais Edogawa pour avoir lu en partie ses oeuvres en français et avoir notamment été marqué par ‘la chaise humaine’, je n’ai jamais entendu parler de Kosakai, bien qu’il semble avoir eu une influence non moins importante dans le domaine du roman policier puis de la science fiction au Japon. Apparemment celui-ci serait né en 1890 à Kanie dans la préfecture d’Aichi et aurait également vécu au Parc Tsuruma, non loin de la librairie. Me voila de nouveau avec nouvelles choses à découvrir …

今日は何か変だな (Kyo ha nani ka hen da na), drôle de journée. Hen, encore une fois … Voilà plus de deux semaines que je ne cesse d’écouter en boucle le titre ‘Movie Light‘ de la chanteuse Satoko Shibata (柴田聡子). Cette chanson a quelque chose d’ensorcelant … de bizarre. Elle est imprégnée à la fois de tristesse et de mélancolie, mais également de douceur, de chaleur et de lumière. En l’écoutant j’ai l’impression de danser un dernier slow avec un être aimé à la terrasse d’un café situé en bord de mer en sachant que nous devrons nous quitter pour toujours le lendemain. J’y aime beaucoup la ligne de basse tout en légèreté, la manière dont la batterie entre puis s’efface, la voix douce, par endroit susurrée presque, au point que la dernière syllabe de certains mots n’est qu’à peine perceptible. Apparue dans mes suggestions sur Last.fm par un froid matin d’hiver en me préparant pour aller au travail, cette chanson m’aura apporté un peu de chaleur et de réconfort pendant ce mois de février difficile. Movie Light est le titre qui ouvre l’album ‘Your favorite things‘ sorti l’année dernière, après une ouverture aussi grandiose et théâtrale la suite de l’album est a mon goût un peu fade, ou alors faut-il tout simplement attendre que la magie s’estompe pour y jeter une oreille attentive.