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Le bruit (et la fureur) – Okazaki, Aichi

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C’est volontairement que je choisis dans la liste proposée un lieu de vaccination différent des fois précédentes pour la troisième dose du vaccin. Il me faut me rendre à Okazaki, mais tant qu’à faire autant en profiter pour passer par la gare de Higashi Okazaki (東岡崎), cela me donnera une excuse pour flâner une nouvelle fois dans le coin où j’ai résidé lors de mon premier séjour au Japon, mais aussi jeter un oeil sur le centre commercial OTO Riverside Terrace. L’hôpital est situé aux abords de la ville voisine Toyota, une fois à la gare il me faut encore faire 30 minutes de trajet en bus. Alors que ce périple me prend au total deux heures en utilisant les transports en commun il me faudrait 30 minutes de chez moi en empruntant l’autoroute, mais cette véritable excursion ne me dérange pas. Je vais pouvoir bouquiner dans le train et au lieu d’avoir à conduire et me concentrer sur la route, pouvoir contempler le paysage en écoutant quelque musique soigneusement choisie au préalable. Peut-être aurais-je été plus réticent à prendre mon temps si depuis quelques jours la chanson Hunnybee, du groupe Unknown Mortal Orchestra, ne tournait pas en boucle sur mon iPad, et le clip, invitation au paysage sur mon PC. Rêvasser, bouquiner, écouter de la musique en voyageant … c’est pourtant si simple !

Je suis plutôt déçu par le site dans son ensemble et content de ne pas être venu exprès, comme je l’avais à un moment envisagé. L’OTO Riverside Terrace tient son nom d’un concept : Se situant au bord de la rivière Oto (乙川), sur l’ensemble du site s’écoule du son (oto , en japonais), en l’occurence du jazz, Okazaki s’étant autoproclamée ‘ville du jazz’ depuis qu’elle accueille le Okazaki Jazz Street Festival chaque année en novembre. Agrémenté de quelques restaurants, le tout est censé baigner dans le raffinement et l’élégance, mais l’hôtel situé derrière impose inutilement son ombre immense sur la majeure partie du bâtiment. Il y fait froid et les terrasses sont vides. Midi approche et je commence à avoir faim. Les terrasses à l’étage, au soleil celles-ci, ne sont accessibles qu’aux clients des cinq ou six restaurants mais je ne trouve pas le courage d’y entrer seul. Mon désespoir atteint son comble quand j’aperçois la pancarte ‘Itarian Restaurant’. Je crois tout d’abord à un mot fabriqué à partir des mots ‘italian’ et ‘vegetarian’, mais apparemment ce n’est pas le cas. Peut-être suis-je tatillon, mais tout ici a-t-il donc été pensé n’importe comment ?

Je rôde autour de la gare mais ne trouve que des izakaya ouverts le soir, pas même le moindre fast-food ! Au bout de quinze minutes de marche hasardeuse je tombe sur un restaurant appelé Oka (丘). Comme j’en parlais dans un billet précédent, je n’entre d’habitude jamais dans ce genre d’établissements ‘mystérieux’, mais le temps me manque et je n’ai pas trop le choix. Je ne le saurai que plus tard via les commentaires sur internet mais ce petit kissaten a un certaine renommée dans la région pour sa décoration colorée et chaotique. J’ai à la fois l’impression d’être dans un vaisseau spatial futuriste et de retour à l’ère Showa. La gérante, une dame dans la soixantaine, est très aimable et m’offre même un petit morceau de gâteau. Au lieu de perdre mon temps au Riverside, j’aurai mieux fait de prendre mon temps dans cette faille spatio-temporelle …

