C’est ‘amusant’ comme les soucis arrivent toujours par grappes, se succèdent, s’accumulent, prennent de l’ampleur. L’on en croit un de résolu, deux nouveaux, pires, apparaissent. La chaleur accablante de ses deux dernières semaines n’a fait qu’empirer les choses. On dort peu et mal, tout le monde est grincheux, de mauvais poil. Dans ces moment-là le blog est en veille. Les mots ne sortent pas, l’humeur n’y est pas. A force j’en ai maintenant habitude et je me demande même si ce n’est pas le cas chaque année à la même période. C’est alors qu’habiter à l’autre bout de la planète est le plus difficile : Plaignez-vous un peu trop ou demandez conseils aux proches et aux amis au pays et ils vous diront de revenir, parlez-en autour de vous au Japon et ils vous répondront à l’unisson ‘- Mais alors tu n’as qu’à partir …’. A chaque fois j’hésite et me demande s’ils n’ont pas raison, mais au plus profond de moi je sais que ce n’est pas la réponse ni les mots que je veux entendre, et bien que cela constitue une réponse en soi il faut à chaque fois un certain temps et beaucoup d’énergie pour que je m’en rende compte.
Comme à peu près chaque jour depuis deux ou trois semaines, voilà à quoi je réfléchis, assis cette fois à la terrasse du bâtiment supervisé par l’architecte Kengo Kuma intitulé Hana no Tane (華の種, littéralement ‘graines de fleurs‘), qui a ouvert en mai dernier sur la Parking Area (PA) d’О̄bu sur l’autoroute qui relie l’aéroport international à la ville de Nagoya. L’endroit, qui comprend un restaurant et un café, peut-être utilisé non seulement par les utilisateurs de l’autoroute, mais également par les riverains. J’aime assez l’idée selon laquelle l’ouverture en son centre sert à relier ces deux ‘mondes’, ou c’est du moins ainsi que je l’ai perçu. Le brouhaha incessant du trafic contraste avec le calme autour de ce petit étang paisible.
Cela faisait pourtant plusieurs mois que je voulais parcourir les 11.1 km de la Mihama Orange Line, une route de randonnée un peu méconnue qui traverse horizontalement la péninsule de Chita, j’avais donc eu tout le temps de me préparer et rassembler des informations sur l’itinéraire à emprunter. Quand je me balade seul j’emporte souvent de quoi manger sur place, je n’ai donc même pas à chercher d’endroit où me restaurer. Sur internet je ne trouve que deux cartes, elles manquent quelque peu de précision, mais dans les rapports de randonnée que je trouve sur Yamap on s’accorde à dire que l’itinéraire est indiqué de manière relativement claire. La péninsule de Chita, ce n’est pas non plus l’Amazonie, je devrais pouvoir m’y retrouver …
C’est toujours un plaisir lors des déplacements en train de contempler les paysages que nous parcourons la plupart du temps en voiture. Les maisons et buildings apparaissent sous des angles différents, la voie ferrée étant généralement placée en hauteur je découvre ce qu’il y a derrière ces buttes. Tandis que le très neutre et agréable album Fragments de Bonobo prend fin, je choisis le vaporeux Cozen (Sofake) de Kyle Bobby Dunn pour finir le trajet comme sur un nuage.
Gare de Kōwa, terminus. Je me demande un moment si je n’ai pas le temps de faire l’aller-retour sur l’île d’Himakajima, comme la plupart des voyageurs qui se dépêchent de prendre la navette qui part vers le port à la descente du train. J’ai promis aux enfants de les y amener faire de la pêche, ils me feraient la tête s’ils apprenaient que j’y suis allé sans eux.
