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vie du blog/Nagoya

I wish (there was nothing to fear and nothing to doubt) – Arakogawa Park, Minato-ku, Nagoya

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glycine
MEGA
parc vide sous la pluie
superpositions des passerelles
jeux pour enfants dans parc

Comme chaque année vers cette période, le blog et son auteur tournent au ralenti. Le temps perpétuellement maussade, les averses imprévisibles, l’humidité constante, qu’il pleuve ou non d’ailleurs. Impossible d’aller courir cinq petits kilomètres sans être en nage, traînant un litre d’eau dans le sac-à-dos, presque heureux de pouvoir m’arrêter à chaque feu de croisement pour me désaltérer. Courir n’est même plus un plaisir alors j’alterne avec la natation, mais tout le monde semble avoir la même idée et on se retrouve, si j’ose dire, comme des sardines, à se mettre involontairement des claques dans des couloirs surbondés. Une journée de congé sans avoir marché, couru ou nagé est une journée perdue, je suis bien en peine de tenir en place, d’écrire ou de rédiger quoique ce soit, encore moins de dormir correctement sans avoir au préalable eu ma dose de sport.

Je me traîne au dehors malgré la pluie, les parc sont déserts. Pour je ne sais quelle raison, en juin et juillet le nombre de visiteurs du blog est au plus bas lui aussi, avec des journées consécutives avec le compteur à zéro. C’est la même chose chaque année mais le choc que cela me procure ne s’atténue guère avec les années. Que d’efforts pour n’être lu que par quelques personnes … A quoi bon ? J’ai arrêté de penser au blog les deux semaines depuis mon dernier article et le temps étant exécrable, je n’ai rien fait pendant plusieurs jours de libres. Hormis un peu de lecture fantastique (Le Cycle des Princes d’Ambre, de Roger Zelazny) et une sortie au cinéma distrayante (The Watchers) mais dont je suis sorti dubitatif, j’ai passé la majeure partie de ces journées à me demander qu’en faire. Le bilan est donc le même que les années précédentes, à savoir que je suis incapable d’arrêter ce blog puisqu’à part le sport, prendre des photos ou/et écrire pour le blog, rien ne me captive suffisamment pour m’occuper.

Je ressens cela dit une certaine frustration par rapport au fait que WordPress ne m’offre pas, malgré ce que cet abonnement me coûte, la liberté de faire ce dont j’ai envie. Je ne cherche pourtant rien de sophistiqué, juste un thème au design simple offrant la possibilité de publier les articles en intégralité (!), en pleine page (!) et quelques widgets basiques, mais chaque thème comprend l’une ou l’autre lacune. Je n’ai cependant pas le courage de déménager à nouveau 20 années d’articles vers un nouvel hébergeur de peur de perdre des données, d’avoir à nouveau à faire face au mojibake et autres problèmes de paiement entrainant l’arrêt involontaire du blog. Peut-être dois-je me faire une raison et soit opter pour une thème moderne, ou bien faire passer le blog au second plan et me concentrer sur l’aspect photographie, qui je dois l’avouer m’intéresse de plus en plus. Là encore, j’ai l’impression que ce n’est pas la première fois que j’écris cela …

musiques/Nagoya

Leave all behind – Kita-ku, Nagoya

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appartement délaissé
appartement délaissé

Juste un bloc derrière le NZU, un bloc constitué de quatre appartements, des logements sociaux proche de ceux que l’on pourrait trouver dans les banlieues de France, est complètement laissé à l’abandon. Lors de ma visite précédente il y en avait cinq, en quelques mois celui le plus au nord a été intégralement détruit puis reconstruit. Tout neuf avec sa façade blanche et marron, ce dernier ressemble à n’importe quel autre appartement du genre. Aucun intérêt.

J’ai quelques jours plus tôt écouté ‘Lives Outgrown‘, premier album solo de Beth Gibbons, principalement connue pour être la voix du groupe britannique Portishead. J’ai beaucoup de difficultés à donner mon avis sur cet album car j’ai l’impression de ne pas l’avoir compris. Ce n’est pas parce que l’album est de Gibbons qu’il doit forcement être bon, mais pour l’apprécier à sa juste valeur il me semble qu’il faille s’attarder dessus, écouter attentivement les paroles, prêter l’oreille à sa voix frêle, à ses chuchotements. En attendant d’être plus réceptif je réécoute d’une traite les trois albums de Portishead, comme pour faire le deuil de sa participation au groupe et mieux pouvoir appréhender Lives Outgrown. Bien que quatorze années séparent Dolls (1994) de Third (2008) on ne peut qu’être épaté par le fait qu’aucun morceau ne soit à franchement parler démodé ou ait mal vieilli. Si certains morceaux sont plus captivants que d’autres c’est uniquement parce qu’il sont sortis en singles et font partie de la mémoire collective, mais l’on pourrait sans peine s’accorder presque 150 minutes (car je viens de me rendre compte en vérifiant la durée des albums que chacun d’eux fait 49 minutes et quelques secondes) de bonheur musical sans être capable de replacer les morceaux dans leur ordre chronologique.