J’ai trop peur de rater mon arrêt de bus pour me risquer à écouter de la musique. Le chauffeur, de sa voix nasillarde, annonce à l’avance la moindre manoeuvre de son véhicule, le paysage n’a rien de vraiment dépaysant mais il est agréable de juste se laisser bercer par les mouvements du bus. Apres avoir été re-re-vacciné j’écoute lors du trajet retour Friends That Break Your Heart de James Blake. Je n’ai qu’un très vague souvenir de l’album précédent, Assume Form (2019), mais j’avais bien aimé l’EP Before (2020), un peu plus rythmé et frais, presque dansant. Je m’attendais dans ce nouvel album à quelque chose dans la même veine, mais au final, quoique l’album passe très bien dans son ensemble, aucun titre en particulier n’a attiré mon attention. Peut-être n’étais-je pas tout simplement pas d’humeur, mais en y réfléchissant bien, je ne vois pas ce qui pourrait convenir au calvaire des effets secondaires qui s’annoncent le lendemain.

balades au Japon/Nagoya/musiques

साँस लो (Saans Lo) – Nagoya Port, Aichi pref.

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Nagoya Port building & bridge
Nagoya Port building & bridge
Nagoya Port building oiseaux

Les photos ci-dessus ont été prises au port de Nagoya, au même endroit que le billet précédent, mais il y a un an de cela, à une semaine près. Je savais avoir des photos non utilisées du port dans ma photothèque mais j’avais raté l’occasion de les publier l’année passée, la douce lumière des fins d’après-midi d’hiver est trop particulière pour qu’elles soient utilisées au fur et à mesure que l’on avance dans l’année.

Nous avions visité le Nagoya Maritime Museum situé aux étages inférieurs du Nagoya Port Garden Pier, le bâtiment à la forme particulière que l’on aperçoit sur la première photo.  Nous étions alors montés au dernier étage, d’où l’on a une belle vue d’ensemble sur le port et ses environs – Centrair est trop éloigné pour être aperçu.

Les enfants ont chacun leur petit Coolpix Nikon qu’ils trimballent avec eux quand nous partons en balade. La plupart du temps, quand ils me montrent fièrement leurs photos il est toujours amusant de constater qu’ils voient les choses tout à fait différemment, s’attardent sur l’un ou l’autre détail auquel je n’aurai jamais prêté attention. Cette fois-ci néanmoins, les nombreuses mouettes attroupées le long du quai, à l’endroit exact ou accostera le Taisei Maru un an plus tard semble faire l’unanimité en tant que sujet photographique.

J’écris ces lignes en écoutant le sublime album ‘Culture Prince’ de la chanteuse pakistanaise résidant à New York Arooj Aftab. Ses chansons dans une langue qui m’est inconnue me font voyager. J’écoute en boucle Saans Lo, le plus beau titre de l’album. Je ferme les yeux et j’ai l’impression d’être à bord d’un voilier longeant les rives de quelque majestueux pays sableux lointain. Les petites touches électroniques me font penser au scintillement des rayons du soleil sur l’eau, la voix douce d’Arooj au lents roulement des vagues au léger vent marin. Je ressens à son écoute à la fois quelque chose de triste et mélancolique, mais de très lumineux et positif à la fois. Une discographie à décortiquer de plus.

balades au Japon/Nagoya/vie quotidienne

Taisei Maru – Nagoya Port, Aichi

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Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru
Nagoya Port Taisei Maru

Les jours de congé, après avoir terminé ma séance de natation il est généralement autour de onze heures et je n’ai que quelques heures grand avant le retour des enfants de l’école, ce qui m’empêche de me balader trop loin puisqu’il faut également prendre en compte les embouteillages. Je pourrais rentrer à la maison mais il y fait trop froid pour entreprendre quoique ce soit. La salle à manger, seule salle chauffée, s’est peu à peu transformée en bureau de télétravail, le téléphone sonne fréquemment et je m’y crois au travail, l’idée d’avoir à écouter de la musique avec des écouteurs alors qu’il y’a quelqu’un d’autre dans la salle m’enchante guère. Je me gare donc au LaLaport Nagoya Minato AQULS tout proche et y prends mon déjeuner. Quand le temps est mauvais je passe le reste du temps au spacieux Starbucks situé au milieu de la librairie Tsutaya. Pour le prix d’un café il y est autorisé de lire revues et livres sans avoir à les payer, ce qui est idéal pour feuilleter divers magazines spécialisés que je n’achèterai jamais par manque de place à la maison.