Il me faut un quart d’heure de marche pour me rendre compte que je me suis trompé quelque part. J’ai suivi la route nationale puis me suis engouffré dans un petit chemin raide qui se faufile dans la montagne comme l’indique la carte, mais aucune trace d’écriteau. Je retourne vers la gare de Kōwa et longe cette fois la mer à la recherche de la statue de Kappa-chan, mais j’ai beau marcher celle-ci n’apparait pas. En vérifiant consciencieusement ma carte je m’aperçois qu’il fallait en fait descendre du train non pas à Kōwa (河和), mais à l’arrêt précédent, Kōwa-guchi (河和口). J’ai beau râler, je suis à mi-chemin entre les deux gares et il me faut maintenant marcher jusqu’au point de départ de l’Orange Line que j’attends finalement avec plus d’une heure de retard sur l’horaire prévu. Quelque peu atterré par mon idiotie j’hésite à rentrer sur-le-champ, puis me ravise afin de ne pas gâcher cette belle journée.
Je suis une nouvelle fois un chemin étroit et pentu et suis rassuré à chaque fois que je croise un panneau d’indication mentionnant la distance qu’il reste à parcourir. S’il parait qu’en automne le feuillage jaune-orange des arbres vaut le détour, en vérité le paysage n’a rien de bien particulier, mais marcher au calme me fait vite oublier les aventures de la matinée et je me félicite de m’être un peu bousculé pour continuer. Hormis une vieille voiture rouillée abandonnée qui n’a rien à faire là, tout les éléments typiques de la campagne japonaise sont rassemblés. Champs de riz à perte de vue et petit sanctuaire paisible, des vaches me suivent des yeux quand je passe devant une ferme. Il ne manquerait plus qu’un ou deux enfants chassant des insectes avec un filet pour se croire dans un film d’animation Ghibli … J’ai dû me perdre un peu trop dans mes pensées, voilà un petit moment que je n’ai pas vu d’écriteau. Je reviens sur mes pas jusqu’à un croisement qui me semble suspect, mais n’y trouve aucune indication. Ou bien faut-il continuer un peu plus loin ? Puisqu’on est dans l’incompréhensible, presque dans le mystérieux, j’interroge à tout hasard les vaches devant lesquelles je passe pour la troisième fois, mais pas de miracle, elles ne me répondent pas. Je marche encore une dizaine de minutes et finis par déboucher sur un passage à niveau. De l’autre côté … la route nationale empruntée plus tôt dans la journée.
J’abandonne ! Puisque quelque chose ou quelqu’un semble vouloir à tour prix m’empêcher de parcourir l’Orange Line aujourd’hui, je reviendrai une autre fois mieux préparé. Exténué, je remonte en bord de mer jusqu’à la gare de Kōwa-guchi. J’y trouve finalement la statue de Kappa-chan, et même à la sortie de la gare un plan relativement détaillé du parcours que je comptais emprunter aujourd’hui. Dans le train du retour je réfléchis à propos de mon manque de préparation, comment y pallier à l’avenir, mais aussi au fait que l’idéogramme kuchi que l’on retrouve dans le nom de la gare signifie ‘bouche’, mais aussi ‘entrée’, ou ‘début de quelque chose’. Je prêterai à l’avenir plus attention aux gares qui le comprennent.
C’est volontairement que je choisis dans la liste proposée un lieu de vaccination différent des fois précédentes pour la troisième dose du vaccin. Il me faut me rendre à Okazaki, mais tant qu’à faire autant en profiter pour passer par la gare de Higashi Okazaki (東岡崎), cela me donnera une excuse pour flâner une nouvelle fois dans le coin où j’ai résidé lors de mon premier séjour au Japon, mais aussi jeter un oeil sur le centre commercial OTO Riverside Terrace. L’hôpital est situé aux abords de la ville voisine Toyota, une fois à la gare il me faut encore faire 30 minutes de trajet en bus. Alors que ce périple me prend au total deux heures en utilisant les transports en commun il me faudrait 30 minutes de chez moi en empruntant l’autoroute, mais cette véritable excursion ne me dérange pas. Je vais pouvoir bouquiner dans le train et au lieu d’avoir à conduire et me concentrer sur la route, pouvoir contempler le paysage en écoutant quelque musique soigneusement choisie au préalable. Peut-être aurais-je été plus réticent à prendre mon temps si depuis quelques jours la chanson Hunnybee, du groupe Unknown Mortal Orchestra, ne tournait pas en boucle sur mon iPad, et le clip, invitation au paysage sur mon PC. Rêvasser, bouquiner, écouter de la musique en voyageant … c’est pourtant si simple !
