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promenades/Nagoya

‘What was I made for … ?’ – (Sakae, Nagoya)

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sakura nagoya
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Le temps, pour un mois de mars, est exécrable, et le climat me semble complètement détraqué. Quand il ne pleut pas, il souffle un vent d’une violence inouïe. La température grimpe et baisse de dix degrés du jour au lendemain, il y a quelques jours il a même neigé quelques flocons. Dans ces conditions, tant bien même les fleurs de cerisiers sont elles écloses qu’il est impossible d’en profiter pleinement. Au moindre rayon de soleil j’en profite donc pour me ruer dehors et voir où en est la progression, et me balade pour ce faire cette fois-ci autour du quartier de Sakae. Selon la variété d’arbre l’éclosion est plus ou moins avancée et la palette de couleurs des fleurs varie du rose pastel au rose vif, mais il ne s’agit que d’arbres dispersés par-ci par-là, les beaux jours où les gouttes de pluie seront remplacées par les pétales voltigeant dans le vent semble encore bien lointaine.

promenades/Nagoya

日泰寺に一体、、、 – Chikusa-ku, Nagoya

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Tel ce chien devant l’entrée de ce magasin, je suis à moitié somnolant, nonchalamment affalé sur un inconfortable banc bleu en plastique après avoir fait le tour du temple Nittai-ji (日泰寺) situé dans le quartier populaire de Nagoya qu’est Kakuōzan (覚王山). Nous sommes début février mais sans le moindre brin de vent le temps est très agréable pour la saison. J’y suis venu pour me recueillir un peu, trouver le calme, la tête embrumée par divers doutes et soucis – dont la panne de blog dont j’ai parlé dans le billet précédent. Je reste assis là un long moment, peut-être une demie-heure. Un homme en costume dans la trentaine que j’ai croisé plus tôt se fait réciter un sūtra par un moine à la voix caverneuse dans le hall principal du temple, sa voix semble comme résonner dans tout le quartier. Aimant beaucoup la rythmique de ces prières et leur musicalité alors qu’en dehors du gong retentissant au début et à la fin de prière elle ne sont la plupart du temps accompagnée d’aucun instrument, j’ai de par le passé tenté de retenir le Sūtra du Coeur (般若心経, Hannya shingyo), qui compte parmi l’un des plus populaires, mais comme dans ma démarche il s’agissait plus de faire impression que d’élever mon esprit, j’ai eu vite fait d’abandonner. Il m’arrive cependant de l’écouter avec sa retranscription sur Youtube, je ne peux alors m’empêcher de ressentir comme une frémissement quand retentit à la fin du sūtra mon passage préféré avec ses répétitions si particulières … ‘gya tē gya tē, ha ra gya tē, ha ra sō gya tē. Bo ji. So wa ka, Han nya shin gyō …’ (Il est inutile de s’inquiéter pour moi, je ne suis pas soudainement entré dans une quête mystique à la recherche de moi-même (encore que ?), je suis tout simplement un insatiable curieux !)

En marchant au hasard en direction de la gare de Motoyama (本山) dans l’idée de faire un détour par l’université de Nagoya, mon regard est attiré par une haute tour dont le toit dépasse des arbres alentours. En cherchant un moyen d’y accéder je tombe sur une étroite ruelle au bout de laquelle se trouve un torii rouge en bois menant à un escalier montant en zigzag vers un torii gris inhabituellement désaxé par rapport à celui au pied de l’escalier. Une fois en haut j’atteins le somptueux sanctuaire Shiroyama Hachiman-gū 城山八幡宮. Celui-ci a la particularité de se trouver sur l’emplacement du château de Suemori (末森城), dont la construction, ordonnée par le seigneur de guerre Oda Nobuhide, remonte à 1548. En ruines il n’en reste aujourd’hui qu’une stèle, mais je suis étonné par l’importante taille du sanctuaire, dont rien ne saurait présager la présence en un lieu aussi exigu, en haut de cette petite colline.

