musiques/Nagoya

‘Vingt ans plus tard, Confield sonne toujours comme s’il allait être composé demain’ – Atsuta-ku, Nagoya

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J’ai une heure à tuer dans les environs de Jingumae. Il fait déjà trop sombre pour prendre des photos au sanctuaire pourtant proche, mais caché par des arbres gigantesques, et décide de me balader au hasard dans le quartier. Je fais hurler SIGN d’Autechre dans mon casque afin de ne pas me sentir obligé de prendre en photos les trains à chaque fois qu’ils passent. C’est également une nouvelle fois l’occasion d’expérimenter la manière dont la musique que j’écoute influence mes photos.

‘Autechre are like a rich fruit that you are not sure you like, but you keep having to try another one because you can’t quite make up your mind. Pleasurable and strangely addictive.‘ Je ne me suis jamais vraiment remis des indigestes NTS Sessions. L’imposante liste des 28 enregistrements de leur tournée 2014-2015 est des plus appétissantes mais leur écoute nécessite une certaine sérénité et une concentration que ne parviens à trouver. Comme il est mentionné de très belle manière dans le commentaire ci-dessus, Autechre a quelque chose d’addictif. On attend le temps qu’il faut, puis on y revient. Après une longue pause d’un an cela doit être la troisième fois cette semaine que j’écoute cet album. J’ai eu l’impression de redécouvrir le groupe, de revenir à mes premières amours, Confield, écouté vingt ans plus tôt. ‘Mais d’où sort ce son … ?

Je ne parviens pas à expliquer cette curieuse fascination pour les cages d’escaliers, mais hormis ces tuyaux d’aérations contorsionnistes, les photos prises seront très géométriques. Des lignes horizontales, verticales, des diagonales et peu de courbes. C’est sans doute un peu inspiré par Brutal House, dont je consulte souvent les photos ces derniers temps. C’est sans florilèges, à l’image de SIGN.

aviation/livres

Furu-hon, vieux livres @ Nagoya, Naka-ku

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Mon premier contact avec les livres anciens remonte à quelques années. Je sors de l’ambassade du Luxembourg située à Ichigaya et décide comme souvent de me balader au hasard dans les rues de Tokyo. Au fur et à mesure que je marche je suis intrigué par le nombre croissant d’enseignes ‘shoten‘, c’est à dire librairie. Je venais de découvrir le quartier de Jimbocho, réputé pour ses librairies de livres d’occasion. J’étais entré dans deux-trois établissements et avais trouvé la première traduction en japonais de ‘la cantatrice chauve’ d’Ionesco. J’étais à l’époque encore taraudé par la question ‘l’humour peut-il être traduit ?’, et à la lecture de quelque pages j’étais convaincu que je tenais dans mes mains une bonne preuve que cela n’avait rien d’évident …

L’association des bouquinistes (traduction très approximative) regroupe les bouquinistes de Nagoya et de sa région et compte 93 librairies. La vague de froid passée le temps est splendide, j’organise vite-fait une promenade partant du Parc Tsurumai vers Osu. Depuis quelques mois je suis intéressé par l’histoire de l’aviation au Japon. Si le développement de l’aéronautique dans la période d’après-guerre est particulièrement intéressant, le fait que le pionnier de l’aviation japonaise, Chūhachi Ninomiya, ait élaboré dés 1891 et donc bien avant frères Wright son ‘modele d’avion de type oiseau‘ a été une révélation. J’ai emprunté le peu d’ouvrages que contiennent les bibliothèques alentours sur ces sujets mais leur contenu très dense fait que la lecture prend du temps. Peut-être les retrouverais-je regroupés chez les bouquinistes ?

Je commence mes investigations par Yamahoshi-shoten, tout près de la gare de Tsurumai. Quel bonheur de n’être entouré que de livres ! Les étagères dégoulinent d’ouvrages, il y en a tellement que certains sont stockes à même le sol. Si les sujets traités sont vastes il ne semble pas y avoir de classement cohérent, c’est à peine s’ils sont regroupés par thèmes. Le seul personnel présent est très affairé et fait comme si je n’étais pas là. L’homme, à peine plus âgé que moi, est bien plus jeune que ceux que l’on penserait trouver dans ce genre d’endroit mais il se déplace en marmonnant et je l’entends râler quand il fait avec grand bruit tomber une pile de livres. Je l’interromps pour lui demander s’il a en stock quelque chose qui pourrait m’intéresser, mais comme je m’y attendais et comme ce sera le cas pour la plupart des établissement suivants, la plupart les ouvrages ne traitent que de l’aviation japonaise en période de guerre. Il n’y en a que pour le fameux Zero-sen !