Je suis plutôt déçu par le site dans son ensemble et content de ne pas être venu exprès, comme je l’avais à un moment envisagé. L’OTO Riverside Terrace tient son nom d’un concept : Se situant au bord de la rivière Oto (乙川), sur l’ensemble du site s’écoule du son (oto音, en japonais), en l’occurence du jazz, Okazaki s’étant autoproclamée ‘ville du jazz’ depuis qu’elle accueille le Okazaki Jazz Street Festival chaque année en novembre. Agrémenté de quelques restaurants, le tout est censé baigner dans le raffinement et l’élégance, mais l’hôtel situé derrière impose inutilement son ombre immense sur la majeure partie du bâtiment. Il y fait froid et les terrasses sont vides. Midi approche et je commence à avoir faim. Les terrasses à l’étage, au soleil celles-ci, ne sont accessibles qu’aux clients des cinq ou six restaurants mais je ne trouve pas le courage d’y entrer seul. Mon désespoir atteint son comble quand j’aperçois la pancarte ‘Itarian Restaurant’. Je crois tout d’abord à un mot fabriqué à partir des mots ‘italian’ et ‘vegetarian’, mais apparemment ce n’est pas le cas. Peut-être suis-je tatillon, mais tout ici a-t-il donc été pensé n’importe comment ?
Je rôde autour de la gare mais ne trouve que des izakaya ouverts le soir, pas même le moindre fast-food ! Au bout de quinze minutes de marche hasardeuse je tombe sur un restaurant appelé Oka (丘). Comme j’en parlais dans un billet précédent, je n’entre d’habitude jamais dans ce genre d’établissements ‘mystérieux’, mais le temps me manque et je n’ai pas trop le choix. Je ne le saurai que plus tard via les commentaires sur internet mais ce petit kissaten a un certaine renommée dans la région pour sa décoration colorée et chaotique. J’ai à la fois l’impression d’être dans un vaisseau spatial futuriste et de retour à l’ère Showa. La gérante, une dame dans la soixantaine, est très aimable et m’offre même un petit morceau de gâteau. Au lieu de perdre mon temps au Riverside, j’aurai mieux fait de prendre mon temps dans cette faille spatio-temporelle …
J’ai trop peur de rater mon arrêt de bus pour me risquer à écouter de la musique. Le chauffeur, de sa voix nasillarde, annonce à l’avance la moindre manoeuvre de son véhicule, le paysage n’a rien de vraiment dépaysant mais il est agréable de juste se laisser bercer par les mouvements du bus. Apres avoir été re-re-vacciné j’écoute lors du trajet retour Friends That Break Your Heart de James Blake. Je n’ai qu’un très vague souvenir de l’album précédent, Assume Form (2019), mais j’avais bien aimé l’EP Before (2020), un peu plus rythmé et frais, presque dansant. Je m’attendais dans ce nouvel album à quelque chose dans la même veine, mais au final, quoique l’album passe très bien dans son ensemble, aucun titre en particulier n’a attiré mon attention. Peut-être n’étais-je pas tout simplement pas d’humeur, mais en y réfléchissant bien, je ne vois pas ce qui pourrait convenir au calvaire des effets secondaires qui s’annoncent le lendemain.
Alors que quand je quitte la maison le ciel est dégagé, il se couvre et devient même menaçant après dix minutes de route. Comme lors de ma précédente visite au Red Brick Building, la ville de Handa semble ne pas vouloir se dévoiler sous ses meilleurs atouts. Malgré le temps nuageux c’est aujourd’hui autour du Mizkan Museum (MIM) que je me balade. Handa est le siège de l’entreprise Mizkan, gigantesque entreprise japonaise agroalimentaire spécialisée dans la production de sauce et de vinaigre, domaines autour desquels le MIM propose diverses installations interactives.
