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architecture/balades au Japon/Nagoya

Daijōkyo Sōhonzan – Atsuta-ku, Nagoya

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JIngumae voie ferrée
Daijokyo Sohonzan
Daijokyo Sohonzan
Daijokyo Sohonzan
Daijokyo Sohonzan White Elephant Statiue
Daijokyo Sohonzan

De la harpe jouée par Inoue au sein du groupe んoon dont je parle dans le billet précédent on passe à celle de Nala Sinephro, jeune musicienne jazz expérimentale caribéenne et belge actuellement basée à Londres. Tandis que je me balade autour autour de Jingumae, j’écoute son album Space 1.8, sorti en septembre 2021 sur WARP Records. Je me rends compte en écrivant ces lignes que je suis entré sans trop m’en rendre compte dans une phase d’écoute de jazz. En l’espace d’un peu plus d’un mois j’ai écouté un best-off de Nina Simone, ‘Charles Mingus Presents Charles Mingus‘ de Charles Mingus, l’organiste John Patton (‘Soul Connection‘) et surtout le superbe ‘Hymne au Soleil‘ de Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, avec l’aérien titre ‘Oiseau‘, que j’ai écouté en boucle plusieurs fois par jour une semaine durant. Tout à fait réceptif donc à ce genre de musique, je suis toutefois étonné de voir apparaître ce type d’artiste sur WARP. 30 années et plus d’existence et le label parvient encore et toujours à m’étonner.

A chaque fois que je passais devant en train je me disais qu’il fallait un jour que je fasse le tour du Daijōkyo Sōhonzan (大乗教総本山). S’élevant ‘majestueusement’ en plein quartier résidentiel le long de la voie ferrée entre la gare de Jingumae et Kanayama, son audacieuse architecture pour pareil lieu lui donne un air mystérieux qui repousse autant qu’il attire.

Garé non loin, je me balade tout d’abord dans le quartier résidentiel alentour et prends quelques photos qui feront l’objet d’une autre série ultérieurement. Où que l’on soit la gigantesque pagode dépasse des maisons et me sert de repère pour m’orienter. Le calme des premières chansons de l’album convient tout à fait au lieu, je suis dans ma bulle. Apres avoir suffisamment toisé la bête je décide de m’approcher tout doucement.

Comme souvent je m’y suis rendu sur un coup de tête, sans avoir fait la moindre recherche au préalable. Peut-être n’avais-je pas envie d’avoir d’à priori, mais je me doutais bien que l’endroit avait un caractère religieux disons, à part. Le Daijōkyo Sōhonzan est le siège de la secte Daijōkyo, répertoriée par le Ministère de l’Education comme étant une secte bouddhique de la branche Nichiren-Shu fondée en 1914 sous le nom Bukkyo-kanka-kyusaikai par le révérend Tatsuko Sugiyama. Le bâtiment principal, qui n’apparait pas sur les photos, a été construit en 1953 puis rénové en 1968. Le but principal de ma visite, le ‘Peace Pagoda‘ a lui été construit en 1976 et fait 55 mètres de haut. La statue d’éléphant blanc, plutôt mal entretenue, commémore les 60 ans de la création de la secte.

Alors que je rôde librement entre les divers bâtiments sans n’avoir croisé personne, l’album entre dans sa deuxième partie, plus cérébrale et mystique. La dernière chanson, Space 8, un titre de 17 minutes rythmé par un arpège de trois notes de saxophone autour duquel viennent se coupler de longues nappes de synthé, sons cristallins et accompagnements divers, sonne comme un appel à la méditation. La musique colle tellement bien au lieu que je me demande à un moment si elle ne provient du bâtiment. ‘Un escalier de fer … un couloir étroit et obscur … au fond de ce couloir une porte entre-ouverte, d’où nous parviennent les accords d’une musique, qui en ce lieu nous paraît irréelle’.