Au moment où j’approche des bâtiments de cette série de photos résonnent les premières notes de Roads, chanson emplie d’une certaine mélancolie qui à ce moment sied parfaitement à cet environnement. J’imagine l’endroit, pas si longtemps que cela encore, animé, les habitants bavardant sans doute des heures durant dans le square à l’ombre des buissons, toutes les conversations commençant certainement par ‘Mais quelle chaleur aujourd’hui !’ Les clients des petits magasins au rez-de-chaussée étaient tous des habitués, les enfants jouaient avec grand bruit dans le jardin jusqu’à ce que leurs mères hurlent, à partir du balcon, de rentrer souper. Les potagers étaient minutieusement entretenus et leurs propriétaires, tout fiers, se faisaient un plaisir de distribuer leurs récoltes aux voisins et aux proches. Les rosiers et les hortensias n’étaient jamais fanées et une douce odeur imprégnait les lieux.

architecture/Nagoya

NZU 3 (B&W) – Kita-ku, Nagoya

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Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU
Nagoya Zokei Daigaku NZU

J’ai beau attendre, pas le moindre rayon de soleil ne semble pouvoir percer l’épaisse couche de nuages qui recouvre l’intégralité du ciel alors que je me balade autour du bâtiment principal de la Nagoya Zōkei University (NZU, 名古屋造形大学). L’envie m’est venue d’y revenir (1, 2) après avoir appris quelques jours plus tôt que son auteur, l’architecte japonais Riken Yamamoto, a remporté en février dernier le prix Pritzker, la plus prestigieuse récompense du secteur. Privé des reflets et autres jeux de lumière il me faut ainsi chercher un nouveau thème. En m’approchant, appareil en main, tout près des parois trouées – dont on se demande au premier abord comment elles peuvent tenir le bâtiment debout, je me rends compte qu’entre le gris du sol goudronné et le blanc immaculé du bâtiment, s’il n’y avait pas quelques arbres sveltes dispersés sur le campus et le reflet bleuté des vitres on croirait se mouvoir dans un monde intégralement en noir et blanc. Me voici donc bientôt parti une heure durant à la recherche de motifs répétés et autres symétries au contraste assez net pour être intéressant en noir et blanc. Je pense avoir réussi en cela qu’au moment de traiter les photos sur l’ordinateur, sur certaines photos le changement entre photo couleur et noir et blanc était presque imperceptible. Je suis cela dit particulièrement satisfait de la dernière photo de cette série. Avec le ciel gris en arrière-plan et les larges portions de noir, ce pan du bâtiment, gigantesque en contre-plongée, semble comme me menacer, me toiser du regard, sous un ciel de fin de siècle.

'Tout ce qui a deux ailes me fait planer'/aviation/Aichi

‘HiiiPower’ – ‘Tout ce qui a deux ailes …’ (28) @ Tokoname Rinkū Beach, Tokoname, Aichi

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Rinku Beach avions en approche
Rinku Beach avions en approche
Rinku Beach avions en approche
Rinku Beach avions en approche
Rinku Beach avions en approche

Bref halte aux abords de l’aéroport, plus précisément à Tokoname Rinkū Beach, la plage qui fait face à l’île artificielle où celui-ci a été bâti. Il fait déjà plus de 30 degrés, une poignée de baigneurs téméraires ont la mer pour eux, tandis que sur la plage des gyaru (jeunes filles japonaises au look tape à l’oeil) parlent et crient à haute voix en gesticulant comme si elles étaient seules au monde. Cela fait longtemps que je n’étais plus venu ici, il faut dire que mon enthousiasme pour l’aviation s’est atténué depuis que Léo ne s’y intéresse plus trop lui non plus. Voir l’aéroport dans sa globalité sous cet angle a quelques chose de rafraichissant, de nouveau presque, ce qui à ce moment ravive la flemme, d’autant plus que j’ai eu la bonne idée d’amener avec moi mon récepteur ICOM, ce qui me permet d’écouter les communications entre la tour de contrôle et les pilotes et me donne la sensation d’être à la fois dans la tour et aux commandes de l’avion. J’ai soudain l’impression d’être doté de super pouvoirs, d’être en mesure de comprendre un language codé connu des initiés uniquement, de détecter les avions bien avant que mon oeil puisse les distinguer dans le ciel, ou encore, malgré la distance, de discerner les mouvements des avions sur le tarmac, comme si j’étais en mesure de voir à travers les bâtiments.