Aujourd’hui il fait cependant suffisamment beau pour que je change un peu mes habitudes en improvisant une balade au port de Nagoya. A mon arrivée je remarque un imposant bateau à quai. J’en suis plutôt étonné car bateaux de croisière et de cargaison sont généralement amarrés au Kinjo Pier (Kinjofuto) situé un peu plus au sud, à l’entrée de la ville par voie maritime. Je m’approche, apparemment le ‘Taisei Maru‘ vient tout juste d’arriver. Un homme de grande taille qui me semble toutefois un peu jeune pour être le capitaine du navire inspecte celui-ci en donnant des ordres à une dizaine d’hommes. La passerelle est baissée, quelques caisses et un vélo (!) sont déposés sur le quai. Le temps que je réfléchisse à la meilleure façon de demander pour monter à bord que tout ce petit monde disparait. Pour le délire je m’imagine un instant m’y faufiler comme dans les films d’action. Qu’il serait ‘amusant’ qu’alors que je sois à bord le bateau lâche les amarres et m’emporte avec lui vers je ne sais quelle destination inconnue – où la police m’attendrait de pied ferme.

Après quelques recherches j’apprends que le Taisei Maru (91.28 mètres de longueur) est l’un des cinq bateaux d’entraînement de la JMETS (Japan agency of Maritime Education and Training for Seafarers), organisme indépendant qui s’occupe de la formation des futurs marins japonais. C’est au même organisme qu’appartenait le Nippon Maru, l’élégant quatre-mâts retiré de la flotte en 1984, maintenant en cale-sèche dans le quartier de Minato Mirai 21 dans le port de Yokohama et réaménagé en musée. Comme Flightradar24 pour les avions, il semble exister plusieurs applications permettant de suivre les trajets de n’importe quel bateau dans le monde. Si je suis assez assidu et que j’ai de la chance, peut-être y aura-t-il une suite à cette série …

vie du blog

20 ans ! (‘Jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction’)

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Ce blog a 20 ans. Enfin … je crois ! Comme je l’ai expliqué de nombreuses fois dans de précédents billets, suite à de nombreuses migrations alors qu’il était encore ‘tout-petit‘ et diverses pertes de données qui en résultent, je suis incapable de lui donner une date de naissance précise, mais il est né quelque part début 2002 lors de mon premier séjour à Paris. Comme cela m’arrive régulièrement mais avec une véhémence plus ou moins intense, je n’ai pas été loin de tout arrêter l’année dernière. J’avais le bouton ‘supprimer mon site’ sous les yeux, et j’étais à un doigt de cliquer dessus. J’étais très mal en point ce soir là mais j’avais réussi à me convaincre de prendre une longue nuit de repos afin d’éviter de faire quelque chose que je pourrais regretter. En y réfléchissant à tête reposée, tout effacer n’aurait rien arrangé. Le temps que je passe à écrire, les promenades et les découvertes que la rédaction du blog implique en font depuis des années mon principal passe-temps, et je suis bien incapable de dire ce que je ferai de tout ce temps à ma disposition si celui-ci venait à disparaître. Ce constat m’a amené à penser qu’il me fallait en prendre soin un peu davantage et ce ‘milestone‘ des 20 ans m’a semblé être le moment opportun pour faire peau neuve. Si je dis fréquemment que je suis mon principal lecteur, ce serait mentir que de dire que le nombre de vues m’est complètement égal. Ce n’est pas mon objectif principal, mais tant qu’à faire autant ne pas écrire dans le vide. Or, il faut dire ce qui est, par rapport au temps que j’y consacre, le résultat est loin d’être satisfaisant.