Si je me balade autour du musée, c’est que celui-ci est fermé au public en raison de la crise sanitaire. Inauguré en 1986 sous le nom de ‘Su no sato’ (酢の里) puis fermé pour rénovation en novembre 2013, le musée a réouvert ses portes deux ans plus tard sous son nom actuel. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de venir avant la rénovation et ne suis donc pas en mesure de faire une comparaison avant-après, mais le style simple et épuré utilisé dans le plan d’urbanisation me plaît beaucoup. Quel que soit le matériau utilisé pour leur construction, tout les bâtiments longeant le canal sont d’un noir uniforme qui donne une identité unique à toute la zone et rend difficile toute référence dans le temps, on ne discerne pas clairement s’ils sont anciens ou récents. Cette identité est largement renforcée par les logos ‘blanc pétants‘ du musée et de l’entreprise Mizkan peints par-ci par-là, bien visibles mais très élégamment insérés dans le paysage. Je ne suis guère étonné en faisant des recherches ultérieurement de me rendre compte que le projet de rénovation a gagné entre-autre un Good Design Award en 2016 dans la catégorie ‘Architecture and facilities for commercial use‘. Je ne peux cependant m’empêcher de sourire en lisant les commentaires des évaluateurs qui justifient leur sélection en expliquant que le plan de rénovation est parvenu à maintenir la juste balance entre la tradition en préservant les bâtiments historiques, et modernité dans le choix des matériaux et du design, le tout en symbiose avec la nature. On ne peut trouver plus passe-partout, c’est le commentaire que l’on trouve à peu près dans chaque concept urbain ou architectural.
Avec la fermeture du musée et la diminution du nombre de touristes qui en résulte, des travaux sont en cours le long du fameux canal. Les grues en plein travail et diverses structures métalliques jonchées au sol gâchent le paysage, certaines parties sont même rendues inaccessibles. Pour la petite balade tranquille ce sera une fois les travaux terminés, vers la fin mars. Je parcours au hasard les rues étroites du quartier, l’endroit est réputé pour ses distilleries de saké, je suis impressionné par les encombrantes cuves probablement laissées au dehors par manque de place. Je traine ainsi une petite heure sans ne croiser personne d’autre que les employés de la Nakano Sake Brewery toute proche. Il n’y a pas un chat, ou plutôt si, à condition d’y prêter attention !
Je reprends mes esprits et me dirige vers le château d’Inuyama. Construit sous sa forme actuelle en 1537 par Oda Nobuyasu, l’oncle du seigneur de la guerre Oda Nobunaga, en son temps celui-ci surveillait la frontière entre les provinces d’Owari (aujourd’hui Aichi) et de Mino (Gifu) et fut au cœur des luttes acharnées des guerres civiles. (Plus de détails en français sur le site officiel du château.)
Les alentours du château me semblent avoir beaucoup changé depuis la dernière fois que j’y suis venu, sans que je ne puisse vraiment dire avec certitude de quelle manière. Je ne me souviens pas y avoir vu le tunnel de torii de la troisième photo, ou peut-être sommes nous tout simplement passés à côté en septembre 2009, lorsque des amis étaient alors de passage au Japon et que nous avions passé l’après-midi autour du château pour finir en beauté le soir en participant à une séance de pêche au cormoran sur le fleuve à la lueur des torches. Je n’ai toujours pas été vérifier si cette pratique se fait autre part dans le monde ni même au Japon, s’ils en ont l’occasion je conseille vivement à mes lecteurs d’intégrer cette expérience inoubliable dans leur visite à Inuyama.