architecture/balades au Japon/Nagoya/vie quotidienne

‘Pour cent briques, t’as plus rien’ @ Nagoya, Nishi-ku

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Machine devant la gare de Nagoya
une curieuse maison bleue en forme de château
toyota commemorative museum of industry and technology building
toyota commemorative museum of industry and technology
Noritake Garden
Noritake Garden

Je me suis souvenu après avoir publie le billet précédent m’être déjà baladé dans les environs du Noritake Garden en février dernier. J’étais alors parti de la gare de Nagoya en direction du nord et j’avais longé la Meiekidōri jusqu’à la gare la plus proche, Sakō. D’imposantes machines de construction au mécanismes complexes effectuaient alors leur besogne, grondant, vibrant, crachant de la fumée et parfois des étincelles. J’avais été plus loin intrigué par cette curieuse construction bleue aux allures de château. J’apprends en faisant des recherches qu’elle abrite les locaux d’une compagnie spécialisée dans les réseaux informatiques. Je ne sais pas si je serai en mesure de travailler dans un bureau qu’un train frôle toutes les 30 secondes. Ce pays a une notion de l’utilisation de l’espace et surtout une résilience au bruit qui ne cesse de m’étonner.

Un bloc de maison plus loin l’ambiance est tout autre. Nous sommes lundi et comme la plupart des endroits, le Musée commémoratif de l’industrie et de la technologie Toyota (トヨタ産業技術記念館) est fermé. On peut cependant tout de même se balader entre les bâtiments. A part moi le site a pour seul visiteur un homme dans la cinquantaine en costume. Dans un premier temps j’ai l’impression qu’il s’agit juste d’un homme d’affaire qui profite d’avoir un peu de temps libre avant son rendez-vous, mais l’insistance avec laquelle il prend ses photos et le désarroi sur son visage me fait penser à la tête de quelqu’un qui se serait déplacé exprès mais aurait oublié quel jour nous sommes. Cela m’arrive aussi fréquemment …

Mêmes briques rouges, autres bâtiments. Le Noritake Garden (ノリタケの森) est un parc construit autour des vestiges de l’ancienne usine de la marque Noritake, célèbre pour ses porcelaines. Il est très agréable de s’y promener, mais c’est une curieuse sensation que de ne pas être capable de se remémorer de ce qui se trouvait à l’endroit où se tient désormais le centre commercial AEON MALL Nagoya Noritake Garden alors que j’y suis venu il y a quelques années. Peut-être est-ce pour cela que j’ai tendance à vouloir tout photographier.

balades au Japon/Nagoya

‘En travaux’ – Meieki, Nagoya

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Deux heures de libre dans les alentours de la gare de Nagoya. Je pense en profiter pour voir où en est l’état d’avancement des travaux de la future gare de Nagoya pour la ligne de train à sustentation magnétique (Maglev) Chuo Shinkansen qui devrait relier Tokyo et Nagoya d’ici 2027 et l’on m’a récemment parlé de surfaces d’immeubles complètement rasées autour du Dai Nagoya Building. Comme il fallait s’y attendre celles-ci sont clôturées et on ne peut rien voir des excavations qui semblent y avoir lieu. C’est la pause de midi et les machines sont à l’arrêt, le lieu est même relativement calme. Je suis toutefois soulagé que la vue à partir du carrefour Nagono n’ait en rien changé. Apres ma promenade je me repose à l’ombre d’un arbre aux abords du centre commercial Aeon Mall Nagoya Noritake Garden. A l’approche de la ‘journée des enfants’ des koinobori colorés nagent tout doucement dans l’air au gré du vent.

balades au Japon/Nagano

‘知らなきゃよかった’ – Etang Mishakaike (Chino-shi, Nagano Pref.)

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J’aurai mieux fait de ne rien savoir … Je suis assez étonné de lire en faisant quelques recherches que lac Shirakaba est en fait un lac artificiel, ou plutôt un bassin d’irrigation construit en 1947 à des fins agricoles. Même si cela n’enlève certes rien au fait qu’il s’agit d’un endroit magnifique où il fait bon se balader quelque soit la saison, je suis quelque part légèrement déçu. 