Apres ‘d&o‘ puis ‘de-zéro‘, j’ai renommé ce blog en 2006 lors de mon installation définitive au Japon. ‘Lastin’ translation‘ faisait un clin d’oeil au film ‘Lost in Translation‘, et son sous-titre ‘traduire ce que ressent un étranger au Japon‘ résumait alors idéalement son contenu. Aujourd’hui les billets partent un peu dans tout les sens, et si certains sont un peu plus personnels que d’autres, je pense que ni le titre ni le sous-titre n’illustrent plus trop mes propos et j’ai depuis longtemps laissé à d’autres bloggeurs le soin de traiter des us et coutumes et autres tracas de la vie quotidienne au Japon. Mon manque total de structure est sans doute l’une des raisons pour laquelle le blog est extrêmement mal référencé sur les moteurs de recherches, au point que certaines connaissances qui veulent de mes nouvelles ne parviennent même pas à le trouver … Hormis quelques rares billets bien spécifiques, le pourcentage de personnes qui tombent dessus en faisant une recherche en rapport direct avec mon blog est ridiculement infime.

Les passage du blog à l’âge adulte (qui est de 20 ans au Japon) marque donc le début de l’ère ‘Nagoya … etcetera‘. J’ai longtemps hésité entre ce titre et ‘Nagoya … nado nado‘, dans lequel nado nado a la même signification que ‘et cetera’, mais au final je n’ai pas réussi à me convaincre de la nécessité d’utiliser un terme japonais sous prétexte que je traite du Japon. Comme mes balades ne se limitent pas à Nagoya mais à la préfecture d’Aichi en général et également aux préfectures alentours j’ai également longuement réfléchi à l’usage de termes comme ‘Chubu’ ou ‘Tokai’, mais au final le terme ‘etcetera’ m’a paru être le meilleur moyen de condenser le fouillis qu’a été, qu’est et que sera probablement toujours ce blog.

Le choix du titre et me décider à m’offrir un nom de domaine m’a pris suffisamment d’énergie et de temps pour que je ne sois plus en mesure de m’occuper tout de suite de la mise en forme du blog. J’ai vaguement changé de thème pour marquer le coup mais celui que j’utilise maintenant (Karuna) est vraiment loin d’être satisfaisant. J’ai un peu plus d’espace qu’avant concernant la largeur de la page mais je n’arrive pas à comprendre que l’on ne puisse pas paramétrer la hauteur du bandeau en haut de page. Pour pouvoir bénéficier de toute la largeur de la page il faut apparemment utiliser non pas des articles comme je l’ai toujours fait, mais des pages. La page hébergeant le blog serait une page parmi d’autres sur mon site. Cela implique le création d’une page accueil pour laquelle je n’ai pour l’instant pas la moindre idée, mais si je parviens à m’atteler à la tâche ce serait peut-être également le moment de structurer le tout en ajoutant les pages ‘à propos’, ou encore ‘contacts’. Et pour conclure, j’en profite au passage pour remercier les abonnés ainsi que les personnes qui me suivent régulièrement et/ou qui prennent le temps de commenter, que ce soit sur le site ou par mail.

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Mizkan Museum & Handa Canal – Handa, Aichi pref.

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Handa canal Mizkan Museum
Handa canal
Handa canal
Handa sake brewery
Handa plantes chat

Alors que quand je quitte la maison le ciel est dégagé, il se couvre et devient même menaçant après dix minutes de route. Comme lors de ma précédente visite au Red Brick Building, la ville de Handa semble ne pas vouloir se dévoiler sous ses meilleurs atouts. Malgré le temps nuageux c’est aujourd’hui autour du Mizkan Museum (MIM) que je me balade. Handa est le siège de l’entreprise Mizkan, gigantesque entreprise japonaise agroalimentaire spécialisée dans la production de sauce et de vinaigre, domaines autour desquels le MIM propose diverses installations interactives.