Après avoir fait inscrire l’un des nombreux sceau goshuin dans mon carnet je me dirige finalement vers le bâtiment aperçu précédemment, situé juste à quelques pas du sanctuaire. lI s’agit du Shōwa Jukudō (昭和塾堂), un centre d’éducation pour les enfants érigé en 1928 (an 3 de l’ère Showa) comportant entre autre une église, une cantine, une bibliothèque, ainsi que de nombreuses chambres et salles de classe pour une capacité de 600 personnes. Son auteur est Miki Kurokawa (黒川己喜), père de Kishō Kurokawa. Commandé par la préfecture d’Aichi, le bâtiment est bâti dans un but éducatif et a la particularité d’avoir été dessiné de manière à représenter l’idéogramme hito, (人, l’homme) quand celui-ci est vu du ciel. Malheureusement fermé en 2014, en dehors de rares occasions il n’est pas possible d’accéder à l’intérieur.

Avec tout ces détours je n’ai plus le temps de passer au Toyoda Memorial Auditorium à l’université, sur le chemin du retour je rêve secrètement que l’un des deux garçons entre à l’université de Nagoya pour que j’aie l’honneur d’y pénétrer pour l’une ou l’autre cérémonie, mais pour cela il faudrait un miracle. Peut-être qu’en allant prier régulièrement au Nittaiji … ?

promenades/Luxembourg

隣の芝(8) – Luxembourg(4) Bour(2)

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De retour à Bour. Dernière journée sur ‘le vieux continent’ de ce séjour déjà trop court. J’ai fait la veille un bien agréable repas avec mes amis qui m’ont fait le plaisir de se réunir pour l’occasion. Nous sommes restés jusque tard au restaurant, les propriétaires ont été obligés d’éteindre toutes les lumières autour de nous afin de nous faire comprendre qu’il était tout doucement temps de partir. De la même manière qu’une nuit n’aurait pas suffi à se raconter tout ce qui s’est passé depuis ma dernière venue, si un séjour d’une semaine parait trop court je sais à force que de le rallonger de quelques jours, de deux semaines, d’un mois voire trois ne changerait rien au fait que le temps passe trop rapidement, autant pour moi que pour ceux qui m’attendaient.

Je me réveille de bonne heure et décide de me balader cette fois dans la forêt derrière l’hôtel. Le froid est vigorifiant et agréable. Il ne me faut même pas cinq minutes pour être au pied de la pente du petit sentier de la première photo, que je gravis en haletant. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte à quel point j’avais de la chance, quand j’habitais ici, d’avoir où que j’aille, tout autour de moi, la nature à portée de main. Lorsque j’arrive plus essoufflé que nécessaire en haut du sentier, la vue se dégage sur un petit hameau en contre-bas et la campagne environnante, qui semble s’étendre à l’infini. Pendant les vacances d’été je passais des après-midi entières à courir ou pédaler sans but précis à travers champs et vallées, à l’époque cette liberté me semblait comme acquise, être comme une évidence.

Comme lors de ma première balade, la campagne que j’ai devant les yeux m’apparaît comme très différente de celle du Japon. Les champs remplacés par les rizières, l’absence de montages, le temps brumeux … Il fallait bien à un moment ou un autre de mon séjour, comme à chaque fois, que je regrette d’être parti à l’autre bout de la planète. C’est le moment que je crains au point presque de m’empêcher de rentrer plus souvent au pays, comme si je n’arrivais toujours pas à me convaincre d’avoir fait les bons choix. Et plus le séjour est long et plus le doute s’installe, plus je suis instable. Le fait que je sois venu seul cette fois-ci ne me rend que plus vulnérable encore.

‘隣の芝、青く見えたら出来るだけ睡るのさ’
If the grass seems greener on other side, I’ll close my eyes as tightly as I can.