architecture/Nagoya

‘Un bâtiment peut en cacher un autre’ – Meieki, Nagoya

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gratte-ciel gare de Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya
HAL Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya
gratte-ciel gare de Nagoya

Autour de la gare de Nagoya pendant que Louis est en cours de soutien scolaire. Je n’arriverai probablement jamais à me faire à l’idée qu’un enfant ait à aller en cours un dimanche après-midi, mais comme dit l’autre shikata nai ‘ (‘C’est comme ça !’), et mon opposition, aussi véhémente soit-elle, semble ne rien pouvoir changer. Bref… Pour ma part cela me fait juste une occasion supplémentaire (quand je suis en congé) de me rendre à Nagoya et de m’y balader deux heures durant. Comme je n’y viens d’habitude jamais le week-end je suis fortement étonné par la marée humaine qui entre et sort de la gare et des grands magasins alentours en comparaison des jours en semaine. Les mouvements de foules m’intéressent depuis la lecture de l’étonnant livre du professeur à l’Université de Tōkyō, Katsuhiro Nishinari (西成 活裕) intitulé Jūtaigaku (渋滞学, Congestion studies) qui expliquait le processus qui mène à la création des embouteillages et autres files d’attentes, ce qui m’a ensuite amené à découvrir l’instructive chaîne Youtube Fouloscopie qui est pour moi une référence sur le sujet. Où vont et d’où viennent tous ces gens, et pourquoi ? Par quel mystérieux phénomène parviennent-ils à se croiser sans pratiquement jamais se heurter l’un contre l’autre ? Pour être tout à fait franc, la foule m’épuise, et ce depuis toujours, mais je ne m’en suis rendu compte qu’une fois au Japon. Je suis incapable de faire la queue plus de dix minutes pour quoique ce soit et je rentre de chaque voyage à Tōkyō ou Kyōto complètement lessivé – tourisme de masse ou pas. En comparaison Nagoya est une ville assez tranquille dans la mesure où il n’y a pas grand chose à y faire, mais du coup tout le monde semble se regrouper aux même endroits. Cela fait 15 ans que mes jours de congés tombent pour la plupart en semaine, m’imaginer devoir faire face à cette foule chaque week-end m’affole.

Au retour à la maison je me rends compte que malgré le monde qu’il y avait, aucune personne n’apparaît sur les photos prises ce jour-là. Finalement j’ai passé deux heures les yeux rivés au ciel, comme pour tenter d’effacer les gens de ma vue, faire comme s’ils n’existaient pas. Peut-être était-ce ma manière de me défendre contre le chaos engendré par la foule, une sorte d’échappatoire mental, comme lorsque je me parle à moi-même quand je suis mal en point sur un parcours de course à pied trop long, mais qu’il faut tout de même aller au bout. Par deux ou trois fois, après m’avoir croisé, l’un ou l’autre groupe de passants s’est retourné pour voir ce que je prenais en photo. Avec les écouteurs sur les oreilles (j’étais tellement absorbé dans mes pensées que je ne me souviens même pas de ce que j’écoutais…) je ne pouvais entendre ce qu’ils se disaient à ce moment là, mais tous continuèrent leur route, l’air dubitatif. J’étais surtout fasciné par la mystérieuse porte bleue de la dernière photo, située en haut d’un immeuble d’une quinzaine d’étages. Comment y accède-t-on ? Où mène t’elle ? S’il existe des sorties de secours, existe-t-il également des entrées de secours ? …

architecture/Aichi

Toyota City Museum – Toyota, Aichi

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toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館
toyota city museum 豊田市博物館

Après m’être en quelque sorte échauffé auprès du Toyota Municipal Museum of Art, je me dirige juste à côté, vers le Toyota City Museum, qui a ouvert ses portes le 26 avril dernier. Ce dernier est situé en haut d’une butte afin de servir de refuge en cas de catastrophe naturelle, quand on s’y rend en voiture un chemin y serpente en pente douce jusqu’à l’entrée principale, mais celle-ci se trouve du côté opposé au Museum of Art, c’est donc cette fois via le jardin situé à l’étage que je m’approche cérémonieusement du bâtiment. J’aime beaucoup la manière très minimaliste et ordonnée, méticuleuse, mathématique dont sont plantés les arbres aux branches assez fines pour qu’elles ne gâchant pas la vue du musée. Je n’ai par après guère été étonné d’apprendre que comme le musée voisin, c’était Peter Walker qui en avait dessiné les plans.