Si je me balade autour du musée, c’est que celui-ci est fermé au public en raison de la crise sanitaire. Inauguré en 1986 sous le nom de ‘Su no sato’ (酢の里) puis fermé pour rénovation en novembre 2013, le musée a réouvert ses portes deux ans plus tard sous son nom actuel. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de venir avant la rénovation et ne suis donc pas en mesure de faire une comparaison avant-après, mais le style simple et épuré utilisé dans le plan d’urbanisation me plaît beaucoup. Quel que soit le matériau utilisé pour leur construction, tout les bâtiments longeant le canal sont d’un noir uniforme qui donne une identité unique à toute la zone et rend difficile toute référence dans le temps, on ne discerne pas clairement s’ils sont anciens ou récents. Cette identité est largement renforcée par les logos ‘blanc pétants‘ du musée et de l’entreprise Mizkan peints par-ci par-là, bien visibles mais très élégamment insérés dans le paysage. Je ne suis guère étonné en faisant des recherches ultérieurement de me rendre compte que le projet de rénovation a gagné entre-autre un Good Design Award en 2016 dans la catégorie ‘Architecture and facilities for commercial use‘. Je ne peux cependant m’empêcher de sourire en lisant les commentaires des évaluateurs qui justifient leur sélection en expliquant que le plan de rénovation est parvenu à maintenir la juste balance entre la tradition en préservant les bâtiments historiques, et modernité dans le choix des matériaux et du design, le tout en symbiose avec la nature. On ne peut trouver plus passe-partout, c’est le commentaire que l’on trouve à peu près dans chaque concept urbain ou architectural.

Avec la fermeture du musée et la diminution du nombre de touristes qui en résulte, des travaux sont en cours le long du fameux canal. Les grues en plein travail et diverses structures métalliques jonchées au sol gâchent le paysage, certaines parties sont même rendues inaccessibles. Pour la petite balade tranquille ce sera une fois les travaux terminés, vers la fin mars. Je parcours au hasard les rues étroites du quartier, l’endroit est réputé pour ses distilleries de saké, je suis impressionné par les encombrantes cuves probablement laissées au dehors par manque de place. Je traine ainsi une petite heure sans ne croiser personne d’autre que les employés de la Nakano Sake Brewery toute proche. Il n’y a pas un chat, ou plutôt si, à condition d’y prêter attention !

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‘How to drive in snow safely’ – Nagoya, Minato-ku

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Nagoya Minato-ku banc neige
Nagoya Minato-ku club de golf
Nagoya Minato-ku neige
Nagoya Minato-ku canal Nakagawa
Nagoya Minato-ku voiture abandonnée

Ce matin il a neigé jusqu’aux alentours de dix heures, puis peu avant midi le soleil a enfin percé. Il fait un froid glacial à l’intérieur de la maison, je profite de cette éclaircie pour sortir prendre l’air et presque me réchauffer à l’extérieur. Je me balade autour du Lalaport NAGOYA Minato AQULS à Minato-ku. En dehors du centre commercial il n’y a que des quartiers résidentiels et des hangars appartenant à des entreprises de logistique, je pense dans un premier temps marcher jusqu’au canal Nakagawa qui remonte vers le port de Nagoya.

J’ai dans les oreilles l’album éponyme de Sapphire Slows, productrice et DJ résidant à Tokyo. J’ai découvert cette artiste la semaine dernière et je suis depuis en train de passer en revue sa discographie. Par rapport à son premier et très alléchant EP ‘True Breath’ (2011) qui comportait des parties rythmées presque dansantes, cet album est plus conceptuel et moins évident à cerner, mais il se peut que se soit tout simplement le froid qui me donne cette impression. Si la voix de la chanteuse est beaucoup plus présente que sur l’EP, elle semble ne constituer qu’une nappe sonore comme si s’agissait d’un instrument comme un autre. Ce n’est qu’en y prêtant vraiment l’oreille que l’on se rend compte qu’elle chante certaines parties en anglais. J’ai l’impression d’écouter ce qui pourrait être de l’electronic shoegaze, (si c’est un terme qui existe) et à vrai dire c’est quelque chose de nouveau et de surcroit plutôt agréable dans la mesure ou en musique électronique le texte n’apporte la plupart du temps pas grand chose aux chansons et me sort plus facilement de mes rêveries – il n’y a guère que le génial Louis Cole et ses textes auto-dérisoires qui m’amusent beaucoup.