On entre dans Iijima shoten comme dans un moulin. Le vieil homme assis derrière son bureau m’a bien vu mais m’ignore complètement, l’endroit est tellement silencieux que je n’ose même pas le saluer. Même désordre, mais principalement des ouvrages littéraires qui me sont complètement inconnus. ‘Ah ! C’est monté à 24 %’ s’exclame l’homme soudainement. Sa femme lui répond au loin, je n’ai aucune idée d’où elle se trouve. Plus que sur les ouvrages alignés en vrac dans les étagères, mon intérêt se porte bientôt sur leur conversation à propos des chiffres de la bourse qui me donne un élément de réponse à une question que je me suis posé dés ma sortie de la première librairie : ‘Comment cette affaire peut-être elle rentable ?’

Parmi les trois librairies visitées autour du carrefour Kamimaezu tout près d’Osu, Kaiseido-shoten est la librairie la plus grand public. On ne m’a pas laissé prendre de photos à l’intérieur mais on y trouve de vieilles revues et des livres de sport, de musique et hobbies divers. J’ai fini par y trouver quelques ouvrages interessants mais comme je me rends à Osu assez régulièrement je me suis contenté d’un bouquin de 200 pages à propos de l’histoire du Koken-ki (Long range mono plane), cet avion fabriqué dans les années 1930 et détenteur du record du monde de distance parcourue (11.651km en circuit fermé) en 1938.

'Tout ce qui a deux ailes me fait planer'

‘I can see the sea …’ – Tout ce qui a deux ailes me fait planer (17.0)

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A défaut de pouvoir assister au match de basket des Mikawa Sea Horses comme les années précédentes, c’est en bord de mer que nous faisons notre premier balade de l’année. Qu’il s’agisse de celui de Kosuzutani (小鈴谷) ou d’Onizaki (鬼崎), la péninsule de Chita est réputée pour sa production d’algues séchées nori, l’on peut apercevoir tout le long de sa côte les longues tiges servant à maintenir les filets sur lesquelles les algues vont être cultivées.

J’ai réussi à convaincre tout le monde de venir jusqu’à Mihama en prétextant que l’on pouvait y acheter du poisson frais et de l’excellent nori grillé, mais l’objectif du voyage est surtout de prendre en photo quelques avions lors de leur approche finale vers l’aéroport en les mêlant au paysage. Les enfants sont maintenant habitués à ce genre d’exercice improvisés et ne traînent toujours avec eux leur petit appareil photo. Alors que la troisième vague submerge le pays, près de la moitié des vols intérieurs sont annulés, je ne suis même pas sûr que le moindre appareil survole l’océan à cette heure.

Par chance il ne faut pas bien longtemps pour qu’apparaissent un B737 de la compagnie Skymark, puis un A320 de Peach Aviation. C’est un réel plaisir d’observer les appareils se déplaçant lentement à une altitude si basse. Les pêcheurs, affairés sur leur barque, ne leur prêtent aucune attention.

Non seulement le Dreamlifter, gigantesque avion-cargo utilisé pour le transport de pièces d’avions entre les différents fournisseurs de Boeing n’existe qu’en quatre exemplaires, mais avec le ralentissement du rythme de production sa venue se fait de plus en plus rare. Je jubile donc en apercevant au loin ce drôle d’oiseau à la forme si particulière. L’année commence de fort belle manière.

Le retour se fait en musique : Good Love 2.0 de la chanteuse Priya Ragu tourne en boucle depuis le deuxième jour de l’année. Les basses entêtantes, le léger grain dans la voix, la partie rap contenue, le refrain parfaitement claqué sur la rythmique, puis au lieu de revenir sur un ennuyeux couplet on change imprévisiblement et très intelligemment de continent en milieu de morceau.

Jusqu’ici tout va bien.