En tout cas la vue à partir du dernier étage du château est toujours aussi impressionnante. S’il y avait moins de monde je m’assiérais volontiers en tailleur au milieu de la pièce pour me mettre dans la peau de quelque shōgun du clan Naruse, maître des lieux au XVIIème siècle. Comme pour prendre mes désirs pour des réalités j’ai immédiatement en tête l’image d’un lieu silencieux, mais quelque bataille fait rage au loin, la rue marchande est toute proche et le brouhaha de la jōkamachi, la ‘ville sous le château’ est sans doute plus intense que je ne le pense …
On peut faire le tour de la pièce via une petite passerelle en bois légèrement inclinée et lissée par les pas des visiteurs au point d’en être glissante. Si les arbres autour du château sont moins colorés que je ne le pensais, deux d’entre-eux, aux feuilles d’un rouge et d’un jaune vif tentent de se faire remarquer. Alors que je plisse les yeux et remarque les tours de la gare de Nagoya tout au loin un avion passe dans le champs. D’ici, quelque soit la direction où l’on regarde il y a toujours quelque chose à contempler. Je pourrais y passer des heures …
Ces derniers mois je suis plusieurs fois allé aux alentours de la petite ville touristique d’Inuyama, située au nord de Nagoya, afin de me balader dans le basses montagnes que sont le Mont Tsugao (継鹿尾山) et le Mont Hatobuki (鳩吹山). Aujourd’hui j’ai décidé de prendre mon temps et de visiter son beau château auquel je n’ai pas mis les pieds depuis trop longtemps.
Une fois descendu à la gare je me dirige vers le Pont d’Inuyama, qui traverse le fleuve Kiso (木曽川) délimitant les préfectures de Gifu et d’Aichi, afin de prendre une vue d’ensemble de château d’Inuyama dominant la vallée et ses arbres colorés qui l’entourent. J’aperçois au loin deux bateaux remontant doucement le fleuve. Il s’agit manifestement des pirogues utilisées pour la chasse aux cormorans u-kai (鵜飼), je suis surpris puisque la saison est déjà terminée depuis longtemps. Je les suis du regard en me demandant où ils se dirigent, à hauteur du château ils se tournent soudainement vers la rive.
Il semblerait que j’assiste à une sorte d’entrainement : La manoeuvre consiste à faire l’aller-retour entre deux petits îlots constitués de sacs de sable entassés, arrêter la pirogue à proximité pour descendre du bateau puis remonter à l’intérieur. Je m’approche et prends des photos, le tout se fait dans le silence le plus total. Je salue les occupants lorsqu’ils sont assez proches pour m’entendre, l’un des hommes assis au centre de la pirogue, sans doute le superviseur des opérations me fait vaguement signe. Dans le viseur de ma caméra le regard concentré et déterminé de la seule femme du groupe, maniant sa rame avec habileté, est des plus fascinants. Je me demande s’il ne s’agit pas de Kotomi Inayama, la première femme u-shi (maître-cormorant), que j’avais eu le plaisir de rencontrer brièvement il y plusieurs années dans le cadre du travail, mais je ne peux pas l’affirmer avec certitude parce que l’image d’une personne toujours souriante qu’elle donne dans les médias contraste vraiment beaucoup avec celle d’aujourd’hui. Un coup de téléphone à l’organisation qui gère tout ce qui concerne l’u-kai m’aurait sans doute permis d’en avoir le coeur net, mais à quoi bon ? Pourquoi étais-je venu déjà … ?
Katahara Onsen est une station thermale située à Gamagori, dans la baie de Mikawa, au pied du Mont Sangane. L’endroit est réputé pour son parc floral Ajisai no Sato, où fleurissent 50,000 ajisai (hortensias) de couleurs et variétés diverses. Pendant tout le mois de juin a lieu le festival des hortensias ‘ajisai matsuri’, et à cette occasion le parc est illuminé en soirée jusqu’à 21 heures.
Comme nous sommes proches de la mer il souffle une petite brise rafraîchissante, un air de musique jouée au shamisen s’écoule dans le parc, quelques couples qui passent sans doute la nuit dans l’un des somptueux hôtels alentours sont vêtus de yukata. Pour une fois j’avais pris avec moi mon trépied afin de prendre des photos, mais les enfants se faufilent trop rapidement entre les promeneurs, à force de trop jouer avec le temps de pose de mon appareil je me retrouve bientôt perdu dans la foule.