Je traverse le canal, remonte vers le port puis longe la Kokudō Ichi-gō pour repasser de l’autre versant, puis revient vers mon point de départ, formant un carré d’un kilomètre de côté. Tout au long de ma promenade il reste par-ci par-là d’étroites parcelles de neige que le soleil n’atteindra probablement pas avant que la nuit tombe. Au coin d’une rue je suis très intrigué par cette voiture recouverte de neige apparement abandonnée au beau milieu d’un terrain assez grand pour y construire une maison. Il me parait impossible de garer une voiture de sport avec des herbes si hautes alentours, mais leur hauteur porte à croire qu’elle est là depuis un bon bout de temps. A moins qu’elle soit tombée ce matin avec la neige ? Nagoya me propose un nouvel endroit où revenir dans quelques temps …

musiques/vie quotidienne

Kohaku 2021 & meilleurs voeux !

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Je suis miraculeusement en congé les deux premiers jours de l’année, c’est donc en famille que nous regardons le Kohaku à la télé pour le réveillon de fin d’année. Comparé aux années précédentes j’étais un peu plus au fait des tubes de l’année, la salle de sport où je me rends de manière régulière diffusant de la j-pop que j’écoute distraitement. Nous prenons le train en route et constatons rapidement que depuis le départ du groupe Arashi il y exactement un an, les groupes Johnny’s (les groupes de l’agence Johnny’s & Associates, agence artistique spécialisée dans la représentation et la production d’idoles japonaises mâles, et auquel Arashi appartenait) abondent cette année et que ce soit au niveau musical, du chant ou de la danse, le niveau est très médiocre.

Il y a néanmoins quelques bonnes surprises : ’Inochi ni kirawateru’ (命に嫌われている)interprété par mafumafu, un artiste dit utaite, c’est à dire un chanteur faisant des reprises de chansons sur NicoNico (équivalent de YouTube version japonaise) mais publiant également ses albums originaux. Le phénomène utaite semble prendre de l’ampleur, j’en ai pris vraiment connaissance le mois dernier lorsque le concours JAPAN UTAITE GP a eu lieu à l’aéroport.

Perfume faisant partie des premiers groupes que j’ai découvert en écoutant la musique japonaise, malgré des hauts et des bas dans la qualité de leurs titres je suis toujours content de les voir apparaitre dans les émissions musicales. Cette année leur performance sur leur seul titre sorti cette année, ‘Polygon Wave’, n’avait rien d’exceptionnelle, mais la chanson en elle-même est toujours mieux que ‘Time Warp’ de l’année précédente. J’y aime beaucoup la ligne de basse au synthétiseur qui structure la chanson, je suis à peu près certain d’avoir entendu exactement la même basse dans un morceau du Capsule, mais n’arrive pas à me souvenir laquelle. En écoutant Polygon Wave plusieurs fois je me dis que la voix du chanteur de Sakanaction Ichiro Yamaguchi collerait bien dessus et qu’il y aurait moyen de faire quelques mash-ups interéssants avec les titres orientés électro des deux groupes. C’est sans doute le fait que dans l’émission Sugar sugar (シュガー&シュガー) du mois dernier Yamaguchi ait interviewé ses trois membres qui a fait germer cette idée dans ma tête, mais en y réfléchissant bien ils appartiennent à des maisons de disque différentes, une collaboration semble peu probable.

J’avais bien aimé le titre ‘Toku ni nai‘ (特にない) de Kaze Fujii (藤井風), entendu par hasard dans mes recommandations sur Last.fm il y a quelques mois, mais n’avais pas pris le temps d’aller plus loin dans l’écoute des autres chansons. J’aurai préfère qu’il joue un titre ayant un peu plus de personnalité que le titre interprété lors du Kohaku, (kirari, きらり)mais l’aisance presque insolante avec laquelle il joue du piano fait rêver alors que nous peinons à motiver les garçons à continuer de continuer à dompter ce bel instrument.