'Tout ce qui a deux ailes me fait planer'/vie quotidienne

初撮り – Tout ce qui a deux ailes me fait planer (16)

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初撮り … Hatsu-tori. Hatsu signifie ‘premier’, et tori prendre (une photo). Me rendre sur le Sky Deck appareil à la main dans les premiers jours de la nouvelle année est désormais un rituel, j’y vais même avant de m’y rendre au temple local ! En fin d’après-midi la lumière est douce et agréable mais le vent est glacial, impossible d’y rester bien longtemps. Les appareils étant de petite taille leur faible vitesse au décollage me permet de m’exercer au flou de filé. Je suis content d’enfin parvenir à prendre en photo l’un des avions roses de la compagnie low-cost Peach, nouvellement établie à Nagoya depuis le 24 décembre dernier.

Je ne me souviens plus de la dernière fois où j’étais en congé le 1er janvier, mais par chance ce fut le cas cette année. Nous avons passé la soirée du réveillon en famille devant le traditionnel Kōhaku-Uta-Gassen. Des chansons enka, quelques groupes d’idoles et beaucoup de pop ; sur le papier rien d’extraordinaire, mais la soirée m’aura permis de mettre des visages sur des chanteurs et chanteuses de tubes entendus bon gré mal gré tout au long de l’année. Et puis j’avoue, voir les enfants entonner en coeur certaines chansons était pour le moins craquant. Si chacun a ses petits favoris j’attendais beaucoup mieux du medley de Perfume, je n’accroche décidément pas à leur dernier titre ‘Time Warp‘. Tokyo Jihen faisait un peu figure d’ovni dans cette liste, le fait que la présentatrice de l’émission, Fumi Nikaido, soit fan du groupe m’a beaucoup amusé. J’ai été impressionné par la chorégraphie des danseurs-démons autour de LiSA, et ému à l’écoute du très beau morceau ‘Hadaka no kokoro‘ interprété par Aimyon, que j’aimais bien sans n’avoir jamais cherché à savoir qui en était l’auteur. La soirée aurait sans doute été encore plus agréable si l’on ne nous rappelait pas entre chaque chanson que ‘cette année, à cause du Covid ceci cela …’ Ne peut-on pas juste oublier ce foutu fléau quelques heures durant et passer un bon moment ?

Entre quelques chansons ennuyeuses nous zappons de temps en temps sur l’incroyable film indien ‘Muthu, Odoru maharaja’ (ムトゥ 踊るマハラジャ, brièvement Muthu, en anglais). Qu’il s’agisse des mimiques des personnages, des scènes de combats mal menées, des prises de vues peu orthodoxes ou encore de l’histoire rocambolesque, nous éclatons de rire, plutôt perplexes, ne sachant s’il s’agit là d’une comédie ou si ce genre de films est un standard du cinéma indien, auquel je ne connais rien à part Koi… Mil Gaya.

Le rituel qui est de regarder l’émission ‘Yuku toshi kuru toshi‘, diffusée pendant les 15 dernières minutes de l’année, est sans aucun doute mon moment préféré du réveillon. Après l’euphorie (?) du Kôhaku, place au recueillement en visitant silencieusement quelques uns des plus beaux temples et lieux touristiques du Japon. Cette année l’émission s’ouvre sur le temple Enryaku-ji situé sur le mont Hiei surplombant Kyoto, où je me suis promis d’aller très prochainement. Les images sont sublimes, les caméras nous amènent souvent dans des endroits auxquels l’on n’a normalement pas accès, nous dégustons chaque minute sans dire mot jusqu’à ce que les moines fassent sonner la cloche du temple Jindai-ji à Tokyo à minuit. A la télé quelques gens applaudissent dans la foule, un feu d’artifice retentit au loin. Nous éteignons le poste et nous souhaitons la bonne année. Plus un bruit ni dans la maison ni au dehors.

architecture/daydreamin'

‘Cette année là …’ – Meieki, Nagoya

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Depuis l’année 2000, je ne pense pas qu’il y ait une année qui ait autant marqué les esprits à l’échelle mondiale que cette année 2020. En vérité, passer l’année 2021 au Japon me fait un peu peur. Alors que le bout du tunnel semble encore bien loin, les inévitables mais nécessaires commémorations autour des événements cataclysmiques de l’année 2011 vont nous enfoncer un peu plus encore dans la morosité générale.

Il y a eu des points positifs pourtant : Je n’ai jamais été autant à la maison que cette année, cela m’a permis de passer beaucoup de temps en famille. J’ai au fil des mois et des saisons redécouvert cette belle préfecture qu’est Aichi et appris que les voyages les plus longs ne sont pas les plus beaux, qu’un simple parc à 10 minutes en voiture fait l’affaire tant que les enfants peuvent s’y époumoner à souhait.