C’est pourquoi je n’ose pas trop faire de recherches à propos de notre prochaine et dernière destination qu’est l’étang Mishakaike (御射鹿池), qui se situe à 30 minutes de route du lac Shirakaba. La taille de l’étang est moindre mais le paysage est époustouflant. Son eau étant trop acide pour abriter des poissons, sa surface est parfaitement lisse et reflète distinctement le rideau d’arbres qui le borde. Cette absence totale de mouvement donne l’aspect d’une nature morte qui changerait tout doucement avec l’heure du jour, on imagine très facilement que le lieu doit avoir un tout autre visage en été ou en automne. Cette beauté à quelque chose d’irréel et mystique, influencé par le très beau podcast de France Culture ‘Philosopher avec Miyazaki‘ que j’ai écouté une semaine plus tôt, le Dieu-Cerf de Princesse Mononoké semble devoir jaillir à tout instant du fond des bois. La beauté ne se laisse pas facilement prendre en photo, le Dieu-Cerf encore moins. Je pensais m’être appliqué mais une fois rentré le rendu n’est vraiment pas terrible. Il était amusant cependant de remarquer qu’en imprimant la deuxième photo pour la coller dans mon carnet il m’a fallu regarder par deux fois pour être certain de ne pas l’y coller à l’envers. 

L’étang a notamment été rendu célèbre par la peinture de Kaii Higashiyama (東山 魁夷), ‘緑響く‘ (1982). Outre le fait qu’elle illustre de très belle manière la majestuosité du lieu, j’aime beaucoup la traduction de son titre vers l’anglais ‘Vibrant Greens‘. 響く, hibiku, signifie résonner, vibrer, mais est généralement utilisé dans un contexte musical ou sonore. Alors qu’il règne justement un silence complet aux alentours de l’étang, l’emploi de ce mot donne une idée interessante de l’émotion, de la manière dont le coeur vibre à sa vue. 

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‘Pure morning’ – Shirakabako (Chino-Chi, Nagano pref.)

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Lac Shirakaba sous la neige
Lac Shirakaba sous la neige

Nous sommes fin mars mais lorsque nous arrivons aux abords du Lac Shirakaba, à 1,400 mètres d’altitude, le paysage est encore recouvert de neige et la température est descendue autour de zéro. Nous ne ferons malheureusement pas de ski cette année, notre sortie s’étant décidée au dernier moment sans que n’ayons trop le temps de nous préparer. Les enfants grandissent si vite, leurs combinaisons de ski sont probablement devenues trop petites.

Levés de bon matin nous nous baladons autour du lac. La douceur des rayons de soleil est agréable au point que nous ne ressentons même plus le froid. Le lac est entièrement gelé et je me fais la réflexion qu’il serait très tentant de marcher dessus, les enfants s’y risquent presque quand je leur dit d’essayer pour voir. Comme souvent lors de nos sorties, emporté par l’euphorie d’être ensemble en pleine nature je raconte n’importe quoi. Les bateaux à pédales en forme d’oie blanche immobilisés par la glace attendant le printemps et leurs premiers clients pour enfin pouvoir se dégourdir les pattes. La neige et les bouleaux blancs Shirakanba qui donnent leur nom au lac donnent un sentiment de pureté au lieu, sentiment renforcé par la présence du petit sanctuaire Ikenodaira et de son torii. Ce lieu sacré à bien des égards ne semble avoir été souillé avant nous que par un homme bien matinal qui s’adonne à la pêche. Le petit étang n’est pas pris par la glace, je m’amuse un long moment à y prendre en photo le reflet des arbres.

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Lac Suwa, Nagano Pref.