隣の芝. Tonari no Shiba. Littéralement, ‘l’herbe du voisin, l’herbe à côté‘. Quand on ne se sent pas bien là où on est, fermer les yeux reste encore la meilleure chose à faire, chante Sheena Ringo dans Odaiji ni. Fermer les yeux pour rêver ? Pour nier la vérité ? Fermer les yeux en attendant que les choses passent, en attendant les jours meilleurs ? Ou tout simplement pour se reposer, reprendre des forces et aller de l’avant ? J’ai longtemps été obsédé par cette chanson et ce passage en particulier. J’aime beaucoup la manière dont il renvoie un message positif ou négatif selon l’état émotionnel dans lequel on se trouve quand on l’écoute.

Le paysage est trop beau, le temps trop précieux pour que je ferme les yeux. Je les ouvre au contraire bien grand pour mieux graver dans ma mémoire le moment présent.

balades au Japon/Nagoya/musiques/promenades/daydreamin'

‘How to drive in snow safely’ – Nagoya, Minato-ku

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Nagoya Minato-ku banc neige
Nagoya Minato-ku club de golf
Nagoya Minato-ku neige
Nagoya Minato-ku canal Nakagawa
Nagoya Minato-ku voiture abandonnée

Ce matin il a neigé jusqu’aux alentours de dix heures, puis peu avant midi le soleil a enfin percé. Il fait un froid glacial à l’intérieur de la maison, je profite de cette éclaircie pour sortir prendre l’air et presque me réchauffer à l’extérieur. Je me balade autour du Lalaport NAGOYA Minato AQULS à Minato-ku. En dehors du centre commercial il n’y a que des quartiers résidentiels et des hangars appartenant à des entreprises de logistique, je pense dans un premier temps marcher jusqu’au canal Nakagawa qui remonte vers le port de Nagoya.

J’ai dans les oreilles l’album éponyme de Sapphire Slows, productrice et DJ résidant à Tokyo. J’ai découvert cette artiste la semaine dernière et je suis depuis en train de passer en revue sa discographie. Par rapport à son premier et très alléchant EP ‘True Breath’ (2011) qui comportait des parties rythmées presque dansantes, cet album est plus conceptuel et moins évident à cerner, mais il se peut que se soit tout simplement le froid qui me donne cette impression. Si la voix de la chanteuse est beaucoup plus présente que sur l’EP, elle semble ne constituer qu’une nappe sonore comme si s’agissait d’un instrument comme un autre. Ce n’est qu’en y prêtant vraiment l’oreille que l’on se rend compte qu’elle chante certaines parties en anglais. J’ai l’impression d’écouter ce qui pourrait être de l’electronic shoegaze, (si c’est un terme qui existe) et à vrai dire c’est quelque chose de nouveau et de surcroit plutôt agréable dans la mesure ou en musique électronique le texte n’apporte la plupart du temps pas grand chose aux chansons et me sort plus facilement de mes rêveries – il n’y a guère que le génial Louis Cole et ses textes auto-dérisoires qui m’amusent beaucoup.

Je traverse le canal, remonte vers le port puis longe la Kokudō Ichi-gō pour repasser de l’autre versant, puis revient vers mon point de départ, formant un carré d’un kilomètre de côté. Tout au long de ma promenade il reste par-ci par-là d’étroites parcelles de neige que le soleil n’atteindra probablement pas avant que la nuit tombe. Au coin d’une rue je suis très intrigué par cette voiture recouverte de neige apparement abandonnée au beau milieu d’un terrain assez grand pour y construire une maison. Il me parait impossible de garer une voiture de sport avec des herbes si hautes alentours, mais leur hauteur porte à croire qu’elle est là depuis un bon bout de temps. A moins qu’elle soit tombée ce matin avec la neige ? Nagoya me propose un nouvel endroit où revenir dans quelques temps …

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‘I’m 36 degrees’ – Kanayama, Nagoya.