J’ai également passé beaucoup de temps seul, à réfléchir, méditer ou rêvasser, notamment en marchant de longues heures en basse montagne. J’ai réappris à prendre mon temps, à écouter le silence, au lieu d’être constamment avec des écouteurs sur les oreilles ou la radio en bruit de fond. Ce qui ne m’aura pas empêché de faire de nombreuses découvertes musicales.

J’ai pu consacrer beaucoup de temps à ce blog. Celui-ci m’aura obligé à sortir, m’a permis de garder un oeil (sans prétention aucune) artistique et créatif et de m’appliquer à prendre mes photos, à chercher un thème, bref créer quelque chose au lieu d’attendre, passif, que l’année passe. J’ai publié 55 articles en un an, c’est un record depuis la création de ce blog. Par conséquent (?) le nombre de vues a lui aussi pratiquement doublé par rapport à l’année dernière. Merci à vous !

Les photos ci-dessus ont été prises un beau matin d’hiver aux alentours de la gare de Nagoya (Meieki). Quand le soleil est encore bas, les parois vitrées du bâtiment en spirale Mode Gakuen Spiral Towers reflètent la lumière du soleil autour de lui dans toutes les directions, des formes diverses viennent s’incruster l’espace d’une heure sur les façades des immeubles alentours. J’ignore si cela fait partie du concept, mais j’interprète la chose ainsi : C’est son extravagante architecture qui lui permet d’illuminer littéralement tout le quartier. J’essaierai de faire de même, à mon échelle, en 2021.

promenades

Kôyô 2020 (4) – Inuyama-shi, Aichi

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Le Tokai Nature Trail (東海自然歩道) est un chemin de randonnée qui parcourt 11 préfectures sur 1,697 km, reliant Tokyo à Osaka. Aichi est traversée par un peu plus de 200km de tracé passant par Horaiji, Korankei, Sanage, Iwayado, puis longeant la frontière avec la préfecture de Gifu pour rejoindre ensuite le château d’Inuyama avant d’entrer dans Gifu.

Ce n’est pas un hasard si les lieux cités plus haut apparaissent dans mes billets depuis septembre. A défaut de courir je me suis mis à marcher, et bien que ce soit dans le désordre mes balades suivent consciemment le tracé du Nature Trail. Au milieu de nulle part, l’accès aux transports en commun n’est pas une évidence. Sur certaines portions il peut y avoir de 10 à 20 kilomètres en pleine montagne entre deux stations de train ou de bus, j’ai donc passé ces trois derniers mois à faire mes repérages sur certaines parties du parcours afin de voir quelle était ma vitesse de progression et d’être certain de pouvoir les parcourir sans craindre de me retrouver perdu au fond de la vallée à la nuit tombée.

La dernière balade de l’année me fait pour la première fois parcourir le chemin à l’envers. Le paysage autour du château d’Inuyama (trésor national du Japon) en ce froid matin d’automne est si beau qu’il en faut de peu pour que je ne change pas mon itinéraire et reste à me balader autour de celui-ci. Le Nature Trail est régulièrement indiqué par des panneaux en bois mais ceux-ci sont parfois cachés par des buissons mal entretenus, après avoir longé la rivière Kiso pendant un bon kilomètre j’aurai presque raté l’entrée dans les bois si je n’avais pas une bonne vieille carte en main. 

Je reste près d’une heure au petit mais pittoresque temple Jakko-in, surnommé momiji-tera en raison de ses superbes feuilles d’érables rouges, puis poursuis mon ascension du Mont Tsugao. Alors que je médite sur le fait qu’en basse montagne on ne sait plus trop dans quel pays l’on se trouve, apparait, sorti de nulle part, un torii en pierre. Du sommet on peut apercevoir le château d’Inuyama, la grand roue du Monkey Park et même au loin la piste d’atterrissage de la base militaire de Kagamihara. 

De l’autre versant le sentier est légèrement vallonné. Alors que je suis chaussé de chaussures de trekking (des Salomon OUTline, pour référence ultérieure) sur certaines portions je ne peux m’empêcher de faire quelques foulées. L’une des raisons pour lesquelles je cours peu ces derniers temps est qu’à force de me balader en forêt comme aujourd’hui courir sur le bitume m’est devenu d’un ennui total. Il est étrange de me dire qu’alors qu’au Luxembourg j’étais entouré de verdure il m’aura fallu venir au Japon pour me rendre compte à quel point celle-ci est importante pour moi. En cette année si particulière je me suis souvent demandé si ce n’était pas une raison suffisante pour sinon retourner au pays, au moins déménager vers un environnement plus rural.