Le musée en lui-même, construit sur deux étages, mêle harmonieusement bois, verre et béton, une grande forme circulaire sur son toit donnant un accent aux formes simples et élégantes du bâtiment. Le cercle semble avoir une signification importante, il apparait à de nombreuses reprises aussi bien à l’extérieur, sous la forme d’arbres plantés en rond dans le jardin au rez-de-chaussée ou d’un trou dans le porche à l’entrée qui vient former un cercle sur les dalles au sol, qu’à l’intérieur, au travers de formes octogonales obtenues par la disposition des poutres en bois au plafond du hall principal, ou bien encore la rampe d’accès en spirale qui monte à l’étage. Afin d’avoir un total effet de surprise en découvrant le musée pour la première fois je n’ai fait aucune recherche sur celui-ci avant d’y venir. Au fur et à mesure de ma visite je me dis qu’étant donné le soin apporté au moindre détail et l’utilisation optimale de l’espace et de la lumière il me semble de plus en plus évident qu’il ne peut être que l’oeuvre d’un architecte important, mais mon manque de connaissances dans le milieu ne me permet pas de déterminer de qui il pourrait s’agir.

Je finis par entrer dans la salle d’exposition. Après avoir longuement fait le tour du jardin puis du hall d’entrée je suis plutôt éreinté, ce qui ne me mets pas dans les meilleurs conditions pour pleinement profiter des installations, d’autant plus que de nombreux écoliers en sortie scolaire, tous avec leurs chapeaux jaunes sur la tête, courent en tous sens en parlant inutilement fort. A l’étage, un espace bibliothèque me permet enfin de m’assoir quelques instants. En parcourant les étagères je constate qu’un espace est dédié à l’architecte Shigeru Ban (坂 茂). On dirait que j’ai la réponse à ma question ! Je feuillette le superbe bouquin Shigeru Ban: Timber in Architecture, regroupant toutes les oeuvres de l’architecte, et note quelques bâtiments et installations qu’il me faudra aller voir, ricanant à l’ironie qui veuille qu’il faille que je sois au Japon pour que naisse en moi l’envie de parcourir l’Europe et le monde à la recherche d’architectures extraordinaires.

musiques/Nagoya

‘Where I end and you begin’ – Shin-Sakae, Nagoya

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piercing board
maison envahie par les plantes
secte
cage d'escalier
vieille voiture dans magasin

Mes errances hasardes du billet précédent me font quitter le quartier d’Ōsu, où ont été prises les photos de cette série, pour celui de Shin-Sakae (新栄), situé à l’est du quartier de Sakae. Je n’y passe pas souvent car de fait il n’y a pas grand chose à y voir. Il s’agit d’un quartier qui dort le jour et vit la nuit, les rues sont sales et la plupart des immeubles tapissés d’immenses et immondes affiches de hosts (jeunes hommes à l’air accueillant et bienveillant dont le but est de soutirer un maximum d’argent aux clientes) imberbes au sourire Colgate. Alors que je crois avoir perdu mon temps je me souviens que le disquaire Disk Union se trouve dans le coin. Je n’y trouve pas grand chose si ce n’est en parcourant le rayon des vinyles j-pop une version vinyle du premier album de Shiina Ringo, Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). Comme il fait la coquette somme de 60,000 yens (350 Euros) il ne me viendrait pas un instant à l’idée de m’en emparer, mais cela me fait tout de même me rappeler que j’avais parlé dans ces pages de l’ouverture d’un nouveau disquaire au Chūnichi Building, qui ne se trouve qu’à quelques encablures.