Après l’incroyable performance de ‘Ryokusake‘ (緑酒) par Tokyo Jihen qui finit inondé sous une pluie de confettis, mon coup de coeur va à ‘W no Higeki‘ (‘W’s tragedy’) de l’actrice et chanteuse Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子). Il s’agit en fait d’une chanson sortie en 1984 en tant que chanson-titre du film du même nom, et dans lequel Yakushimaru interprété le rôle principal. J’ai toujours un faible pour les versions symphoniques et celle-ci était mémorable, le refrain m’est resté dans la tête pendant plusieurs jours.

Une partie des interprétations ont lieu dans le hall principal du Tokyo International Forum. L’éclairage est somptueux, et je me demande si en rodant autour du bâtiment on peut voir les artistes de l’extérieur. Je regrette de ne pas avoir pris le temps d’y faire un tour lors de mon dernier passage à la capitale alors que j’étais passé devant.

Le passage vers la nouvelle année se fait en regardant ‘Yuku toshi kuru toshi’, l’émission diffusée en direct des lieux célèbres du Japon. Je jubile en y voyant apparaitre l’Aéroport International de Tokyo (Haneda), le hangar de maintenance d’ANA et son Airbus 787 avec son capot moteur ouvert ainsi qu’un avion de Japan Airlines en plein chargement de cargaison dans sa soute. Dans la séquence suivante le temple Zenkoji à Nagano est de toute beauté sous la neige. Je n’y suis allé qu’une fois en début d’été alors que Léo était tout petit, il me plairait d’y aller en plein hiver mais l’accès y est difficile et éprouvant. Nous sommes ensuite très étonnés de voir apparaître à l’écran la ville d’Hekinan où nous nous rendons de temps à autre. Sans méchanceté aucune, à part le sympathique petit parc d’attraction Akashi Park et son parcours de karting dont les enfants ne se lassent jamais, il n’y a pas grand chose à y visiter dans cette ville industrielle. On nous présente le gérant d’un skate-parc ouvert 24h/24, suite au succès des skateurs japonais aux Jeux Olympiques, il y a un boom du skate au Japon. Cela me rappelle que les Jeux Olympiques ont lieu dans un mois à Pékin, et me rend un peu triste de me rendre compte que cela me laisse pour le moins indifférent.

architecture/Nagoya

Mata kôyô 2021 (suite et fin)

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Comme l’année dernière j’avais pensé aller à Korankei pour aller à la chasse au koyo, mais un imprévu fait que je dois me rendre à Nagoya, dans les environs de Meidai, l’université de Nagoya. J’en profite pour me rendre au temple Kôshô-ji, dans le quartier de Yagoto. Pendant le trajet j’écoute Material (2001), le cinquième album de l’artiste Aco, que je n’avais pas écouté depuis quelques années, et pour de la j-pop, celui-ci a très bien vieilli, même si j’étais persuadé qu’il comportait un remix de Ken Ishii ou DJ Honda que j’ai été surpris de ne pas retrouver sur cet album. Après ses premiers albums très r&b mainstream sans grande personnalité, Material et l’album suivant Irony (2003) marquent un tournant très intéressant dans sa carrière. J’ai toujours aimé ces artistes capables de se renouveler et de prendre des risques. Apres le court album de 6 titres Mask (2006), je suivais vaguement à une époque son compte Instagram dans l’attente d’un prochain album mais en fin de compte elle n’y montrait que des photos de sa vie quotidienne sans grand intérêt. Il semblerait qu’elle ait entre-temps sorti cinq albums dont un live, mais vu les difficultés à trouver des informations à propos de ceux-ci j’ai bien peur de ne pas être passé à côté de grand chose.