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Tout le monde ne parle que des cerisiers en fleurs et moi je fais un article avec des montagnes enneigées … La floraison des cerisiers à Nagoya est prévue pour le 30 mars mais en cette fin d’année fiscale je croule sous le travail et il semble devoir pleuvoir à chaque fois que je suis en congé, je crains de ne pas pouvoir en profiter cette année. Le week-end dernier toutes les conditions étaient réunies pour partir un peu plus loin que d’habitude, nous nous sommes donc offerts un rafraîchissant week-end dans la préfecture de Nagano.

Notre première halte se fait aux abords du Lac Suwa. Nous l’avons souvent aperçu à partir de l’autoroute mais c’est la première fois que nous nous y arrêtons. Le vent souffle assez fort pour que des vagues se forment, pour un peu on se croirait en bord de mer. A défaut de faire le tour du lac à bord d’un curieux bateau en forme de cygne, nous nous retrouvons à en faire le tour en vélo de location. J’étais plutôt sceptique quand le type de la location nous a assuré que les 16 kilomètres pouvaient être parcourus en une heure en sachant qu’à mon ‘rythme de croisière’ en roulant sans forcer je fais généralement du 20km/h. La route cyclable est en cours de travaux par endroit, mais dans l’ensemble la balade est très agréable. Le paysage est superbe avec les montagnes enneigées au loin. Je suis très étonné par le nombre de parcs et autres espaces verts qui entourent le lac, avec tant d’endroits où s’amuser les enfants du coin doivent passer leurs journées dehors. Si j’habitais dans le coin je pense que je ferai le tour du lac en courant chaque week-end, quel bonheur cela doit être de pouvoir courir sans réfléchir à quelle route prendre et ne pas avoir à s’arrêter à chaque croisement !

Finalement nous terminons la boucle en une grosse heure et demie, ce qui nous fait payer, comme je m’y attendais, un petit supplément pour notre retard. Au départ nous pensions juste partir dans une direction et retourner sur nos pas à mi-chemin pour rentrer à temps, mais nous ressentons une sorte de satisfaction à avoir accompli le tour complet. Je suis surtout épaté par Louis qui a tenu bon, à 9 ans ce n’est pas forcément évident. Nous sommes à 760 mètres d’altitude, il commence à faire froid en cette fin d’après-midi et la promenade nous a ouvert l’appétit. Nous nous dépêchons de nous rendre à l’hôtel où nous attendent un agréable bain chaud et le tant attendu buffet à volonté.

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‘Breath and stop’ – Osu → Tsuruma Koen

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Kanayama Building
Nagoya highw
Nagoya highway
Tsuruma Parc
Tsuruma

Quel soulagement lorsque le temps se fait plus clément, que je peux enfin me rendre au travail sans avoir à enfiler bonnet, gants et cinq couches de vêtements. Aujourd’hui il fait presque 20 degrés, je suis dehors en T-shirt pour la première fois de l’année.

Les photos ci-dessus ont été prises il y a quelques jours lors d’une balade entre Osu 大須 et le Parc Tsuruma 鶴舞公園. J’écoute en marchant l’album ‘Help Ever Hurt Never’ de Fujii Kaze. La voix plutôt grave pour un chanteur masculin japonais donne une certaine chaleur suave aux chansons les plus lentes qui convient bien à la saison. Ce n’est pas un album que j’irai écouter en boucle mais il convient parfaitement à une écoute distraite, en conduisant par exemple. Cela dit j’aime particulièrement le titre Toku ni nai (特にない) et sa boucle d’accords de piano et le rythme low-fi qui claque qui me fait penser à des débuts de morceaux du regretté Nujabes. On pourrait croire la boucle samplée mais elle est vraisemblablement jouée pour de vrai, quoique filtrée. Dans l’ensemble l’album est agréable à écouter, mais je pense que ses talents au piano auraient pu être un peu plus mis en avant. Je me répète mais j’avais vraiment été impressionné par sa prestation au Kohaku l’année dernière et cette video sur YouTube où il enchaîne sur un synthé une cinquantaine de titres en tout genres qui lui passent par la tête, en pyjama, parfois affalé par terre, sans la moindre partition ni rien me laisse, pour rester poli, sur le derrière. J’aimerai tant que dans une avenir proche il délaisse cette pop agréable mais conventionnelle et se déchaîne, découvre les possibilités infinies qu’offrent ne serait-ce qu’un minuscule Micro KORG, se laisse aller et chante tout en maltraitant ses machines comme le font Jamie Lidell, Louis Cole ou encore Marc Rebillet. ( Il devrait d’ailleurs bien s’entendre avec ce dernier, qui fait régulièrement des streams live en peignoir de bain). Pour cela il faudrait qu’il cesse de jouer sur son côté beau-gosse et je ne suis pas certain que ses fans du moment suivent une voie davantage rivée vers l’électronique. A suivre donc …