Le Face Records Nagoya se trouve au premier étage. Je m’attendais à trouver celui-ci au fond d’une galerie peu fréquentée et suis donc étonné de tomber dessus dés la sortie de l’escalator, en plein centre du hall, dans un espace ouvert sans vitres. La clientèle est très variée, cela fait plaisir d’en voir une bonne partie prendre en main un disque et échanger quelque souvenir, anecdote ou commentaire à son propos. Les bacs sont particulièrement fournis en vieux disques de pop japonaise des années 70 à 90 aux pochettes un peu kitsch mettant souvent en vedette, quand il s’agit d’une chanteuse, l’interprète en gros plan prenant un air rêveur ou insouciant. On pourra toujours se moquer des coiffures improbables de l’époque il n’empêche que certaines chanteuses sont indéniablement charmantes. Cela dit, mon regard est depuis tout à l’heure plutôt attiré par un disque d’un artiste qui m’est inconnu, mais dont la pochette présente le célèbre tableau du peintre américain Edward Hopper, Nighthawks (Rôdeurs de nuit, en français), une oeuvre que j’ai toujours adorée. Pour avoir écouté avec grand plaisir pendant de nombreuses heures les mix de funk, de jazz, de soul ou encore de city pop japonaise des années 70 et 80 sur la chaîne Youtube My Analog Journal, qui que soit ce Yoshitaka Minami (南佳孝) et son Seventh Avenue South, il est peu probable que ce disque soit complètement dénué d’intérêt, même si j’avoue que j’aurais préféré une voix féminine. De toute manière, ce disque servira dans un premier temps d’objet décoratif puisque je n’ai même pas de tourne-disque, à défaut de pouvoir accrocher un tableau de Hopper au mur, le disque trônera sur mon bureau. Je m’empare sans trop réfléchir de la galette pour 800 modestes yens (5 Euros), mais dans quoi ai-je encore fourré les pieds ?

architecture/Aichi

L’ étang moderne – Toyota Municipal Museum of Art, Aichi

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Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art
Toyota Municipal Museum of Art

Nouvelle virée au Toyota Municipal Museum of Art, que j’avais déjà visité en janvier dernier. Je me balade dans le jardin autour du musée. Il n’est que dix heures mais pour l’heure le soleil est déjà haut dans le ciel comparé à ma dernière visite. Sa lumière est blanche et violente, elle pique les yeux et brûle la peau. Les zones d’ombres sont peu nombreuses mais agressives, elles découpent distinctement en deux les bâtiments tel un katana bien aiguisé. Dans cet environnement hostile, pas étonnant qu’il n’y ait qu’une poignée de visiteurs … Non, en fait le musée est tout simplement fermé jusqu’à la fin du mois en raison de travaux. A l’étage, une partie des miroirs que je m’amusais tant à photographier la dernière fois est recouverte de bâches grises, j’espère que l’installation restera en place. Je me rends compte que sans l’étang – mis à sec par la même occasion et selon toute apparence méticuleusement nettoyé vu la propreté impeccable de son fond -, l’oeuvre architecturale dans son intégralité perd à la fois son reflet et beaucoup de son charme, m’obligeant à prendre du recul pour combler ce vide. Heureusement, la visite du musée n’était pas le motif principal de ma venue …

architecture/musiques/Nagoya

‘It’s not Hong Kong. Not Tokyo. If you want to go I’ll take you back one day’ – Nagoya, Aichi

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buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya
buildings nagoya

Je me balade entre les quartiers d’Ōsu et Sakae. J’ai dans les oreilles 再生 – Saisei, le dernier album de la figure emblématique du hip hop japonais DJ Krush, sorti en février dernier et que j’écoute pour la quatrième ou cinquième fois cette semaine. Si cela doit faire plus d’une dizaine d’années que je n’avais pas écouté de nouveau morceau de DJ Krush, son saisissant ‘Candle Chant (A Tribute)‘ (sur l’album 漸 -Zen-, 2001) figure depuis au moins aussi longtemps dans l’iPod réservé à la voiture. La chanson a d’ailleurs très peu de succès quand elle apparait au hasard d’une balade en famille. L’instrumentation y est minimaliste et le flow de BOSS the MC du groupe Tha Blue Herb y est il faut l’avouer monotone, et les paroles qui relatent le décès d’un proche suite à son combat contre sa maladie, sont dures.