Au bout d’une longue descente j’arrive au lac Obora, baigné de lumière. Chaque nouveau paysage, chaque nouvelle découverte me stupéfait, je contemple chaque lieu bien plus longtemps qu’il ne faudrait, ma progression s’en retrouve largement ralentie. Plus loin, alors que cela fait deux heures que je n’ai croisé personne je suis rassuré à la vue d’un paisible hameau en lisière de forêt. Celui-ci abrite le Kumano-jinja, un énième spot de chasse au kôyô de la saison, et dernière étape de ma balade avant de rentrer en train à partir de la gare Senjino.

J’ai parcouru un peu moins de 8km en 1h30, le prochain accès aux transports en commun semble se situer 11km plus loin, à proximité du parc d’attraction Meiji Mura. Depuis deux semaines le temps est hivernal et peu propice aux aventures dans les bois, il me faudra sans doute attendre le début du mois de mars pour poursuivre mes expéditions. En attendant je pense courir un peu et surtout préparer mon itinéraire consciencieusement. Les temps sont durs, on s’évade comme on peut. C’est également la fin des billets sur les kôyô, vivement qu’il neige.

 

promenades

Mata kôyô – Sanage-san, Toyota-shi, Aichi pref.

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Mont Sanage Mont Sanage Mont Sanage Mont Sanage Mont Sanage

Mata signifiant ‘encore, à nouveau’, et ‘kôyô’ le rougeoiement des feuilles, le titre de ce billet pourrait se traduire par ‘Encore des kôyô’ (また紅葉), ce serait à point nommé puisque c’est là son sujet. Cependant, (je vous épargne les détails grammaticaux), cela peut également s’écrire また来よう (mata koyô ) et signifie dans ce cas ‘on reviendra’. Depuis mon plus jeune âge les repas de famille ont toujours été le théâtre de joutes ‘humoristiques’ plutôt que verbales (‘je préfère le vin d’ici à l’au-delà’ etc…), et j’ai toujours pensé que ce genre de gymnastique linguistique était la preuve que l’on maitrise une langue. S’il n’est pas forcement drôle, il faut avouer que ce type qui rend folle sa fiancée avec ses calembours à partir des noms de produits IKEA a beaucoup d’imagination et de vocabulaire. A table je fais un peu la même chose, si les enfants rient (j’espère) de bon coeur, Keiko est parfois désespérée …

Bref. Je suis retourné au Mont Sanage. La chasse au koyo n’était pas mon objectif principal, et j’ai d’ailleurs vite compris que les environs ne devaient pas être connus pour cela vu que le parking était pratiquement vide comparé à la dernière fois. Il fait froid en ce début de matinée, surtout à l’ombre. J’emprunte cette fois le chemin qui monte vers ‘Higashi-no-miya‘, comme je ne m’arrête pas tout le temps pour prendre des photos j’atteins le sommet en un peu plus d’une heure. Je suis content d’apercevoir au loin le Mont Ontake, dont pour l’instant seul le sommet est légèrement couvert de neige. Il est prévu d’aller y faire du ski cet hiver mais à une semaine de l’ouverture des pistes la neige n’est pas suffisante. Les feuilles sont colorées, l’air est pur, je me sens bien.

Rassasié et en avance sur mon planning, je décide de redescendre de l’autre côté de la vallée, ce qui m’offre à mi-parcours une superbe vue sur la ville de Seto. Je regrette à ce moment d’être venu en voiture, cela m’oblige à rebrousser chemin en cours de route alors que j’aurai pu pousser le pas jusqu’à Seto puis rentrer en train. Il me faudra vérifier les horaires de train et de bus et voir si le trajet est faisable ou non.

balades au Japon/écriture

Kôyô 2020 (2) – Korankei, Asuke-cho, Toyota, Aichi

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Les gorges de Korankei et sa rivière bordée de chaque côtés d’érables et de gingkos doit faire partie des deux ou trois lieux touristiques de le région Tokai où tout le monde se rend pour chasser le kôyô, même s’il est agréable de s’y promener tout au long de l’année – surtout en été où l’eau y est d’une revigorante fraîcheur.