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Je me balade autour de la gare de Kanayama en cette belle journée de mi-novembre. S’il est désormais impératif de sortir son manteau le matin, à midi il fait assez chaud pour encore pouvoir être en T-shirt, à condition d’éviter de marcher à l’ombre des bâtiments alentours. J’ai dans les oreilles le dernier album de Nightmares on Wax, Shout Out ! To Freedom‘. Aucun morceau en particulier ne s’en dégage à part le 4ème titre ‘Wikid Satellites‘ que je me souviens avoir entendu dans Bandcamp Weekly. Suffisamment stimulant pour ne pas être ennuyeux sans pour autant être intrusif et me sortir de mes pensées. Je ressens une sorte de bien-être à me laisser bercer par ces boucles sur lesquelles se posent basses grasses, cuivres et autres prestations vocales, quelque part entre les derniers albums de Flying Lotus aux connotations jazz plus prononcées et les titres up-tempo chantés de Teebs. Avec l’arrivée du catalogue du label Warp sur Bandcamp j’ai eu le plaisir d’écouter les premiers albums de NoW et je m’étais dit que l’on pourrait les mélanger à des morceaux plus récents sans ressentir la moindre sensation désagréable.

Je marche au hasard, m’engouffrant dans une rue quand quelque chose y attire mon oeil. En vitrine du Tokai Polytechnic College Kanayama je contemple l’oeuvre de string art de la première photo. Sur une grille de clous fixés sur une planche est enroulé un (?) morceau de ficelle agencé de manière à former ce qui me semble être le Pont de Brooklyn à New York, ce qui est amusant puisque je n’y ai jamais mis les pieds. Peut-être est-ce à force de l’apercevoir dans les vlogs de Casey Neistat quand il se rend à l’aéroport en taxi, ou bien encore sur les posters encadrés dans les magasins de déco que j’en ai fini par en retenir les formes.

L’automne s’installe, les feuilles prennent des couleurs, je vais bientôt pouvoir publier sur le blog des billets à propos du koyo, si le temps me permet de me balader. Je traverse en levant la tête un petit parc. Au milieu des feuilles jaunies, pris en contre-plongée les immeubles alentours me semblent comme pris par les flemmes. Autour de la gare les rues sont vallonnées, je ne peux m’empêcher de prendre une photo à-la-ka.nai de cette porte de derrière et son trottoir en biais. Je suis amusé de constater que la plupart des plantes, et surtout l’espèce de petit palmier dans son pot blanc pousse perpendiculairement au trottoir et non tout droit vers le ciel. Comme si mon oeil n’allait par la suite plus que se focaliser sur tout ce qui pousse ou est construit en inclinaison, je remarque cet arbre qui part de travers et cette entrée d’autoroute qui barre la vue des passants au feu rouge.

Je regarde une nouvelle fois mes photos et constate qu’elles auraient pu être prises à peu près dans n’importe quelle ville du monde, comme si j’étais incapable de cerner les particularités de ce beau pays. Il semble être vivement temps de quitter la ville et me changer les idées.

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Cité de verre – Nagoya, Meieki

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Les photos ci-dessus ont été prises il y a de cela quelques semaines autour de la gare de Nagoya. J’avais ce jour-là pour destination la gallerie marchande Endoji située à l’ouest du château de Nagoya. C’est une partie de la ville dans laquelle je ne me balade pratiquement jamais et j’emprunte volontairement des rues qui me sont inconnues, les gratte-ciels m’apparaissent ainsi sous des angles nouveaux. A quelques centaines de mètres de la gare un large carrefour offre un peu recul et permet de prendre un portrait de famille des principaux protagonistes. Si le le milieu urbain est souvent caractérisé par le béton je me rends compte en traitant les photos que c’est plutôt le verre qui y semble omniprésent. Cité de verre … Le terme me vient à l’esprit comme s’il m’était terriblement familier mais il me faut quelques minutes pour me souvenir pourquoi – comme ces mots en anglais ou en allemand que j’ai sur le bout des lèvres mais que je ne parviens pas à trouver et qui me font penser que je suis ici trop depuis trop longtemps.