Outre les hortensias, juin est également la saison où l’on peut si l’on a de la chance contempler le vol des lucioles. Sous un pont plongé dans le noir coule une rivière qui est censée en abriter mais les conditions climatiques ne sont pas adéquates, nous n’en verrons finalement qu’une demie-douzaine. Nous nous rendons chaque année à un endroit different pour aller à la chasse aux lucioles, mais rien ne semble égaler l’émotion ressentie lors de notre balade près de Maibara, dans la préfecture de Shiga, il y a dix ans déjà.
Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas été à l’aéroport de Komaki, situé au nord de Nagoya. J’entends parfois les gens de Nagoya se plaindre que l’aéroport international du Chubu est trop éloigné de la ville, mais pour les habitants de la péninsule de Chita, située au sud de la ville, se rendre à Komaki relève tout autant du parcours du combattant. Il faut tout d’abord se rendre en train jusqu’à la gare de Nagoya, d’où l’on prend ensuite un bus direct. La grande banlieue nord de Nagoya, (Ichinomiya, Komaki et Kasugai) est constamment sujette à d’importants embouteillages quelle que soit l’heure de la journée, le trajet me semble toujours durer une éternité.
Fuji Dream Airlines, seule compagnie aérienne à opérer à Komaki, a la particularité d’avoir une flotte composée de 16 appareils (des Embrear ERJ-170 et ERJ-175 de respectivement 76 et 84 places) tous de couleur différente. L’un des objectifs de tout photographe d’aviation est bien évidemment de parvenir à tous les ‘capturer’. Le soleil tape déjà fort quand j’arrive à l’aéroport peu après 10 heures, ses rayons se reflètent de manière éblouissante sur le fuselage coloré des avions. Alors que seule la moitié des vols journaliers sont assurés, il semblerait que je sois arrivé juste avant le rush des départs. Ici, pas de déplacement en bus, les passagers ont le plaisir (tout relatif vu la chaleur) de fouler le tarmac avant de monter à bord. Les avions de sont pas cachés par les passerelles d’embarquement pour passagers, il est agréable d’en avoir une vue dégagée même lorsqu’ils sont à l’arrêt. Les aéroports régionaux ont leurs points positifs.
Quand on y regarde de plus près, la dernière photo est vaguement floue, mais je la mets en ligne volontairement, pour mémoire. Un peu assommé par la chaleur et enivré par toutes ses belles couleurs, j’ai en effet maladroitement fait tomber de mon sac à dos laissé ouvert mon objectif 300mm. Une pièce à l’intérieur de l’objectif s’est détachée, arrachée par le choc, et l’autofocus ne fonctionne plus. Je ne prendrais pas la peine d’aller faire le tour des magasins pour tenter de le faire réparer, je sais très bien que les vendeurs feront tout leur possible pour … me refourger leur dernier modèle. On ne peut pas dire que cet incident tombe à point, alors que je me questionne dernièrement à propos du nombre trop important de choses que je souhaite accomplir, et met également encore un peu plus de plomb dans l’aile de ce blog qui vivote vaguement.
Si l’on trace en direction du sud une ligne parallèle à la piste d’atterrissage de Centrair, on atteint à une centaine de mètres près le phare de Noma. C’est en réalité cette découverte qui m’a poussé à y venir pendant que le vent souffle encore du nord vers le sud. Dans cette configuration les appareils sont en phase d’approche de la piste d’atterrissage et donc assez bas pour pouvoir être pris en photo, contrairement au décollage où ils s’empressent de prendre de l’altitude. N’ayant pas réussi à intégrer les rares avions passant dans le paysage de manière satisfaisante je ne m’attendais pas à un miracle en traitant les photos sur l’ordinateur, et c’est effectivement avec grande peine que je suis parvenu à en extirper cette série de 3×2 photos.
D’habitude je choisis les photos et l’histoire que je veux raconter vient d’elle-même. Cela fait trois soirées consécutives que je m’installe devant mon clavier et suis bloqué au deuxième paragraphe. Le fait que le bleu du ciel soit différent sur chacune des photos semble en être le fil conducteur, mais je n’arrive pas à developper davantage. C’est une sensation très étrange. ‘J’avais tant de choses à dire mais y’a plus rien‘.