Cette année, l’endroit me paraît particulièrement saturé. Nous sommes en plein milieu de semaine et à 9h30 je parviens de justesse à trouver une place de parking à proximité de l’entrée. Je suppose qu’avec la troisième vague les gens sont réticents à voyager hors de leur préfecture, tout Aichi semble s’être donné rendez-vous ici.

Il y a deux pièges dans lesquels il est facile de tomber quand on tente de coucher ce somptueux spectacle en photo. Etre tenté de faire ressortir les couleurs en abusant des logiciels de retouche photo, et prendre les même photos que tout le monde. J’ai pourtant fait quelques efforts pour prendre des angles de vues originaux en descendant au bord de la rivière ou en me positionnant en dessous des ponts, mais je suis encore bien loin d’être le prochain Benjamin Beech – le seul photographe au Japon dont les photos parviennent encore à me surprendre.

Quoiqu’il en soit, la beauté des contrastes de couleurs est aussi époustouflante qu’indescriptible. Les mots me manquent, décrire des émotions m’est devenu tellement difficile, d’où le recours à la photo comme excuse. Je me dis parfois que je cours trop de lièvres à la fois, qu’il me faudrait soit apprendre à écrire (à moins que le problème soit ailleurs ?), ou bien à prendre des photos.

promenades

Kôyô 2020 (1) – Shiawase Mura, Tokai-shi, Aichi

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Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura

Cela fait plusieurs années que je me dis qu’il faudrait que je prenne des photos du parc Shiawase Mura en automne, au moment du koyo. Ce parc est pourtant situé tout près de chez nous, je ne comprends pas qu’il m’ait fallu si longtemps pour me décider. Comme pour beaucoup de promenades ces derniers temps, le blog me sert de source de motivation pour sortir et voir les choses sous un autre angle, être plus attentif, plus réceptif aux choses autour de moi.

Shiawase signifie bonheur en japonais. Quoique le terme soit un brin exagéré, c’est vrai qu’il est agréable de s’y promener dans ce petit parc, surtout en cette saison où les couleurs sont superbes. Le bienveillant Bouddha géant de 18 mètres de haut surveille les promeneurs. Construit en 1927 dans un intérêt purement touristique, il s’agit du plus ancien Bouddha fabriqué en béton. Il est dit qu’à l’époque on pouvait entrer à l’intérieur par une petite porte, maintenant barricadée, située à l’arrière de la statue. Comme l’on peut voir la tête dépasser des arbres lorsque l’on passe en train pour aller de Nagoya à l’aéroport l’endroit bénéficie d’une certaine notoriété, mais en général il y a assez peu de monde.

Nagoya/Nagoya

(Pre) Kôyô 2020 – Nagoya Castle

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Nagoya Castle Nagoya Castle Nagoya Castle Nagoya Castle Nagoya Castle Nagoya Castle Nagoya Castle

Puisqu’on est là j’aurai bien aimé voir le château de Nagoya de plus près ou du moins entrer dans l’enceinte, mais Louis refuse de quitter l’aire de jeu. Je prends mon mal en patience ; N’ayant que peu de temps à disposition nous n’aurions de toute façon pas eu le temps de faire tout le tour du château, je retourne à la voiture prendre mon appareil photo. Alors que la fin de l’année approche tout doucement, je suis déjà tout doucement en mode ‘recapitulatif’. Parmi les choses positives de cette crise sanitaire on pourra dire qu’elle m’aura permis de me rendre compte qu’au lieu de trainer les enfants trois heures en voiture dans des lieux qui pourraient les intéresser, un simple parc où jouer au ballon et un terrain de jeux font parfois tout leur bonheur.

Je laisse donc Louis jouer autant qu’il veut et m’amuse moi aussi à ma manière en photographiant tout ce qui est a portée d’objectif. Que la photo soit bonne ou pas a moins d’importance que le plaisir de photographier, surtout depuis que les photos servent avant tout de support à l’écriture, à me donner de l’inspiration pour le billet que je vais rédiger par la suite. 

L’endroit est un havre de paix. Je suis toujours intrigué par ce don naturel qu’ont les enfants de pouvoir instantanément devenir amis. Quand on leur demande, la réponse est toujours la même : ‘Il m’a demandé comment je m’appelais, alors j’ai répondu, et on est devenu amis.’ C’est pourtant si simple …