Je ne sais pas si je suis le seul à le ressentir ainsi, mais Saisei est à peine plus joyeux. Il pue la rue et le béton, avec un zeste de cyberpunk. Les deux premiers morceaux, et bien d’autres par la suite m’ont immédiatement fait penser à Chaos Theory (2005) d’Amon Tobin, et le fait d’être au milieu d’immeubles comme entassés les uns sur les autres me remémorent les scènes et la musique de l’une des plus belles vidéos de tout Youtube, produite par Timelab, dans laquelle un drone vole dans une Hong Kong qui brille de tous ses feux en rasant ses immeubles. Après quelques titres purement instrumentaux sont intercalés par trois fois, comme pour nous ramener à la réalité, des morceaux sur lesquels un rappeur vient poser son flow. Autant les deux premiers morceaux du genre sont quelconques que le troisième, 破魔矢 -Hamaya- feat. Jinmenusagi, de par sa qualité, n’a rien à envier au reste de l’album. Le flow rapide et rythmé de Jinmenusagi, parfaitement calé sur le beat, envoûtant, m’a fait penser à un moine récitant un mantra et je n’ai été qu’à moitié étonné de constater que le clip vidéo montrait effectivement DJ Krush aux platines dans un temple, son acolyte, comme en transe, récitant ses couplets. Par curiosité j’ai écouté son album DONG JING REN (東京人, 2023) mais les productions y sont trop fades pour que ce jeune rappeur au débit pour le moins extraordinaire ne me saoule au bout de quelques morceaux. J’ai pensé que cela ne mettait que plus en valeur encore le talent de DJ Krush, qui a su tirer profit de son potentiel.

architecture/Nagoya

‘It was all yellow …’ – Meieki, Nagoya

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travaux
Nagoya station
Nagoya station gratte-ciel
Nagoya gratte-ciel
Sasashima vélos en vitrine
Nagoya Cinema Skholé
Nagoya hôtel et immeuble
Nagoya immeuble au toit en forme de pyramide
Nagoya Hôtel Chisun Inn

Je ne rentrerai pas dans les détails mais mon changement de poste le mois dernier me donne un excellent prétexte pour me rendre à Nagoya et faire de l’espionnage dans tout ce que l’endroit compte comme grands magasins. Apres donc avoir sillonné de nombreux rayons j’improvise une balade en faisant l’aller-retour entre la gare de Nagoya et le quartier de Sasashima. Le ciel est d’un gris uniforme qui finalement va bien aux gratte-ciels, comme on annonçait de la pluie j’avais avant de quitter la maison pensé en profiter pour aller au cinéma. Si je n’avais alors trouvé aucun film à mon goût, le Cinema Skholé (シネマスコーレ) devant lequel je me trouve maintenant figurait bien dans la liste des salles vue quelques heures plus tôt et je m’amuse du fait d’y avoir été comme attiré malgré moi. Comme l’annonce la page d’accueil, ce cinéma a été ouvert en février 1983 par Koji Wakamatsu (若松孝二), un réalisateur important des années 1960, dont j’avoue ne jamais avoir entendu parler. Il doit certainement avoir l’un ou l’autre bon film dans la liste de films indépendants proposés et je me dis vaguement qu’il pourrait être intéressant d’aller au cinema ne serait-ce qu’une fois par mois, mais j’ai déjà trop de choses à faire de mes jours de congés et de projets inachevés pour encore y ajouter un loisir de plus.

Autour de la gare des hôtels ouverts récemment côtoient des appartements rudimentaires sans balcon dont on peut voir à travers les vitres le linge sécher. Les bâtiments ont des formes particulières, le toit de forme pyramidale de l’école spécialisée CTA (専門学校セントラルトリミングアカデミー 2号館), sans doute original et moderne à l’époque de son ouverture en 1998, a plutôt mal vieilli. Je suis également intrigué par un bâtiment d’une dizaine d’étages, à la façade jaune, de forme cylindrique, qui me fait penser à un épis de maïs, l’hôtel Chisun Inn Nagoya (チサン イン 名古屋). En 1973 le groupe immobilier Chisun (地産グループ) inaugure son premier hôtel, le Nagoya Chisun Hotel (名古屋チサンホテル). Si à son ouverture la façade est de couleur blanche, celle-ci est repeinte en jaune lorsque le groupe Solare s’empare de la gestion de l’hôtel en 2004 et en change également le nom. Pour la petite histoire, l’hôtel a été conçu par l’architecte Hideo Yanagi (柳英夫) en se basant sur les plans de l’impressionnant complexe hôtelier Pacific Parc Chigasaki (パシフィックホテル茅ヶ崎) et son architecture si particulière, malheureusement détruit en 1999 mais assez célèbre dans la mémoire collective des japonais pour figurer au centre de la chanson Hotel Pacific du groupe de rock-pop Southern All Stars en, sortie en juillet 2000. Je me demande bien à quoi ressemble l’intérieur du Chisun Inn …