Le temple est si vaste que je me perds presque dans le parc qui l’entoure. Ce n’est que plus tard que je me rends compte que j’ai tenté d’y entrer par l’arrière. De nombreux visiteurs sont très appliqués avec leurs appareils photos. J’aide deux couples qui tentent avec grand mal de se prendre en selfie avec les feuilles rouges vif, mais manquent de recul pour cela. La conversation s’engage avec l’un des hommes qui me montre les photos qu’il vient de prendre. Le fait que j’accepte des discuter montre à quel point l’endroit me rend zen. Non pas que je n’aime pas discuter, mais les conversations avec des inconnus ne sortent que très rarement des sentiers battus et sont la plupart du temps sans intérêt. Je suis amusé de constater que certains visiteurs portent des vêtements de couleur rouge ou rose, je me demande si c’est afin de s’ajuster aux feuilles des arbres. Je contemple longuement une dernière fois la grande statue qui semble garder le temple. Depuis tout à l’heure j’ai comme l’impression quelle regarde du coin de l’oeil les visiteurs qui lisent le panneau d’information situé à ses côtés. Quand je la prends en gros plan elle me fixe cependant droit dans les yeux.

Je n’insiste pas et quitte les lieux pour rejoindre Meidai à pieds. Le trajet prend 30 minutes et il fait un temps superbe, je suis presque en sueur. J’écoute cette fois l’album Fervency (2009) de Kyle Bobby Dunn, encore un album que je n’avais pas écouté depuis mon dernier billet à son sujet. L’idée m’est venu de l’écouter à la suite de l’émission Bandcamp Weekly spéciale décernée à la musique ambiant. Il me faut mettre le son à fond pour effacer les sons de la ville, l’absence totale de BPM fait que j’ai du mal à ajuster mes pas à la musique. Perdu dans mes pensées (et l’appareil photo rangé) j’arrive néanmoins rapidement à destination.

Au retour je ne peux m’empêcher de refaire une crochet au Toyoda Memorial Hall. Je ne m’y attarde pas trop, d’une part parce que je n’ai pas trop le temps, et d’autre parce de grands panneaux demandent aimablement aux personnes étrangères à l’établissement de ne pas roder autour. Des gardes ne sont pas bien loin, je n’ai aucune intention de faire le hors-la-loi, si on me pose de question je ferai semblant de ne pas avoir compris les avertissements ou répondrais, en expliquant ma ‘démarche artistique‘, que je suis venu de loin exprès pour prendre quelques modestes photos.

Les parties d’ombres et de lumière se démarquent de façon très nette sur le sol du bâtiment, les surfaces au sol éclairées se reflétant sur les parties blanches du mur. Baigné par les rayons de soleil, un jeune homme s’entraîne à la danse. Ses mouvements sont à la fois vifs et gracieux, l’ample pantalon qu’il porte fait un bruit de froissement à chacun de ses mouvements. Ce magnifique bâtiment semble inspirer tout ceux qui prennent le temps de le contempler.

balades au Japon/Nagoya

‘Garden on the palm’ – Yōki-sō (Chikusa-ku, Nagoya)

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Ce n’est pas la première fois que je viens ici. J’ai découvert, dans ce quartier déjà très calme abritant le temple Kakuozan Nittaiji, ce havre de paix en me baladant au hasard autour de la gare de Kakuozan l’été dernier, et j’avais alors quitté l’endroit en me disant qu’il serait beau à visiter en automne, et je ne m’étais pas trompé.

Cette villa fut la propriété du premier directeur de la célèbre chaîne de grands magasins Matsuzakaya Department Store, Jirozaemon Ito, dans les années 1910 – 1930. L’immense jardin est aujourd’hui séparé en deux parties, j’en visite aujourd’hui la partie nord. On y donnait autrefois des réceptions, des garden party et même des ‘réunions de contemplation de la Lune‘, où étaient conviés partenaires internationaux et même des membres de la famille impériale. Les bâtiments que l’on peut y trouver ne sont pas sans intérêt, mais le paysage en cette belle journée ensoleillée est trop beau pour s’y attarder.

Le paysage se suffit en lui-même, mais comme à Inuyama et ses bateaux mystérieusement sortis de nulle part, j’ai beaucoup de chance. Un groupe de quatre jeunes femmes en kimono toute guillerettes s’y balade en riant. Un jeune couple de futurs mariés en tenue de cérémonie traditionnelle est en pleine session photo. Tout le monde est suffisamment affairé pour que je puisse tenter de les intégrer au paysage.