Cité de verre. Ce roman écrit par l’écrivain américain Paul Auster, première oeuvre de la Trilogie new-yorkaise, fait partie de la dizaine d’ouvrages soigneusement choisis emportés avec moi lors de mon emménagement définitif en 2006. Je peine à me souvenir avec exactitude quand je l’ai acheté, mais son prix est indiqué au dos en francs français, cela doit donc bien faire vingt ans au moins. Je l’ai lu en français de nombreuses fois, et sa version japonaise publiée dans le magazine Coyote d’octobre 2007, avec une très belle interview du traducteur attitré entre-temps devenu ami d’Auster, Motoyuki Shibata, est un précieux trésor à mes yeux. Je ne m’étais jusqu’à aujourd’hui jamais posé la question de savoir quel lien il pouvait y avoir entre le titre et le contenu du roman, ce qui me fait une excellente excuse pour le relire une nouvelle fois. Tel un album où l’on découvre encore de nouveaux sons dont on ne s’était pas aperçu jusqu’alors, je redécouvre l’oeuvre en en dégustant chaque mot, chaque phrase.

Il y a surtout dés la deuxième page ce beau passage auquel je n’avais jamais prêté particulièrement attention, mais qui résume de belle manière ce que je ressens lors de mes promenades. Celle d’aujourd’hui, d’hier, et probablement celle de demain :’New York était un espace inépuisable, un labyrinthe de pas infinis, et, aussi loin qu’il allât et quelle que fût la connaissance qu’il avait de ses quartiers et de ses rues, elle lui donnait toujours la sensation qu’il était perdu. Perdu non seulement dans la cité mais tout autant en lui-même. Chaque fois qu’il sortait marcher il avait l’impression de se quitter lui-même, et, en s’abandonnant au mouvement des rues, en se réduisant à n’être qu’un oeil qui voit, il pouvait échapper à l’obligation de penser, ce qui, plus que toute autre chose, lui apportait une part de paix, un vide intérieur salutaire.’

promenades

Kôyô 2020 (4) – Inuyama-shi, Aichi

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Le Tokai Nature Trail (東海自然歩道) est un chemin de randonnée qui parcourt 11 préfectures sur 1,697 km, reliant Tokyo à Osaka. Aichi est traversée par un peu plus de 200km de tracé passant par Horaiji, Korankei, Sanage, Iwayado, puis longeant la frontière avec la préfecture de Gifu pour rejoindre ensuite le château d’Inuyama avant d’entrer dans Gifu.

Ce n’est pas un hasard si les lieux cités plus haut apparaissent dans mes billets depuis septembre. A défaut de courir je me suis mis à marcher, et bien que ce soit dans le désordre mes balades suivent consciemment le tracé du Nature Trail. Au milieu de nulle part, l’accès aux transports en commun n’est pas une évidence. Sur certaines portions il peut y avoir de 10 à 20 kilomètres en pleine montagne entre deux stations de train ou de bus, j’ai donc passé ces trois derniers mois à faire mes repérages sur certaines parties du parcours afin de voir quelle était ma vitesse de progression et d’être certain de pouvoir les parcourir sans craindre de me retrouver perdu au fond de la vallée à la nuit tombée.

La dernière balade de l’année me fait pour la première fois parcourir le chemin à l’envers. Le paysage autour du château d’Inuyama (trésor national du Japon) en ce froid matin d’automne est si beau qu’il en faut de peu pour que je ne change pas mon itinéraire et reste à me balader autour de celui-ci. Le Nature Trail est régulièrement indiqué par des panneaux en bois mais ceux-ci sont parfois cachés par des buissons mal entretenus, après avoir longé la rivière Kiso pendant un bon kilomètre j’aurai presque raté l’entrée dans les bois si je n’avais pas une bonne vieille carte en main. 