Comme souvent je marche au hasard, sans véritable objectif. Le seul fait d’être au dehors sous le soleil est un plaisir en soi. Puisque je suis dans le coin je pense me rendre au magasin de vieux livres Daigakudo, mais une pancarte m’apprend qu’il a fermé ses portes il y a quelques mois. Cela m’attriste car on pouvait y trouver de nombreux ouvrages concernant l’histoire de l’aviation japonaise, j’y avais notamment trouvé le second volume de l’Encyclopédie de l’histoire de l’aviation japonaise sous l’ère Showa (日本航空史 昭和前期編・昭和戦後編) pour 3.000 malheureux yens alors que neuf celui-ci vaut 15.500Yens, et je comptais bien, au détour d’une promenade, comme aujourd’hui par exemple, y trouver le premier volume traitant de la période d’avant-guerre. Ce genre de trouvailles est toujours agréable, un peu comme croiser au coin d’une rue un ami de longue date que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Je me ressaisis, peut-être tomberais-je dessus au quartier des vieux livres à Jimbôchô, Tokyo, cela me ferait même une excellente excuse pour m’y rendre.

Je m’assois volontairement en plein soleil dans l’herbe du Parc Tsuruma. D’ici deux semaines l’endroit sera noir de monde durant la saison des hanami, selon que l’état d’urgence sera levé ou non d’ici la fin de la semaine. J’y lis les quinze dernières pages de l’ouvrage intitule ‘Niji no Tsubasa‘ d’Akira Yoshimura 「虹の翼」吉村 昭, pavé de plus de 500 pages retraçant la vie de Chuhachi Ninomiya (二宮忠八), pionnier de l’aviation japonaise vers la fin du XIXème siècle. Cela fait 6 mois que je le traîne avec moi, la méticulosité presque maladive de l’auteur et les digressions parfois qu’en lointain rapport avec le sujet principal en font un ouvrage plutôt indigeste, mais donnent une image précise de l’enthousiasme de Ninomiya pour les objets volants et des difficultés rencontrées lors de son parcours. Je suis à la fois soulagé d’en avoir fini et perplexe : Que lire ensuite ? Et pourquoi donc suis-je incapable de faire une pause ?

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Shirotori Garden – Atsuta-ku, Nagoya

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Shirotori Garden
Shirotori Garden

Je m’etais promis d’aller voir les pruniers en fleurs cette année en guise d’amuse-bouche pour les cerisiers en fleurs un mois plus tard. A défaut d’avoir le temps d’aller à Suzuka dans la préfecture de Mie au superbe Suzuka Forest Garden comme nous le suggère Baiya sur son blog, je me suis rendu plus près, au Shirotori Garden.

Ce jardin, je regrette un peu de ne pas avoir eu l’idée d’y aller plus tôt. La prochaine fois que des amis ou de la famille viendra au Japon, c’est un coin typiquement japonais par excellence qui leur fera sans doute plaisir à visiter. Le jardin est complètement éclipsé par par le célèbre sanctuaire Atsuta Jingu tout proche, j’en avais déjà aperçu quelques photos sous la neige mais jamais je ne me serai douté qu’il s’agirait d’un coin aussi propice aux balades au calme. En pleine semaine le jardin est quasiment désert, il fait froid quand le ciel se couvre. Apparemment je suis venu un peu trop tôt, les pruniers ne sont pour la plupart pas encore en fleurs mais ce n’est pas bien grave tant il y a matière à voir. Je prends tout mon temps, m’assois sur un ou l’autre banc. Je n’écoute pas de musique aujourd’hui, certain de ne pas être importuné dans mes pensées, et préfère profiter du silence du lieu.