Je reste près d’une heure au petit mais pittoresque temple Jakko-in, surnommé momiji-tera en raison de ses superbes feuilles d’érables rouges, puis poursuis mon ascension du Mont Tsugao. Alors que je médite sur le fait qu’en basse montagne on ne sait plus trop dans quel pays l’on se trouve, apparait, sorti de nulle part, un torii en pierre. Du sommet on peut apercevoir le château d’Inuyama, la grand roue du Monkey Park et même au loin la piste d’atterrissage de la base militaire de Kagamihara. 

De l’autre versant le sentier est légèrement vallonné. Alors que je suis chaussé de chaussures de trekking (des Salomon OUTline, pour référence ultérieure) sur certaines portions je ne peux m’empêcher de faire quelques foulées. L’une des raisons pour lesquelles je cours peu ces derniers temps est qu’à force de me balader en forêt comme aujourd’hui courir sur le bitume m’est devenu d’un ennui total. Il est étrange de me dire qu’alors qu’au Luxembourg j’étais entouré de verdure il m’aura fallu venir au Japon pour me rendre compte à quel point celle-ci est importante pour moi. En cette année si particulière je me suis souvent demandé si ce n’était pas une raison suffisante pour sinon retourner au pays, au moins déménager vers un environnement plus rural.

Au bout d’une longue descente j’arrive au lac Obora, baigné de lumière. Chaque nouveau paysage, chaque nouvelle découverte me stupéfait, je contemple chaque lieu bien plus longtemps qu’il ne faudrait, ma progression s’en retrouve largement ralentie. Plus loin, alors que cela fait deux heures que je n’ai croisé personne je suis rassuré à la vue d’un paisible hameau en lisière de forêt. Celui-ci abrite le Kumano-jinja, un énième spot de chasse au kôyô de la saison, et dernière étape de ma balade avant de rentrer en train à partir de la gare Senjino.

J’ai parcouru un peu moins de 8km en 1h30, le prochain accès aux transports en commun semble se situer 11km plus loin, à proximité du parc d’attraction Meiji Mura. Depuis deux semaines le temps est hivernal et peu propice aux aventures dans les bois, il me faudra sans doute attendre le début du mois de mars pour poursuivre mes expéditions. En attendant je pense courir un peu et surtout préparer mon itinéraire consciencieusement. Les temps sont durs, on s’évade comme on peut. C’est également la fin des billets sur les kôyô, vivement qu’il neige.

 

promenades

Mata kôyô – Sanage-san, Toyota-shi, Aichi pref.

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Mont Sanage Mont Sanage Mont Sanage Mont Sanage Mont Sanage

Mata signifiant ‘encore, à nouveau’, et ‘kôyô’ le rougeoiement des feuilles, le titre de ce billet pourrait se traduire par ‘Encore des kôyô’ (また紅葉), ce serait à point nommé puisque c’est là son sujet. Cependant, (je vous épargne les détails grammaticaux), cela peut également s’écrire また来よう (mata koyô ) et signifie dans ce cas ‘on reviendra’. Depuis mon plus jeune âge les repas de famille ont toujours été le théâtre de joutes ‘humoristiques’ plutôt que verbales (‘je préfère le vin d’ici à l’au-delà’ etc…), et j’ai toujours pensé que ce genre de gymnastique linguistique était la preuve que l’on maitrise une langue. S’il n’est pas forcement drôle, il faut avouer que ce type qui rend folle sa fiancée avec ses calembours à partir des noms de produits IKEA a beaucoup d’imagination et de vocabulaire. A table je fais un peu la même chose, si les enfants rient (j’espère) de bon coeur, Keiko est parfois désespérée …

Bref. Je suis retourné au Mont Sanage. La chasse au koyo n’était pas mon objectif principal, et j’ai d’ailleurs vite compris que les environs ne devaient pas être connus pour cela vu que le parking était pratiquement vide comparé à la dernière fois. Il fait froid en ce début de matinée, surtout à l’ombre. J’emprunte cette fois le chemin qui monte vers ‘Higashi-no-miya‘, comme je ne m’arrête pas tout le temps pour prendre des photos j’atteins le sommet en un peu plus d’une heure. Je suis content d’apercevoir au loin le Mont Ontake, dont pour l’instant seul le sommet est légèrement couvert de neige. Il est prévu d’aller y faire du ski cet hiver mais à une semaine de l’ouverture des pistes la neige n’est pas suffisante. Les feuilles sont colorées, l’air est pur, je me sens bien.