Comme lors de ma visite au Yōki-sō, un couple de futurs mariés accompagné de deux photographes et d’un groupe composé d’une dizaine de personnes fait son entrée dans le jardin pour une séance photo, sans doute en vue de leur cérémonie prochaine. Le groupe rigole beaucoup, le photographe hurle ses directives aux protagonistes, je prends garde à ne pas devenir un photobombeur malgré moi avec mon très voyant sac à dos vert flou. Bientôt, les voix s’éloignent, je me dis que je me fais vieux quand je me surprend à rouspéter qu’ils feraient mieux de profiter du jardin au lieu de se dépêcher ainsi.

architecture/balades au Japon/Aichi/musiques

Le bruit (et la fureur) – Okazaki, Aichi

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C’est volontairement que je choisis dans la liste proposée un lieu de vaccination différent des fois précédentes pour la troisième dose du vaccin. Il me faut me rendre à Okazaki, mais tant qu’à faire autant en profiter pour passer par la gare de Higashi Okazaki (東岡崎), cela me donnera une excuse pour flâner une nouvelle fois dans le coin où j’ai résidé lors de mon premier séjour au Japon, mais aussi jeter un oeil sur le centre commercial OTO Riverside Terrace. L’hôpital est situé aux abords de la ville voisine Toyota, une fois à la gare il me faut encore faire 30 minutes de trajet en bus. Alors que ce périple me prend au total deux heures en utilisant les transports en commun il me faudrait 30 minutes de chez moi en empruntant l’autoroute, mais cette véritable excursion ne me dérange pas. Je vais pouvoir bouquiner dans le train et au lieu d’avoir à conduire et me concentrer sur la route, pouvoir contempler le paysage en écoutant quelque musique soigneusement choisie au préalable. Peut-être aurais-je été plus réticent à prendre mon temps si depuis quelques jours la chanson Hunnybee, du groupe Unknown Mortal Orchestra, ne tournait pas en boucle sur mon iPad, et le clip, invitation au paysage sur mon PC. Rêvasser, bouquiner, écouter de la musique en voyageant … c’est pourtant si simple !

Je suis plutôt déçu par le site dans son ensemble et content de ne pas être venu exprès, comme je l’avais à un moment envisagé. L’OTO Riverside Terrace tient son nom d’un concept : Se situant au bord de la rivière Oto (乙川), sur l’ensemble du site s’écoule du son (oto , en japonais), en l’occurence du jazz, Okazaki s’étant autoproclamée ‘ville du jazz’ depuis qu’elle accueille le Okazaki Jazz Street Festival chaque année en novembre. Agrémenté de quelques restaurants, le tout est censé baigner dans le raffinement et l’élégance, mais l’hôtel situé derrière impose inutilement son ombre immense sur la majeure partie du bâtiment. Il y fait froid et les terrasses sont vides. Midi approche et je commence à avoir faim. Les terrasses à l’étage, au soleil celles-ci, ne sont accessibles qu’aux clients des cinq ou six restaurants mais je ne trouve pas le courage d’y entrer seul. Mon désespoir atteint son comble quand j’aperçois la pancarte ‘Itarian Restaurant’. Je crois tout d’abord à un mot fabriqué à partir des mots ‘italian’ et ‘vegetarian’, mais apparemment ce n’est pas le cas. Peut-être suis-je tatillon, mais tout ici a-t-il donc été pensé n’importe comment ?

Je rôde autour de la gare mais ne trouve que des izakaya ouverts le soir, pas même le moindre fast-food ! Au bout de quinze minutes de marche hasardeuse je tombe sur un restaurant appelé Oka (丘). Comme j’en parlais dans un billet précédent, je n’entre d’habitude jamais dans ce genre d’établissements ‘mystérieux’, mais le temps me manque et je n’ai pas trop le choix. Je ne le saurai que plus tard via les commentaires sur internet mais ce petit kissaten a un certaine renommée dans la région pour sa décoration colorée et chaotique. J’ai à la fois l’impression d’être dans un vaisseau spatial futuriste et de retour à l’ère Showa. La gérante, une dame dans la soixantaine, est très aimable et m’offre même un petit morceau de gâteau. Au lieu de perdre mon temps au Riverside, j’aurai mieux fait de prendre mon temps dans cette faille spatio-temporelle …

J’ai trop peur de rater mon arrêt de bus pour me risquer à écouter de la musique. Le chauffeur, de sa voix nasillarde, annonce à l’avance la moindre manoeuvre de son véhicule, le paysage n’a rien de vraiment dépaysant mais il est agréable de juste se laisser bercer par les mouvements du bus. Apres avoir été re-re-vacciné j’écoute lors du trajet retour Friends That Break Your Heart de James Blake. Je n’ai qu’un très vague souvenir de l’album précédent, Assume Form (2019), mais j’avais bien aimé l’EP Before (2020), un peu plus rythmé et frais, presque dansant. Je m’attendais dans ce nouvel album à quelque chose dans la même veine, mais au final, quoique l’album passe très bien dans son ensemble, aucun titre en particulier n’a attiré mon attention. Peut-être n’étais-je pas tout simplement pas d’humeur, mais en y réfléchissant bien, je ne vois pas ce qui pourrait convenir au calvaire des effets secondaires qui s’annoncent le lendemain.

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साँस लो (Saans Lo) – Nagoya Port, Aichi pref.

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Nagoya Port building & bridge
Nagoya Port building & bridge
Nagoya Port building oiseaux

Les photos ci-dessus ont été prises au port de Nagoya, au même endroit que le billet précédent, mais il y a un an de cela, à une semaine près. Je savais avoir des photos non utilisées du port dans ma photothèque mais j’avais raté l’occasion de les publier l’année passée, la douce lumière des fins d’après-midi d’hiver est trop particulière pour qu’elles soient utilisées au fur et à mesure que l’on avance dans l’année.

Nous avions visité le Nagoya Maritime Museum situé aux étages inférieurs du Nagoya Port Garden Pier, le bâtiment à la forme particulière que l’on aperçoit sur la première photo.  Nous étions alors montés au dernier étage, d’où l’on a une belle vue d’ensemble sur le port et ses environs – Centrair est trop éloigné pour être aperçu.

Les enfants ont chacun leur petit Coolpix Nikon qu’ils trimballent avec eux quand nous partons en balade. La plupart du temps, quand ils me montrent fièrement leurs photos il est toujours amusant de constater qu’ils voient les choses tout à fait différemment, s’attardent sur l’un ou l’autre détail auquel je n’aurai jamais prêté attention. Cette fois-ci néanmoins, les nombreuses mouettes attroupées le long du quai, à l’endroit exact ou accostera le Taisei Maru un an plus tard semble faire l’unanimité en tant que sujet photographique.

J’écris ces lignes en écoutant le sublime album ‘Culture Prince’ de la chanteuse pakistanaise résidant à New York Arooj Aftab. Ses chansons dans une langue qui m’est inconnue me font voyager. J’écoute en boucle Saans Lo, le plus beau titre de l’album. Je ferme les yeux et j’ai l’impression d’être à bord d’un voilier longeant les rives de quelque majestueux pays sableux lointain. Les petites touches électroniques me font penser au scintillement des rayons du soleil sur l’eau, la voix douce d’Arooj au lents roulement des vagues au léger vent marin. Je ressens à son écoute à la fois quelque chose de triste et mélancolique, mais de très lumineux et positif à la fois. Une discographie à décortiquer de plus.