Rassasié et en avance sur mon planning, je décide de redescendre de l’autre côté de la vallée, ce qui m’offre à mi-parcours une superbe vue sur la ville de Seto. Je regrette à ce moment d’être venu en voiture, cela m’oblige à rebrousser chemin en cours de route alors que j’aurai pu pousser le pas jusqu’à Seto puis rentrer en train. Il me faudra vérifier les horaires de train et de bus et voir si le trajet est faisable ou non.

promenades

Kôyô 2020 (1) – Shiawase Mura, Tokai-shi, Aichi

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Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura Tokai shi shiawase mura

Cela fait plusieurs années que je me dis qu’il faudrait que je prenne des photos du parc Shiawase Mura en automne, au moment du koyo. Ce parc est pourtant situé tout près de chez nous, je ne comprends pas qu’il m’ait fallu si longtemps pour me décider. Comme pour beaucoup de promenades ces derniers temps, le blog me sert de source de motivation pour sortir et voir les choses sous un autre angle, être plus attentif, plus réceptif aux choses autour de moi.

Shiawase signifie bonheur en japonais. Quoique le terme soit un brin exagéré, c’est vrai qu’il est agréable de s’y promener dans ce petit parc, surtout en cette saison où les couleurs sont superbes. Le bienveillant Bouddha géant de 18 mètres de haut surveille les promeneurs. Construit en 1927 dans un intérêt purement touristique, il s’agit du plus ancien Bouddha fabriqué en béton. Il est dit qu’à l’époque on pouvait entrer à l’intérieur par une petite porte, maintenant barricadée, située à l’arrière de la statue. Comme l’on peut voir la tête dépasser des arbres lorsque l’on passe en train pour aller de Nagoya à l’aéroport l’endroit bénéficie d’une certaine notoriété, mais en général il y a assez peu de monde.

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‘Where the river runs’ @ Kanie-cho, Aichi

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kanie - 1kanie - 2kanie - 3kanie - 4kanie - 5kanie - 6kanie - 7

A quoi bon toujours partir si loin ? Nous sommes à Kanie-chô, à l’ouest de Nagoya,. L’objectif de notre balade était d’acheter quelques-unes de ces baguettes à 100 Yens qui font la renommée de la boulangerie Pont-l’Eveque. Mais avec la crise sanitaire j’avais un peu oublié à quel point ici tout ce qui est à la mode se vend comme des petits pains. Quand nous arrivons tout est parti. ‘Depuis bien longtemps !‘ semble bon d’ajouter l’employée un poil désagréable, comme pour souligner que pour acheter sa baguette il faut faire preuve d’un peu plus de détermination et d’organisation.

Le hasard nous mène à la bibliothèque municipale de Kanie, que borde un agréable petit parc. La ligne de chemin de fer Kintetsu passe juste à côté, je ne peux m’empêcher de dégainer mon appareil à chaque passage de train. Autant nous sommes tous habitués aux lignes des groupes Meitetsu, Japan Railways (JR) et même aux Shinkansen qui passent non loin de chez nous, autant la Kintetsu et ses trains mêlants bordeaux, jaunes et blancs aux couleurs de l’arc-en-ciel nous donnent l’impression d’être loin de chez nous, impression accentuée par la largeur exagérée pour l’endroit de la rivière Nikko, dont je n’ai jamais entendu parler.

En cherchant un peu j’apprends qu’elle prend sa source (?) à Konan, ville au nord de Nagoya pour s’écouler dans la port de Nagoya pour une longueur totale de 41km. Les nombreux coureurs et marcheurs qui longent la rivière parcourent-ils tous 42.195 mètres en ce milieu d’après-midi ensoleillé ?